Préparatifs de la conférence
internationale de la paix en Syrie
Lakhdar Brahimi :
“Genève II” est une réunion entre
syriens
Djamel Bouatta
Jeudi 31 octobre 2013
L’avertissement s’adresse aux “Amis du
peuple syrien”, onze pays occidentaux et
arabes du Golfe qui font du départ de
Bachar al-Assad le préalable à
l’ouverture de négociations
inter-syriennes.
Le régime syrien a réaffirmé mardi qu’il
revenait au peuple syrien de choisir ses
dirigeants dans le cadre d’une solution
politique lors de la conférence de paix
Genève II. La Syrie participera à la
conférence de paix internationale sur la
base du droit exclusif du peuple syrien
à décider de son avenir politique, à
choisir ses dirigeants et sur le refus
de toute forme d’intervention
extérieure, a insisté le ministre syrien
des Affaires étrangères, lors de sa
rencontre avec l’émissaire de l’ONU et
de la Ligue arabe à Damas.
Walid Mouallem, selon l’agence
gouvernementale syrienne Sana, a affirmé
à son hôte Lakhdar Brahimi que “le
dialogue se fera entre Syriens”.
Rejetant toute interférence
régionale et internationale, le chef de
la diplomatie syrienne a par ailleurs
dénoncé la déclaration du groupe des
“Amis du peuple syrien” qui avait
affirmé le 22 octobre à Londres qu’Assad
n’aurait “aucun rôle” dans le futur
gouvernement syrien. Redevenu aux yeux
de la communauté internationale un
“partenaire” depuis l’accord sur la
destruction de l’arsenal chimique
syrien, le président Assad semble
reprendre du poil de la bête d’autant
plus que sur le terrain, ses forces de
sécurité marquent des points, recouvrant
progressivement les villages et
banlieues “libérés” par l’opposition. Sa
fermeté peut aussi procéder de la
tactique de surenchère pour mieux
asseoir ses nouveaux acquis.
En outre, il estime pouvoir compter sur
la Ligue arabe qui l’avait exclu de ses
rangs lorsque le Qatar y imposait sa
loi, mais dont une majeure partie de ses
membres se sont rendu compte du chaos
régional que ferait naître le lâchage
intégral du pouvoir damascène. La Ligue
arabe réunira ses ministres des AE début
novembre pour discuter de leur
participation à Genève II.
Et, selon des sources concordantes, la
tendance serait à une participation d’un
bon nombre de pays arabes qui devront
exprimer officiellement à la tribune de
la conférence leurs points de vue et
arguments sur la crise syrienne et les
moyens de mettre en place un pouvoir
intérimaire à Damas. Lakhdar Brahimi a
également abondé dans la même direction
que Damas, soulignant : “Seuls les
Syriens décideront de l’avenir de la
Syrie”. Le médiateur, actuellement en
tournée régionale, était de retour en
Syrie après une absence de dix mois
suite à une brouille avec le président
Assad. Celui-ci a profité de son séjour
damascène pour faire une mise au point
après l’annonce le week-end dernier de
Bachar al-Assad à se présenter à la
présidentielle de 2014. “Ce que je dis,
tout haut et à tous les Syriens, c’est
que l’histoire nous apprend qu’après une
crise comme celle-ci, on ne peut pas
revenir en arrière. Le président Assad
peut donc contribuer utilement à la
transition entre la Syrie d’avant, qui
est celle de son père et la sienne, et
ce que j’appelle la nouvelle République
de Syrie”, a-t-il déclaré, avertissant :
“Faute d’un accord politique, ce qui
menace la Syrie, c’est une sorte de
somalisation, plus durable et encore
plus profonde que ce que nous avons pu
voir en Somalie”. Alors que Lakhdar
Brahimi était à Damas, et après sa mise
au point explicite, le président Assad
a démis de ses fonctions le vice-Premier
ministre Qadri Jamil, qui a mené des
“activités et tenu des rencontres en
dehors du pays sans concertation avec le
gouvernement” ! Selon des sources
politiques syriennes, l’ex-vice Premier
ministre a rencontré en début de semaine
l’ambassadeur américain Robert Ford,
chargé du dossier syrien et demandé à
faire partie de la délégation de
l’opposition à Genève II, ce que Ford a
refusé, faisant valoir qu’il était
difficile d’être à la fois au
gouvernement et dans l’opposition.
La composition de la délégation de
l’opposition à cette conférence voulue
par les États-Unis et la Russie est un
casse-tête en raison des divergences qui
la traversent et des menaces des groupes
armés contre ceux qui oseraient s’y
rendre. Cela dit, la mission de Lakhdar
Brahimi n’a pas encore atteint sa
dernière ligne droite car, il reste à
organiser l’opposition qui refuse de
s’asseoir à la table des négociations.
Pour les djihadistes, environ 200
groupuscules dont al-Nosra et l’état de
l’Irak et du Levant, deux franchises
d’Al-Qaïda, prendre part à Genèvre II
est une trahison, avertissant clairement
les opposants qu’ils seraient
exécutés.
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Publié le 1er novembre 2013 avec
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