Algérie en phase
avec le mouvement du monde
Les chênes qu'on abat :
Les mois
de décembre funestes
Chems Eddine Chitour
Le Pr
Chems Eddine Chitour
Jeudi 28 décembre 2017
«Lorsque nous
serons libres, il se passera des choses
terribles; on n'oubliera pas toutes les
souffrances de notre peuple pour se
disputer les places. Ce sera une lutte
pour le pouvoir. Nous sommes en pleine
guerre et certains y pensent déjà. Oui,
j'aimerais mieux mourir au combat avant
la fin.»
Larbi BenMhidi
Ce mois de décembre
est pour les Algériens un mois de
tristesse en ce sens que des hommes
politiques qui ont, chacun à sa façon,
aimé l'Algérie et en sont morts. Le
premier d'entre eux, Abane Ramdane, que
l'on commence enfin à réhabiliter a eu
une mort violente de la part de ses
compagnons de combat. Avec Ferhat Abbas,
c'est au contraire, le combat des idées
qui, malheureusement ne sont toujours
pas à l'honneur dans cette Algérie qui
peine à se redéployer.
Un patriote qui n’a
jamais accepté le fait accompli du hold
up du pouvoir par Ben Bella , en
l’occurrence Hocine Ait Ahmed eut une
vie toute entière au combat pour la
liberté du pays et ensuite pour
l’instauration d’un Etat démocratique
qui consacre les libertés individuelles
et le multipartisme avec une
indépendance de la justice. Sa
mort il y a eux ans est plus que jamais
actuelle et son combat - à l’instar des
prédécesseurs Abane Ramdane et Ferhat
Abbas -pour une Algérie ouverte
sur l’universel tolérante,
est toujours d’actualité.
Avec Boumedienne
qui eut un comportement ambivalent, nous
retenons de lui la lutte pour une
Algérie qui prenait en charge son destin
et ce qui reste du tissu industriel date
de son époque. Enfin j'ai tenu à rendre
un hommage à Franz Fanon un «Juste» qui
a aimé et éefendu par la plume l'Algérie
à en mourir
Abane Ramdane, l'un des architectes
du congrès de la Soummam
Abane Ramdane est
né un 10 juin 1920. Surnommé
«l'architecte de la révolution», il a
joué un rôle clé dans l'organisation de
la lutte pour l'indépendance de
l'Algérie Suite à l'affaire du «complot
de l'OS», en 1950, Il est arrêté dans
l'Ouest et subira plusieurs semaines
d'interrogatoire et de torture. En 1951,
il est jugé et condamné à 5 ans de
prison, 10 ans d'interdiction de séjour,
10 ans de privation des droits civiques
et
500 000 francs d'amende. Il connaîtra
plusieurs prisons en Algérie, puis en
France. Après sa libération, en janvier
1955, c'est Abane qui organise et
rationalise la lutte. Il rassemble
toutes les forces politiques au sein du
FLN et donne à la «rébellion» de
Novembre 1954 une autre dimension, celle
d'un grand mouvement de résistance
nationale. Il organise avec Larbi Ben
M'hidi le congrès de la Soummam le 20
Août 1956 à Ifri. «Avec Larbi Ben M'hidi
et Yacef Saâdi écrit Zineb Merzouk, il
déclenche la bataille d'Alger. Et après
l'assassinat de Ben M'hidi, il devient
le numéro un de la Révolution, mais doit
quitter le pays. Il gagne Tunis via le
Maroc, après une longue marche de plus
d'un mois. Dans la capitale tunisienne,
il se heurte aux colonels de l'ALN. Il
leur reproche leur autoritarisme et
l'abandon de la primauté du politique et
de l'intérieur, adoptée à la Soummam, ce
qui lui vaut des inimitiés. Le 29 mai
1958, le journal El Moudjahid annonçait
à la une «Abane Ramdane est mort au
champ d'honneur», mais la vérité est
ailleurs. L'architecte de la Révolution
a été attiré dans un guet-apens organisé
par les colonels du CCE. Il est mort
assassiné le 27 décembre 1957, dans une
ferme isolée entre Tétouan et Tanger au
Maroc. Il a été étranglé par deux hommes
de main de Abdelhafid Boussouf.» (1)
Mohamed Lebjaoui
rapporte dans son ouvrage «Vérités
sur la Révolution algérienne» paru
aux Editions Gallimard: «J'ai demandé à
Belkacem Krim ce qu'il pouvait répondre
à ces accusations. Et voici, très
fidèlement rapportée, la version des
faits qu'il m'a donnée: «Abane, dit-il,
faisait un «travail fractionnel «et
tentait de dresser aussi bien les
maquisards que les militants contre les
autres membres du C.C.E. Plusieurs
démarches furent faites auprès de lui
pour le convaincre de modifier son
attitude. En vain: on constate qu'Abane,
loin de se modérer, persistait dans la
même voie en aggravant ses attaques.
Nous décidâmes alors - continue Krim -
Ben Tobbal, Boussouf, Mahmoud Chérif,
Ouamrane et moi-même, de le mettre en
état d'arrestation en vue de le juger
par la suite. Ni Ferhat Abbas ni Ben
Khedda ni Sâad Dahleb ni Mehri n'ont été
tenus au courant.»
Beaucoup de choses
ont été écrites pour continuer à
diaboliser Abane Ramdane qui continue à
hanter les consciences et d'une certaine
façon -légitimer- la mort violente de
l'architecte de la Révolution. Dans un
essai objectif et très riche
d'informations de première main,
notamment de la plupart des acteurs de
ce drame, le professeur Belaïd Ramdane
raconte «comment le complot a été ourdi
et comment la solution 'finale'' coulait
de source malgré les dénégations des
principaux acteurs de cette tragédie».
(2)
Il est vrai que
Abane Ramdane était, dit on, un homme
entier, monolithique, mais c'était un
pur. Au-delà des luttes pour le pouvoir
invoquées par ceux qui y tenaient, c'est
le projet politique de la plate-forme de
la Soummam qui était révolutionnaire en
se sens qu'il projetait l'Algérie dans
une dynamique de progrès, de démocratie
adossée à un vivre ensemble de tous les
Algériens quelles que soient leurs
espérances. Il fallait simplement se
dire algériens et accepter les lois de
la République qui devraient être les
seules repères pour les Algériens.
Ferhat Abbas, un patriote au long
cours
Il y a 32 ans, le 25 décembre 1985, nous
quittait à jamais Ferhat Abbas, le
premier président de l'Algérie
combattante. Il n'est pas aisé de cerner
le personnage tant il est vrai qu'après
un parcours académique, Ferhat Abbas eut
une carrière toute entière dévouée à la
liberté et à la justice. Ferhat Abbas
était déjà conscient de la nécessité
d'un combat contre l'injustice et le
colonialisme quand la plupart des
révolutionnaires qui ont pris en charge
le destin du pays n'étaient pas nés.
Faisant preuve de pondération, de
sagesse, beaucoup lui ont reproché les
tentatives d'appel à une Algérie
plurielle à l'ombre des lois d'une
République Algérienne Démocratique et
équidistante des espérances religieuses.
Ce sera le seul
révolutionnaire qui, après avoir tenté
vainement de faire entendre raison au
pouvoir colonial par les moyens d'une
lutte politique, se tourna vers ce qu'il
pensait comme évitable, la lutte armée.
Naturellement, un homme de paix est par
principe contre la violence. On rapporte
qu'il rentra dans une grande colère
quand il apprit le sort de Abane Ramdane
qu'il admirait pour ses principes et sa
rigueur Après l'indépendance il tenta là
encore de ramener un peu de sérénité en
acceptant le poste de président de la
première Assemblée Algérienne. Mais les
manoeuvres qui commençaient à faire jour
pour la prise du pouvoir à travers un
parti unique lui ont fait prendre
conscience des dangereuses dérives..
Il s'en explique dans sa lettre de
démission dont nous reproduisons des
extraits: «Donner une Constitution à la
République est un acte d'une extrême
importance. Il requiert notre réflexion,
notre sagesse. (...)Avant d'engager
l'avenir, celui du pays, celui de nos
femmes et de nos enfants, chacun de nous
doit prendre conscience de ses
responsabilités pour mieux les assumer.
Sinon, il renonce, par un lâche
opportunisme, au devoir élémentaire de
tout citoyen. (...)A un mois de la fin
de notre mandat, ce projet vient à peine
de parvenir à l'Assemblée. Par contre,
par la presse, par la radio, par les
conférences, dites des cadres, par des
déclarations ministérielles, on tente de
l'imposer au peuple. (...) Humilier une
Assemblée souveraine, qui a toujours
apporté sa collaboration loyale et son
appui au gouvernement, est un geste
extrêmement grave.»(3)
S'insurgeant contre
des personnes choisies, il écrit: «Qui a
choisi ces prétendus cadres? Selon quels
critères ce choix a été fait? (...) Le
F.L.N. ne doit pas être le parti d'une
faction, mais celui du peuple Sinon il
devient un sujet de division et ne peut
faire qu'un travail fractionnel. Les
mots sont impuissants à traduire l'amère
réalité....La concentration des pouvoirs
entre les mêmes mains relève d'une autre
forme de délire. Le projet de
Constitution fait du président de la
République, en même temps que le chef de
l'État, le chef du gouvernement et le
chef du Parti. Pratiquement il n'y a
plus de démocratie. «La révolution se
fait par le peuple et pour le peuple.»
(sic) Ce slogan officiel, affiché sur
nos murs et repris par la radio, est une
contrevérité. Il masque la réalité.
Quant à notre jeunesse, elle sera
condamnée à ne plus penser. Le régime
fabriquera des robots, des opportunistes
et des courtisans. » (3)
« Assurer le
pain au peuple est, certes, un objectif
primordial. Lui assurer cet autre pain
qu'est la liberté de pensée et
d'expression est également un bien
précieux. (...) L'équilibre des pouvoirs
n'existe pas. Aucun recours contre les
abus d'autorité n'est prévu. Il y a bien
une disposition du projet de la
Constitution qui prévoit que l'Assemblée
nationale peut voter une motion de
censure et renverser le chef de l'État.
(...) Nous jouons à «pile ou face» le
sort du pays. (...) Un chef du
gouvernement, investi par une Assemblée
nationale souveraine et responsable
devant elle, est la seule formule qui
corresponde à notre devise «par le
peuple et pour le peuple». Il est
indispensable que le chef du
gouvernement soit contrôlé. Il est
indispensable qu'il rende des comptes
aux représentants de la nation. (...)
Depuis l'indépendance le peuple n'a pas
encore été une seule fois librement
consulté. Il est temps qu'il retrouve
son enthousiasme et sa foi. Ce peuple
sait voter. Nous devons lui faire
confiance. Il a mérité mieux que cette
suprême injure.» (3)
Ait Ahmed le guerrier le diplomate,
l’Homme d’Etat
Le dernier des
architectes du premier novembre nous
quitté le 25 décembre 2015 Qui
connaît ce révolutionnaire de trente ans
traqué dès son jeune âge de lycéen (16
ans), vivant dans la clandestinité et
qui à vingt ans s'affirmait déjà comme
un chef? Les jeunes actuels - non
instruits dans l'histoire de leur pays,
toute l'histoire rien que l'histoire-
donnent l'impression d'une fausse
Indifference. La plupart de ceux qui
ont fait la révolution étaient
trentenaires. Ait Ahmed avait 30 ans
juste lors du congrès de la Soummam.
C'est dire si nous sommes des nains
juchés sur les épaules de ces géants. Je
ne vais pas redire tout ce que l'on sait
et ne pas répéter les mêmes témoignages,
je vais essayer de décrire pourquoi ce
révolutionnaire au plein sens du terme a
sacrifié sa jeunesse, une vie paisible
en faisant, comme beaucoup, «le minimum
syndical» pour la révolution et
revendiquer ensuite sa part de butin
déclinée d'une façon multiforme » (4).
« Dernier symbole
des hommes qui ont enfanté Novembre,
écrit Chaabane Bensaci Hocine Aït Ahmed
incarne, par-dessus tout, le militant
qui n'a jamais cessé de lutter pour la
promotion et la défense des droits de
l'homme et pour l'unité du Maghreb.
Depuis la création du Front des forces
socialistes, en septembre 1963, il a
inlassablement assumé un rôle modérateur
d'encadrement politique des militants
afin d'empêcher l'irruption de la
violence et d'inscrire la revendication
linguistique et culturelle dans
l'exigence du pluralisme politique, à
l'intérieur de la nation algérienne. Car
l'homme a eu un attachement indéfectible
à cette nation pour laquelle il a
consacré sa vie entière et qu'il a, en
toutes circonstances, et malgré toutes
les vicissitudes de la vie politique et
des ambitions qui la caractérisent, les
unes fructueuses et les autres
désastreuses, placé, au-dessus de toute
autre considération. L'enfant terrible
de la Révolution algérienne savait mieux
que quiconque jouer le modérateur, comme
en témoigne sa réconciliation avec Ahmed
Ben Bella, un 16 décembre 1985, à
Londres, ou ses retours triomphaux à
Alger, comme en décembre 1989, après 23
ans d'exil forcé, ou encore en janvier
1992, pour la plus grande manifestation
que la capitale ait jamais connue. Son
engagement militant a toujours été
empreint de ces convictions fortes,
inébranlables même, car il rêvait d'une
Algérie nourrie aux valeurs
démocratiques universelles où
l'alternance au pouvoir, la liberté de
culte, la primauté de la loi légitime
sur toute autre loi issue d'assemblées
non élues légitimement, l'égalité des
citoyens sans distinction d'aucune
sorte, l'accession au pouvoir par des
moyens pacifiques, le rejet de la
violence pour se maintenir au pouvoir ou
pour y parvenir, seraient des vertus
cardinales pour tout un chacun » (5)
« Quand Ait Ahmed revient le 15 décembre
1989, après vingt-trois ans d'exil. Les
Algériens sont venus nombreux, du fin
fond de la Kabylie, sa région natale,
mais aussi du reste du pays, lui
souhaiter la bienvenue.: «Mon sentiment
déclare-t-il est un sentiment de joie et
de bonheur. J'ai quitté mon pays après
m'être enfui de prison au printemps
1966. C'était un réel déchirement. Mais
celui que je ressens aujourd'hui est
plus grand encore parce que je me
demande, à l'âge de soixante-trois ans,
qu'est-ce que je peux faire?». «Essayer
d'apporter une contribution de sagesse,
une certaine expérience, mais d'abord,
et avant tout, renforcer la paix civile
en posant les problèmes d'une manière
claire et nette.» (4)
«Je suis pour tout
ce qui tend vers la démocratie, mais la
démocratie, c'est votre affaire à vous!»
Tous les problèmes de l'heure sont
abordés. «L'islam? C'est la religion de
tous les musulmans. Nous devons veiller
à ce que la politique n'exploite pas la
religion. Nous demandons à l'islam
d'apporter un plus à la démocratie, pas
un moins.» «L'école et les langues? «je
refuse que la langue soit assimilée à
l'obscurantisme. J'ai toujours engagé
mes amis politiques à apprendre l'arabe.
J'engage mes compatriotes arabophones à
apprendre l'amazighe (le berbère).
«Quant au français, c'est une langue que
nous connaissons. C'est un acquis que
nous devons défendre.». «Je prends votre
accueil comme un engagement de votre
part à ne pas rester les bras croisés, à
vous battre et à ne plus exercer la
violence les uns envers les autres»,
a-t-il conclu » (4).
« Qui parlera de
l'histoire du pays aux jeunes? Qui leur
apprendra que l'histoire n'est pas une
grande surface où on ne prend que ce qui
nous intéresse, c'est de fait une vente
concomitante où on revendique toute
notre histoire sans en faire un fonds de
commerce. Les Algériennes et les
Algériens ont perdu en Ait Ahmed un de
ces géants de la dernière période de
l'épopée libératrice, une personnalité
que l'on aurait pu écouter, nous faire
revivre la révolution. Les jeunes sont
étonnés de découvrir ce nom mythique
d'héros de la Révolution au moment de sa
mort- On l'aura compris, il ne restera
plus que des personnes qui parleront de
la Révolution par procuration, selon
l'air du temps et nous aurons raté une
étape importante dans l'édification de
la Nation, celle de son histoire avec
ses heurs et ses malheurs, ses zones
d'ombre et ses périodes fastes. Les
jeunes ne doivent pas continuer à être
en apesanteur identitaire en perte de
repères et dont l'imaginaire est ouvert
à tous les vents mauvais de
l'effritement identitaire ». (4)
Boumediene: un
homme d'Etat
Le 27 décembre 1978
disparaissait Houari Boumediene.
L'artisan des trois révolutions. Dans la
vie de Boumediene on peut distinguer
deux étapes: celle de la prise violente
du pouvoir à l'été 1963. L'histoire est
assez documentée. Je veux rapporter dans
ces lignes l'autre facette celle de
l'artisan de la construction d'un Etat
qui résiste aux hommes.: «Qui se
souvient du fameux coup d'éclair dans un
ciel serein que fut la décision de
Houari Boumediene qui annonçait à la
face du monde par son mémorable «Kararna
ta'emime el mahroukate» «Nous avons
décidé souverainement de nationaliser
les hydrocarbures»? Longtemps après,
ceux qui sont honnêtes avec l'Histoire,
se remémoreront cette phrase qui changea
le destin pétrolier de l'Algérie. Les
accords d'Evian avaient d'une certaine
façon perpétué un «ordre» qui était
celui de l'exploitation du pétrole par
les multinationales.
Boumediene avait
été gagné au goût de l´action
diplomatique. Il voulait donner à
l´Algérie une place qu´elle n´avait
jamais occupée auparavant sur la scène
internationale. Le Sommet des
Non-Alignés de 1973 a constitué une
étape fondamentale qui a servi de
tremplin. L´apothéose de ce
redéploiement diplomatique fut,
incontestablement, la participation de
Boumediene, en avril 1974, à la session
spéciale de l'Assemblée générale de
l´ONU où il a prononcé un discours
mémorable sur le Nouvel ordre économique
international. Dans son fameux discours,
il avertissait. Boumediene ne se faisait
pas d'illusion sur le Monde arabe. «J'ai
moi-même découvert avec étonnement et
consternation que les Égyptiens et par
extension les peuples du Machrek et
leurs dirigeants ne connaissaient ni le
Maghreb ni les Maghrébins. Lorsqu'ils en
parlaient ou lorsqu'ils les
rencontraient, ces gens traitaient les
Maghrébins avec condescendance et même
avec mépris.» Il est vrai que, depuis,
nous avons, de fait, basculé vers la
métropole moyen-orientale dans ce
qu'elle a de moins glorieux, le
farniente, la fatalité et en définitive
l'installation dans les temps morts par
rapport aux changements spectaculaires
constatés dans les pays développés.» (4)
«Boumediene, écrit
Mohamed Chafik Mesbah, continue de
réveiller chez le peuple algérien un
profond sentiment de fierté nationale.
Il continue de symboliser les
aspirations populaires à la justice
sociale et au progrès économique. Le
peuple algérien respecte l'intégrité de
Boumediene, lequel ayant adopté un mode
de vie confinant à l'ascétisme, est
resté à l'abri des tentations
mercantiles auxquelles n'ont pas résisté
bien d'autres responsables de son
époque. (...) Sur le plan du mode de
gouvernance et des choix politiques sur
lesquels il repose, soulignons que
Boumediene aurait consacré l'intégralité
des recettes pétrolières à
l'investissement productif. Boumediene,
par ailleurs, est un nationaliste
ombrageux et déterminé. (...) C'est,
sans doute, cette capacité à agir,
pragmatiquement, qui explique que,
nonobstant ses positions tranchées de
politique étrangère, Boumediene ait pu
entretenir des relations économiques
solides, mutuellement profitables, avec
les Etats-Unis(6).
Au moment où de par
le monde on élabore des stratégies sur
l'avenir, nous, nous sommes spectateurs
de notre destin, à telle enseigne que
nous sommes une variable de négoce entre
la Turquie et la France. Mieux, nos
partis politiques, qu'ils soient dans le
pouvoir ou à côté s'agitent
frénétiquement en prévision de la
prochaine répartition des prébendes
législatives sans naturellement, sans
aucune perspective digne d'emporter
l'adhésion des jeunes. On peut sans
doute reprocher beaucoup de choses à
Boumediene, mais c'était un Homme d'Etat
au sens de la définition suivante. «Un
homme politique pense aux prochaines
élections, un homme d'Etat pense aux
prochaines générations.» Tout est dit»
(6)
Frantz Fanon Le Juste et le
défenseur des bonnes causes.
Il y a cinquante
six ans, mourait Frantz Fanon, emporté
par une leucémie à l'âge de 36 ans. Peu
d'Algériens connaissent Frantz Fanon qui
s'est battu à en mourir pour
l'indépendance de l'Algérie. Frantz
Fanon est né à Fort-de-France, en
Martinique, Dès le début de la guerre de
Libération nationale du 1er Novembre
1954 en Algérie, Frantz Fanon s'engage
auprès de la résistance nationaliste
Expulsé d'Algérie en 1957, il rejoint le
FLN à Tunis, où il collabore à son
organe central de presse El Moudjahid.
En mars 1960, il sera nommé ambassadeur
du Gouvernement provisoire de la
République algérienne au Ghana. Se
sachant atteint d'une leucémie, il se
retire à Washington pour écrire les
Damnés de la terre. Frantz Fanon est
mort le 6 décembre 1961 quelques mois
avant l'indépendance de l'Algérie.
Conformément à son voeu d'être enterré
en terre algérienne, sa dépouille sera
inhumée au cimetière des chouhada près
de la frontière algéro-tunisienne, dans
la commune de Aïn Kerma C'est dire si
quelque part, nous avons failli envers
ce géant qui voulait, comme il l'écrit,
mourir pour l'Algérie. «Nous ne sommes
rien sur cette terre si nous ne sommes
d'abord les esclaves d'une cause, de la
cause des peuples, la cause de la
justice et de la liberté. Je veux que
vous sachiez que même au moment où les
médecins avaient désespéré, je pensais
encore, oh! dans le brouillard, je
pensais au peuple algérien, aux peuples
du Tiers-Monde et si j'ai tenu, c'est à
cause d'eux.»(7)
La lutte pour le pouvoir a terni l'aura
de la révolution. Ben M'hidi avait
raison de le dire. Ces quelques rappels
concernant des hommes illustres qui, à
des degrés divers, se sont engagés pour
une vision de l'Algérie tolérante
ouverte sur l'universel et s'occupant
réellement de sa jeunesse méritent
d'être médités. Nous sommes en 2017 avec
une Algérie ouverte à tout vent, qui
devrait être la prunelle de ses yeux en
lui offrant un système éducatif de
qualité qui devrait être la seule
légitimité future. Nous devons aller
vers une autre indépendance en ne misant
que sur notre compétence pour proposer à
la jeunesse un cap basé sur un effort
collectif et non sur une rente qui fait
indexer sa loi de finances sur les
convulsions d'un baril erratique Non!
l'Algérie du million de martyrs mérite
un meilleur destin.
1.Zineb Merzouk http://www.babzman.com/27-decembre-1957-assassinat-de-abane-ramdane/
2.Belaïd Ramdane: Vérités sans tabous
sur l'assassinat de Abane Ramdane. Qui,
Comment? Pourquoi? Et après? Editions
Dar el Othmania Alger 2017
3. Ferhat Abbas: Pourquoi je ne suis pas
d'accord avec le projet de Constitution
établi par le Gouvernement? Lettre de
démission du 12 août 1963
4.
http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur_chitour/232368-il-etait-une-fois-la-revolution.html
5.
http://www.lexpressiondz.com/actualite/232162-un-geant-s-en-va.html
6..
http://www.alterinfo.net/HOUARI-BOUMEDIENE-Un-Homme-d-Etat-du-temps-present_a68656.html
7.Lettre à Roger Taïeb http://www.frantzfanoninternational.org/spip.php?article93
Article de
référence
http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur
_chitour/282855-les-mois-de-decembre-funestes.html
Professeur Chems
Eddine Chitour
Ecole Polytechnique
Alger
Publié le 29 décembre 2017 avec l'aimable
autorisation de l'auteur
Le sommaire du Pr Chems Eddine Chitour
Le
dossier Algérie
Les dernières mises à jour
|