Palestine
L’entité sioniste veut effacer les
Palestiniens en silence
Fadwa Nassar
Samedi 12 mars 2016
Le raid mené par le Shin Bet et l’armée
sioniste sur les locaux de « Falastin
El-Yom », chaîne palestinienne
d’information et sur les studios de « Transmedia »
à Ramallah, à l’aube du 11 mars,
témoigne de l’importance des médias
palestiniens dans la dénonciation des
crimes de l’occupation. Lors de la
réunion du cabinet restreint des
dirigeants sionistes, la veille, pour
mettre fin à l’Intifada al-Quds, fut
prise la décision de supprimer la voix
palestinienne, accusée d’incitation :
incitation à la haine de l’occupant, à
la poursuite de l’Intifada al-Quds,
bref, incitation à refuser l’occupation
et la colonisation de la terre
palestinienne.
Car les sionistes,
dirigeants et colons, médias et divers
appareils, considèrent que tout refus de
leur arrogance coloniale et toute
information sur les crimes qu’ils
commettent, relèvent de l’incitation.
Eux qui sont les maîtres de la
propagande mensongère, qui diffusent à
longueur de journée, et sur toutes les
chaînes nationales et privées dans le
monde, leurs visions et leurs versions
étriquées et leur venin colonial, ne
peuvent supporter que quelques chaînes
d’information, quelques sites internet
et quelques radios, racontent ce qui se
passe sur le terrain, en Palestine
occupée. Ils ne peuvent plus supporter
les chants de la résistance ni les
photos de leurs victimes, martyrs tués
de sang-froid et abandonnés sans secours
jusqu’à ce qu’ils meurent. Ils ne
peuvent plus supporter que les médias
palestiniens montrent les raids et
incursions sur les familles
palestiniennes et le kidnapping de leurs
enfants, sous prétexte que ces derniers
ont jeté des pierres sur les troupeaux
de colons, ces brutes sanguinaires qui
n’hésitent pas à brûler vifs des enfants
palestiniens, à arracher les arbres
parfois centenaires, à rouer de coups
des vieillards dans leurs champs et à
écraser des enfants et des femmes avec
leurs voitures, sur les routes
coloniales.
Ces crimes,
l’entité coloniale sioniste veut les
exécuter dans le silence. Rien que
depuis le déclenchement de l’Intifada
al-Quds, des dizaines de journalistes
ont été arrêtés, frappés et blessés. Le
journaliste Mohammad al-Qiq fut
également accusé d’incitation, parce
qu’il a soutenu la révolte de la
jeunesse palestinienne contre
l’occupation. Il a été arrêté et placé
en détention administrative. Mohammad
al-Qiq a refusé sa détention et mené la
grève de la faim pendant trois mois. Les
journalistes palestiniens et les organes
de presse pour lesquels ils travaillent
sont la cible de l’armée d’occupation,
non seulement depuis l’Intifada al-Quds,
mais depuis qu’ils sont devenus la voix
de la liberté, la voix de leur peuple en
lutte, comme en témoignent les raids
aériens ayant visé les locaux de la
presse à Gaza, lors des guerres
d’extermination menée par les sionistes
(de 2008 à 2014).
Lors de la
fondation de l’entité coloniale sur la
terre palestinienne en 1948, les colons
avaient bénéficié de la propagande
mondiale pour masquer leurs crimes et
massacres. Colons européens ayant
bénéficié de la technologie avancée de
l’Occident impérialiste, ils ont,
pendant des décennies, diffusé leurs
mensonges et masqué leurs pratiques
criminelles. Les Palestiniens ne
pouvaient compter à l’époque que sur
leurs propres efforts et les voix arabes
et amies dans le monde pour modifier
l’image des colons « pacifiques venus
planter le désert » ou de l’îlot de la
« démocratie dans la mer moyen-âgeuse des
Arabes », disaient-ils et disent-ils
encore.
Mais, depuis des
dizaines d’années, les choses ont
changé, à cause de la volonté de
résistance du peuple palestinien et des
peuples arabes. A côté des armes à feu,
la résistance est parvenue à transformer
ses médias, pourtant boycottés par les
puissances mondiales, en vrais outils
d’information sur la lutte de leurs
peuples contre l’invasion coloniale et
leurs complices dans le monde.
« Les Palestiniens qui ne possèdent rien
peuvent tout faire » a déclaré un
journaliste sioniste. En effet, les
hackers palestiniens, furieux des raids
sionistes menés la veille contre les
médias palestiniens, ont décidé de
sévir, en infiltrant les chaînes
sionistes pour diffuser des images de
l’Intifada al-Quds. Les médias
palestiniens ne plient pas et ne se
croisent pas les bras. Ils poursuivent
leur combat contre l’entité coloniale
sioniste et leurs complices dans le
monde. Non seulement ils dénoncent les
crimes de l’occupant, mais ils montrent
le visage humain des résistants en
armes, des prisonniers et de leurs
familles, des fermiers en lutte contre
les colons, des bédouins du Naqab en
lutte contre la machine de destruction
sioniste, des citadins palestiniens de
Yafa et Akka en lutte contre la
judaïsation de leurs villes, et des « mourabitat »
pacifiques face aux soldats armés
jusqu’aux dents, devant les portes de la
mosquée al-Aqsa dans al-Quds et des
réfugiés dans les camps du Liban en
lutte contre les récentes mesures de
l’UNRWA . Les médias palestiniens, même
d’importance inégale, ont acquis une
réputation sinon internationale, du
moins arabe. Et les sionistes en
suffoquent !
Car ils avaient
compté sur la complicité internationale
(notamment la France qui vient de
supprimer la chaîne al-Aqsa du satellite
Eutelsat) et la complicité des régimes
arabes inféodés à l’Occident
impérialiste, pour faire taire la voix
des résistants. Une grande partie des
médias arabes s’est d’ailleurs détournée
de la Palestine, et sur les milliers de
chaînes offertes aux citoyens des pays
arabes, à peine une dizaine d’entre
elles informe sur la réalité
palestinienne . Cependant, la voix de la
résistance palestinienne parvient aux
principaux intéressés. Elle constitue,
en l’absence des organes politiques unis
du peuple palestinien, dispersé par la
colonisation sioniste, un des principaux
moyens d’unification de la parole et de
la vision palestinienne, autour de la
résistance et autour de la lutte pour
les droits palestiniens. Même
d’importance inégale, les médias
palestiniens sont parvenus à représenter
la voix de leur peuple, grâce également
aux multiples débats organisés, portant
sur des multitudes de sujets. C’est
aussi pourquoi les sionistes et leurs
complices dans le monde n’en veulent
pas !
La guerre n’est pas
terminée. Les sionistes et leurs alliés
dans le monde trouveront encore des
moyens pour briser notre révolte, et
nous redoublerons d’efforts pour élargir
la portée de la voix de la résistance.
Ni CPI, ni ONU, ni Union européenne, ni
organismes des droits de l’homme ne
feront pression sur l’entité coloniale,
à moins d’exiger des contreparties de
notre part. Or, nous sommes dans le
droit, notre pays est occupé, nous avons
non seulement le droit de le libérer,
mais le devoir de le faire, par tous les
moyens à notre disposition. Les médias
représentent un de ces moyens. Et nous
comptons sur nos amis dans le monde, les
amis sincères qui ne peuvent être
achetés par l’argent sale, et sur les
peuples conscients des dangers du
sionisme sur leur avenir, pour nous
aider à développer et diffuser la voix
des résistants et de la résistance.
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