Opinion
Les lieux de culte musulman en France:
La quadrature du cercle
Chems Eddine Chitour
Le Pr
Chems Eddine Chitour
Samedi 25 juillet2015
«
Quand s’érigera, au dessus des toits de
la ville, le minaret que vous allez
construire, il montera vers le beau ciel
de l’Ile de France qu’une prière de
plus, dont les tours catholiques de
Notre-Dame ne seront point jalouses. »
Discours
de monsieur Maurice Colrat représentant
du gouvernement français mars 1922 lors
de la construction de la mosquée de
Paris
«Dieu
est toujours dans le camp de ceux qui
souffrent.»
Jean-Paul
II
Une manipulation c'est ainsi que l'on
peut caractériser le tollé des
manipulateurs professionnels qui pour le
même adversaire commun, en l'occurrence
les musulmans, font cause commune pour
enfumer les Français en leur parlant
d'Eglise devenue mosquée et de perte
d'identité. Tout est parti d'une phrase
- malheureuse dans le contexte actuel -
de Dalil Boubekeur qui, devant le manque
de lieux de prière s'interrogeait sur la
possibilité de donner une seconde vie
aux églises désaffectées en permettant
aux citoyens français de confession
musulmane d'y prier.
Le site Causeur résume assez
bien la situation : « La récente
polémique concernant la transformation
d’églises en mosquées a fait couler
beaucoup d’encre. Comme d’habitude, les
promoteurs des mosquées ont ressorti
l’argument mainte fois rebattu sur les
effectifs de mosquées et d’églises en
France. L’idée se veut imparable : il
existerait près de 2 500 mosquées pour
environ 3 millions de pratiquants (soit
un ratio de 1 mosquée pour 1 200
fidèles) alors que 11 millions de
catholiques pratiquants disposeraient de
40 000 églises (soit un ratio de 1
église pour 275 fidèles). S’appuyant sur
cette comparaison arithmétique, chacun
propose sa solution pour réparer cette
injustice faite aux musulmans, les uns
en soutenant la transformation d’églises
en mosquées, les autres en réclamant un
financement public de la construction de
mosquées au mépris du principe de
laïcité . (…) En fait, il est simplement
absurde de comparer la situation de
l’islam à celle du catholicisme et
d’exiger une convergence immédiate des
deux en s’exonérant de 1 500 ans
d’histoire ». (1)
Le besoin de
transcendance a accompagné l’humanité
L’homme a toujours été terrorisé par
la mort et par l’existence de quelque
chose qui le dépasse. Tout au long de
son épopée à partir du moment où il a
échappé définitivement à son ascendance
simiesque, il a commencé à s’interrogé
sur sa condition. L’homme écrit Rémy
Chauvin est le « le seul animal qui
enterre ses morts ». Devant la terreur
que lui inflige la mort des autres, il a
cherché un référent transcendant . Ce
furent d’abord les éléments naturels, le
feu, le vent, la Terre, .. Vinrent
ensuite les dieux pour ces éléments
naturels et devant lesquels il fallait
invoquer les esprits en priant. Ce fut
le début des civilisations moyen
orientalles et orientales. La
civlisation égyptienne, sumérienne
akadienne, perse mirent en avant
différents dieux Akhenaton, Mardoukh et
bien plus tard Baal..
Le monothéisme dans le judaïsme
n’excluait pas initialement les autres
dieux mais donnait la primauté à un seul
d’entre eux . L’invocation par la prière
est donc le fondement du croyant.
Cependant prier ne nécessite pas un lieu
déterminé. Quand Jesus priait, il n’y
avait pas de lieu de prière bien défini.
Au contraire en tant que juif il s’est
révolté contre les marchands du Temple
qui instrumentaient le divin en créant
une classe de privilégiés les prêtres..
L’église a été formalisée bien après.
Même dans le Coran, il est dit que l’on
peut faire la prière n’importe où sur
Terre et même d’une façon « interne »
par le recueillement.
De ce fait le lieu de prière a
différentes dénominations. Pour les
religions monothéistes, une synagogue du
grec Sunagôgê, «assemblée» est
un lieu de culte juif. L'église vient du
mot Ecclesia, en grec, c'est la
communauté qui se réunit. Les premières
églises connues sont celle de Syrie
orientale (241), du Saint-Sépulcre à
Jérusalem (330) Le masdjed en arabe est
un lieu de culte où se rassemblent les
musulmans pour prier. Le mot «Masged»
vient de l'araméen ancêtre de la langue
arabe et de l'hébreu, signifiait «poser
le front au sol». Traduit en espagnol ou
italien: moschea qui a donné en
français mosquée. Ce sont donc
des lieux de culte qui dans l'absolu ne
se distinguent pas les uns des autres.
L' appel «
Touche pas à mon Eglise » et ses
conséquences
La maladresse de Dalil Boubekeur a
été prise au vol malgré son démenti Il y
a eu d'abord cet appel « touche pas à
mon église » non dénué d'arrière-pensées
de Denis Tillinac dont nous reproduisons
quelques extraits: «Certaines
déclarations récentes appelant à ce que
des églises soient transformées en
mosquées ont provoqué chez les Français
une émotion susceptible de favoriser les
pires amalgames en ces temps où le
terrorisme islamiste ensanglante la
planète et commet des crimes en plein
Paris. (...) Une église n'est pas une
mosquée, croyants, agnostiques ou
athées, les Français savent de la
science la plus sûre, celle du coeur, ce
qu'incarnent les dizaines de milliers de
clochers semés sur notre sol par la
piété de nos ancêtres: la haute mémoire
de notre pays. Ses noces compliquées
avec la catholicité romaine. Ses riches
heures et ses sombres aussi, quand le
peuple se récapitulait sous les voûtes à
l'appel du tocsin. »(2)
« Son âme pour tout dire. (...) Elle
racontait l'histoire de France dans une
langue accessible à tous nos
compatriotes. Ils tiennent à la laïcité
de l'État et à la liberté de conscience
et de culte qu'il lui incombe de
protéger. (...) Elles continuent de
témoigner; leur silhouette au-dessus des
toits contribue à un enracinement mental
dont nous avons tous besoin pour étayer
notre citoyenneté. Du reste, rien ne
prouve qu'elles resteront vides ad vitam
aeternam. (...) La France n'est pas un
espace aléatoire. Les églises, les
cathédrales, les calvaires et autres
lieux de pèlerinage donnent sens et
forme à notre patriotisme. Exigeons de
nos autorités civiles qu'il soit
respecté! Le confusionnisme trahit une
méconnaissance de notre sensibilité et
ferait peser une menace sur la concorde
civile s'il n'était clairement récusé au
sommet de l'État.» (2)
Les
réactions de tolérance
Curieusement, à ma connaissance, il
n'y a pas un homme de culte chrétien qui
a signé cette pétition. Au contraire,
lit-on sur le Figaro: «Mgr Michel Dubost,
évêque d'Evry, comprend les réactions de
certains fidèles à l'idée que des
églises puissent être transformées en
mosquées, mais soutient qu'il faut être
cohérent avec la foi catholique. Les
églises désaffectées de la ruralité
française, sans curé ni paroissiens, et
vouées à une dégradation certaine,
pourraient-elles connaître un second
souffle spirituel et résonner d'autres
invocations, en l'occurrence musulmanes,
sans que l'Hexagone n'en soit tout
tourneboulé? (...) Mgr Michel Dubost,
l'évêque d'Evry, traité de «dhimmi» par
ses détracteurs à la dent dure, n'a pas
craint de s'attirer les foudres de la
bien-pensance hexagonale en estimant
préférable, face aux portes closes et à
l'état de délabrement de certaines
églises de la France profonde, que ces
édifices, sans ouailles et sans
financements, «deviennent des mosquées
plutôt que des restaurants».(3)
De même certains intellectuels , n’y
voient pas le « mal » dans cette «
occupation apaisée» d’un lieu désert
voué à la décrépitude ou à la
démolition. «
Dans Libération, Laurent
Joffrin estime que « la cession
d’églises à l’islam serait un beau
symbole de concorde et de fraternité »
quand
dans Le Monde Pierre Daum
soutient ni plus ni moins que «
transformer des églises en mosquées va
dans le sens de la laïcité républicaine
». La République au service d’une
religion, voilà un projet auquel même
Pie X n’aurait osé croire dans ses rêves
les plus fous ! »(1)
La
manipulation politique actuelle la haine
sioniste de l'islam et les dérives
politiciennes
La signature par Sarkozy de cet appel
pour des raisons bassement
électoralistes – chasser sur les terres
du Front National- n'a pas fait
l'unanimité, à droite: «Au sein même du
parti Les Républicains, la signature de
l'ancien président de la République de
l'appel lancé dans Valeurs actuelles est
loin de faire l'unanimité. En signant la
pétition de Denis Tillinac dans Valeurs
actuelles, qui demande que les églises
françaises ne soient pas transformées en
mosquées, Nicolas Sarkozy a provoqué
l'ire d'une partie de sa propre
formation. «Je ne signerai pas cette
pétition parce que je trouve qu'on
essaie (...) d'exciter autour de ce
sujet qui n'existe pas vraiment, a réagi
Nathalie Kosciusko-Morizet,
vice-président du parti, sur France
Info. (...) C'est pas un sujet d'une
immense actualité, c'est pas une
question qui se pose tous les jours
(...) Alors pourquoi le faire? Pourquoi
chercher à cliver? Pourquoi chercher à
en faire un sujet alors que ça n'en est
pas vraiment un?» (4)
«C'est pas mieux quand une église
devient une boîte de nuit ou un
restaurant», a-t-elle aussi constaté
avant d'attaquer, semblant viser Nicolas
Sarkozy: «Tous ces gens qui nous parlent
de civilisation à propos de l'Eglise,
est-ce qu'ils rentrent vraiment dans les
églises? Ceux qui ramènent l'Eglise à un
projet de civilisation ont parfois
oublié le message évangélique. Le
message évangélique, il est fait
d'universalisme, pas de nationalisme. Le
message évangélique, il est fait de
projections vers l'avenir, pas de
passéisme.» Même l'ancienne plume de
Nicolas Sarkozy, Henri Guaino, estime,
selon Le Parisien, «qu'alimenter ce
débat ne me paraît pas de nature à
apaiser les tensions». Le député des
Yvelines a, comme Nathalie Kosciusko-Morizet,
rappelé que Dalil Boubekeur, qui avait
proposé de transformer certaines églises
en lieux de culte musulmans, était
«revenu sur ses propos». (4)
Dans le même ordre, Bruno Roger-Petit
écrit: «Dans Valeurs actuelles,
Denis Tillinac lance l'appel «Touche pas
à mon ringardise franchouillarde ou le
grand huit des
Bidochon.En tout cas, la liste
prête à sourire. Ou à pleurer. On y
trouve le ban et l'arrière-ban du réac
bien de chez nous, baguette, béret et
saucisson. Ce n'est plus une pétition,
c'est le train fantôme de la ringardise
franchouillarde, le grand huit des
Bidochon, le Space moutain des
Super-Dupont: Charles Beigbeder, André
Bercoff, Jeannette Bougrab, Alain
Finkielkraut, Gilles-William Goldnadel,
Basile de Koch, le Père Alain Maillard
de La Morandais, Élisabeth Lévy, Sophie
de Menthon, Jean Raspail, Ivan Rioufol,
Nicolas Sarkozy, Jean Sévillia, Philippe
de Villiers, Éric Zemmour. Les vieux
grenadiers de la bien-pensance réac.
Mais que diable Nicolas Sarkozy est-il
allé faire dans cette galère
identitaire?» (5)
Dans une lettre ouverte François
Guillaume ancien ministre s’est ému des
déclarations de l'évêque d'Evry, Mgr
Dubost, qui a dit « préférer que les
églises deviennent des mosquées plutôt
que des restaurants », Il écrit : « À
tout prendre, je préférerais l’inverse
parce que c’est moins dangereux. Mais
comment peut-on envisager une telle
reconversion de nos édifices religieux
construits par des chrétiens pour
témoigner de leur foi en un Christ
d’amour, quand les dignitaires musulmans
se refusent à condamner clairement le
massacre des chrétiens d’Orient ?
Veut-on faire de la France la fille
aînée de l’islam ? » « Le
clocher, pour nous, c’est la durée ;
c’est la concrétion des siècles ; c’est
l’unité des vivants et des morts ; c’est
la beauté et c’est la fragilité confiée
au goût et à la force des hommes. Il
suffit de pousser la porte pour que le
silence du lieu saint vous invite à la
méditation et vous pénètre de sa paix. »
(6)
L’histoire
de la mosquée de Paris raconte en creux
l’apport positif de l’émigration
algérienne
Dans une remarquable lettre à Nicolas
Sarkozy le philosophe Jean Bauberot
écrit à propos des émigrés de dernières
générations , de la fixation de Sarkozy
sur l’islam et des mosquées un texte
d’une brulante actualité : « Faut que je
me présente très brièvement. Ma famille
provient de Constantine, ville française
depuis 1834 et chef lieu d’un
département français depuis 1848. Nous
sommes donc d’anciens Français. D’autres
nous ont rejoints peu de temps après et
sont devenus Français, en 1860, tel les
Niçois et les Savoyards. Nous avons
intégré volontiers ces "nouveaux
arrivants" et avons ajouté la pizza à
nos coutumes alimentaires. Et au siècle
suivant, d’autres sont encore venus.
Certains de l’Europe centrale, bien
différente de notre civilisation
méditerranéenne. Mais, comme tu l’écris
très bien, nous sommes très «
accueillants », nous autres. Alors nous
avons donc accueilli parmi eux, un
certain Paul Sarkozy de Nagy-Bosca, qui
fuyait l’avancée de l’Armée Rouge en
1944 ». (7)
« Nous sommes tellement «
accueillants » que nous avons fait de
son fils, ton frère siamois, immigré de
la seconde génération, un Président de
notre belle République. Comment être
plus accueillants ? Mais faudrait quand
même pas tout confondre : entre lui et
moi vois-tu, c’est moi qui accueille, et
lui qui est accueilli. (…) Quand les
Sarkozy sont devenus Français, le ciel
de Paris s’ornait d’une Grande Mosquée,
avec un beau minaret. Je suis d’accord,
moi Mouloud qui t’accueille, je dois te
faire « l’offre de partager (mon)
héritage, (mon) histoire [y compris en
classe de terminale], (ma)
civilisation), (mon) art de vivre (…)
Contrairement à moi, puisque tu n’es en
France que depuis une seule génération,
tu as encore beaucoup de choses à
apprendre quant aux « valeurs de la
République (qui) sont partie intégrante
de notre identité nationale ». Vu ta
fonction, il faut que tu l’apprennes
vite car « tout ce qui pourrait
apparaître comme un défi lancé à cet
héritage et à ses valeurs condamnerait à
l’échec. » Mais, je ne suis pas inquiet
: tu es très doué ». (…) La laïcité, ce
n’est nullement « la séparation du
temporel et du spirituel » comme tu
l’écris. Cette expression, elle fleure
le Moyen Age, la société de chrétienté,
bref l’exact contraire de la société
laïque. (…) » Tu fais preuve d’une
curieuse obsession des minarets et tu
sembles assez ignorant à ce sujet ».(7)
Pour être concret poursuit Jean
Bauberot, , je vais te raconter
l’histoire de France en la reliant à ma
propre histoire d’ancien Français, du
temps où toi, tu ne l’étais pas encore.
Pendant la guerre 1914-1918, mon arrière
grand-père est mort au front, comme,
malheureusement, beaucoup de Français,
de diverses régions : Algérie, Savoie,
ou Limousin, « petite patrie » de mon
frère siamois. Mais si je te raconte
cela, ce n’est pas pour me cantonner
dans la petite histoire, celle de ma
famille, c’est pour rappeler l’Histoire
tout court. Car nous avons été environ
100 000, oui cent mille, musulmans à
mourir au combat pour la France. Nous
étions déjà tellement « arrivés » en
France, que nous y sommes morts ! Ces
combats avaient lieu dans cette partie
de la France appelée « métropole ». Ma
famille y était venue, à cette occasion,
et elle y est restée. A Paris,
précisément. Comme nous commencions à
être assez nombreux, et provenant, outre
la France, de différents pays, la
République laïque a eu une très bonne
idée : construire une mosquée, avec un
beau minaret bien sûr ». (7)
« Elle avait décidé, en 1905, de «
garantir le libre exercice du culte »
(Article I de la loi de séparation). «
Garantir », c’est plus que respecter.
C’est prendre les dispositions
nécessaires pour assurer son bon
fonctionnement. Pourquoi passes-tu tant
de temps, dans ton texte, à nous parler
des minarets ? Cela n’a vraiment pas été
un problème. Bien au contraire. Et
pourtant, ils étaient très laïques, tu
sais, plus laïques que toi, mon cher
chanoine, les rad’soc
(radicaux-socialistes), les Edouard
Herriot, ou Léon Bourgeois (un des «
pères » de la morale laïque) qui ont
pris la décision de consacrer des fonds
publics à la construction de cette
mosquée, de ce minaret ». (7)
« Tu sais, j’aime bien fréquenter les
bibliothèques. J’y ai trouvé un ouvrage
d’un historien qui retrace l’histoire de
cette construction. Et c’est fort
intéressant.« Il est à remarquer, écrit
son auteur, Alain Boyer, que personne
n’a soulevé à l’époque le problème de la
compatibilité de cette subvention avec
l’article 2 de la loi de 1905,
concernant la séparation des Eglises et
de l’Etat qui dispose la République ne
reconnaît ni ne subventionne aucun culte
; il aurait pu d’ailleurs être répondu
que l’Etat ne finançait que la partie
culturelle, l’institut, et non pas la
mosquée proprement dite, c’est-à-dire le
lieu de culte. » (7)
«(..) On s’est dit : étant donné tout
ce que l’on consent financièrement pour
garantir l’exercice des cultes
catholique, juif, protestant, c’est bien
le moins de donner des subventions
publiques pour une Grande mosquée et son
minaret. D’ailleurs le père de la loi de
1905, Aristide Briand, avait dit à son
propos : « En cas de silence des textes
ou de doute sur leur portée, c’est la
solution libérale qui sera la plus
conforme à la pensée du législateur. »
De plus, et je vais t’étonner Nicolas,
les laïques, ils aimaient bien les
minarets. Quand on a posé la 1ère pierre
de la mosquée, le maréchal Lyautey a
fait un très beau discours. Il a déclaré
: « Quand s’érigera le minaret que vous
allez construire, il montera vers le
beau ciel de l’Ile de France qu’une
prière de plus dont les tours
catholiques de Notre-Dame ne seront
point jalouses. »(7)
« Et tous les dirigeants et militants
laïques présents, conclut Jean Bauberot,
l’ont chaleureusement applaudi. Ils
étaient comme cela les laïques : ils
assumaient, mais ne voulaient pas «
valoriser » les « racines chrétiennes de
la France ». Ils estimaient, au
contraire, que le pluralisme religieux
faisait partie de son histoire, de son
identité nationale laïque. Le 15 juillet
1926, la grande mosquée a été inaugurée
en présence de ton prédécesseur, Gaston
Doumergue, le président de la République
».(7)
Voilà pour la mosquée comme
reconnaissance pour service rendu par
les tirailleurs algériens et marocains à
la république en payant le prix du sang.
Ces mêmes tirailleurs qui devinrent des
tirailleurs béton pour assurer le
développement de la France pendant
les trente glorieuses
Quand les
soeurs prêtaient leur chapelle aux
musulmans...
Un autre exemple nous montre que la
tolérance a existé à une certaine époque
quand les hommes politiques et les
intellectuels faussaires sionistes et
qui sont en croisade contre la deuxième
religion de France, n’avaient pas, comme
maintenant, droit de sévir sur tous les
plateaux de télé, de sévir dans les
journaux et d’avoir une visibilité bâtie
sur la haine de l’autre, à savoir à
boulets rouges, sur l’Islam le tiers
exclus de la révélation abrahamique.
Souvenons- nous depuis que le
judéo-christianisme –sous l’impulsion de
Vatican 2 qui absous les Juifs du péché
originel du déicide – par Caiphe
interposé- a commencé à formater
durablement l’imaginaire des Français et
pour que les évènements sanglants de
terroristes sous faut drapeau islamique
donnent du grain à moudre à ces moteurs
de haine que sont des émigrés de la
première ou deuxième génération, « plus
royalistes que le roi » qui viennent
dire aux Français ce qu’ils doivent
penser, ce qu’ils doivent haïr et ceux à
qui ils doivent obéir sans discussion
–sous peine de déclencher un cataclysme
sur leur tête-
Dans ce sens nous lisons dans le
Nouvel Obs. : «Pour notre chroniqueur
Olivier Picard, l'ancien chef de l'État
et le polémiste agissent pour faire
tourner leurs fonds de commerce et pour
attiser cyniquement les tensions (...)
L'abrutissement dû à la chaleur
sûrement... Il n'est pas surprenant que
Nicolas Sarkozy se soit jeté comme un
affamé sur cette nouvelle «cause» du
peuple. Fidèle, désormais, à sa devise
intellectuelle «plus c'est gros, plus ça
passe», il a enfourché ce nouveau cheval
de bataille pour être parmi les premiers
signataires. On va pas gâcher. En clair,
Sarkozy et Zemmour nous prennent pour
des crétins finis pour faire tourner
leurs petites boutiques respectives.
Faire leur petite cuisine sur leur petit
feu, comme aurait dit De Gaulle, sans
trop se soucier des dégâts de leur
manipulation sur le mental, très
vulnérable, de leur pays». (8)
Pour Vincent Mongaillard:
«Transformer les églises inoccupées en
mosquées. La proposition de Dalil
Boubekeur divise, mais, à
Clermont-Ferrand, elle a été une réalité
pendant plus de trente ans. Une
expérience unique en France. De 1977 à
2010, une chapelle de la congrégation
des soeurs de Saint-Joseph,, a été mise
à la disposition des musulmans de la
cité auvergnate qui n'avaient pas de
lieu de culte. «Ils n'avaient pas de
véritable lieu de culte, donc, à la
demande de l'évêque, une autorité
légitime, nous leur avons prêté
gracieusement notre chapelle qui ne
servait plus puisqu'il y avait une
église paroissiale toute proche. Lors du
vote, notre conseil avait accepté à
l'unanimité», se souvient soeur Thérèse,
88 ans, dans les ordres depuis près de
sept décennies».(9)
«A l'époque, la seule salle de prière
se trouvait dans une petite cave
fréquentée par quelques chibanis, elle
n'était pas du tout adaptée», explique
Karim Djermani, secrétaire général de la
grande mosquée de Clermont-Ferrand.
C'est lorsque celle-ci est sortie de
terre en 2010 que les locataires de la
petite église ont quitté les lieux avant
d'organiser une cérémonie d'adieu un an
plus tard, remettant symboliquement les
clés de l'édifice aux religieuses.
L'aventure a été enrichissante du côté
des musulmans comme des catholiques.
«Symboliquement, cela a renforcé le
dialogue interreligieux. On se croisait
souvent avec les soeurs, elles
m'appelaient mon cher ami, on se faisait
la bise. Plusieurs fois, on a partagé l'iftar
(rupture du jeun)», s'enthousiasme Karim
Djermani, vice-président du (Crcm) en
Auvergne. Pour lui cet exemple unique
n'est pas pour autant «la solution» au
nombre insuffisant de mosquées dans
l'Hexagone. (...) l y a aussi le risque
que ce soit perçu par les concitoyens
comme une conquête de plus, de manière
négative, avec une Eglise catholique qui
recule et une Eglise musulmane qui
avance», souligne-t-il»(9)
Le
patrimoine religieux de l'Algérie après
l'invasion et à l'indépendance
Les lieux de culte se suivent selon
l'histoire du lieu et il faut bien le
dire le rapport de force qui a abouti
pour le vainqueur à imposer ses lois et
sa religion. Tout au long de l’histoire
les lieux de culte ont changé de
propriétaires. Souvenons- nous pour les
plus connues . La cathédrale Sainte
Sophie de Constantinople du Vie siècle
qui « changea de main » en devenant une
mosquée au XVᵉ siècle sous l'impulsion
du sultan Mehmet I. Il en est de même de
la mosquée de Cordoue devenue cathédrale
après la Reconquista espagnole
Dans l’histoire Les maisons des premiers
chrétiens, sont parfois édifiées à
l'emplacement d'anciens lieux de culte
païen. En Algérie Mila (Milev romaine)
fut conquise en 1837. L'armée française
détruisit une partie de la mosquée. Et
convertit la mosquée en caserne. Cette
mosquée construite par Abou Mouhadjer
Dinar en 59 de l'Hégire vers 680 après
J.-C a la particularité d'être édifiée
sur les décombres d'une ancienne église
construite sous Optat à la fin du
troisième siècle. Cette Eglise elle-même
a été construite sur les décombres d'un
Temple dédié aux dieux notamment Milou.»
(10)
Pour la période « récente »A la
veille de l'invasion de l'Algérie en
1830 , à Alger il y avait 172 mosquées
vingt-cinq ans après il n'en restait
plus qu'une douzaine. L’occupant faisant
montre d’un rare mépris pour la religion
du vaincu , n’eut aucun scrupule à
démolir les mosquées d’une façon sadique
et joussive. Pourtant le maréchal de
Bourmont l’envahisseur mais aussi le
traitre à Napoléon lors de la bataille
de Waterloo quinze ans plus tôt en 1815,
avait une proclamation aux habitants
d’Alger : « je prend l’engagement sur
l’honneur de ne rient toucher aux lieux
de cultes et à la propriété privée »….
De ce fait, Le percement de routes,
la construction d'édifices amenèrent la
démolition, la conversion de la majorité
des mosquées. Trois grandes mosquées
furent affectées au culte catholique
dont la mosquée Djamaâ Ketchoua rue du
Divan, sa transformation fut commencée
dès le début de la conquête et dura
environ un quart de siècle. Elle devint
cathédrale en 1838. La mosquée Ali
Betchin qui devint d'abord un entrepôt
de la pharmacie centrale de 1830 à 1843,
puis fut convertie en Eglise sous le nom
de Notre-Dame des Victoires. Ecoutons
Devoulx nous parler de la démolition de
deux mosquées: «..Ce n'est pas sans un
sentiment de honte que j'ajoute nous
nous sommes empressés de faire
disparaître ces deux charmants et
élégants produits de l'architecture
algérienne, d'autant plus précieux
qu'ils étaient uniques en leur genre.»
(11)
De même, la ville de Bougie comptait
avant 1830 72 mosquées. Il existait 75
mosquées à Constantine. D'après Auguste
Cherbonneau en 1861, les travaux
d'alignement de la rue Leblanc ont
enlevé une grande partie de la mosquée
de Sidi Makhlouf. Pendant plus de dix
ans la mosquée a été convertie en écurie
pour le service régulier des spahis...»
(12)
Cependant, il faut signaler qu'il
existait des villages où il n'y avait ni
mosquées ni églises ni synagogues. A
Sidi Aïssa, les fidèles priaient
simplement dans des salles et nous dit
le grand historien Mustafa Lacheraf dans
son ouvrage: «Des noms et des lieux»,
l'entente était parfaite» sans le
cérémonial des clergés s'agissant d'une
relation entre le fidèle et Dieu
Les mosquées
en Algérie à l'indépendance
A l’indépendance, le phénomène
inverse eut lieu du fait de la
diminution du nombre de fidèles
chrétiens, les églises furent fermées
«Indépendante en 1962 nous dit Dalila
Senhadji Khiat, l'Algérie a «hérité» de
la période coloniale d'un important parc
immobilier constitué de nombreuses
églises catholiques, de temples
protestants et de synagogues. La
conquête de l'Algérie a été vécue par
l'Église catholique comme une reconquête
d'une terre jadis chrétienne, celle de
saint Augustin et des six cents évêques
(...) À l'indépendance du pays en 1962,
L'État français a laissé plus de quatre
cents églises à l'État algérien. De 567
en 1962, leur nombre se réduit à 167. La
cathédrale Saint-Philippe d'Alger est
l'un des premiers lieux de culte
chrétien récupéré à l'indépendance de
l'Algérie. Cette ancienne mosquée
ottomane dite mosquée de Hassen Pacha,
construite avant 1612 sur les restes
d'un temple romain et reconstruite en
1795. La grande Cathédrale d'Alger
redevient officiellement la mosquée
Ketchaoua. (...) La grande synagogue
d'Oran a été édifiée en 1880. Elle est
considérée comme le plus grand édifice
religieux juif de toute l'Afrique du
Nord. Elle est convertie en mosquée en
1972 sous le nom de mosquée Abdallah Ben
Salem, du nom d'un riche juif médinois
converti à l'islam» (13)
Dans l'appel «touche pas à mon église
Tout y est, patriotisme, citoyenneté,
identité, sensibilité. C'est dans
l'absolu un cri du coeur que l'on peut
comprendre. J'ai toujours affirmé
que le fond rocheux de l'identité
française était bercé d'une façon
invisible par la religion chrétienne et
c'est normal pour la fille aînée de
l'Eglise.
Ce qui l'est moins c'est la
manipulation. Que Sarkozy - émigré de la
deuxième génération - surfe sur tout ce
qui peut lui permettre l'accès au
pouvoir en flattant la droite extrême il
est dans son rôle. Ce qui l'est moins
c'est la croisade des sionistes plus
royalistes que le roi. L'émigré de la
première génération qu'est Alain
Finkielkraut et son acolyte Eric Zemmour
un paléo berbère émigré de la deuxième
génération qui font du zèle et
n’arrêtent pas d’avoir dans le
collimateur les Arabes, les Noirs, et
l’islam d’autant plus que logorrhée est
juteuse, et fait vendre
Cependant, le problème des lieux de
culte reste posé. Comment résoudre sans
passion cette apparente quadrature du
cercle. On peut comprendre que la France
fille ainée de l’Eglise veuille protéger
son fond rocheux chrétien même sous
forme culturelle et qu’elle est
quoiqu’en dise laîcs entre « français de
souche » mais furieusement croisée quand
il s’agit de l’islam d’autant que les
boutefeux ne manquent pas entre les
Houllebecque les Zemmour et autres
Finkielkraut elle n’a que l’embarras du
choix pour être confortée dans sa haine
de l’autre. D’autant que les autres, les
humanistes, es tolérants, tels qu’Edgard
Morin, Esther Benbessa, et tant d’autres
sont rendus inaudibles apr les médias
bien tenus en main qui disent aux
Français ce qu’il doivent penser
On peut comprendre qu'il faille
interdire les financements externes avec
l'importation de doctrine qui vont avec.
Mais, faut-il le savoir - sauf en Alsace
Lorraine -, la République laïque ne
construit pas des lieux de culte. Le
patrimoine de l'Eglise fort des 40 000
églises, la richesse des dons potentiels
n'ont rien à voir avec l'islam des
caves, et la pauvreté de ses ouailles.
D'autant que certaines églises sont des
monuments historiques et à ce titre
l'Etat s'en occupe. Que faire? Il fut
une époque bénie où l'Islam n'était pas
diabolisé. Pour rappel, la mosquée de
Paris a été construite en hommage aux
tirailleurs algériens qui ont donné leur
sang pour la France au chemin des
Dames.. .Mais cela est une autre
histoire...
1.http://www.causeur.fr/mosquees-eglises-islam-33832.html
2.Daniel Tillinac Appel Touche
pas à mon Eglise Valeurs actuelles
juillet 2015
3.
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2015/06/15/01016-20150615ARTFIG00380-mgr-michel-dubost-je-prefere-que-les-eglises-deviennent-des-mosquees-plutot-que-des-restaurants.php
4.
http://www.lexpress.fr/actualite/politique/ump/eglises-transformees-en-mosquees-sarkozy-sous-le-feu-des-critiques_1698010.html
5.
http://www.challenges.fr/politique/20150708.CHA7722/touche-pas-a-mon-eglise-cette-petition-que-sarkozy-n-aurait-pas-du-signer.htm
6.http://www.valeursactuelles.com/lettre-ouverte-a-mgr-dubost-54109
7.http://oumma.com/Lettre-de-Mouloud-Bauberot-a
8
http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1395350-sarkozy-et-zemmour-appellent-a-defendre-les-eglises-ils-nous-prennent-pour-des-cretins.html
9. Vincent Mongaillard 16 Juin 2015
http://www.leparisien.fr/societe/religion-quand-les-soeurs-pretaient-leur-chapelle-aux-musulmans-16-06-2015-4865805.php
10
http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur_chitour/143779-une-perle-archeologique-meconnue.html
11.A.Devoulx: les édifices religieux
de l'ancien Alger: Revue africaine. n°6,
p. 375, 1862.
12.A. Cherbonneau. Epitaphe de Sidi
Makhlouf. Revue africaine. Vol.3. p194,
1869.
13.Dalila Senhadji Khiat,
https://anneemaghreb.revues.org/907 2010
Article de référence
http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur
_chitour/220707-la-quadrature-du-cercle.html
Professeur Chems Eddine Chitour
Ecole Polytechnique
enp-edu.dz
Publié le 25 juillet 2015 avec l'aimable
autorisation de l'auteur
Le sommaire du Pr Chems Eddine Chitour
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