Palestine
Les tunnels de la liberté
Fadwa Nassar
Vendredi 10 novembre 2017
Le 30 octobre dernier, l’armée sioniste
a attaqué un tunnel creusé aux abords de
la bande de Gaza par les Brigades d’al-Quds,
la branche armée du Mouvement du Jihad
islamique en Palestine, et y a injecté
du gaz mortel, dans le but de tuer. Ce
tunnel, comme tant d’autres conçus par
la résistance, était réservé à
s’infiltrer à l’intérieur des
territoires occupés en 1948, pour
kidnapper des sionistes et les échanger
contre les prisonniers palestiniens.
Pour la résistance, et notamment pour
les Brigades al-Quds, libérer les
prisonniers relève du devoir, non
seulement à cause des maltraitances et
divers actes barbares commis à leur
encontre par l’occupant sioniste, mais
surtout parce qu’il s’agit de
combattants et militants pour la liberté
de leur peuple, et hormis la résistance,
aucun organisme n’a réussi ou ne
réussira, à les libérer.
L’attaque
criminelle sioniste a tué 12
combattants, dix du mouvement du Jihad
islamique en Palestine et deux du
mouvement Hamas. 5 combattants se
trouvaient dans le tunnel lorsqu’il fut
attaqué et furent asphyxiés par le gaz
mortel. Les 7 autres combattants (des
deux formations de la résistance), des
dirigeants et des combattants, furent
asphyxiés par le gaz lorsqu’ils se sont
précipités pour sauver leurs frères
ensevelis. Les médecins de Gaza ont
immédiatement annoncé qu’il s’agit d’un
nouveau type de gaz comportant des
matières interdites par la « communauté
internationale ». Mais personne de cette
communauté aveugle ne réagira, car les
victimes (ne) sont (que) des combattants
palestiniens.
Le lendemain de
l’attaque, des centaines de milliers de
Palestiniens de Gaza ont participé aux
cortèges funèbres des 7 combattants
tombés martyrs (les 5 autres étant
encore ensevelis) pour saluer la
résistance, appuyer ses choix et
réclamer une riposte des Brigades d’al-Quds.
Par leur participation massive à Gaza et
leurs déclarations et manifestations
ailleurs, les Palestiniens ont
implicitement reconnu le droit de la
résistance à riposter, et plus encore,
le droit de la résistance à garder ses
armes et ses structures, que l’Autorité
palestinienne de Mahmoud Abbas cherche à
la lui ôter. Le référendum pour le
maintien des armes de la résistance à
Gaza et ailleurs, séparées des
structures de l’AP, fut clair. Ce fut
une réponse directe à tous les
responsables sécuritaires de l’AP qui
continuent jusqu’à présent à pérorer que
la réconciliation palestinienne dans la
bande de Gaza inclut « une seule force
sécuritaire », celle de l’AP, celle qui
poursuit la « coordination sécuritaire »
avec l’occupant.
La réponse de la
résistance à l’attaque criminelle, et de
la population palestinienne qu’elle
représente, s’est également manifestée
dans l’affirmation de l’unité de combat
entre les frères, entre le Mouvement du
Jihad islamique et le Mouvement Hamas,
mais aussi entre les autres formations
de la résistance, qui continuent jusqu’à
présent à refuser le chantage exercé par
l’AP, la prise en main des voies de
passage vers Gaza contre la remise des
armes de la résistance, alors que ce
point n’avait pas été envisagé par
l’accord entre le Fateh et Hamas au
Caire, le mois dernier. L’AP louvoie et
refuse de désserer l’étau contre la
population à Gaza, mettant en avant la
question sécuritaire qui comprend,
d’après sa conception, la fin de la
résistance, alors que l’attaque sioniste
du tunnel et l’envoi du gaz mortel
représentent un acte de guerre évident.
Au moment où les
Palestiniens de Gaza enterraient les
martyrs, les recherches menées par les
organisations locales et la résistance
pour retrouver les 5 corps ensevelis des
combattants se poursuivaient. N’ayant pu
les retrouver, il fut adressé une
demande à la Croix Rouge Internationale
de le faire, en accord avec les
sionistes. Mais l’entité criminelle a
refusé, et a essayé d’exercer un
chantage contre la résistance, les
Brigades d’al-Quds : les corps des
combattants contre les prisonniers
« israéliens » détenus par le Hamas à
Gaza. Mais c’est vraiment mal connaître
le mouvement du Jihad Islamique en
Palestine, qui a immédiatement annoncé
le martyre des 5 combattants, et
organisé des cortèges funèbres
symboliques, pour mettre fin à toute
discusssion avec les dirigeants
sionistes.
Mais ce sont
surtout les familles de ces 5 martyrs
qui ont empêché toute discussion. Leur
abnégation et leur courage, leur
fidélité à la résistance et leur
affirmation qu’ils sont prêts à
s’enrôler eux-mêmes dans la résistance,
et à donner leurs autres enfants, ont
coupé court à tout marchandage. Elles
ont immédiatement compris la bassesse
des sionistes, ce qui signifie que les
prisonniers « israéliens » entre les
mains de la résistance ne feront pas
partie de ce « dossier », qui est celui
du Mouvement du Jihad islamique, avant
tout, qui s’apprête non à riposter à
l’attaque criminelle, mais aussi à
reprendre les corps de ses martyrs, que
les « Israéliens » se sont dépêchés de
retirer, et de confisquer, comme des
centaines d’autres. Les dirigeants
sionistes se leurrent s’ils pensent que
le Mouvement du Jihad islamique
entreprendra des négociations pour
récupérer ses martyrs, ou qu’il
marchandera. Daoud Shihab, porte-parole
du mouvement, a affirmé clairement que
les Brigades al-Quds sauront reprendre
les corps des martyrs, à leur manière,
tout en décrivant l’acte sioniste de
criminel et inhumain.
Dans un message
d’adieu aux 12 martyrs tombés à la fin
d’octobre, « aux familles aux frères et
au peuple des martyrs et à la nation des
martyrs », l’adjoint du secrétaire
général du Mouvement du Jihad islamique,
M. Ziyad Nakhalé a prononcé ces paroles
émouvantes, comprises par le « peuple
des martyrs » : « Ces nobles martyrs qui
ont sacrifié leur temps et leur vie à
Dieu et dans le chemin de Dieu, sous la
bannière portée par des générations, qui
ne tombera pas avec un départ et qui
passe d’une main à l’autre et d’une
génération à l’autre, ces hommes qui ont
porté notre bannière, leur présence
n’est pas achevée et leur source n’est
pas tarie. Ils sont morts pour que notre
avenir soit meilleur et notre aube plus
éclatante. Ôtons la tristesse de nos
cœurs, car nous attendent d’autres
tâches et d’autres devoirs, que nous
devons exécuter et que nous exécuterons,
par la permission de Dieu. Nous ne
parlons pas de riposte, seulement, mais
de la poursuite sur la voie des martyrs,
la poursuite du message des martyrs. Nos
cœurs ne connaissent pas la faiblesse,
nous portons la bannière et nous
avançons, nous protégeons le dépôt de la
patrie et nous n’hésiterons pas, notre
épée ne sera pas abaissée, et la vie
présente ne nous empêchera pas de
réclamer la vie future. La force des
ennemis, leur cruauté et leur injustice
ne nous fait pas peur, et notre ennemi
ne pourra pas nous dicter d’accepter les
miettes. Il est l’ennemi qui veut notre
défaite, ne lui facilitez pas le chemin
en votre direction. »
Les dirigeants de
l’armée sioniste et de l’entité plus
généralement, attendent depuis ce jour,
la riposte annoncée. Ils sont sur le
qui-vive, les sirènes ont plusieurs fois
alerté les colons, même à Tel Aviv,
semble-t-il par erreur, mais le fait est
là : ils savent que le Mouvement du
Jihad islamique prépare une attaque, et
elle interviendra le jour et au lieu où
ils s’y attendront le moins. Pour le
mouvement, ce n’est pas uniquement une
question de riposte, mais de devoir à
accomplir dans la voie de la libération
de la Palestine.
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