Palestine
La « grande marche du retour » : vers
la libération
de la Palestine -
Chronique et analyses
CIREPAL
Dimanche 17 juin 2018
La « grande
marche du retour » n’est pas organisée
par le Hamas, comme prétendent les
sionistes pour justifier les massacres,
tout comme elle n’est pas à l’initiative
de jeunes apolitiques, comme soutiennent
des commentateurs, locaux et
internationaux, qu’irrite tout mouvement
organisé. « La Grande marche du retour »
est un mouvement populaire conçu et
réfléchi, ayant des objectifs et des
tactiques, des programmes d’action et de
mobilisation.
Le 30 mars 2018, date anniversaire de la « Journée de la
terre » (30/3/1976), la grande marche du
retour est déclenchée dans la bande de
Gaza, avec l’espoir qu’elle se propage
dans tout le territoire palestinien et
dans l’exil, notamment dans les pays
limitrophes de la Palestine, où sont
condensés les réfugiés palestiniens.
Les
organisateurs de la « grande marche du
retour » sont les organisations de la
résistance, les syndicats et unions
populaires palestiniens et les
associations civiles ainsi que les
regroupements familiaux et claniques. De
la rencontre organisée de plus de 150
membres d’organisations politiques,
d’unions populaires et d’associations
civiles, naît un conseil formé de 70
membres dont 28 membres se réunissent
chaque semaine, représentant 22 secteurs
de la société, y compris les
organisations palestiniennes et les
mukhtars (élus des camps et villages).
14 commissions ont été formées pour
organiser les diverses activités liées à
la marche, comme la commission
médiatique, la commission juridique, la
commission médicale, les commissions des
étudiants, des femmes, des handicapés,
des réfugiés, etc. Contrairement au
déclenchement des Intifadas précédentes
(1987 et 2000), la « grande marche du
retour » n’est pas une réaction à un
acte provocateur (même si les conditions
objectives de leur déclenchement sont
là), mais un mouvement dûment réfléchi
répondant à une situation politique
globale.
A la veille de la
première marche, des « tentes du
retour » ont été installées à 700 mètres
de la ligne de démarcation entre les
avant-postes militaires de l’occupant et
le reste de la bande de Gaza. Ces
« tentes du retour » sont installées en
permanence, elles accueillent diverses
activités tout au long de la semaine,
d’un vendredi à l’autre, qui sont les
journées des « marches du retour ».
Elles sont prévues pour mobiliser et
conscientiser la population sur la
question du retour au pays et les
différents dossiers, palestiniens et
arabes.
L’objectif de la
« grande marche du retour » : Dès le
départ, les organisateurs ont défini les
objectifs comme étant : le retour au
pays, qui est l’objectif stratégique de
la marche. Le comité organisateur est
conscient que le retour au pays ne se
fera pas dans les semaines à venir, mais
fixer le retour en tant qu’objectif
stratégique vise à mobiliser la
population sur ce thème crucial qui fait
l’unanimité du peuple palestinien, et à
le rendre possible dans les esprits, non
pas en tant que revendication et slogan,
mais plutôt en objectif à atteindre.
Puis, en liaison avec cet objectif
stratégique, faire échec au plan
américain de liquidation de la cause
palestinienne, principalement dans ses
deux volets : al-Quds et les réfugiés,
qui sont les deux
questions restées en suspens lors des
accords d’Oslo en 1993. C’est pourquoi
« la grande marche du retour » a fixé,
selon le porte-parole du comité
coordinateur de la marche, Khaled
al-Batch, l’objectif stratégique qui est
le retour à la terre de Palestine, et
les objectifs à moyen et court terme,
qui sont faire échec au « deal du
siècle » et briser le blocus contre la
bande de Gaza, imposé par l’occupant
sioniste depuis 2007. « La
grande marche du retour » c’est aussi la
poursuite des marches du retour qui ont
eu lieu en 2011, à partir du nord de la
Palestine, au Liban et en Syrie. Au
cours des mois de mai et juin 2011, les
participants aux marches du retour ont
déferlé vers les « frontières », à
partir du Sud du Liban et du Joulan
(Golan) syrien, suscitant une panique à
l’intérieur des rangs sionistes. L’armée
d’occupation a tiré sur les manifestants
civils et désarmés, faisant plusieurs
martyrs. Certains participants sont
parvenus jusqu’à al-Quds et Yafa.
Ni les puissances occidentales, ni la
communauté internationale dans son
ensemble n’ont dénoncé ce massacre
perpétré par une armée d’occupation
contre des Palestiniens réfugiés qui
voulaient juste retourner à leur terre,
et de manière tout à fait pacifique.
Mais tout retour à la patrie est et
reste inconcevable pour les puissances
impérialistes dans le monde, ce qui
explique l’importance de la « grande
marche du retour », qui cherche à le
rendre concevable et réalisable.
Les moyens de « la
grande marche du retour » sont des
moyens populaires, des marches menées
par des centaines de milliers de
Palestiniens pouvant arriver aux
millions, et des activités culturelles
et sociales dans les « tentes » liées au
droit du retour en Palestine et à la
résistance multiforme, et des moyens
pacifiques, n’utilisant aucune arme à
feu. Dans l’esprit des organisateurs, la
lutte pacifique n’a nullement le sens
donné par l’Autorité palestinienne et
certaines organisations à ce terme. Il
s’agit plutôt de joindre la lutte
populaire et pacifique à la lutte armée,
dans une résistance multiforme globale,
et non de dissocier entre les formes de
lutte, comme le fait l’Autorité
palestinienne de Ramallah. Pour affirmer
l’unité du peuple palestinien, les
organisateurs ont décidé que seul le
drapeau palestinien sera levé au cours
de la « grande marche du retour ». Cela
ne signifie pas que les dirigeants
politiques doivent en être absents, au
contraire, leur présence parmi leur
peuple est signe d’encouragement, et non
comme l’ont suggéré certains, signe de
« récupération politique ».
L’unité
palestinienne est au cœur de la grande
marche du retour. Après les échecs
successifs de la réconciliation entre
l’Autorité palestinienne de Ramallah et
celle de la bande de Gaza, et notamment
après la comédie orchestrée selon
laquelle la délégation du premier
ministre Rami Hamadallah aurait été
attaquée par le Hamas, la situation dans
la bande de Gaza s’est gravement
détériorée avec les sanctions imposées
par Mahmoud Abbas, qui ont trait aux
salaires des fonctionnaires de
l’Autorité, au transfert des malades
vers les hôpitaux de la Cisjordanie, au
paiement des factures d’électricité,
etc… sanctions qui visent à faire plier
le Hamas à la volonté de Mahmoud Abbas,
mais qui ont surtout touché la
population. La grande marche du retour
vise à balayer ce dossier, où les forces
régionales et internationales
interviennent, en plus de l’entité
sioniste, pour empêcher sa résolution.
La réponse des organisateurs de la
marche est que l’unité palestinienne se
fait dans la lutte contre l’ennemi
principal, l’entité d’occupation.
Le bilan humain de
la grande marche du retour est très
lourd, puisque l’occupant a assassiné
plus de 120 Palestiniens, et blessé
environ 14.000 personnes, dont 330
gravement atteints. Le massacre perpétré
par les forces d’occupation témoigne de
la panique ressentie par la direction
sioniste du fait de cette marche et de
ses objectifs. Selon le plan
américano-sioniste en préparation, le
retour des réfugiés n’existerait plus,
et l’administration américaine s’est
pliée au vœu sioniste de supprimer
l’UNRWA, en lui coupant le financement.
Or, la grande marche du retour remet en
place l’objectif premier du peuple
palestinien, et mobilise l’opinion
internationale autour de cet objectif.
Mais le massacre témoigne aussi de la
volonté sioniste de donner une leçon à
quiconque ose défier une suprématie
basée sur le mensonge, la force
militaire et les massacres. Il témoigne
aussi de la logique et de l’idéologie
sionistes, selon lesquelles le
Palestinien doit disparaître, ou
s’écraser. Le nombre élevé des martyrs
est également la conséquence du blocus
médical contre la bande de Gaza,
plusieurs blessés n’ayant pu être
soignés à temps pour les sauver.
Cependant, dans
l’esprit des organisateurs, les martyrs
et les blessés montrent le vrai visage
de l’occupant, qui a perdu la bataille
de l’information depuis le début de
marche, selon l’aveu même de sa presse.
Quand les soldats haineux de l’occupant
tirent sur les journalistes, les
secouristes, les ambulances, les
handicapés, les enfants qui portent des
pneus ou des pierres, les jeunes
désarmés qui essaient de franchir les
barbelés, les vieux ou les nourrissons
qui suffoquent par les gaz toxiques
lancés sur les manifestants, et que le
monde entier assiste à ces actes
barbares, alors qu’aucun soldat ou colon
n’a été touché, il est évident que la
grande marche du retour a remporté la
victoire médiatique. Les efforts
américains pour blanchir l’occupant et
justifier ses crimes n’y peuvent rien.
Mais la grande marche du retour n’a pas
encore réussi à percer la solide
alliance entre les puissances
impérialistes et l’occupant sioniste, y
compris ce qui s’appelle la « communauté
internationale » : les discussions sont
en cours pour alléger le blocus, donner
des miettes à la population de Gaza, et
non de supprimer un blocus inique et
criminel. Combien de martyrs et de
blessés faut-il encore pour que cette
communauté internationale décide
d’isoler l’entité sioniste ?
A la veille
de la marche
Le dirigeant au
mouvement du Jihad islamique en
Palestine, Khaled al-Batsh, qui
représente le conseil national supérieur
de la grande marche du retour » (CNSM)
affirme que « la marche du retour est le
début d’un grand projet pour réaliser le
droit au retour après son abandon de la
communauté internationale, son objectif
sera stratégique et tactique….. La
marche du retour a besoin d’organisation
et d’ordre et d’une direction populaire…
la présence civile sur la ligne de la
trêve (ligne de séparation entre la
bande de Gaza et l’intérieur occupé en
48) est importante, il y aura des
tentes, le message est « nous
retournerons en Palestine ».
Du côté de la
colonie sioniste, l’occupant menace les
compagnies de transport palestiniens en
leur ordonnant de ne pas transporter les
participants. Il envoie des tracts à la
population de Gaza, menaçant de
s’approcher des barbelés ou d’agir
violemment, tout en attaquant la
résistance, la rendant responsable du
sort de la population à Gaza. Il lance
ses menaces télévisées et parvient à
infiltrer les téléphones de plusieurs
personnalités, fixant des rendez-vous
erronés pour le début de la marche. Il
poste des unités militaires
supplémentaires à la frontière, installe
de nouveaux postes de surveillance et de
tirs, et donne l’ordre à ses soldats de
tirer indistinctement.
Chronique
Le premier
vendredi de la « grande marche du
retour » (30 mars 2018). Des dizaines de
milliers de Palestiniens se dirigent
vers la zone séparant les postes
militaires de l’armée sioniste de la
bande de Gaza. L’armée de l’occupation
tire, faisant 17 martyrs et 1416
blessés. Les corps de deux martyrs sont
confisqués par l’occupant. Les
participants à la marche appartenaient à
toutes les générations, des plus vieux
aux plus jeunes.
L’avocat A’lah
Abdel Ati, membre de la commission
juridique issue du CNSM affirme que
l’occupant sioniste a commis de graves
violations contre les manifestants. Il a
utilisé des balles réelles, avec
intention de tuer, et des balles qui
explosent dans le corps, pour provoquer
des séquelles à long terme ainsi que des
gaz dangereux de nature inconnue.
Le mouvement du
Jihad Islamique en Palestine se félicite
de la participation massive à la grande
marche du retour, au cours des journées
du vendredi. Mohamad Shallah, cadre du
mouvement à Gaza a affirmé que les
masses palestiniennes ont prouvé aux
sionistes leur attachement à leur terre,
et que les nouvelles générations n’ont
pas oublié leur patrie. Il s’est
félicité du caractère non partisan de la
marche, où seul le drapeau palestinien a
été levé.
Dans la bande de
Gaza, l’UNRWA fait preuve de suivisme
aveugle vis-à-vis des Etats-Unis,
puisqu’elle envoie une note
administrative interdisant à ses
employés de participer à « la grande
marche du retour » et conseillant les
élèves de ses écoles de ne pas y
participer.
le ministre de la
guerre a félicité ses soldats pour avoir
tué et a affirmé qu’il ne formera pas
une commission d’enquête pour déterminer
la responsabilité du massacre, et que
son entité refusera toute commission
d’enquête internationale. Les quotidiens
et les responsables politiques sionistes
considèrent de manière générale que la
marche du retour est organisée par le
Hamas pour sortir de l’impasse dans
laquelle il se trouve, thèse partagée
par certains journalistes arabes
« indépendants », manière de disculper
l’entité sioniste de ses crimes.
De son côté, le
conseil de sécurité de l’ONU ne parvient
pas à dénoncer l’occupant, qui est
protégé et soutenu par les Etats-Unis.
Certains pays arabes et islamiques ont
dénoncé le crime de l’armée
d’occupation.
Le deuxième
vendredi 6 avril « journée du Caoutchouc » :
15 Palestiniens ont été tués, dont un
journaliste, et 1100 ont été blessés par
les balles réelles et asphyxiés par les
gaz.
Ayant réalisé les
effets positifs de la fumée qui s’élève
pour les protéger des tirs de
l’occupant, les Palestiniens décident de
brûler quantité de pneus le long de la
ligne de séparation. « La photo du
martyr Abdel Fattah Abdel Nabi, prise
quelques instants avant qu’il ne soit
tué, en train de transporter un pneu,
est devenue l’icône de la journée »
(article de Usama Hammad).
Les médias et
responsables sionistes ont crié,
accusant les Palestiniens de nuire à
l’environnement en brûlant les pneus.
Ils portent plainte à l’ONU alors que la
bande de Gaza, sans compter les autres
parties de la Palestine, subissent les
désastreux effets de la politique
sioniste destructrice de vie (humaine et
végétale). Sur le terrain, les
militaires de l’occupation ont préparé
de larges jets d’eau pour éteindre les
feux, tout le long de la ligne de
séparation.
Abbas Zaki, membre
du comité central du mouvement Fateh,
déclare que le différend avec le
mouvement Hamas ne doit pas conduire à
instaurer des sanctions contre le peuple
palestinien dans la bande de Gaza.
Concernant la marche du retour, il a
affirmé que « le peuple palestinien
grandiose à Gaza est un don de Dieu à la
Palestine, il mérite d’être hautement
apprécié par la direction politique ».
Reportage :
La journaliste Du’a’ Shahine montre dans
son reportage, tout le long de la ligne
de séparation, que cette zone a
entièrement changé depuis le 30 mars
(reportage du 9/4). Au cours de la
journée, les vendredis, c’est
l’affrontement, les martyrs et les
blessés, mais le soir, c’est « le repos
des combattants », qui se réunissent, en
familles, autour des chants patriotiques
et des danses traditionnelles bédouines,
malgré l’occupant, qui n’arrête pas de
tirer. Le rôle de la femme palestinienne
est vital, à l’est de Shuj’iyya, où elle
a préparé des plats qu’elle distribue
aux participants, dans le but d’appuyer
le droit au retour et de renforcer la
ténacité des jeunes.
Depuis le
déclenchement du 30 mars, 30
Palestiniens se sont élevés en martyrs,
et 2900 ont été blessés.
Raid de l’aviation
sioniste sur l’est de Shuja’iya où
s’élève un martyr Mohamad Hujayle, 31
ans et sur d’autres sites de la
résistance dans la bande de Gaza (12
avril).
Décès du martyr
Abdullah Shuhari, 28 ans, à Khan Younes
(12 avril).
Le troisième
vendredi 13 avril « Journée du drapeau » :
6 Palestiniens ont été tués.
Au cours du
troisième vendredi de la « grande marche
du retour », qui a été la journée du
« drapeau palestinien », les
manifestants ont lancé un message fort à
l’entité coloniale, lui rappelant ses
soldats prisonniers. Plusieurs dizaines
de milliers de participants se sont
rendus vers les barbelés installés par
l’occupant sur les terres de la bande de
Gaza, en présence des membres du CNSM.
Les jeunes ont brûlé les drapeaux de
l’entité sioniste, et levé les drapeaux
palestiniens.
La participation
est cependant plus faible que lors des
semaines précédentes, avec des dizaines
de milliers de personnes, qui se sont
dirigées vers les 5 points de
rassemblement à Rafah, Khan Younes, Camp
al-Breij, Gaza et Jabalia. Les
manifestants ont porté des cercueils
fictifs où furent collés les photos des
4 soldats sionistes détenus par la
résistance au cours et après la guerre
de 2014.
Une délégation de
médecins palestiniens des territoires
occupés en 48, sous la direction de dr.
Salah Hajj Yehya, est arrivée dans la
bande de Gaza, pour aider à soigner le
nombre important de blessés.
Le 18 avril, les
participants à la grande marche du
retour dans la bande de Gaza ont déplacé
de 50 à 100 mètres les tentes du retour
vers la ligne de séparation avec les
territoires occupés en 48, en
préparation de la journée du 15 mai.
Cinq tentes avaient été installées au
départ à 700 mètres des barbelés, le
long de la bande de Gaza, du nord au
sud. Les organisateurs prévoient
d’installer d’autres tentes protégés des
tirs sionistes par des monticules de
terre. Des jeux pour les enfants ont été
installés au nord, une exposition
permanente d’objets traditionnels et
folkloriques sert à animer les marches,
Une tente a été montée pour abriter les
conseils tribaux de Gaza, à l’est de la
ville.
Le bilan est de :
un martyr tué, Islam Harzullah, 28 ans,
et 1000 blessés par balles et asphyxiés
par les gaz.
Daoud Shihab,
responsable du bureau de presse du
Mouvement du Jihad islamique, a affirmé
que les marches se poursuivent avec une
grande intensité populaire, ce qui est
un grand acquis, et signifie que le
concept du droit au retour et la
conscience des masses s’enracinent
encore plus. Ces marches sont un outil
de la résistance que le peuple utilise
selon les moyens et les formes
appropriés. C’est le peuple qui
s’exprime en participant aux marches du
retour.
Le 15 avril, Marwan
Barghouty, membre dirigeant du comité
central du Fateh, appelle à la
participation active aux marches du
retour, dans un message envoyé de
prison.
L’union des radios
et télévisions réclame des rapports
minutieux sur les crimes de l’occupation
contre les journalistes, afin de les
présenter aux tribunaux. 52 journalistes
ont été jusque là visés lors des
marches.
Le 17 avril, les
autorités de l’occupation imposent des
sanctions économiques contre 14
compagnies de transport
qui ont aidé les participants à
se rendre vers la ligne de séparation.
Le quatrième
vendredi, 20 avril, « Journée des
prisonniers et des martyrs » 4
Palestiniens ont été tués, Ahmad Abu
Akl, 25 ans, tué par un tireur sioniste
qui a tiré sur la tête, à l’est de
Jabalia, et Ahmad Athamne, 24 ans, au
nord de Gaza. L’enfant Mohamad Ayoub, 15
ans, et Sa’d Abu Taha, à l’est de
Khan Younes.
La 4ème
journée du vendredi, dans le cadre de
« la grande marche du retour » a assisté
à l’apparition massive des
cerfs-volants, nouvelle arme utilisée
par les participants. Ces cerfs-volants
qui sont envoyés vers les colonies,
portent des matières inflammables et
causent des incendies dans les champs.
Une nouvelle cellule a été constituée
par les participants pour construire les
cerfs-volants et les équiper. Les
dirigeants sionistes menacent de lancer
leurs avions militaires contre les
cerfs-volants, et discutent la manière
de s’y opposer.
Les participants
répondent à l’armée sioniste qui les a
bombardés de tracts, les appelant à ne
pas s’approcher des barbelés ni à
participer à la marche du retour. Ils
ont répondu : « Allez-vous en, ne suivez
pas les ordres de votre direction, elle
vous envoie vers la mort ou
l’emprisonnement. » C’est le message
envoyé au moyen des cerfs-volants.
Le dénommé
« Sakhra », jeune Palestinien
participant aux marches, explique que
les manifestants s’expriment de manière
pacifique, ils ne portent ni de bombes
ni d’armes, mais les soldats de
l’occupation visent les manifestants
avec des balles explosives et des gaz. A
l’est de Khan Younes, « Sakhra »
prépare les cerfs-volants tout en
affirmant que ni lui ni les jeunes qui
sont avec lui n’ont peur des sionistes
en face.
Le 23/ 4, le jeune
Tahrir Wehbe (18 ans) décède des suites
de blessures infligées il y a deux
semaines à l’est de Khan Younes. Il
était handicapé de l’ouïe. Le jeune
Abdallah Shamali (20 ans) est décédé des
suites des tirs le vendredi dernier. La
balle avait touché son ventre. Il était
le fils du martyr qassamite Mohammad
Shamali, élevé martyr en 2009. Le
journaliste Ahmad Abu Hussayn décède par
suite d’une balle tirée par un tireur
sioniste, le vendredi du drapeau.
A cette date, 39
martyrs se sont élevés, et plus de 5000
blessés, dont 138 gravement atteints.
Le cinquième
vendredi, 27 avril, « Journée de la
jeunesse révoltée » : 6 Palestiniens
ont été tués et 350 Palestiniens visés
par les balles, dont des journalistes et
des secouristes. Décès de Abdel Salam
Bakr, 29 ans, touché à l’est de Khan
Younes, de Mohamad Muqayad, 21 ans,
Khalil Atallah, 22 ans, touchés à l’est
de Zaytun, ville de Gaza, et l’enfant
Azzam Uwayda, 14 ans, touché à l’Est de
Gaza d’une balle à la tête.
Au cours de cette
journée, les manifestants se sont rendus
par milliers vers la ligne de
séparation, et des jeunes sont parvenus
à couper les barbelés de séparation. Des
manifestants montent des ballons volants
qui transportent des flammes, vers les
colonies. Après le caoutchouc pour se
protéger, et les miroirs pour aveugler
les tireurs sionistes, c’est le moment
pour les manifestants de penser à
l’attaque. La prière collective du
vendredi a été célébrée près des tentes
du retour.
Parallèmement, en
Cisjordanie occupée, des affrontements
ont eu lieu entre les Palestiniens et
l’armée d’occupation dans plusieurs
endroits à al-Khalil, Ramallah,
al-Bireh, Nablus (village de Bayta),
Ariha, après la prière du vendredi.
Le CNSM salue les
manifestants qui ont répondu à l’appel
et marché pacifiquement, et salue les
solidaires internationaux et arabes
soutenant les marches, en les appelant à
intensifier leurs efforts de solidarité.
« Selon les témoignages des médecins,
les forces de l’ennemi sioniste ont
sciemment tiré pour tuer en utilisant
des balles explosives, et les armes
utilisées portent des matières
toxiques ». Le CNSM réfute les
allégations américaines selon lesquelles
les enfants sont enrôlés et utilisés
comme boucliers humains, ces mensonges
visent à justifier les massacres et le
ciblage des enfants. Il met en garde la
communauté internationale contre le
silence envers les crimes sionistes,
silence qui est un feu vert pour la
poursuite des massacres.
L’occupant tire sur
trois Palestiniens qui tentaient
d’entrer en Palestine occupée : Atiya
Imawi, Youssef Imawi de Khan Younes, et
l’enfant Jasser Abu Jazar (16
ans). La nouvelle de leur décès a été
annoncée par la Croix Rouge
Internationale.
5 corps de martyrs
tombés au cours des marches du retour
sont confisqués par l’occupant, à la
date du 1er mai : les martyrs
Mus’ab Sallul, du camp Nusayrat, Mohamad
Rabay’a, du camp Nusayrat, Yousef Abu
Jazar, de Rafah, Atiya Imawi, de Khan
Younes, et Ahmad ‘Imawi, de Khan Younes.
3 mai : le jeune
Anas Abu Asr, 19 ans, succombe à ses
blessures (tirs israéliens lors de la 5ème
journée). Il était du quartier de Tall
al-Hawa, à Gaza.
Le sixième
vendredi 4 mai, « Journée des
travailleurs » : Les
activités sont intenses dans les tentes
du retour : L’Union des travailleurs
dans la bande de Gaza a choisi la tente
qui se trouve à l’est de Gaza pour
célébrer les activités de la Journée.
Les forces de l’occupation ont tiré sur
les jeunes qui se trouvent à l’est de
Khuza’a. Deux familles célèbrent des
mariages dans les tentes, à l’est de
Jabalia.
Au soir de cette
journée, les jeunes sont parvenus à
entrer dans le poste sioniste installé à
Karm Abu Salem, au sud de la bande de
Gaza, incendiant tout le matériel de ce
poste-frontière.
Reportage :
Aux « frontières » de la bande de Gaza :
depuis le 30 mars, la zone
« frontalière » séparant la bande de
Gaza au reste de la Palestine occupée
n’est plus une zone sauvage. Les 5
tentes principales du retour y ont été
installées, et un nouveau genre de vie a
été instauré. Les sirènes des ambulances
qui annoncent le transport des blessés,
les manifestants qui lancent des
pierres, les marchands ambulants qui
parcourent la zone, se mêlent aux chants
patriotiques lancés par les
haut-parleurs, les groupes folkloriques
qui animent les soirées, les élèves qui
viennent étudier, et les cours qui sont
dispensés, alors que les soldats
sionistes tirent sur les participants,
tuant et blessant autant qu’ils le
peuvent. Des matchs sportifs sont
organisés entre les équipes issues des
villes de la bande de Gaza. La
participation des femmes à cette
initiative est massive.
Les Palestiniens de
48 ont participé à la marche du retour,
à la limite de la bande de Gaza, sur les
terres d’un village démoli, Dimra, lors
du vendredi consacrée aux travailleurs,
le 4 mai.
Le septième
vendredi 11 mai : le vendredi de la
mobilisation :
167 blessés et un martyr Jabr Mustafa,
40 ans, à l’est de Khan Younes. 7
blessés sont gravement atteints, dont
deux femmes et un enfant. Des milliers
de citoyens se sont dirigés ce jour vers
la zone de séparation, où sont plantées
les tentes du retour, considérée comme
une pré-mobilisation pour les journées
du 14-15 mai, date commémorative de la
Nakba, et en signe de refus du transfert
de l’ambassade américaine vers al-Quds.
Reportage :
Itaf Wadi, « la mère des
révolutionnaires », « la flamme », comme
l’appellent les jeunes, a 55 ans. Dans
la tente du retour plantée près des
barbelés qui enferment la bande de Gaza,
elle consacre ses journées à les
encourager, à les préparer et à les
soigner, avant et après leur
participation à la « grande marche du
retour ». A l’entrée
de la tente, elle suscite l’enthousiasme
des participants à la marche
par les « Allah Akbar ».
Originaire de Bayt Daras, elle participe
depuis le 30 mars à la marche du retour
et affirme : « je cherche les cailloux
et les pneus, pour les donner aux
jeunes. Nous sommes là aujourd’hui pour
faire parvenir un message au monde :
nous insistons et nous sommes déterminés
à poursuivre le chemin jusqu’à la
libération de notre patrie. Je suis
heureuse et fière de participer aux
côtés des jeunes au combat contre les
occupants. Louanges à Dieu qui m’a gardé
vivante et m’a fait participer à ce
grand jour.» Elle affirme qu’elle est là
car elle aime sa patrie, elle veut
défendre al-Aqsa et s’opposer aux
décisions de liquidation de la cause
palestinienne. « Ma maison se trouve à
Bayt Daras, à 30 km des barbelés qui
séparent la bande de Gaza de l’entité
sioniste. J’ai hâte de retourner dans
mon village. C’est la résolution
promulguée par les Nations-Unies, N°192,
qui affirme clairement que les réfugiés
doivent retourner dans leurs villages et
leur pays. »
Samedi 12 mai :
L’enfant Jamal Afane, 15 ans succombe à
ses blessures (blessé lors du vendredi
11 mai.)
Préparatifs pour la
journée du 14 mai : chaque véhicule
transportant les manifestants portera le
nom d’un des villages palestiniens en
Palestine 48. Il s’agit de livrer une
image opposée à ce qui a eu lieu en 48,
lors de l’expulsion des Palestiniens de
leurs villages. Aujourd’hui, c’est le
retour, dans des véhicules
symboliquement marqués du nom des
villages.
Le CNSM appelle les
Palestiniens en exil et dans le monde à
se diriger vers les ambassades sionistes
et américaines, et aux sièges de l’ONU
pour protester contre le transfert de
l’ambassade américaine vers al-Quds.
A la date du 12
mai, le nombre de martyrs du retour
s’élève à 48 martyrs, dont 5 enfants et
deux journalistes. Le ministère de la
santé à Gaza déclare que 9520 personnes
ont été blessées, don 900 enfants, 400
femmes, 200 membres des équipes
médicales, et 110 journalistes. Il y a
eu, jusqu’à cette date, 24 cas de
membres amputés.
Le lundi et
mardi 14 et 15 mai : La journée du
« million pour le retour » :
Dès le matin, les Palestiniens se
dirigent vers les tentes du retour et
les barrages de l’armée d’occupation,
pour commémorer les 70 ans de la Nakba
et dénoncer la reconnaissance par les
Etats-Unis de al-Quds comme capitale de
l’entité sioniste. A peine arrivés, les
soldats sionistes tirent, et les martyrs
s’élèvent les uns à la suite des autres,
ainsi que le nombre des blessés :
blessés par balles réelles, et asphyxiés
par les gaz lacrymogènes. A l’Est de
Jabalia, des affrontements ont lieu près
des barrages, ainsi qu’à l’est de Rafah.
Une grève générale
avait été anoncée dans la bande de Gaza,
en vue de participer à la marche. Les
manifestants se sont rassemblés autour
des 19 tentes dressées près de la zone
de séparation. Les sionistes avaient
lancé des drônes pour incendier les
tentes, mais les jeunes sont parvenus à
les faire tomber. Les sionistes avaient
lancé des tracts en direction des
Palestiniens, les menaçant de mort s’ils
s’approchaient des barrages. L’armée
sioniste a déclaré la zone aux abords de
la bande de Gaza interdite à la
circulation, sauf pour ses habitants.
En milieu de
journée, le ministère de la santé à Gaza
signale le martyre de 30 Palestiniens
âgés entre 14 ans et 30 ans. Des
milliers de manifestants sont blessés et
asphyxiés par les gaz. A la fin de la
journée, le ministère annonce le martyre
de 55 Palestiniens, dont 6 enfants et
une femme, pendant que le nombre de
blessés et asphyxiés s’élève à 2771
Palestiniens.
Des jeunes
parviennent à se rapprocher de la statue
érigée par l’occupant au nord de la
bande, à l’est de Bayt Hanoun.
L’occupant tue trois Palestiniens ayant
pu entrer dans la zone du passage de
Rafah. L’artillerie « israélienne »
participe au massacre, tirant près des
tentes du retour.
Un drône
« israélien » espion est abattu par les
manifestants à Gaza. Des cerfs-volants
et des ballons incendiaires sont envoyés
vers les sionistes, provoquant des
incendies dans les champs. Les pompiers
« israéliens » ont passé les deux
journées à éteindre les feux.
En Cisjordanie
occupée, les soldats sionistes tirent
sur les manifestants et les journalistes
dans le camp de Qalandia, à Bayt Lahem,
et dans la ville d’al-Khalil.
Le CNSM appelle à
la poursuite des marches du retour et à
une grève générale le mardi 15 mai, qui
est une journée de deuil. Il appelle à
la participation massive aux cortèges
funèbres des martyrs. Khaled al-Batsh,
président du CNSM, a fait porter la
responsabilité du massacre « à
l’administration américaine et à son
président sioniste Donald Trump »,
considérant que « cette date funeste
demeurera à jamais une tâche de honte
sur le front de tous ceux qui
abandonnent la Palestine ou qui
normalisent avec l’occupant sioniste ».
Le nombre de
martyrs de la journée du 14 mai s’élève
avec le décès de plusieurs blessés
graves : le 16 mai, le martyr Fawzi Abu
Loli, 19 ans du camp al-Shabura, Rafah.
Il a été exécuté par une balle à la
tête, alors qu’il cisaillait les
barbelés. la martyre Layla Ghandour,
nourrisson de 8 mois, tuée à l’est de
Gaza, Adil Matar, 16
ans, Nassir Ghurab 51 ans, de Nussayrat.
Le ministère de
l’intérieur à Gaza (Hamas) et la
sécurité nationale (Hamas) ont annoncé
le martyre de quatre de leurs membres :
Mussa Abu Hassanayn, 30 ans, de la
défense civile, Mu’tazz Nunu, 30 ans, de
la sécurité intérieure, Mus’ab Abu
Layla, 28 ans, des Renseignements
militaires, et Jihad Musa, 30 ans, de la
sécurité intérieure.
Le mouvement du
Jihad islamique en Palestine annonce le
décès de trois martyrs : Fadi Hassan Abu
Salma, de Khan Younes, blessé avec deux
jambes amputées, suite aux bombardements
sionistes en 2014. Les martyrs Ubayda
Farhan, de Khan Younes, et Ahmad Sha’er.
Le FPLP annonce le
martyre de Ahmad Adini, 36 ans, le 14
mai, à l’est d’al Breij. Il était
origine de Beer Saba’.
Après la marche du
14 mai, le Fateh déclare la fin de sa
participation aux marches du retour, qui
sont arrivées à leur fin selon lui :
« Les marches ont réussi à affirmer les
messages de notre peuple palestinien
relatifs à ses droits et ses fermes
positions, pour lesquels se sont
sacrifiés les martyrs » dit-il dans un
communiqué. Cependant, il n’est pas
certain que les membres du Fateh dans la
bande de Gaza cessent leur participation
et s’alignent sur la position
officielle. Le CNSM affirme que le
programme quotidien des activités et les
marches se poursuivent jusqu’au 5 juin,
au moins..
16 mai : le CNSM
refuse les médicaments envoyés par
l’occupant. Des camions de médicaments
ont été envoyés par l’institution
médicale « israélienne » pour les
blessés de Gaza. Les camions furent
interdits d’entrer par le poste de Karm
Abu Salem pour ne pas « embellir l’image
de l’occupant ».
La presse sioniste
reconnaît que la presse palestinienne a
réussi à la surpasser au sujet des
marches du retour. De son propre aveu,
la presse sioniste est militarisée, elle
parle au nom de l’armée d’occupation et
les médias de l’armée ont échoué, alors
que Hamas a autorisé les médias à
travailler librement. L’armée
d’occupation a refusé les entretiens de
la presse avec les soldats, alors que la
presse internationale pouvait librement
s’entretenir avec les manifestants à
Gaza.
Les dirigeants
sionistes menacent de tuer Yehia Senwar,
dirigeant du Hamas à Gaza.
Le bilan meurtrier
des journées du lundi 14 et mardi 15 :
62 Palestiniens ont été
tués, et 3188 ont été blessés et
asphyxiés. Le ministère de la santé à
Gaza lance un appel aux autorités
égyptiennes, leur demandant d’ouvrir le
passage de Rafah pour soigner les
blessés dans les hôpitaux égyptiens ou
autres arabes.
Les manifestants
poursuivent le lancement des ballons et
cerfs-volants incendiaires vers les
colonies. Le 17 mai : une grande
incendie se déclare dans la colonie de
Nahal Hapsur. 4 brigades de pompiers
sont obligés d’éteindre le feu.
Le 16 mai,
l’artillerie sioniste bombarde les
positions de la résistance à l’est de
Jabalia.
17 mai : une
délégation médicale de la Cisjordanie
occupée arrive à Gaza, pour aider les
hôpitaux et médecins à soigner le nombre
important de blessés.
Les avions de
l’occupation bombardent des positions de
la résistance, et la résistance riposte.
A la veille de la
marche du 18 mai, des rumeurs circulent
sur un soi-disant accord entre le Hamas
et l’Egypte pour arrêter la « grande
marche du retour ».
Le vendredi 18
mai: 8ème journée place sous
le signe de « la fidélité envers les
martyrs et les blessés ». A peine
arrivés, les manifestants ont brûlé les
pneus et préparé les cerfs-volants pour
les envoyer sur les colonies. Une
incendie se déclare dans la colonie
Nahel Oz, et l’occupant tire et lance
des gaz sur les manifestants : 56
Palestiniens sont blessés et asphyxiés
par les gaz.
Malgré les
massacres des 14-15 mai, les
Palestiniens poursuivent la marche,
déterminés. Dans l’intérieur palestinien
occupé en 48, plusieurs manifestations
et sit-in sont organisés pour protester
contre les massacres perpétrés par
l’armée sioniste, mais aussi pour
affirmer le droit au retour et le
soutien à la « marche du retour ». A
Haïfa, une manifestation organisée par
le mouvement des jeunes est sauvagement
réprimée par la police sioniste qui
arrête 19 Palestiniens. Les manifestants
de Haïfa affirment leur participation à
la « marche du retour » et l’unité du
peuple palestinien.
De retour du Caire,
le chef du bureau politique du Hamas,
Isma’il Haniyé déclare : les marches du
retour et de la levée du blocus ne
s’arrêteront pas, sans la réalisation de
leurs objectifs, dont la levée totale du
blocus. Au cours de la prière du
vendredi il a démenti les rumeurs
concernant la visite de la délégation du
Hamas au Caire. Pour son mouvement, la
marche du retour a deux dimensions,
l’une politique qui affirme le droit
palestinien et le refus du « deal du
siècle » et la seconde dimension est la
levée entière du blocus contre Gaza,
ajoutant que « nous n’avons plus
confiance dans les délégations, les
promesses, les solutions partielles, ou
le blocus est entièrement levé, ou la
marche du retour se poursuit ».
Le 19 mai, une
convoi médical égyptien arrive à Gaza,
qui contient du matériel médical pour
les hôpitaux et des produits
alimentaires. Des ambulances sont
également envoyés pour transporter des
blessés graves vers les hôpitaux
égyptiens.
Le 20 mai : les
incendies se multiplient dans la zone
des colonies à l’est de la bande de
Gaza, dues aux cerfs-volants et ballons
incendiaires. Des dizaines de milliers
d’hectares ont brûlé jusqu’à cette date.
L’occupant parle de « catastrophe ».
Au 21 mai, le bilan
meurtrier est de 112 martyrs et 13190
blessés. Parmi les martyrs, 13 enfants
mineurs, 2069 enfants blessés, 1029
femmes, 332 blessures graves. Parmi ces
martyrs : Wissal Sheikh Khalil, 15 ans,
avait fini de passer son examen du
brevet. Elle vivait dans le camp
al-Maghazi, et originaire du village
Sawafir. Ahmad Abu Samra, 21 ans, de
camp de Jabalia, avait été gravement
blessé le 14 mai. Mohamad Alayan, 20
ans, Mu’in Sa’i, 59 ans, du camp
al-Shate’, Gaza, blessé le 14 mai.
22 mai : Deux
jeunes, Ahmad Imawi et Mu’tazz Abu ‘Id,
arrêtés le 28 avril, sont accusés par un
tribunal sioniste de fabriquer des
cerfs-volants.
Yehia Senwar
déclare que le peuple palestinien a
choisi la voie de la résistance
populaire et pacifique car les
circonstances l’ont amené à ce choix, en
cette étape précisément, mais cela ne
signifie pas l’abandon d’autres choix.
Il a nié qu’il y ait un accord entre son
mouvement et le Caire pour stopper le
mouvement et les marches du retour,
disant qu’il a confiance dans les masses
palestiniennes de la Cisjordanie, qui
sont capables d’appuyer les manifestants
à Gaza, demandant au Fateh de cesser la
coordination sécuritaire avec
« Israël ».
Les jeunes
parviennent à entrer dans les
territoires occupés et d’incendier des
tentes et des point militaires de
l’occupant. L’artillerie « israélienne »
a tiré sur un poste d’observation de la
résistance.
Le CNSM affirme que
les tentes du retour accueillent des
activités diverses tout au long de la
semaine, des activités culturelles,
politiques, nationales et sociales.
La commission juridique du
conseil, dans une conférence de presse,
appelle à activer le dossier de la
poursuite de l’occupant par le tribunal
international, et demande à l’Autorité
palestinienne de remettre tous les
dossiers nécessaires. « Il est
nécessaire de briser le blocus de la
neutralité excessive et de soutenir les
victimes ». « les crimes commis à Gaza
sont des crimes de guerre, l’occupant a
usé de la force mortelle se basant sur
une décision politique et militaire, et
a intentionnellement tiré sur les
participants qui ne constituaient aucun
danger sur les soldats ». Elle réclame à
la communauté internationale de mettre
en place une commission d’enquête sur
les crimes « israéliens » à Gaza.
Les organisations
de la résistance doutent de l’efficacité
d’une délégation internationale qui
serait envoyée à Gaza et de sa capacité
à arrêter les crimes de l’armée
d’occupation et de protéger les
Palestiniens, car cette délégation
serait plutôt une force de soutien et
d’aide à l’occupant, et prendra en
charge de protéger les colonies. Le
dirigeant au Mouvement du Jihad
islamique, Ahmad Mudallal, affirme que
son mouvement refuse la présence de
forces internationales aux frontières de
la bande de Gaza, justifiant son refus
par l’expérience d’une telle force au
sud-Liban. « Que la communauté
internationale applique ses décisions,
dont la décision 194, avant d’en prendre
de nouvelles ».
23 mai : L’aviation
militaire sioniste bombarde des
positions de la résistance dans la bande
de Gaza, sans faire de blessés. Le
mouvement du Jihad Islamique en
Palestine rappelle à la direction
sioniste les bombardements par la
résistance de Tel Aviv, au cas où les
agressions sionistes se poursuivraient.
Le 24 mai, le CNSM
appelle à la large participation à la
marche du vendredi placée sous le signe
de la levée du blocus contre la bande de
Gaza.
Le vendredi 25
mai : 9ème journée : « nous
poursuivons malgré le blocus ».
Au cours du mois de
Ramadan, les marches du retour sont
organisées dans l’après-midi, après la
prière du ‘asr. Au cours de la marche,
le CNSM a appelé la nation arabe et
islamique, ainsi que la communauté
internationale, à agir pour briser le
blocus contre Gaza. Au cours de la
conférence de presse, à l’issue de la
journée, Khaled al-Batsh, président du
conseil, a affirmé la poursuite des
marches, disant « nous ne concèderons
pas notre droit sur al-Quds et nous
n’échangerons pas notre patrie contre
des mirages et l’humiliation ». Il a
annoncé que la prochaine mars sera « De
Gaza à Haïfa, un seul sang, un sort
partagé », pour affirmer l’unité du
peuple palestinien.
109 blessés et un
martyr, Hussayn Abu Uwayda, 41 ans,
touché par les balles de l’occupant à
l’est de la ville de Gaza.
Le 26 mai, samedi,
des jeunes parviennent à entrer en
Palestine occupée, à l’est du camp
al-Maghazi, au centre de Gaza. Ils ont
réussi à brûler des sites où
s’installent les snipers « israéliens »
et sont revenus sains et saufs à Gaza.
Une conférence de
presse est organisée dans le port de
Gaza pour annoncer la mise en marche du
navire de la liberté 1, qui a pour
mission de briser le blocus contre Gaza
Le membre du CNSM, Salah Abdul Ati et
responsable de la commission juridique,
explique que ce navire « porte les rêves
de notre peuple et son désir de liberté
et d’indépendance ». Il ajoute : « nous
avons décidé de prendre l’initiative
pour lever le blocus et affirmer les
droits de notre peuple », indiquant que
« Gaza est devenu une grande prison
isolée du monde et privée des droits les
plus simples à cause du blocus
« israélien » ».
27 mai : Le navire
de la liberté 1 quitte le port de Gaza,
pour se rendre à Chypre, avec à bord des
blessés et des étudiants empêchés d’être
soignés ou d’étudier, par le blocus.
Au cours d’une
conférence de presse, dans le port de
Gaza, le port-parole du CNSM Adham Abu
Selmiya déclare : nous allons bientôt
envoyer le navire de la liberté 2,
malgré l’arrogance « israélienne », nous
allons poursuivre nos actions pour
transmettre au monde la souffrance de
nos citoyens », et il fait porter à
l’occupant la responsabilité d’avoir
arrêté le navire 1 et arrêté 17
personnes.
Al-Batch
déclare que les marches du retour sont
une réponse palestinienne, massive et
complète, réclamant le droit au retour
et ayant pour objectif d’empêcher la
liquidation de la cause palestinienne.
Il a refusé la manière de voir les
marches du retour comme une question
humanitaire seulement.
Isma’il Radwan a
affirmé qu’il y a des pressions arabes
et internationales pour arrêter les
marches du retour.
Al-Batch déclare
que les menaces de l’occupation
israélienne de supprimer les
responsables des marches du retour ne
nous affaiblissent pas et n’empêchent
pas la poursuite des marches, ajoutant :
« la résistance est prête à riposter à
toute agression militaire sioniste ».
« Les marches du retour se
poursuivront jusqu’à la réalisation de
leurs objectifs, l’ennemi ne pourra pas
les faire taire, nous affirmons le
caractère pacifique de ces marches, les
masses de notre peuple doivent
poursuivre leur marche vers les
frontières qui disparaîtront ». « Ces
marches continuent la résistance de
notre peuple, sa révolution se poursuit
et ses luttes prennent des formes
différentes, dont la résistance
populaire ».
Les incendies se
multiplient dans les colonies des abords
de la bande de Gaza, par suite de
l’envoi de cerfs-volants en leur
direction. Les lignes de chemin de fer
dans la zone de la colonie Sderot ont
été stoppées, et 12 compagnies de
pompiers, aidées de 4 avions, tentent
d’éteindre le feu. Le feu a été
déclenché dans la colonie Kisovim, dans
le Naqab ouest. Les tentatives de lutter
contre les cerfs-volants ont échoué.
Début juin, les surfaces incendiées
s’étendent sur 28.000 dunums dans les
territoires occupés. Le maire de l’ouest
du Naqab a affirmé que les cerfs-volants
causent des dommages énormes, et qu’il
s’agit d’une « véritable guerre » menée
par les Palestiniens.
Bombardement
« israélien » le 28/5 sur Bayt Lahia, au
nord de la bande de Gaza, un martyr :
Mohamad Radi’, 25 ans, et un blessé.
29 mai : la
résistance unifiée des Brigades
al-Qassam et Sayara al-Quds riposte aux
bombardements sionistes et affirme, dans
un communiqué commun, qu’elle a bombardé
plusieurs bases militaires situées dans
la zone à proximité de Gaza. Pour la
résistance, il n’est pas permis de tuer,
que ce soit les combattants ou les
civils, sans qu’il n’y ait de riposte
ferme, car il faut éviter de changer les
« règles de la confrontation » imposées
depuis la fin de la guerre de 2014. Pour
la résistance, « les possibilités sont
ouvertes ». Les affrontements se sont
poursuivis jusqu’au 30 mai, l’aviation
de l’occupant a visé des bases
d’al-Qassam, à l’ouest de Khan Younes
par 7 fusées et la résistance a fait
pleuvoir des dizaines de fusées en
direction des colonies. Il semblerait
que l’intermédiaire égyptien ait réussi
à imposer de nouveau une entente tacite
entre la résistance et l’occupant
sioniste. Si « Israël » affirme qu’une
telle entente n’a pas eu lieu, la
résistance affirme qu’elle a réussi à
maintenir « les règles de la
confrontation » et qu’elle se garde le
droit de frapper quand elle le juge
nécessaire et de la manière qui lui
convienne, en cas de nouvelle agression.
Avec le décès de
Naji Ghnaym, 23 ans, le bilan meurtrier
des marches, depuis le 30 mars : 118
martyrs, 13300 blessés, dont 330
gravement atteints.
Le vendredi 1er
juin (10ème vendredi) : « De
Gaza à Haïfa : un seul sang, un sort
commun »
Le CNSM déclare (31
mai) que « les marches pacifiques ont
réussi, après 60 jours, d’imposer
l’agenda palestinien à tous, après que
l’occupant et ceux qui le soutiennent
ont essayé de supprimer la cause
palestinienne et de la faire oublier.
Les marches sont parvenues à dénoncer
l’occupant et à faire découvrir son
racisme et sa sauvagerie. Il affirme
dans son communiqué, appelant à la
marche : « nous affirmons l’unité du
peuple palestinien et l’unité de ses
objectifs, et nous saluons notre peuple
dans l’intérieur de 48 ; et notamment
nos masses à Haïfa, la belle du mont
Karmel ».
Mus par le
sentiment d’avoir été protégés par la
résistance, des milliers de Palestiniens
de Gaza se dirigent lors de cette
journée vers la zone limitrophe pour
célébrer l’unité du peuple palestinien
dans son combat contre l’entité
sioniste. 5 incendies se déclarent dans
les colonies et les postes militaires, à
l’est de la bande de Gaza, dans les
colonies de Bi’iri, Nahal Oz, Kfar Aza,
Muflasim, à cause des cerfs-volants et
ballons incendiaires envoyés par les
manifestants.
Au cours de la
journée, le martyre de Razan Najjar, 21
ans, secouriste bénévole, et plus de 100
blessés. Le ministère de la santé
affirme que la martyre Razan Najjar a
été sciemment ciblée et assassinée,
parce qu’elle soignait les blessés.
Martyre de Mohamad
Hamade, 30 ans, blessé au cours du
« million pour le retour » le 14 mai.
Le bilan meurtrier
s’élève au 2 juin à 121 martyrs et plus
de 13.000 blessés.
Le 6 juin, le
ministre sioniste des finances, Kahlon,
rencontre des responsables de l’Autorité
palestinienne pour consultation à propos
des cerfs-volants envoyés de Gaza sur
les colonies sionistes, et évaluer les
dégâts matériels. Le 5 juin, Daniel b.
David, directeur régional de la région
du Naqab occupé a évalué les dégâts
causés par les cerfs-volants sur les
champs et dit qu’il faudrait 15 à 20 ans
pour revenir à leur état antérieur. Le
ministre Liberman affirme que sur 600
cerfs-volants, son armée a réussi à
abattre 400. Depuis deux mois, les
pompiers travaillent à éteindre les
incendies. La récolte du blé est
compromise dans les colonies de Nahel Oz
et Daniel Rahim.
Un Palestinien a
été tué, Ramzi Najjar, parce qu’il s’est
rapproché des barbelés, à l’est de
Khuza’a Khan Younes, au sud de la
bande de Gaza.
Al-Batsh déclare
samedi 2 juin, après la marche du
vendredi, que la martyre secouriste
Razan Najjar est la « martyre de
l’unité » dans les marches du retour.
« Nous poursuivrons deux voies
parallèles, par fidélité envers nos
martyrs et pour protéger notre projet
national, les marches pacifiques sont
une voie, et la riposte aux crimes de
l’occupation par la résistance
palestinienne est une voie parallèle que
nous ne pouvons annuler ».
Un groupe de jeunes
entrent dans l’intérieur occupé en 48, à
l’est de la province de Khan Younes et
attaque une jeep militaire, en lui ôtant
le matériel transportant des gaz (2
juin).
A Haïfa, au cours
de la 10e semaine, manifestation à
l’appel du mouvement des jeunes, à 9h du
soir, à l’angle de la place « martyr
Bassil al-A’raj ». Pour le mouvement,
l’appel de Gaza à manifester « de Gaza à
Haïfa » est un pas important et radical
sur la route que nous avons déjà
empruntée. Pendant de longues années,
nous avons affronté diverses formes de
crimes « israéliens », le plus grave
étant la tentative sioniste de nous
diviser, diviser la Palestine, et nous
couper de nos frères réfugiés et
déplacés internes dans le pays, et la
tentative de nous convaincre que nous ne
sommes pas une partie du peuple
palestinien, et la tentative de nous
voler notre droit de vivre un avenir
unique et commun, libres et dignes dans
notre pays ».
Les hôpitaux de la
bande de Gaza manquent de médicaments et
de matériel médical, à cause du blocus
imposé par l’occupant, et du nombre
élevé de blessés. Dans une conférence de
presse, le ministère de la santé a
affirmé qu’il continuera à assurer les
soins exceptionnels, dans le cadre des
marches du retour, et qu’il a installé
des tentes sur le terrain même pour
libérer quelque peu les hôpitaux. Le
personnel médical a réussi à travailler
dans des conditions très difficiles,
parfois plus difficiles qu’au cours de
la guerre de 2014, étant donné le grand
nombre de blessés qui arrivait
massivement aux hôpitaux. Le ministre de
la santé a lancé un appel à financer une
unité chirurgicale à l’hôpital
al-Shifa’.
Nombreuses sont les
déclarations des dirigeants de la
résistance en Palestine affirmant
l’importance de la mobilisation du
« million pour al-Quds, le vendredi 8
juin. Pour sa part, Isma’il Haniyya,
chef du bureau politique du Hamas, a
déclaré que la marche du retour a réussi
à percer les scènes politiques
régionales, elle a dénoncé les
tentatives de normalisation des
relations entre des pays arabes et
l’occupant et à fait reculer la culture
de la normalisation et des négociations.
Pour Jamil Alayan, dirigeant au
mouvement du Jihad islamique en
Palestine, la bataille d’al-Quds fixera
le devenir de la région toute entière,
et non seulement de la Palestine,
rappelant que al-Quds est le cœur de la
nation, et c’est à travers al-Quds que
la nation s’unit. « Lorsque l’occident
et les Etats-Unis réaliseront le prix
exhorbitant qu’ils doivent payer pour la
bataille d’al-Quds … ils prendront leurs
distances avec « Israël ».
Le vendredi 8
juin - 11ème vendredi : « un
million pour al-Quds »
Quelques heures
avant la marche du 8 juin, les forces
sionistes incendient quelques tentes du
retour et de pneus, préparés la veille
pour les brûler au cours de la marche.
Pour le CNSM, c’est la preuve que
l’ennemi se débat et a peur des marches.
Plusieurs dizaines
de milliers participent aux marches du
retour. 4 martyrs s’élèvent au cours de
cette journée et 525 Palestiniens sont
blessés, dont des enfants et 5
journalistes. Les martyrs sont : ‘Imad
Nabil Abu Drabi 26 ans, de Jabalya,
Ziyad al-Braym, Khan Younes, l’enfant
Haytham al-Jamal, 14 ans, Rafah, Youssef
Fassih, Gaza, 29 ans. Plusieurs
centaines de milliers de citoyens.
Des incendies
continuent à ravager les colonies
situées aux abords de la bande de Gaza,
allant du sud au nord. L’occupant décide
de ne plus faire passer de l’hélium vers
la bande de Gaza, gaz utilisé pour les
ballons incendiaires dirigés contre
l’occupant.
En Palestine
occupée en 48, des dizaines participent
à la marche à Umm al-Fahem, vendredi 8
juin, A Haïfa, le
même jour, journée artistique de
solidarité avec la marche est organisée.
Le CNSM appelle à
considérer la journée du 15 juin
(premier jour de ‘id al-fitr)
« journée de la compassion et du
réconfort réciproque » et la visite des
maisons des martyrs et des blessés.
Le FPLP salue la
mobilisation populaire au cours de la
journée, dans toute la Palestine
occupée. Il a affirmé que cette journée
a montré la détermination de notre
peuple à affronter et à faire échec à
tous les complots et toues les mesures
qui visent notre peuple et la ville
d’al-Quds.
L’importance de
cette journée s’est manifestée dans les
manifestations qui ont eu lieu dans des
pays arabes et musulmans, qui ont
célébré la « journée mondiale pour
al-Quds » décrétée par l’Imam
al-Khomeyni, au lendemain de la victoire
de la révolution islamique en Iran, en
février 1979. Depuis cette date, « la
journée mondiale pour al-Quds », qui
sert à mobiliser d’année en année les
musulmans dans le monde autour de la
ville d’al-Quds, a réussi à s’étendre
vers de nombreux publics dans le monde.
Cette année, la journée a également
permis de renforcer l’impact de la
grande marche du retour dans le monde.
A la veille de ‘Id
al-Fitr, une manifestation est organisée
à Ramallah en soutien aux Palestiniens
de la bande de Gaza, réclamant la fin
des sanctions imposées par Mahmoud
Abbas, et dénoncées par ailleurs par le
conseil palestinien. La deuxième
manifestation est durement réprimée par
les services sécuritaires de l’Autorité
palestinienne, à Ramallah et Nablus. Le
mouvement de protestation contre les
sanctions se développe dans al-Quds et
ses quartiers et en Cisjordanie. Il
annonce qu’il poursuivra sa
mobilisation.
14 juin : Le
ministère de la santé à Gaza annonce le
décès du blessé Ahmad al-‘Assi, 21 ans,
touché par balles quelques jours
auparavant à l’est de Khan Younes. Le
bilan meurtrier s’élève à ce jour à 128
martyrs et plus de 13.000 blessés.
Le vendredi 15
juin – 12ème vendredi :
« journée de la compassion et du
réconfort réciproque », premier jour
de ‘Id al-Fitr. La prière du ‘Id a été
célébrée près des « tentes du retour ».
Y a été affirmée la volonté de
poursuivre les marches, et les appels à
la compassion et à la solidarité entre
Palestiniens, notamment envers les
familles des victimes, ont été affirmés
et soulignés. Dans l’esprit des
dirigeants du mouvement, l’unité
nationale est avant tout une unité du
peuple, de toutes ses composantes. Les
visites aux blessés, et aux familles des
martyrs et des prisonniers traduisent
l’attachement aux valeurs morales et
religieuses acquises au fil des siècles
par un peuple attaché à son histoire.
Des avions
« israéliens » attaquent les
Palestiniens qui lancent des
cerfs-volants le 15 juin et lancent des
fusées en leur direction. Les incendies
s’étendent dans les champs des colonies.
Déclarations
Khaled al-Batsh,
représentant puis président du CNSM, et
dirigeant au mouvement du Jihad
islamique en Palestine a déclaré, avant
le déclenchement de la marche : « la
marche du retour est une forme de lutte,
permanente et cumulative, ce n’est pas
une activité occasionnelle ou pour une
journée seulement, elle se poursuivra
jusqu’au retour effectif des réfugiés
palestiniens. Cette marche dépassera les
conflits politiques, elle rassemblera
les diverses composantes des
Palestiniens autour d’une cause qui
rassemble, celle du retour des
réfugiés. »
Après la première
marche du 30 mars, il a déclaré que le
mouvement populaire a enterré le « deal
du siècle » américain et affirmé la
détermination de notre peuple à
affronter tous les projets de
liquidation de la cause palestinienne.
Maryam Abu Deqqa, membre du bureau
politique du FPLP a déclaré que cette
journée est historique, elle comporte
plusieurs messages de nos masses, dont
la détermination de notre peuple à
exercer son droit au retour à sa patrie
et à refuser toutes les tentatives de
dispersion de la cause palestinienne.
Talal Abu Zarifa, membre du conseil
central du FDLP, a affirmé que les
masses participant à la marche ont donné
une gifle au « deal du siècle », elles
ont fait preuve d’une grande conscience
et ont fait parvenir ses messages à tous
les concernés.
Isma’il Radwan,
membre du CNSM et dirigeant au mouvement
Hamas, a déclaré : « la marche vise à
faire pression sur l’entité de
l’occupation et sur le monde, pour
trouver une solution aux réfugiés
palestiniens, par leur retour à leurs
terres dont ils ont été expulsés en 48.
La marche est un message disant que les
Palestiniens sont déterminés à retourner
à leurs terres, quel qu’en soit le
prix »
Le porte-parole du
mouvement Fateh à Gaza, ‘Atef Abu Sayf,
a déclaré que son mouvement soutient les
marches du retour populaires et y
participe à grande échelle. « Le
mouvement Fateh fait partie intégrante
de ce mouvement. Ses organisations et
ses cadres sont intégrés dans les
marches du retour car il s’agit d’une
question nationale globale qui rassemble
tous les Palestiniens. Dans ces marches,
les Palestiniens affirment leur droit au
retour à leurs terres dont ils été
expulsés en 1948.
Rabah Mhanna,
membre du bureau politique du FPLP a
affirmé la nécessité de participer à
cette marche. « Le peuple palestinien ne
s’arrête pas, il pratique toutes les
formes de résistance. Même si la
résistance armée a été annulée pendant
un moment, à cause des circonstances,
cela ne signifie pas que le peuple
palestinien ne résiste pas. Nous
soutenons toutes les options de la
résistance et toutes ses formes, en face
de l’occupant ».
Ahmad Mudallal,
dirigeant au mouvement du Jihad
islamique en Palestine, affirme, à la
veille de la journée de la « jeunesse
révoltée », que la marche du retour va
se poursuivre jusqu’à atteindre ses
objectifs, quel que soit le prix à
payer. Il a considéré que cette marche
est l’occasion historique pouvant mettre
fin au blocus contre la bande de Gaza,
qui dure depuis onze ans.
Issam Hammad,
président adjoint du comité de
coordination de la marche du retour a
déclaré que les marches du retour sont
un tournant dans l’histoire du peuple
palestinien. Elles ont réussi à modifier
la situation. Il a appelé à les
poursuivre jusqu’à la réalisation de ses
objectifs, dont la reconnaissance par
l’occupant du droit au retour des
réfugiés, expulsés en 48.
Isma’il Haniye,
chef du Mouvement Hamas, a déclaré que
la « grande marche du retour » va faire
échec à tous les plans de liquidation de
la cause palestinienne, et notamment au
« deal du siècle », le transformant en
« gifle du siècle ».
Ahmad Mudallal,
dirigeant au mouvement du Jihad
islamique en Palestine, affirme que les
« manifestants affirment aujourd’hui
leur capacité à défier l’occupant et
écrasent sous leurs pieds ses menaces….
Nous n’avons jamais compté sur
l’attitude des Etats européens, qui
furent la cause de la présence de
l’occupant « israélien » sur notre
terre, qui soutiennent les crimes de
l’occupant, ils savent pertinemment qui
sont les criminels et qui sont les
victimes, mais ils continuent à fermer
les yeux » (20 avril).
Le dirigeant au
Mouvement du Jihad islamique, Jamil
Alayan, a déclaré que la marche du
retour a été le fruit de rencontres
intensives au cours de plusieurs mois
entre les secteurs de notre peuple. Au
cours d’un atelier de travail organisé
dans la tente du retour à l’est de la
ville de Gaza, il a déclaré : les
marches du retour ont réussi
réaliser, par les efforts de
notre peuple, beaucoup d’acquis, dont
l’unité des Palestiniens dans la lutte,
la mise en avant du discours et de
l’histoire palestinienne qui affirme que
la Palestine et la résistance sont des
droits sacrés pour le peuple
palestinien. Elles ont montré la visage
hideux de l’occupant, et lancé les
initiatives des jeunes. Ces marches
doivent s’étendre vers la Cisjordanie et
tout le pays ainsi que les camps de
réfugiés (25 avril).
Au cours d’une
interview télévisée, Jamil Alayan
explique la signification du terme
« levée du blocus » contre Gaza, qui
n’est pas du tout une question
humanitaire, mais plutôt politique, car
le blocus a commencé lorsque le Hamas a
refusé les conditions du Quartet, après
les élections législatives de l’Autorité
palestinienne en 2006. Réclamer la levée
du blocus signifie lutter contre la
machination internationale visant à
supprimer la Palestine.
Mohamad al-Hindi,
membre du Bureau politique du Mouvement
du Jihad islamique en Palestine, a
indiqué, au premier jour de l’Id l-Fitr,
que « les Palestiniens à Gaza souffrent,
mais en même temps notre peuple en
Cisjordanie souffre aussi terriblement,
à cause du vol de ses terres, qui se
transforment en colonies, et à cause de
ses maisons confisquées et démolies ».
Il a appelé les Palestiniens de la
Cisjordanie à continuer à s’opposer
« aux politiques menées par l’Autorité
palestinienne contre Gaza et la
Cisjordanie, car en Cisjordanie,
l’Autorité poursuit ses manœuvres
politiques tout en sachant que la voie
du règlement est dans l’impasse, puisque
les Etats-Unis et le Quartet n’ont rien
à offrir au peuple palestinien ». « La
poursuite du mouvement de protestation
en Cisjordanie est importante car elle
peut arrêter le saignement de la terre
et permettre de panser nos blessures
afin de réorganiser les sources de notre
force, pour affronter le projet
américano-sioniste ».
Analyses
Suite à la première
marche du retour du 30 mars, les
analyses politiques de la presse
palestinienne ont mis l’accent sur la
réussite de la marche qui a montré son
caractère populaire et l’unité des
participants autour du mot d’ordre :
« le retour à la terre ancestrale ».
Sous le titre
« la marche du retour : un volcan
palestinien médiatique et national »,
Hamad Subh écrit que la commémoration de
la journée de la terre est différente
cette année des années précédentes, et
Gaza a marqué cette différence. La
marche du retour a affronté la décision
de Trump considérant que la ville
d’al-Quds est la capitale de l’entité
sioniste. Mais elle a surtout remis en
cause la version sioniste mensongère sur
leur « présence » dans le pays. Elle a
affirmé au monde entier que le peuple
palestinien n’accepte pas le fait
accompli, l’occupation de sa patrie par
les colons sionistes. Il faut cependant
calmer l’ardeur des jeunes qui ont voulu
passer la ligne qui sépare Gaza de
l’entité coloniale, afin de préserver
les vies humaines et permettre que la
marche du retour se poursuive le plus
longtemps possible. « la marche du
retour est un volcan palestinien, sur le
plan médiatique et national, et une
bataille relative à la conscience, entre
nous et eux. Faisons en sorte de
réaliser notre but, et faisons en sorte
qu’ils soient les perdants dans cette
bataille ».
Article : ce
qu’a accompli la grande marche du retour
(Ahmad Shiqaqi, 16 mai)
La grande marche du
retour a dessiné un nouveau tableau sur
la scène politique palestinienne. Elle a
été déclenchée dans des circonstances
politiques complexes et a posé de
nouveaux concepts dans l’action
nationale. Elle a ramené le rêve
palestinien au retour à la patrie à
l’esprit de nombreux qui avaient perdu
les bases du conflit avec l’occupation.
Elle a affirmé le refus de la
capitulation politique et des projets
américains et israéliens…. Les
réalisations sont : renaissance du
discours sur le droit palestinien au
retour, la participation populaire
importante, le refus de l’alignement
américain aux côtés
de l’Etat de l’occupation, les
défaillances de l’occupant sont mises en
avant. Pour briser le blocus et le
retour, il faudrait encore plus
d’efforts pour précipiter la marche à
tous les niveaux, et dans toutes les
instances et les régions.
Wael Qindil
écrit (16 mai) : « Seule Gaza nous
enseigne au temps de l’inaction, nous
étonne au temps de la médiocrité, nous
purifie de la faiblesse, de
l’impuissance et de l’humiliation qui
sont restées collées à nos esprits.
Gaza, à nouveau, exerce son rôle de
reconsidérer la valeur de la résistance,
de définir à nouveau la signification de
l’ennemi, de reformuler la relation avec
l’ennemi, de manière juste, la relation
de la résistance en vue de la
libération, et non pas une opposition
pour améliorer.
Khaled Sadeq :
« le peuple et les autres choix »
« Il y a certains
qui ont égaré la route et qui voient
dans la normalisation des relations avec
l’occupant la voie pour récupérer les
droits palestiniens, et d’autres
considèrent que la voie de la paix
mènera plus tard à l’obtention des
droits du peuple palestinien, selon les
accords conclus avec l’entité sioniste,
et d’autres avancent des initiatives
maigrichonnes comme l’Initiative arabe,
pour parvenir aux droits palestiniens.
Mais le peuple palestinien a d’autres
choix, il trouve dans toutes les formes
de résistance le moyen d’arracher ses
droits.. et la voie de la normalisation,
de la paix ou des initiatives qui
restreint nos droits légitimes n’ont
aucune utilité et n’a pour conséquences
qu’un surplus d’échec… car ce qui a été
pris par la force ne peut être récupéré
que par la force,… Aujourd’hui, le
peuple palestinien affirme que : le
droit au retour est un droit sacré, qui
ne peut faire l’objet de concessions et
tout ce qui a été proposé jusqu’à
présent comme initiatives ou solutions
qui restreignent les droits palestiniens
n’exprime pas la volonté de ce peuple,
et n’en supporte la responsabilité que
celui qui négocie avec l’occupant. 2)
Tour l’alignement américain et
international et officiel arabe sur
l’entité sioniste ne brisera pas la
volonté palestinienne. 3) Le blocus
imposé sur la bande de Gaza ne brisera
pas la volonté des Palestiniens, le
peuple agira pour la levée du blocus et
des sanctions.. par tous les moyens
possibles 4) toutes les tentatives de
liquider la cause palestinienne
échoueront, car le peuple palestinien
est attaché à sa terre et à sa patrie et
il n’accepte aucune autre alternative. (Al
Istiqlal, N° 1158 mai)
Avec le titre
« pour qu’elle se poursuive »,
l’éditorial d’al-Istiqlal (N°1148) qui
paraît à Gaza, considère que pour
poursuivre la « grande marche du
retour », plusieurs règles sont
nécessaires : 1 – ne pas se tourner vers
les médiations et les interventions
étrangères pour la stopper ; 2 – il faut
considérer la marche du retour comme la
suite de l’Intifada al-Quds et son
extention ; «3 – il ne faut pas qu’elle
s’arrête au 15 mai prochain ; 4 – il
faut poursuivre la coordination et
l’entente entre les organisations
palestiniennes de la résistance et les
divers groupes des jeunes qui animent
les marches et les tentes du retour. 5 –
Il faut étendre l’affrontement avec
l’occupant en Cisjordanie, al-Quds et
les terres occupées en 48 et étendre la
marche vers les pays où se trouvent les
réfugiés ; 6 –les médias doivent se
consacrer à dénoncer les pratiques
criminelles de l’occupant ; 7 – les
dirigeants des organisations doivent
demeurer sur le terrain en permanence,
pour rassurer les gens. 8 – il faut
compter sur soi-même et aucunement sur
« la communauté internationale » qui
reste incapable d’affronter les
Etats-Unis et l’entité sioniste. Il faut
cependant garder le contact avec les
institutions internationales, au moins
pour leur faire admettre leur
incapacité.
Awad Abdel Fattah,
précédent secrétaire général du
« Rassemblement national démocratique »
dans l’intérieur occupé en 48 écrit le
5/6 sous le titre : « la défaite… et le
discours qui ne peut
subir la défaite » : « une grande
question se pose aux organisateurs des
marches du retour : comment
avancent-elles ? Quelles sont les
facteurs de leur continuation ? Sous
quelles formes ? Comment parvenir à se
lier avec les forces vives des autres
communautés palestiniennes ? Comment se
sont réalisées les tentatives de séparer
la bande de Gaza de toute la question
nationale ? Comment faire pour que les
sacrifices ne soient pas vains ? comment
organiser les marches du retour ? Dans
le cadre de quel discours ? Le discours
de la trêve, des deux Etats, de l’état
palestinien indépendant ou bien le
discours de la libération nationale et
le droit à l’autodétermination de toutes
les communautés du peuple palestinien,
ou bien poussons-nous pour fixer la
question en direction d’un Etat
palestinien démocratique dans la
Palestine historique ? Ce dernier choix
est stratégique, il s’impose sur
l’agenda de la recherche, non seulement
dans les milieux académiques mais
également au sein des avant-garde des
nouvelles générations d’intellectuels,
d’activistes et d’anciens dirigeants de
partis….
Isma’il Mahra
écrit : Gaza explose non seulement face
à son ennemi, mais face à la fabrication
de la démoralisation, essayant
d’accomplir la tâche la plus difficile,
qui est de planter l’espoir au moment où
le simple fait d’espérer est considéré
comme l’ennemi le plus dangereux
d’Israël ».
La presse sioniste,
après la troisième marche, rend compte
de l’opinion des dirigeants de
l’occupation, qui considèrent que le
Hamas va poursuivre les marches pour
mettre au devant de l’opinion
internationale la question du blocus
contre Gaza. Elle rapporte que les
militaires sionistes ont décidé de
frapper fort pour empêcher l’extension
du mouvement, et de frapper les bases du
Hamas, à l’intérieur de la bande de
Gaza. Depuis le début du mouvement, les
sionistes s’affairent à trouver des
« solutions » humanitaires pour la bande
de Gaza, niant d’une part les
revendications politiques de la marche,
et refusant la levée totale du blocus.
Les sionistes et leurs médias essaient
de « jouer » sur les contradictions
palestiniennes, en les envenimant,
proposant des « solutions » qui
pourraient approfondir la division entre
la bande de Gaza et la Cisjordanie.
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