Actualité
Les « Gilets jaunes » contre le mensonge
et le mépris !
Christian Vanneste
Mardi 20 novembre 2018
La désillusion est
vertigineuse. En 18 mois, le décor monté
à la hâte s’est effondré, la mise en
scène ambitieuse se disloque, les
acteurs venus de gauche et de droite ne
trompent plus personne. Le pouvoir
auquel les Français n’avaient accordé
qu’une confiance de second choix, faute
de mieux, avait séduit dans les premiers
jours. Le Président incarnait le
renouveau d’une verticalité brillante.
Il exprimait aussi une volonté de
rassemblement et de redressement du
pays. Une partie des électeurs de droite
se laissait convaincre. Puis, le voile
s’est déchiré, progressivement d’abord
par quelques formules blessantes à
l’encontre des gens d’en-bas, de ceux
qui ne sont rien, des Gaulois. Le Peuple
français a ressenti que cet homme ne se
reconnaissait pas en lui. Il a découvert
chez lui le mépris profond, structurel
qui l’habite. L’affaire Benalla a révélé
la dissimulation qui entourait
l’occupant de l’Elysée, privilégiant sa
cour et son bon plaisir, à cent lieues
des préoccupations quotidiennes des
Français. Mépris et mensonge
: tels sont les deux piliers du pouvoir
auquel les « gilets jaunes » ont livré
leur premier assaut samedi. Cette fois,
il ne s’agissait pas d’une action
syndicale pour la défense de tel ou tel
privilège de corporation. Non, cette
journée de protestation du 17 Novembre
exprimait la colère d’un peuple méprisé
et trompé. C’était la manifestation des
oubliés, celle de la France
périphérique, qui travaille, gagne peu,
roule beaucoup et voit son pouvoir
d’achat et ses libertés rognés un peu
plus chaque jour par une caste
métropolitaine hautaine et désinvolte.
Dans les grandes villes, il y a des
transports en commun, des magasins et
des services à proximité. Il y fait un
peu moins froid l’hiver. Dès qu’on s’en
éloigne, les salaires et les revenus
sont en moyenne moins élevés, mais la
vie n’y est pas nécessairement moins
chère, pour les transports ou le
chauffage notamment. C’est ce qui
explique que le point focal des
manifestations soit, parmi de nombreux
autres sujets, la hausse des carburants.
Celle-ci est le noeud du mensonge et du
mépris.
Le mensonge, c’est
l’alibi grossier de la transition
énergétique pour faire face au
réchauffement climatique. Qui peut
sérieusement imaginer qu’un gouvernement
qui dispose théoriquement d’un mandat de
cinq ans pour réformer le pays en
profondeur, comme il le prétend, puisse
se donner pour priorité une action à
très long terme dans un domaine où les
frontières n’existent pas et où la
France ne peut avoir qu’un poids
imperceptible ? L’écologie fiscale
punitive est un subterfuge qui prend les
Français pour des gogos. Comme ils ne le
sont pas, 62% des Français considèrent
que le pouvoir d’achat est plus
important que la transition énergétique
à laquelle ils n’ont pas les moyens de
participer et sur laquelle leur
contribution serait de toute manière
sans effet notable. La France est un
Etat vertueux en raison de sa production
électrique d’origine nucléaire. En 2016,
elle ne produisait que 290 Millions de
tonnes de CO2 sur les 32,3 Milliards de
la planète, à comparer aux 9 Milliards
de la Chine, aux 4,83 Milliards des
Etats-Unis. L’Allemagne, c’est deux fois
et demie plus qu’elle. Chaque Français
émet 4,38 tonnes de CO2 c’est-à-dire à
peu près la moyenne des habitants de la
planète ( 4,35) alors que notre pays est
l’un des plus développés. L’appel à
l’effort énergétique et financier des
Français est donc une supercherie
éhontée à laquelle le Premier Ministre a
une nouvelle fois eu recours hier. La
réalité est tout autre : les résultats
des mesures économiques et fiscales se
faisant attendre, le courage de la
baisse des dépenses publiques étant aux
abonnés absents, notre gouvernement et
notre président, si savants, si sûrs
d’eux, ont recours à des expédients pour
sauver le budget. Déjà sous Sarkozy, le
débat avait eu lieu pour réduire nos
déficits : soit la TVA dénoncée comme
portant atteinte au pouvoir d’achat,
soit la taxe carbone plus discrète et
« vertueuse » ou la CSG portant sur les
revenus et non sur la consommation. La
TVA était la solution la plus courageuse
et la plus intelligente car elle est
payée par les touristes et rééquilibre
nos échanges extérieurs. Le pouvoir
actuel a choisi la voie de la facilité :
faire payer les Français en leur
racontant des bobards !
Lorsque le mensonge
est trop grossier, il est déjà
méprisant, mais cette fois, le mépris
devient systématique et multiforme. On
peut le résumer en deux mots : d’abord,
celui de pédagogie qui revient
constamment. Le « paîs, paîdos » grec
d’où vient le mot, c’est l’enfant.
Le second mot, c’est celui que d’une
voix doucereuse et attendrie, emploient
nos ministres : « accompagner ». Les
Français sont des enfants, des mineurs
irresponsables à qui il faut expliquer
ce qu’ils doivent faire, et qu’on va
prendre par la main pour qu’ils le
fassent. Cela va consister à redonner
d’une main à quelques-uns ce qu’on a
pris de l’autre à tout le monde ou
presque. Les classes moyennes qui sont
au milieu donnent mais ne reçoivent pas
: elles sont dans la rue, et c’est une
première. Avec effarement elles prennent
conscience que les socialistes sont
toujours au pouvoir avec quelques
transfuges pour faire illusion : dépense
publique, fiscalité répressive, libertés
réduites, et inefficacité économique. Il
n’est pas difficile de les reconnaître
même s’il s’agit du socialisme de luxe
qui supprime l’ISF et joue l’écolo.
L’ineffable chien de garde Castaner
traite d’ailleurs les gilets jaunes
comme Valls naguère les marcheurs pour
tous. Ces gens n’aiment pas le peuple,
et ce sera de plus en plus réciproque !
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