Arrêt sur Info
UE: Von Schnurbein n’a pas pour mandat
de répéter les mensonges d’Israël
David Cronin
Katharina
von Schnurbein a fait de fausses
allégations
contre le mouvement de solidarité avec
la Palestine.
(Frank
Hoermann / Sven
Simon)
Jeudi 11 juin 2020
Traduction MR
Paru le 2 juin 2020
sur
The Electronic Intifada
Katharina von
Schnurbein, coordinatrice de l’Union
européenne contre l’antisémitisme, a
relevé les défis posés par le
confinement COVID-19. Dans
l’impossibilité de
papoter avec les lobbyistes
pro-israéliens en face à face, elle est restée
en contact avec eux en ligne.
K. von Schnurbein
et ses interlocuteurs privilégiés de
B’nai B’rith, qui se décrit comme « la
voie mondiale de la communauté juive »
et qui, sous couvert de lutte contre
l’antisémitisme, est un
puissant lobby pro-Israël revendiqué.
Katharina von
Schnurbein, coordinatrice de l’Union
européenne contre l’antisémitisme, a
relevé les défis posés par le
confinement COVID-19.
Dans
l’impossibilité de papoter avec
les lobbyistes pro-israéliens en face à
face, elle est restée en contact avec
eux en
ligne.
K. von Schnurbein et
ses interlocuteurs privilégiés de B’nai
B’rith, qui se décrit comme « la voie
mondiale de la communauté juive » et
qui, sous couvert de lutte contre
l’antisémitisme, est un puissant lobby
pro-Israël revendiqué.
Von Schnurbein semble
avoir favorisé les défenseurs d’Israël
depuis qu’elle a été nommée à
son poste actuel en décembre 2015. Mais
a-t-elle – elle est censée être une
fonctionnaire – un mandat pour le faire
?
Après une longue
bataille, j’ai finalement réussi à
obtenir la description de poste établie
pour M. von Schnurbein par
l’administration de l’UE (voir ici en
fin de l’article original).
Ce document – qui
décrit ses principales tâches et
responsabilités – ne fait pas une seule
fois référence à Israël.
Cette omission est
curieuse car il y a de fortes raisons de
soupçonner que le poste de Mme von
Schnurbein a été créé dans le seul – ou
du moins le principal – objectif de
plaire à Israël et à ses partisans.
L’idée même de la
nomination par l’UE d’un coordinateur
contre l’antisémitisme a été proposée
lors d’un événement organisé par
le ministère israélien des Affaires
étrangères au début de l’année 2015.
Une pensée
déformée
La description du
poste de von Schnurbein – publiée
ci-dessous – l’engage à « assurer une
liaison étroite avec la communauté
juive » et à sensibiliser les
décideurs politiques de l’UE aux
préoccupations de cette communauté.
L’expression « communauté
juive » n’est pas un synonyme
d’Israël.
En effet, traiter
la « communauté juive » comme un
synonyme d’Israël serait antisémite.
Cela rendrait les Juifs
d’Europe responsables de l’oppression
des Palestiniens par Israël.
Et si la
bureaucratie bruxelloise utilise en fait
les termes « communauté juive » et « Israël » de
manière interchangeable, elle est
coupable de la même pensée tordue qui
imprègne l’élite américaine.
Joe Biden et Donald
Trump ont tous deux suggéré que
les Juifs des États-Unis sont
indissociables d’Israël.
Les communautés
juives ne sont pas monolithiques de part
et d’autre de l’Atlantique.
Les Juifs
d’Europe ont des opinions différentes
sur Israël, mais von Schnurbein et ses
collègues ont cherché à déformer cette
réalité. Les Juifs qui critiquent
Israël et son idéologie d’État, le
sionisme, ont été exclus des
délibérations de l’UE sur
l’antisémitisme.
Von Schnurbein travaille
au département de la justice de la
Commission européenne – l’exécutif de
l’UE. Son travail est censé être guidé
par une charte des
droits.
Cette charte défend
le droit d’avoir et d’exprimer des
opinions et des idées « sans
ingérence de l’autorité publique ».
Loin de respecter
ce droit, M. von Schnurbein a tenté de
contrôler les opinions critiques à
l’égard d’Israël.
Un mensonge
scandaleux
Elle a fait des
allégations fausses et malveillantes
contre les militants de la solidarité
avec la Palestine, en particulier ceux
qui appellent au boycott, au
désinvestissement et aux sanctions.
L’année dernière,
elle a pris
la parole lors du lancement à
Bruxelles d’une « étude » du
gouvernement israélien sur le
mouvement BDS.
Dans ses
commentaires, elle a accusé les
militants du BDS de critiquer le
chanteur Matisyahu parce qu’il est juif.
C’était un mensonge scandaleux.
La vérité est que
Matisyahu a été condamné par les
militants parce qu’il a collecté
des fonds pour l’armée israélienne et
applaudi l’attaque d’une flottille
naviguant vers Gaza – et non à cause de
sa religion ou de son ethnicité.
Et en 2018, von
Schnurbein a fait
fi de la neutralité politique exigée
des fonctionnaires européens pour
régurgiter les points de discussion du
lobby israélien en diffamant un membre
élu du Parlement européen comme étant
antisémite.
Le législateur
avait organisé un événement avec un
orateur palestinien en dépit des
objections des groupes de pression
israéliens.
Le statut du
personnel de l‘UE interdit à
ses fonctionnaires de suivre les
instructions émises par des
gouvernements extérieurs.
En répétant comme
un perroquet les mensonges concoctés par
Israël et son réseau de soutien, von
Schnurbein enfreint ces règles.
Comment s’en
tire-t-elle ? L’explication la plus
plausible est qu’elle bénéficie du
soutien de la hiérarchie de l’UE.
Pendant la majeure
partie des cinq dernières années, Mme von
Schnurbein a été responsable devant Vera
Jourova, la membre tchèque de la
Commission européenne. Jourova a calomnié le
mouvement de solidarité avec la
Palestine en utilisant des termes
extrêmement similaires, voire
identiques, à ceux de von Schnurbein.
J’ai essayé
d’obtenir la description de poste de von
Schnurbein depuis 2018. Lorsque j’ai
fait ma première demande de liberté
d’information, la Commission européenne
a refusé de divulguer le document.
Mais elle a fini
par accepter de le faire après que j’ai
saisi le médiateur de l’UE, qui est en
principe un défenseur des droits des
citoyens.
J’avais argumenté
que la description de poste devait être
mise à disposition afin d’évaluer si
Mme von Schnurbein avait été
officiellement chargée de poursuivre un
programme pro-israélien.
La réponse de la
Commission européenne à cet argument
témoigne d’un mépris pour la démocratie.
Ursula von der
Leyen, la présidente de la Commission, a
répondu que c’était le travail de la
hiérarchie de l’UE d’examiner le travail
de von Schnurbein. Le grand public, a
laissé entendre Mme von der Leyen, n’a
pas à s’inquiéter de ces questions.
Il est révélateur
que la Commission européenne n’ait pas
essayé de nier que von Schnurbein agit
dans l’intérêt d’Israël.
Les preuves
pourraient-elles être si solides que
personne ne puisse les réfuter ?
David Cronin
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