Opinion
« Tel-Aviv sur Seine »
L'ignominie d’une Gauche en perdition
Chems Eddine Chitour
Le Pr
Chems Eddine Chitour
Mardi 18 août 2015
«Mon Dieu protégez-moi de mes amis, mes
ennemis je m'en charge.»
Voltaire
A l'initiative d'Anne Hidalgo, la
maire socialiste de Paris, une journée
appelée pompeusement «Tel-Aviv sur Seine
s'est déroulée dans une atmosphère
délétère avec un dispositif policier
généreux en nombre et sur les dents.
L'opération «Tel-Aviv sur Seine», à
laquelle Manuel Valls a apporté son
«soutien total», a ouvert ses portes
avec un dispositif de sécurité renforcé.
C'est aussi la Spcj, le service de
protection de la communauté juive de
France, une sorte de milice qui décide
de qui est autorisé à entrer au coeur de
la manifestation. C'est une milice
privée qui décide de qui entre. Sur
l'autre rive plusieurs centaines de
militants de la cause palestinienne
protestent pacifiquement contre cet
événement inique
La classe politique de gauche
hypocrite comme à son habitude n’y voit
pas de problème avec quelques
protestations molles ça et là .Claude
Bartolone, le président de l'Assemblée
nationale, s'est voulu serein: «Je pense
que malgré les protestations des uns et
des autres chacun va revenir à la
raison.» «Il est encore temps d'éviter
une faute politique», a martelé quant à
lui Eric Coquerel, conseiller régional
du Parti de gauche (PG) Ile-de-France,
et Danielle Simonnet, conseillère (PG)
de Paris, dans une lettre ouverte à
l'adresse d'Anne Hidalgo. La droite et
l’extrême droite a joué la prudence, si
elle n’adhère pas d’une façon franche,
elle se garde de tout commentaire
pouvant lui nuire lors des prochaines
échéances
Pour rappel, au plus fort de la
boucherie contre les ghazaouis « en
pleine offensive israélienne à Ghaza,
des manifestations de soutien aux
Palestiniens, ont interdites en raison
lit on sur une presse main stream des
risques de violence, avaient dégénéré
notamment dans le quartier populaire de
Barbès, à Paris, et à Sarcelles. Dans
cette ville où vit une importante
communauté juive, un rassemblement non
autorisé s'était transformé le 20
juillet en émeute urbaine aux relents
antisémites.» (1).
Par réaction à l’ignominie de la
mairie de Paris du fait de deux
poids deux mesures, l’autre côté
des Berges rebaptisé par leurs soins, «Ghaza
sur Seine». Tout cela pour contempler la
comédie humaine et donner une visibilité
humaniste à Tel-Aviv qui nous dit-on est
progressiste et n'a rien voir avec la
politique du gouvernement. Cette
initiative nous paraît scandaleuse en ce
sens qu'elle commémore l'anniversaire du
dernier carnage d'Israël vis-à-vis des
Ghazaouis il y a un an.
Souvenons-nous pendant plus de trois
semaines dans l'impunité la plus totale,
le silence lâche des uns et la caution
des pays occidentaux qui à l'unisson ont
répété le slogan préparé par Israël
-Israël a le droit de se défendre -
Israël s'est en effet défendu en faisant
passer de vie à trépas plus de 2000
personnes dont 500 enfants. Le calvaire
de ces enfants innocents morts est
toujours dans nos têtes, qu'Israël par
sa politique laxiste a laissé des colons
brûler une maison tuant le bébé Ali
Dawabcheh, brûlé vif, ensuite son père
qui succombe à ses blessures et enfin sa
mère toujours dans un état grave brulée
au troisième degré.
Le mutisme
de la « Gôche » devant ce crime et la
récompense « Tel Aviv sur Seine »
Y a-t-il eu une protestation des
donneurs de leçon de la gauche en
France? Rien ! Pas le moindre petit
reproche. Au contraire, prenant appui
sur une décision israélienne de faire
semblant de chercher le terroriste,
responsable de l’incendie- comme si cela
était un acte isolé, alors que le
racisme et la sensation d’appartenir une
race élue imprègne d’une façon visible
et invisible la société israélienne, on
félicite le Premier ministre israélien
qui a arrêté un lampiste extrémiste
déclaré terroriste et proposé comme
solde de tout compte pour ce meurtre
abject pour lequel Israël est engagé.
Allant plus loin dans le catalogue
habituel des exactions à l’endroit des
Palestiniens , dans une contribution
sans concession, Julien Salingue fait
l'inventaire récent des exactions
israéliennes et s'étonne que personne ne
condamne: «En Cisjordanie, les exactions
commises par les colons israéliens se
multiplient, jusqu'à avoir, récemment,
entraîné la mort d'un bébé et de son
père dans l'incendie criminel de leur
maison. À Gaza, un an après l'offensive
meurtrière de l'été 2014, le blocus se
poursuit, et l'on vient d'apprendre dans
un rapport de l'ONU que pour la première
fois depuis 50 ans, la mortalité
infantile était en hausse. À Paris, pour
dénoncer ces crimes, on organise une
grande fête sur les bords de Seine, en
l'honneur de Tel-Aviv. Vous avez dit
indécence?» (2)
«Mais il ne faut pas confondre
Tel-Aviv, une ville, et Israël, un
État!», disent-ils. L'argument pourrait
faire sourire si la situation n'était
pas aussi grave. Doit-on rappeler aux
organisateurs de l'initiative que
Tel-Aviv est la seule capitale
internationalement reconnue d'Israël,
siège de
la quasi-totalité des ambassades?
Doit-on préciser que l'agglomération de
Tel-Aviv est de loin la plus peuplée du
pays, avec près de 3.5 millions
d'habitants, soit près de la moitié de
la population du pays? Doit-on enfin
rappeler que Tel-Aviv est la capitale
économique et financière d'Israël, et
aussi sa capitale technologique, où sont
élaborées nombre de petites merveilles à
destination de l'armée israélienne? Non,
Anne Hidalgo, Tel-Aviv n'est pas une
république autonome (...) Mais si
Tel-Aviv était à ce point en rupture
avec le gouvernement Netanyahou et les
colons, et si «Tel-Aviv ce n'est pas
Israël», comment comprendre le soutien
apporté à Tel-Aviv sur Seine par le
ministère du Tourisme israélien et
l'ambassade d'Israël en France, et par
des officines aussi amoureuses de la
paix que le Crif ou, pis encore, la
Ligue de défense juive? Non, Bruno
Julliard, Tel-Aviv n'est pas la Commune
de Paris».(2)
«Notre opposition à l'initiative de
la mairie de Paris est donc une
opposition politique à une initiative
politique. Il s'agit de refuser qu'à
l'heure où le blocus de Gaza et la
colonisation de la Cisjordanie se
poursuivent, on célèbre Tel-Aviv et
Israël sur les bords de Seine dans une
ambiance chaleureuse et festive. Il
s'agit de rejeter toute tentative de
blanchiment d'un État qui, tout en
piétinant quotidiennement les
résolutions de l'ONU et le droit
international, essaie par tous les
moyens de séduire les opinions publiques
occidentales par des opérations de
communication bien huilées..(..) Et oui,
nous continuerons de critiquer Israël,
État hors-la-loi, y compris en défendant
le boycott des institutions
israéliennes, à défaut de sanctions
adoptées par les États censément garants
du droit international». (2)
Pour Bertrand Heilbronn, secrétaire
général de l'Association France
Palestine Solidarité, c'est une
opération de communication masquée
derrière une image prétendument positive
de Tel-Aviv pour essayer de faire
oublier la politique israélienne
vis-à-vis du peuple palestinien. L'image
de Tel-Aviv prétendument libérale est
mise en avant pour «blanchir» l'image
d'Israël. (...) Il y a probablement une
joie de vivre à Tel-Aviv mais surtout
une grande inconscience.
A quelques kilomètres de là se trouvent
le mur et la bande de Gaza. (...) Dire
que Tel-Aviv est une ville d'opposition
est faux. C'est la capitale, économique
et politique, de l'Etat d'Israël, pour
tous les gouvernements qui ne
reconnaissent pas l'annexion de
Jérusalem. (3)
Les
évolutions récentes d’un statut quo
Dans un article du Monde du 12 août,
Benjamin Barthe retrace finement les
fondements de cette initiative et les
transformations de la perception visà
vis de la cause palestinienne tout en
pointant du doigts l’arme fatale qui
consiste à traiter d’antisémite toux
ceux qui critiquent la politique
israélienne et son impunité dans les
territoires occupés : «Un an après la
controverse suscitée par l'interdiction
de certaines manifestations de
solidarité avec la bande de Ghaza, la
société française se crispe une nouvelle
fois sur la question
israélo-palestinienne. (...) Les
défenseurs de cette opération vantent
une simple fête,(...) Les membres du
Parti Socialiste raisonnent simplement,
comme la plupart de leurs collègues de
droite et de gauche, avec la grille
d'analyse du processus d'Oslo(...) Un
paradigme qui présuppose que les torts
sont également partagés, que les deux
parties sont animées de bonne volonté et
qu'en les réunissant donc autour d'une
même table la paix finira par émerger
sous la forme de deux Etats pour deux
peuples. A ce titre, tout projet visant
à créer du lien, notamment par la
culture, est bon à prendre.» (4)
«En face, les pourfendeurs de
Tel-Aviv sur Seine, n'en déplaise à
certains pro-israéliens aveugles, ne
sont pas des antisémites masqués. Si la
mouvance pro-palestinienne rejette de
plus en plus le discours des élites
politiques et médiatiques sur ce
dossier, c'est parce que, contrairement
à celles-ci, elle n'est plus imprégnée
de la culture d'Oslo, de son langage et
de ses tics. Manifestants d'un jour ou
militants de longue date, les
pro-palestiniens des années 2010 ne
voient plus dans les violences qui
ensanglantent la région l'affrontement
de deux nationalismes qu'il faut
réconcilier, mais un système de
discriminations et d'apartheid, qu'il
faut mettre à bas. Le maître mot dans
les années 1990 était «négociation». Son
homologue aujourd'hui est BDS,
l'acronyme du mouvement Boycott
Désinvestissement Sanction, qui
réclame des sanctions contre Israël. Son
ambition est de rompre le sentiment de
normalité, dont Tel-Aviv est le symbole,
qui permet aux Israéliens de garder la
tête dans le sable.» (4)
Benjamin Barthes énumère ensuite
trois causes de cette évolution «La
première cause de cette rupture est
générationnelle. Pour les jeunes qui ont
protesté contre l'offensive israélienne
dans la bande de Gaza en été 2014, (...)
Les événements fondateurs de leur
engagement sont l'attaque de la
flottille de Gaza, la construction du
«mur de l'apartheid», le bouclage de la
bande de Gaza ou l'offensive «plomb
durci» contre ce même territoire. Une
litanie de crimes de guerre et de
violations du droit international, où
ils peinent à trouver une trace de bonne
volonté israélienne.» (4)
«La deuxième raison est politique. En
vingt ans, l'opinion israélienne a
dérapé à droite. (...)
Les militants pro-palestiniens, s'ils
ont des défauts, n'ont pas celui-là.
Depuis le début de la deuxième intifada
en 2000, des milliers d'entre eux se
sont rendus en Cisjordanie et en Israël
dans le cadre de missions de solidarité.
La troisième raison, enfin, est
culturelle. (...)On sait ce qu'il est
advenu d'Oslo. Tué à petit feu par le
terrorisme, la colonisation et le refus
des dirigeants israéliens de laisser se
créer, en Cisjordanie et à Gaza, un état
digne de ce nom. (...) le Parti
Socialiste en tête, devrait commencer
son autocritique. La grille d'analyse
qu'elle applique au conflit
israélo-palestinien est définitivement
périmée.» (4)
Le point de
vue du maire de Tel-Aviv: une oasis de
paix et de tolérance
Avec beaucoup de retard et sans aucun
argument réel Anne Hidalgo , tente de
convaincre que l’innocence de cet
évènement décidé en mai Elle rappelle ce
qu’à fait Paris avec d’autres villes : «
Après Athènes, des villes du Brésil ou
de Polynésie, nous avons décidé
d'accueillir Tel-Aviv durant la journée
du 13 août. Cette idée, finalement
banale pour qui aime les villes au bord
de l'eau, est née autour d'un déjeuner
que les élus des deux villes ont partagé
lors du déplacement du Conseil de Paris
en Israël et en Palestine au mois de
mai. Pourquoi Tel-Aviv? Une ville
progressiste (...) je ne saurais rendre
une ville ou une population comptable de
la politique de son gouvernement.» (5)
« il serait injuste, poursuit Mme
Hidalgo, de « rendre une ville ou une
population comptable de la politique de
son gouvernement. Ce serait mépriser la
démocratie locale et donc la démocratie
tout court Nos pactes d'amitié avec
Tel-Aviv ou Haïfa ne nous ont pas
empêchés en tant que ville, de
reconnaître la Palestine avant l'Etat
français; d'être solidaires de la
population de Gaza en mobilisant des
aides d'urgence après les destructions
de l'été dernier, et surtout d'avoir
avec des villes palestiniennes, comme
Jéricho et Bethléem, parmi nos plus
importantes coopérations décentralisées
en cours dans le monde. Au Moyen-Orient
comme ailleurs, la doctrine de Paris est
intangible: elle consiste à encourager
plutôt qu'à réprimander, à échanger
plutôt qu'à boycotter, à dialoguer
plutôt qu'à excommunier.» (5)
Belle empathie à laquelle on
souscrirait à pieds joints si Tel Aviv
était une ville normale , car à vouloir
la détacher de l’ensemble faisant croire
que c’est uen singulairté, c’est une
erreur et une faute . D’abord il faut
savoir que TelAviv n’est pas qu’une
ville c’est aussi un ensemble avec sa
périphérie de près de 50 %de la
population Sans oublier d’ajouter la
population israélienne (celle de Tel
Aviv comprise) a soutenu
à plus de 90% la dernière opération
contre Gaza,
Anne Hidalgo tente de nous convaincre
que Tel Aviva protesté contre
l’assassinat du bébé , «C'est à Tel-Aviv
qu'ont eu lieu les manifestations de
solidarité les plus impressionnantes
avec la famille de l'enfant palestinien
brûlé vif par des fanatiques.» C'est un
double mensonge: les activistes
israéliens présents sur place ont
eux-mêmes regretté la faible affluence
de ce rassemblement. Ceux qui y étaient,
comme l'écrivain israélien Edgar Keret,
ont été effarés de voir la place
Ithzak Rabin «à moitié vide ». De
plus, la décision en faveur de Tel-Aviv
a été prise avant le meurtre du bébé.
Parlant de sa politique d'équilibre
pourquoi avec son prédécesseur
n'a-t-elle pas accroché le portrait de
Salah Ammouri franco-palestinien détenu
dans les geôles sur le fronton de la
mairie de Paris comme cela a été fait
pour le soldat Shalit qui a bénéficié
d'une publicité monstre dans les médias
au point que les parents israéliens de
Gilad Shalit ont été reçus à l'Élysée
contrairement à la maman française de
Salah Ammouri qui ne l'a jamais été.
Grâce à Anne
Hidalgo, Paris capitale de l'apartheid
israélien
Pour Youssef Boussoumah membre du PIR
(Parti des indignés de la République),
Tel Aviv sur Seine est une provocation
d'un cynisme surréaliste. Il écrit:
«Signé en mai dernier entre Anne Hidalgo
et son homologue le maire de Tel-Aviv,
ce partenariat entre Paris et la
capitale d'un Etat, dont la traduction
devant la CPI se fait de jour en jour
plus certaine, a de quoi scandaliser
tous ceux qui refusent de reléguer au
niveau d'un fait divers la mort de
milliers de femmes et d'enfants
innocents. (...) A qui fera-t-on croire
comme le prétend madame Hidalgo que ce
partenariat n'est «qu'un évènement
festif», qu'il ne concerne que la ville
de Tel-Aviv flottant au-dessus du monde
et des réalités alors qu'à quelque km
seulement de cette bulle, un mur
étrangle près de 2.5 millions de
Palestiniens et que chaque jour des
dizaines de check-points empêchent toute
vie normale? (...) Comment espère-t-on
faire croire que Tel-Aviv sur Seine
n'est pas un évènement politique alors
que des groupes ultra pro Israéliens
comme la LDJ ou le Bnvca s'y donnent
déjà rendez-vous et que des soutiens
inconditionnels de la politique
israélienne s'en réjouissent sur les
réseaux sociaux? Ainsi, Patrick Klugman,
adjoint au maire de Paris, chargé des
relations internationales et de la
francophonie, qui l'an dernier
justifiait l'agression contre Gaza, se
répand sur la chaîne pro-israélienne I24
pour se réjouir que «BDS cette fois-ci
n'aura pas le dernier mot». Comment
madame Hidalgo peut-elle feindre
d'ignorer un État qui organise des
châtiments collectifs, qui nourrit de
force les prisonniers en grève de la
faim, qui emprisonne des enfants ou des
gens sans jugement pour des périodes
quasi illimitées??Les crimes de guerre
de l'armée israélienne sont si patents
que d'ores et déjà des ONG comme Amnesty
International les ont récemment dénoncés
et que des officiels, officiers
supérieurs de l'armée israélienne,
n'osent plus sortir du territoire
israélien de crainte d'être
interpellés.» (6)
Sayed Hasan inscrit cette initiative
de la mairie de Paris dans une fresque
large de la compromission des élites
françaises. Il écrit «(...)Deux exemples
éloquents indiquent assez que le
collaborationnisme est profondément
ancré au sein d’une certaine élite «
républicaine » française, et qu’il y
aurait tout à fait lieu de parler,
au-delà du fameux
Syndrome de Stockholm, d’un
véritable « Syndrome de Paris » pour
désigner ce « fin’amor françois
» historique pour les Occupants
étrangers. En 1870, après la débâcle de
Sedan et la chute du Second Empire, la
IIIe République fut proclamée à Paris, à
la grande frayeur des possédants. Malgré
l’état de guerre et la présence des
troupes prussiennes sur le sol national,
l’élite politique et économique
française ne redoutait pas tant l’ennemi
de l’extérieur que celui de l’intérieur,
appréhendant dans une terreur sacrée une
victoire du peuple français en armes qui
pourrait entrainer un bouleversement des
structures économiques et sociales.
Ainsi l’effort du « Gouvernement de
défense nationale » qui fut constitué
par la confrérie des Jules – Favre,
Simon, Ferry, coiffés par Trochu et
(Adolphe) Thiers – consista-t-il
principalement à saboter toutes les
velléités de résistance populaire et à
rechercher un armistice avec Bismarck au
plus vite et à tout prix »(7).
« La perte de l’Alsace poursuit
l’auteur et de la Lorraine paraissait
bien négligeable au regard de la «
défense sociale », de la préservation
des privilèges et de l’ordre établi, et
après la trahison de Bazaine et le
simulacre du siège de Paris, elle put
enfin être imposée à la Nation. Il fut
alors temps, enfin, de retourner les
canons français contre le véritable
ennemi, à savoir les faubourgs de Paris,
sous l’œil approbateur de Bismarck.
L’historien Henri Guillemin a
minutieusement démontré cela dans sa
trilogie sur Les Origines de la
Commune (Cette curieuse guerre
de 1870, L’Héroïque défense de
Paris et La Capitulation),
synthétisée dans
sa série de conférences éponyme
».(7)
En 1940, il en est plus ou moins allé
de même. Les élites politiques et
économiques françaises ont vu dans
l’Allemagne nazie un péril infiniment
moins grand que le danger socialiste (à
cette époque, cette doctrine n’avait pas
encore été dévoyée et portait des
valeurs authentiquement progressistes),
et, plus encore, ont considéré qu’un «
désastre » militaire pourrait permettre
à la France de renouer avec ses
traditions réactionnaires et d’abroger
les nombreuses hérésies introduites par
le Front Populaire. Ce fut notamment
tout l’effort de Pétain, qui œuvra en ce
sens au moins à partir de 1936. Et
autour de lui, nombreux sont ceux qui
firent Le choix de la défaite,
pour reprendre le mot de l’historienne
Annie Lacroix-Riz. Encore une fois,
Henri Guillemin a établi ces faits dans
ses ouvrages Nationalistes et
nationaux (1870 – 1940) et La
vérité sur l’Affaire Pétain,
condensés dans
sa série de conférences correspondante
».
« Dans un cas comme dans l’autre,
Paris fut occupée par l’ennemi, la
Prusse bismarckienne en 1871,
l’Allemagne nazie en 1940. Il est
difficile de parler d’autre chose que de
haute trahison de la part des élites
françaises, bien que la tradition
politique et historiographique continue
à porter la plupart de ses protagonistes
aux nues – à l’exception de Pétain, que
certains voudraient réhabiliter : ils
ont raison dans le sens où Pétain n’a
fait que perpétuer une tradition de
collaborationnisme fermement ancrée dans
la République, mais en prenant pour
cible le régime républicain lui-même et
les Juifs, et non plus le prolétariat
français. Il ne peut en aller autrement,
tant nos élites restent engagées sur
cette ignoble voie.
Mais s’il est établi que les élites
françaises, corrompues et apatrides,
n’ont eu de cesse de bafouer les
intérêts du peuple et de la Nation au
moins depuis la IIIe République, qu’en
est-il du peuple français ? Comment
a-t-il accueilli l’Occupant étranger en
1871 et en 1940 ?
« Henri Guillemin
rapporte que « Les Prussiens
sont entrés à Paris le 1er mars [1871],
et Paris s’est comporté d’une manière
très noble. Il faut se souvenir de ce
qui s’était passé lors de l’entrée des
Alliés – et en particulier des Cosaques
– dans Paris en 1815. On avait assisté à
des scènes hideuses. Lorsqu’ils étaient
entrés dans les quartiers populaires, ça
n’avait pas bougé, mais lorsqu’ils sont
arrivés dans les quartiers riches, sur
les grands Boulevards, ça avait été des
ovations. Les femmes du monde montaient
en croupe sur les chevaux des Cosaques,
qui étaient les ‘libérateurs’, ces
étrangers qui venaient ramener le Roi.
Le 1er mars 1871, on ne voit rien de
semblable, alors que cette fois-ci, les
Allemands rentrent par les beaux
quartiers de Paris – ils entrent par
Neuilly, par le 16e et par le 8e
arrondissement , par les Champs-Elysées.
Tout le monde a fermé les fenêtres,
toutes les boutiques sont fermées : ils
entrent dans un silence de mort. »
« Puis, lorsque la mystification de
la pseudo-famine – qui aurait imposé
l’armistice – et la haute trahison des
élites furent révélées au peuple de
Paris, ce fut une explosion générale
d’indignation qui culmina avec la
Commune, dans laquelle les Parisiens de
toutes les couches sociales s’engagèrent
le 26 mars 1871 en votant massivement
pour les « rouges » : ceux-ci avaient
été écrasés aux élections de 1870, mais
triomphaient à présent comme les seuls
défenseurs authentiques de la Patrie. En
1940, alors que même un petit pays comme
la Hollande, vaincu et occupé par les
Nazis, pouvait s’enorgueillir de la
nomination de l’Allemand Seyss-Inquart
pour le diriger (la Reine Wilhelmine
proclama que « Le rouge de la honte
nous serait monté au visage si
l’envahisseur avait choisi pour ce poste
quelqu’un de notre nationalité. Cette
ignominie du moins nous aura été
épargnée. »), la France n’eut pas
ce bonheur. Elle fut le seul pays à
s'engager dans la voie de la reddition
la plus déshonorante, de la
collaboration et même du
collaborationnisme forcené avec
l'Occupant par le biais de son plus haut
représentant légal, maréchal de
surcroît, (...) Il fut suivi par la
grande majorité des Français, qui
l'acclamèrent jusqu'au 26 avril 1944
(...).»(7)
Julien Salingue a raison de conclure
sur la finalité de cette mascarade
macabre à savoir donner une visibilité
au tourisme israélien : «Il faut être
naïf dit-il , aveugle ou de mauvaise foi
pour ne pas comprendre que, pour l'État
d'Israël et ses soutiens, l'initiative
Tel-Aviv sur Seine est une opération
éminemment politique, en donnant à voir
le visage «ouvert» et «festif» d'un État
dont l'image est de plus en plus
dégradée sur la scène internationale en
méditant ces propos d'Hila Oren,
responsable du Tel-Aviv Global & Tourism,:
«La marque Tel-Aviv est un outil de
contournement du conflit [car] Israël
est un label difficile à vendre.»(2)
De notre point de vue, dans cette
affaire la gauche a perdu, une fois de
plus, son âme et à la lecture de cette
constante collaboration des élites
françaises- contre leur peuple- pour
garder le pouvoir, cette compromission
avec l’ignominie s’explique par la
nécessité pour les politiques de passer
à travers les gouttes de pluie et de ne
pas assumer devant la face du monde leur
responsabilité. Ce qui arrive aux
Palestiniens est une ignominie disait le
président Carter. On a beau habiller cet
évènement d’anodin, de festif, il
n’empêche il a une profonde
signification en ce sens qu’il conforte
qu’Anne Hidalgo le veuille ou non Israël
dans sa politique de fuite en avant. Il
n’est nullement question de juifs de
musulmans voire d’antisémitisme- ce mot
désigne pourtant à la fois les Arabes et
les israéliens- Il s’agit de rendre sa
dignité à un peuple qui souffre le
calvaire depuis près d’un siècle et qui
ne demande qu’à vivre en paix sur les 22
% qui lui restent de sa Palestine
originelle.
Voltaire à bien raison de nous mettre
en garde contre nos amis ou supposés
tels…. En l’occurrence une Gauche
généreuse , humaniste, qui dit le droit,
bref une Gauche à la Edgard Morin : «
Une gauche notion complexe, dans le sens
où ce terme comporte en lui, unité,
concurrences et antagonismes. L'unité,
elle est dans ses sources : l'aspiration
à un monde meilleur, l'émancipation des
opprimés, exploités, humiliés, offensés,
l'universalité des droits de l'homme et
de la femme. Ces sources, activées par
la pensée humaniste, par les idées de la
Révolution française et par la tradition
républicaine, ont irrigué au XIXe siècle
la pensée socialiste, la pensée
communiste, la pensée libertaire...
Certes, il nous faut d'abord résister à
la barbarie qui monte. Mais le "non"
d'une résistance doit se nourrir d'un
"oui" à nos aspirations. La résistance à
tout ce qui dégrade l'homme par l'homme,
aux asservissements, aux mépris, aux
humiliations, se nourrit de
l'aspiration, non pas au meilleur des
mondes, mais à un monde meilleur. Cette
aspiration, qui n'a cessé de naître et
renaître au cours de l'histoire humaine,
renaîtra encore.» (8)
Rien à ajouter
1.Important dispositif de sécurité
autour de «Tel-Aviv sur Seine» Le
Monde.fr 12.08.2015
2.Julien Salingue docteur en sciences
politiques.
http://www.liberation.fr/debats/2015/08/11/tel-aviv-sur-seine-la-mort-...
3.
http://www.lexpress.fr/actualite/monde/proche-moyen-orient/tel-aviv-sur-seine-un-evenement-indecent_1706534.html#McFuM0JA3Q57hvou.99
4.
http://www.lemonde.fr/politique/article/2015/08/12/tel-aviv-sur-seine-demontre-que-la-grille-d-analyse-des-politiques-francais-est-perimee_4721729_823448.html
5.Anne Hidalgo: Pourquoi nous
accueillons Tel-Aviv à Paris Plages? Le
Monde 11.08.2015
6. Youssef Boussoumah,
http://www.agencemediapalestine.fr/blog/2015/08/12/youssef-boussoumah-grace-a-anne-hidalgo-paris-capitale-de-lapartheid-israelien/
7. Sayed Hasan
http://www.mondialisation.ca/tel-aviv-sur-seine-ou-la-tradition-collaborationniste-francaise/5468790
8. Edgard Morin :http://www.lemonde.fr/idees/article/2010/05/22/ce-que-serait-ma-gauche_1361550_3232.html
Article de référence
http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur_
chitour/223055-le-comble-de-l-ignominie-et-de-l-allegeance.html
Professeur Chems Eddine Chitour
Ecole Polytechnique
enp-edu.dz
Publié le 18 août 2015 avec l'aimable
autorisation de l'auteur
Le sommaire du Pr Chems Eddine Chitour
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