Opinion
Les dettes allemandes et la dette
grecque:
Deux poids, deux mesures
Chems Eddine Chitour
Le Pr
Chems Eddine Chitour
Mardi 14 juillet2015
«L'âne vint à son tour et dit:
J'ai souvenance Qu'en un pré de Moines
passant.
La faim, l'occasion, l'herbe
tendre.(..).
Je tondis de ce pré la largeur de ma
langue.
Je n'en avais nul droit, puisqu'il faut
parler net.
A ces mots on cria haro sur le baudet.
(...)
Selon que vous serez puissant ou
misérable,
les jugements de cour vous rendront
blanc ou noir»
Jean de la
Fontaine: Les animaux malades de la
peste
Ça y est, c'est dit-on, la reddition
en rase campagne - sans contrepartie d'AlexisTsipras
en face de la machine de guerre
allemande, celle de l'Eurogroupe et
celle du FMI. Le Premier ministre grec a
donné l'illusion au peuple grec qu'il
avait le droit à la parole et en
définitive renié une à une toutes les
promesses, Les propositions soumises par
Alexis Tsipras reprennent largement, les
propositions formulées par l'Eurogroupe
le 26 juin. Toute cette tragédie pour
rien! On a caressé l'espoir de voir
enfin la parole du peuple dans le cadre
de la démocratie qui prit naissance
d'ailleurs chez eux, écoutée. Il n'en
fut rien. Tsipras aurait organisé un
référendum en Grèce pour ensuite ne pas
revenir devant le peuple et se suffire
du vote des députés pour accepter
globalement les injonctions de Mme
Merkel. Pourtant, la demande de la Grèce
était on ne peut plus réaliste. Celle
d'arrêter les dégâts de la politique
d'austérité qui lui a été imposée à
cause de sa dette et repartir d'un bon
pied. Curieusement, les Etats-Unis qui
surveillent du coin de l'oeil les
Européens, ont tenté d'intervenir. Le
FMI - c'est-à-dire de fait les
Etats-Unis - reconnaît aujourd'hui que
la voie à suivre est celle d'une
restructuration de la dette pour qu'elle
soit supportable. En effet, la
directrice générale du FMI et le
secrétaire au Trésor américain,
appellent à la résolution de la crise
financière grecque et à l'allègement de
sa dette colossale.
La dette
grecque expliquée simplement
La situation grecque est inhumaine.
On connaît la situation sociale de la
Grèce: hausse de 45% de la mortalité
infantile, hausse de 42% du taux de
suicides, baisse de trois ans de
l'espérance de vie, 44,6% de retraités
vivant en dessous du seuil de pauvreté.
Comment les banques allemandes et
françaises ont financé la banqueroute de
la Grèce? «La Grèce, lit-on dans cette
contribution, doit maintenant aux
créanciers 323 milliards d’euros, ce qui
représente environ 175 pour cent du PIB.
Comment est-on arrivés à une dette si
élevée? «Nous devrions clairement le
reconnaître: presque rien des sommes
énormes qui ont été prêtées à la Grèce,
n'ont, en réalité, pas fini en Grèce,» a
rappelé le prix Nobel d’économie et
ancien économiste en chef de la Banque
mondiale, Joseph Stiglitz, dans un
entretien au quotidien The Guardian.
«elles ont été dirigées vers le paiement
des créanciers du secteur privé, y
compris les banques allemandes et
françaises.»» (1)
Parlant de la tentation des banques
grecques: «Un récent rapport de
l'organisation CorpWatch appelée les
profiteurs de la zone euro peut éclairer
quelque peu cette réalité. Il est certes
vrai que de ces banques, les politiciens
grecs corrompus ont emprunté des
milliards pour leurs projets
gouvernementaux douteux, mais en même
temps il y avait une très bonne raison
pour laquelle ces financiers n'ont pas
évité ces prêts téméraires: ils étaient
sous la pression des bureaucrates de
l'Union européenne pour concurrencer sur
le marché mondial les banques
britanniques et américaines. (...) Mais,
les banques françaises savaient,
qu'elles n'allaient pas se faire des
milliards en allant à la bataille
concurrentielle en Allemagne, de même
que l'Allemagne n'attendait pas le
triomphe en France ».(1)
« Au lieu de cela, elles se sont
cherché un marché plus simple et plus
facile, auquel elles allaient prêter ces
masses d'argent qu'elles avaient, et ce
marché devait être celui formé par les
Etats plus pauvres, la plupart des Etats
de l'Europe du Sud, qui en 1999 avaient
accepté l'adhésion à la monnaie commune
appelée l'euro. La logique était claire:
au milieu des années quatre-vingt-dix,
les taux d'intérêt, par exemple, en
Grèce ou en Espagne étaient autour de 14
pour cent, et idem en Irlande durant la
crise monétaire de 1992 et 1993.. Les
candidats aux prêts ont donc accueilli
avec enthousiasme les banquiers du Nord
avec des ressources apparemment
illimitées de disponibilités à bon
marché à un taux d'intérêt compris entre
un et quatre. (..)» (1)
La tentation était forte et le piège
s'est refermé sur le peuple qui
s'endette en payant les banques. On sait
que depuis plusieurs années, l'ampleur
de la dette publique européenne ne cesse
d'augmenter.
La dette
publique des Etats de l'Union européenne
«Au dernier trimestre de 2014, la
dette des 28 Etats membres se porte à
86,6% du PIB. Celle de la zone euro
équivaut quant à elle à 92,1% du PIB.
Individuellement, six pays affichent un
niveau de dette publique supérieur à
100% du PIB. Il s'agit de la Grèce
(176%), de l'Italie (131,8%), du
Portugal (131,4%), de l'Irlande
(114,8%), de la Belgique (108,2%) et de
Chypre (104,7%). En France, la dette
publique est supérieure à celle de
l'Union européenne et de la zone euro,
et s'élève à 95,3% du PIB en 2014. Le
pays ne cesse de s'approcher de la barre
des 100%.» (2) «La dette publique
grecque est de loin la moins élevée
d'Europe. En valeur absolue, la Grèce
n'est pas la lanterne rouge de l'Europe.
Athènes se fait largement devancer par
les grandes économies du continent:
Espagne, France, Grande-Bretagne,
Allemagne et l'Italie qui cumulent
parfois plusieurs milliers de milliards
de dette. La Belgique qui peut compter
sur le même nombre d'habitants que la
Grèce, traîne 387 milliards d'euros de
dette, soit 101,5% de son PIB. la
Belgique fait peser à ses habitants une
dette de 34.875 euros contre 28.217
euros pour les Grecs. (...) »(3)
‘ Alors que l'Espagne et le Portugal
sont régulièrement épinglés par
Bruxelles pour laisser filer leurs
comptes publics, ces pays imposent à
leurs citoyens une dette moins élevée
que l'Allemagne, pourtant érigée en
vertu en matière de contrôle des
dépenses publiques. Le poids de la dette
qui repose sur les épaules des Portugais
atteint 15.780 euros contre 24.896 euros
pour les Allemands Par habitant la dette
de la Grèce est inférieure à celle de La
France, de l'Italie, du Royaume-Uni, de
la Belgique, des Etats-Unis et du Japon.
Les Français sont à 29 300 euros par
personne, les Anglais (31.712 euros).
Les Etats-Unis dont le plafond de la
dette est régulièrement relevé pour
éviter le «shutdown», a cumulé 12.600
milliards d'euros de dette, soit 39.850
euros par citoyen américain. Quant au
Japon, le ratio est le plus élevé au
monde avec 245% du PIB soit (71 015
euros) par habitant» (3).
L'intransigeance et le mépris allemand
pour la Grèce
Pour le ministre allemand des
Finances, Wolfgang Schäuble, les
négociations avec Athènes sont
´´extrêmement difficiles´´. Il dénonce
´´une confiance détruite de manière
incroyable et il met en doute clairement
la fiabilité du gouvernement grec. Non
sans ironie, il rappelle à Washington
que dans les Caraïbes, Porto Rico avec
une dette de 73 milliards de $ est en
train de sombrer. Obama refusant de
l'aider: «Ces jours-ci, j'ai proposé à
mon ami Jack Lew de prendre Porto Rico
dans la zone euro si les Etats-Unis
étaient prêts à accepter la Grèce dans
le système du dollar.»
« Enfin, selon une source citée par
l'AFP, les Allemands pensent qu'«au cas
où la soutenabilité de la dette et les
propositions de réformes ne seraient pas
réalistes, il faudrait proposer à la
Grèce une sortie temporaire de cinq ans
de la zone euro, avec une possible
restructuration de sa dette, si
nécessaire dans un club de Paris».
C’était il y a trois jours !
La dette de
guerre allemande: des effacements
successifs
La volonté de puissance est affirmée.
Justement, la chancelière allemande qui
gouverne l'Europe dirige un pays qui
lui-même à trois dettes majeures qu'il
n'a jamais totalement honorées. Nous
allons les citer en honnête courtier. Il
est curieux de constater qu'au sortir de
la guerre, l'Allemagne a demandé et
obtenu des Alliés l'effacement en partie
de sa dette.
Laurent Martinet de Reuters écrit à
ce sujet: ««L'Allemagne est Le pays qui
n'a jamais remboursé ses dettes. Elle
n'est pas légitime pour faire la leçon
aux autres nations.» La phrase est de
Thomas Piketty. D'autres voix se font un
plaisir de rappeler que Berlin n'a
jamais payé entièrement les réparations
que les vainqueurs ont exigé en 1919. Et
pour cause: à la fin des années 20,
malgré un bon redémarrage économique,
les caisses sont vides. Les réparations
sont réduites d'un tiers et
rééchelonnées, explique La Tribune. En
1932, l'économie ayant replongé, les
Alliés renoncent même à exiger leur
paiement. Trop tard pour éviter
l'arrivée d'Hitler au pouvoir. Et la
question de la dette contractée dans les
années vingt et trente sur les marchés
poursuit l'Allemagne jusqu'en 1953.
Cette année-là, à Londres, le chancelier
Konrad Adenauer obtient des Alliés un
nouveau rééchelonnement, et surtout, un
remboursement en dollars au taux actuel,
qui permet d'économiser 40% par rapport
au mark-or des années vingt. La dette
allemande est réduite de moitié par
rapport à son poids d'avant-guerre,
estime un chercheur de l'université de
Yale cité par La Tribune. La dette
allemande sera officiellement
complètement payée en 2010, après la
réunification. «L'Allemagne a été le
plus mauvais payeur de dette du XXe
siècle», dénonçait en 2011, au début de
la crise grecque», l'économiste allemand
Albert Ritschl.» (4)
On remarquera que l'Allemagne aura
mis plus de cinquante ans pour purger sa
dette.» sans qu’elle n’ait sur le dos la
pression des Etats créanciers et encore
moins les banques spéculatrices, les
fonds de pension vautour. Tout une faune
prédatrice qui sont , dans le cas de la
Grèce prêts à la dépecer..
La dette
allemande de l'occupation de la Grèce
pendant la guerre
Qu'en est-il de la dette envers
l'occupation inhumaine de la Grèce?
Alexis Tsipras en fait un argument de
négociation: « La Grèce dit ils, a
«l'obligation morale et historique» de
réclamer à l'Allemagne des indemnités de
guerre, auxquelles elle a échappé à la
fin de la Seconde Guerre mondiale. C'est
la première fois qu'Athènes évoque une
évaluation précise des réparations de
guerre qu'elle réclame à Berlin. Ce
travail d'expertise grec ne devrait
toutefois rien changer à la réponse
allemande. Pour la première fois,
Athènes a évoqué un chiffre: 278,7
milliards d’euros. Devant le Parlement
grec à l'occasion de la mise en place
d'une commission parlementaire sur
l'origine de la dette du pays, le
secrétaire d’État au budget Dimitris
Mardas a mentionné une évaluation
précise des réparations de guerre
réclamées par la Grèce à l’Allemagne.
Pour le gouvernement grec, l'emprunt
forcé qu'Athènes a dû accorder en 1942
au régime nazi et qui n'a jamais été
remboursé s'élève aujourd'hui à 10,3
milliards d'euros. Le reste de la somme
citée par Mardas correspond aux
dédommagements dus aux victimes et au
coût des infrastructures détruites par
l'occupant, entre 1942 et 1944. Selon le
gouvernement grec, 50.000 documents ont
été examinés par une équipe de six
personnalités. La Grèce «pourrait aller
jusqu'à un procès. Le travail
d'expertise grec ne changera rien à la
réponse de Berlin, pour qui le dossier
des réparations de guerre est
«juridiquement et politiquement clos»,
comme l'a redit la chancelière Angela
Merkel au Premier ministre Alexis
Tsipras le 23 mars. Les traités de 1953
puis de 1990, acceptés par la Grèce, ont
fermé la porte à tout recours.» (5)
Pourtant, on s'en souvient, le
président allemand n'avait pas
totalement fermé la porte à cette
demande qui par la suite fut
définitivement enterrée avec le «nein»
allemand.
La dette
concernant le coût de la pollution
chimique allemande à l'Europe
Stephane Fouccart du journal Le
Monde, nous informe d'une dette
autrement plus importante de
l'Allemagne: «Un fait plus discret est
que la vertueuse et intransigeante
Allemagne traîne elle aussi quelques
impayés, dont il n'est pas déraisonnable
de penser qu'ils surpassent de très loin
l'ardoise grecque. Et on ne parle pas
ici de l'Allemagne exsangue de
l'après-guerre. On parle bel et bien de
l'Allemagne d'aujourd'hui, avec sa
puissante industrie, son budget
impeccable, etc.(...) il faut se pencher
sur un numéro récent du Journal of
Clinical Endocrinology & Metabolism
(JCEM). En avril, la revue publiait une
série d'études conduites par une
vingtaine de chercheurs internationaux
et coordonnées par Leonardo Trasande,
spécialiste de santé des populations,
professeur à l'université de New York.
Leur but était d'évaluer le coût
économique des dégâts sanitaires dus aux
pollutions chimiques dans l'Union
européenne. Avec 2010 comme année de
référence, leur estimation chiffre la
valeur médiane de ces dégâts à 1,3% du
produit intérieur brut des Vingt-Huit ».
« Soit 157 milliards d'euros par an,
en frais de santé(...)e pays domine de
très loin le secteur avec des géants
comme Bayer ou Basf, et il est très
clair qu'une grande part de ces 157
milliards d'euros lui incombe.
L'Allemagne aurait beaucoup à perdre, si
les mesures adéquates étaient prises
pour éviter ces dégâts
collatéraux(...)». (6)
Cette information a permis au
professeur d'économie Jean Gadrey
d'analyser finement les données , il
écrit: «157 milliards d'euros par an
comme coût supporté par les Européens,
1,3% du PIB. Chiffre qui se limite à un
périmètre restreint de coûts sanitaires
vraiment évaluables sur des pathologies
bien identifiées. Sur les dix dernières
années, cela ferait un coût cumulé de
1570 milliards. (...) Pour le compléter,
j'ai été regarder le poids de la chimie
allemande en Europe et c'est environ
25%. Si on appliquait cette proportion
aux 1570 milliards, cela ferait presque
400 milliards d'euros, plus que la
totalité de la dette grecque actuelle
(320 milliards)! » (6)
« Estimations à la louche poursuit
Jean Gadrey ? Assurément, mais quand «y
a pas photo» la louche fait l'affaire,
pas besoin de balance de précision.
Méthodes critiquables? Comme je suis
assez chatouilleux sur certaines
valorisations monétaires douteuses (voir
mon billet «Quand la monétarisation de
tout - pour la bonne cause - tourne au
délire économique», je suis allé à la
source de l'article scientifique qui
fournit les chiffres cités par Stéphane
Foucart. Pour moi, c'est du sérieux, il
s'agit bien de coûts réels mesurés et
observables, avec comme toujours dans
ces estimations des hypothèses et des
conventions, mais l'ordre de grandeur
obtenu est fiable. (...) Un dernier
chiffre pour la route: quel est le coût
par Européen des dégâts sanitaires de la
chimie sur dix ans? Réponse:1570
milliards d'euros divisés par 510
millions, soit en gros 3000 euros».(7)
Le clap de
fin : La Grèce plus que jamais en coupe
réglée
On apprend ce lundi matin que la
messe était dite : C’est la reddition en
rase compagne. Le gouvernement grec
accepte des conditions encore plus
drastiques que celles du 25 juin qu’il
avait refusées en déclenchant le
referendum.
Cpt Anderson nous en en parle et ne
se dit pas étonné au vue de la
connaissance du mécanisme de prédation
mis en place par les banksters : « Le
bal des vampires peut continuer :
Bruxelles a sauvé momentanément tous les
spéculateurs de la ploutocratie
mondiale. La fanfare des marchés
financiers a salué d’un bond de plus de
2% en quelques minutes l’accord
largement prévisible sur la dette
grecque, Tsipras n’ayant pas la carrure
d’un chef d’État. (…) Pourrait-on lui en
vouloir quand c’est le lieu commun dans
le monde occidental de ne proposer aux
urnes qu’un fossoyeur de liberté et de
la dignité de son peuple ? »
« Quel chef d’État actuellement n’est
pas à la solde de la finance
internationale. Poser cette simple
question, revient à reconnaître les
chefs de « l’axe du mal ». Le drame grec
a été commenté et analysé à sens unique
par des journalistes aux ordres de ceux
qui les paient, ressassant à temps et à
contretemps que les grecs ne sont que
des feignants, des profiteurs, quand ils
ne sont pas des fraudeurs ».
La
Grèce a tout simplement été victime d’un
attentat financier.
L’auteur poursuit en citant les
propos d’un trader : « Les confessions
de l’ex-assassin financier, John Perkins
se retrouvent dans la mise à sac de la
Grèce : Pour l’essentiel, mon boulot
consistait à identifier les pays
détenant des ressources qui intéressent
nos multinationales, et qui pouvaient
être des choses comme du pétrole, ou des
marchés prometteurs, des systèmes de
transport. Il y a tant de choses
différentes. Une fois que nous avions
identifié ces pays, nous organisions des
prêts énormes pour eux, mais l’argent
n’arriverait jamais réellement à ces
pays ; au contraire, il irait à nos
propres multinationales pour réaliser
des projets d’infrastructures dans ces
pays, des choses comme des centrales
électriques et des autoroutes qui
bénéficiaient à un petit nombre de gens
riches ainsi qu’à nos propres
entreprises. Mais pas à la majorité des
gens qui ne pouvaient se permettre
d’acheter ces choses, et pourtant ce
sont eux qui ployaient sous le fardeau
d’une dette énorme, très semblable à
celle de la Grèce actuellement, une
dette phénoménale ».
« Et une fois [qu’ils étaient] liés
par cette dette, nous revenions, sous la
forme du FMI – et dans le cas de la
Grèce aujourd’hui, c’est le FMI et
l’Union européenne – et posions des
exigences énormes au pays : augmenter
les impôts, réduire les dépenses, vendre
les services publics aux entreprises
privées, des choses comme les compagnies
d’électricité et les systèmes de
distribution de l’eau, les transports,
les privatiser, et devenir au fond un
esclave pour nous, pour les sociétés,
pour le FMI, dans votre cas pour l’Union
européenne ».
«
John Perkin l’a très bien décrit dans
son ouvrage en prenant exemple sur
l’Argentine ainsi que plusieurs pays
d’Amérique latine qui ont été victimes
du même processus. Ceci explique
certainement les changements politiques
survenus en Amérique du Sud depuis une
vingtaine d’années. (…)La seule
différence qu’il y a entre un pays en
crise ou un autre se retrouvant sous les
fourches caudines de l’austérité, ne
dépend que de la souplesse d’échine de
ceux qui détiennent un mandat du peuple.
Quand la mise à sac d’un pays se fait
sans attentat, c’est que l’affaire est
menée par une équipe aussi brillante que
celle du Fouquet’s. Durant les
années Sarkozy, outre l’or de la France,
toute son infrastructure a été bradée
dans un silence assourdissant pendant
que la dette explosait de plus de 600
milliards d’euros ».
« Après l’écrasante victoire du « non
» au référendum grec, la démission de
Varoufakis paraissait étonnante. (…) Son
testament politique se retrouve dans sa
dernière intervention et
sa mise en garde pour la France : «
Ma conviction est que le ministre des
finances allemand veut que la Grèce soit
évincée de la monnaie unique pour
susciter une crainte de tous les diables
chez les français et leur faire accepter
son modèle d’une zone euro
disciplinaire. Les Grecs doivent
accepter toutes les conditions au
détriment de leur peuple, les
prétentions de la finance internationale
qui ne leur remettra jamais leur dette.
Ce serait remettre en question celle de
tous les peuples. Aujourd’hui la Grèce,
demain l’Espagne, l’Italie ou la France
? Quel peuple se révoltera ? Contre
l’asservissement bancaire, aucun ! »
Le pape, la
Grèce et sa vision de la place de
l’Homme
Il est intéressant dans le cadre de
cette prédation à ciel ouvert,
de connaitre l’avis d’un prélat ,
dernier rempart contre l’immoralisme en
l’occurrence le pape.
Philippe Rodier Docteur en droit
écrit à propos du pape et de la crise
grecque Le pape François a produit avec
sa dernière encyclique dénommée
Laudato si’ un texte équilibré et
pragmatique sur le rapport que nous
entretenons avec notre maison commune –
la Terre – et la conception de
l’économie et de l’activité productive
fondées sur l’immédiateté en vigueur.
Rappelant que le marché ne garantit pas
en soi le développement humain intégral
ni l’inclusion sociale, le pape alerte
sur un marché divinisé et des pouvoirs
économiques qui font primer la
spéculation et la recherche exclusive du
revenu financier sans responsabilité sur
les effets et la dignité humaine. La
sauvegarde de notre environnement «
suppose un regard qui aille au-delà de
l’immédiat car lorsqu’on recherche un
rendement économique rapide et facile,
la préservation n’intéresse alors
personne ». En cela, François note
que le développement économique a
engendré un immense progrès
technologique qui n’a pas été accompagné
d’un développement corrélatif des
responsabilités, valeurs et consciences
de l’être humain. Il met en garde contre
l’utopie de vouloir apporter aux enjeux
écologiques des solutions purement
techniques et ciblées alors que la vraie
réponse réside dans un profond
changement culturel individuel et
collectif afin de remettre l’humain à sa
juste place »(9)
« Le pape François, poursuit
Dominique Rodier s’inscrit dans une
véritable logique anthropologique, met
l’homme au cœur de tout, critique le
culte de la liberté individuelle
exacerbée qui engendre le matérialisme
et le productivisme. Il rappelle, une
fois encore, que l’argent n’est qu’un
moyen et non une finalité. Nous devrions
faire lire le pape François aux
bataillons de banquiers, fonctionnaires
internationaux et politiciens qui
traitent la crise grecque avec les
raisonnements financiers qui ont
participé à créer cette situation –
l’appât du gain et l’intérêt immédiat à
prêter inconsidérément à la Grèce – en
espérant qu’ils adoptent enfin une
analyse de développement humain avant de
commencer à négocier de fausses
solutions.(9)
Que faut-il
en conclure?
Personne ne peut contredire
l'Allemagne qui , avec ses alliés du
Nord , dicte la norme. Rien de nouveau
sous le soleil! Le peuple grec traité de
tous les noms, paresseux, non besogneux,
n'en peut plus de souffrir, il a donné
mandat à un Premier ministre qui a
présumé de ses forces face à une troïka
qui a changé de masque en euro-groupe et
FMI mais qui est toujours sans pitié
pour les faibles. La Grèce mise en coupe
réglée, on lui demande de privatiser à
tour de bras, même les Îles et les
prédateurs sont là pour les bonnes
affaires. Est-ce cela la vocation de
l'Europe? Ou est-ce le début de la fin
pour cette utopie qui ne peut résister
au laminoir néolibéral? Souvenons-nous!
Il n'y a pas de justice pour les
faibles. Jean de la Fontaine a mille
fois raison ;Selon que vous serez
puissant ou misérable, les jugements de
cour vous rendront blanc ou noir », Et
pourtant, La Grèce est le berceau de la
civilisation occidentale, mais le
néo-libéralisme prédateur n’en a cure.
Ainsi va le monde
1. https://citizenactionmonitor.wordpress.
com/2015/07/01/how-german-and-french-banks-financed-greeces-bankruptcy/
2.
http://www.touteleurope.eu/actualite/la-dette-publique-des-etats-de-l-union-europeenne.html
3.
http://www.challenges.fr/economie/20140509.CHA3601/
4.
http://www.lexpress.fr/actualite-economique/
crise-en-grece-quand-l-allemagne-faisait-effacer-une-partie-de-sa-dette_1696548.html#
5jTe3V7c7X0I63SW.99
5. Nicolas Barotte: La Grèce réclame
278,7 milliards d'euros à l'Allemagne le
figaro.fr 07/04/2015
6.
http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/07/06
/une-dette-allemande_4672279_3232.html#
iV4XrkZ0BM9oCmxW.99
7.
http://alternatives-economiques.fr/blogs/gadrey
/2015/07/08/dettes-allemagnegrece-merci-a-stephane-foucart-du-monde/
8.
http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/grece-les-banksters-ont-gagne-169710
9.
9.http://www.bvoltaire.fr/philipperodier/pape-lecologie-grece-lhomme-coeur-de,185918?utm_source=La+Gazette+de+Boulevard+Voltaire&utm_campaign=6ab8f2943a-RSS_EMAIL_CAMPAIGN&utm_medium=email&utm_term=0_71d6b02183-6ab8f2943a-30599789&mc_cid=6ab8f2943a&mc_eid=51be024106
Article de référence
http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur
_chitour/220400-deux-poids-deux-mesures.html
Professeur Chems Eddine Chitour
Ecole Polytechnique
enp-edu.dz
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