France-Irak
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Le chalutier "Marianne de Gothenburg" en
route pour briser le blocus de Gaza
Claude Léostic
Dimanche 24 mai 2015
Par Claude Léostic,
présidente de la plateforme des ONG pour
la Palestine (19/5/15)*
Un rappel, d’abord, le blocus
de Gaza imposé aux palestiniens par
Israël avec le soutien des Etats Unis et
dans le silence de l’Union Européenne,
dure depuis de longues années, 2005 en
fait, entrecoupé d’attaques militaires
violentes. Il est hermétique depuis 2007
et la seule sortie au sud, vers
l’Egypte, est aussi bouclée à double
tour depuis la prise du pouvoir par les
militaires égyptiens en 2013.
Privés de libre circulation par la
terre et la mer, les palestiniens de
Gaza n’ont aucun contrôle non plus sur
leur espace aérien. Si les déplacements
à l’intérieur de Gaza ne sont plus
limités par la présence des colonies
israéliennes, démantelées en 2005, les
colons relogés en Cisjordanie occupée,
la circulation vers le reste de la
Palestine est impossible et la bande de
Gaza n’en reste pas moins sous
occupation. Plus d’un million huit cent
mille personnes qui veulent travailler,
se soigner, étudier et rencontrer leurs
familles, y sont emprisonnées dans des
conditions sanitaires et humanitaires
très détériorées. La qualité de l’eau
est notamment un problème majeur car
l’eau potable est quasiment introuvable
alors que les eaux usées se répandent
dans les sols et la mer. Non pas par
incurie des gazaouis, mais parce que les
destructions causées par les attaques
israéliennes sont immenses, les
réparations impossibles tandis que la
livraison du carburant qui fait
fonctionner centrale électrique ou usine
de traitement des eaux est aux mains des
israéliens ou de l’Egypte.
Et la nourriture se fait rare dans ce
pays de fraises et de roses car les
fermiers n’ont pas souvent accès à leurs
terres, régulièrement sous le feu des
soldats de l’autre côté de la frontière
avec Israël et dans la zone dite tampon,
alors que les pêcheurs ne peuvent
s’éloigner de la côte sans se faire
tirer dessus, arrêter et confisquer
leurs bateaux. Sans parler de
l’écroulement de l’économie générale de
Gaza, usines et ateliers inutilisables
et commerce avec le monde extérieur
interdit.
Le blocus de Gaza est une punition
collective pour les palestiniens qui ont
voté en 2006, lors d’élections
transparentes, sous contrôle de l’Union
Européenne, pour des représentants, le
Hamas, qui ne plaisaient ni à Israël ni
à son puissant parrain des Etats Unis.
Punition collective, violation des
droits humains fondamentaux, ce blocus
est illégal en plus d’être cruellement
immoral.
Le monde regarde. Parfois des paroles
de condamnation formelle brisent ce
silence complice, surtout quand se
produisent des attaques militaires
récurrentes, toujours plus meurtrières,
qui tuent, blessent, mutilent et
détruisent délibérément le peuple et la
terre de Palestine à Gaza. Et puis,
devant l’intransigeance de l’occupant,
les puissances, qui pourraient imposer
les pressions nécessaires, se taisent à
nouveau.
Alors ce sont les citoyens, hommes et
femmes qui font de la solidarité contre
l’oppression une vertu cardinale et du
droit des peuples à disposer d’eux-mêmes
un impératif, qui assument les
responsabilités dont les chancelleries
se défaussent. D’autres époques ont vu
les brigades internationales se dresser
contre le fascisme. En Palestine les
internationaux viennent s’interposer,
témoigner et parfois en mourir, comme
Rachel Corrie en 2003 à Gaza.
Pour Gaza le défi est relevé depuis
plusieurs années, de briser le blocus
par la mer, espace de liberté de
mouvement, source de vie et de
communication. Des bateaux ont tenté
courageusement et avec beaucoup de
persévérance d’atteindre Gaza, mais très
peu ont réussi, dont le Liberty et le
Free Gaza en 2008.
Une véritable flottille
internationale est partie vers la
Palestine en 2010 et la violence
coloniale s’est abattue, dix morts, des
turcs, lors de l’assaut par les
commandos aéroportés israéliens dans les
eaux internationales. Le message clair
et violent visait à décourager tout
soutien aux gazaouis contre le siège qui
veut les mettre à genoux. Pourtant en
2011, une deuxième flottille de la
liberté s’est préparée à voguer vers
Gaza. Seul un petit bateau français, le
Dignité, a échappé au piège tendu en
Grèce sur instruction du gouvernement
israélien. Les autres bateaux bloqués,
le Dignité est parti seul vers Gaza.
Attaqué, arraisonné par la marine de
guerre israélienne en eaux
internationales, puis volé et endommagé
tandis que les militants et l’équipage
étaient kidnappés et emmenés de force en
Israël.
Les autres tentatives ont aussi
échoué, un bateau mené uniquement par
des militants juifs en 2011, l’Estelle
en 2012, qui a fait escale en France sur
le chemin de Gaza, et puis ce fut le
beau projet de briser le blocus à partir
de Gaza en 2013 avec l’Arche, détruit
par un missile dans le port de Gaza
pendant l’attaque meurtrière de 2014.
Mais échec en apparence seulement car
s’il est vrai que ces bateaux n’ont pu
atteindre Gaza, la mobilisation des
peuples autour de ces projets de
solidarité ne s’est pas démentie et
l’intérêt médiatique non plus. Les
images de ces bateaux et de ces
militants courageux, tous civils,
attaqués et battus par une machine de
guerre impressionnante font écho aux
tableaux de mort et de destruction
infligées aux palestiniens et mettent en
lumière les crimes de guerre qui sont la
constante de la politique israélienne à
l’encontre du peuple palestinien.
Cette violence et ces intimidations
ne viennent pourtant pas à bout de la
résistance des Palestiniens ni de la
solidarité internationale et une
nouvelle flottille se prépare.
En 2015, trois bateaux, « descendants
» de la campagne bateau de 2011, vont
encore tenter de se rendre en Palestine
par la mer. L’un d’eux est déjà en mer.
Le Marianne, navire
norvégien-suédois, a quitté la Suède et
descend vers le sud par la Baltique
d’abord, la mer du Nord, la Manche et
l’Atlantique avant de passer Gibraltar
et d’entrer en Méditerranée rejoindre
les autres bateaux.
Dans son périple, le Marianne fera
escale fin mai 2015 en France, à la
pointe de Bretagne, comme l’avait fait
l’Estelle, où le mouvement de solidarité
l’accueillera. A son bord, en plus de
l’équipage, des militants auxquels se
joindront des personnalités plus tard
pour le dernier élan vers Gaza.
La campagne française 2011 avait pour
piliers la Plateforme des ONG pour la
Palestine et le Collectif National pour
une Paix Juste et Durable entre
Palestiniens et Israéliens. Ces deux
éléments essentiels du mouvement de
solidarité en France ont décidé
d’apporter leur soutien financier à la
troisième flottille, comme pour l’Arche
de Gaza et plus modestement pour
l’Estelle.
Ils ont aussi décidé de faire
connaître le plus largement possible
cette nouvelle campagne contre le blocus
aux médias et aux politiques, afin
qu’ils agissent enfin, car ce blocus
doit tomber et la justice l’emporter
enfin sur la violence coloniale.
*Un
bateau pour Gaza, Flottille de la
Liberté III
© G. Munier/X.
Jardez
Publié le 24 mai 2015 avec
l'aimable autorisation de Gilles Munier
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