Opinion
Contre la police de la pensée : La
déconstruction du message de Charlie par
Emmanuel Todd
Chems Eddine Chitour
Le Pr
Chems Eddine Chitour
Jeudi 14 mai 2015
«Il faut
accorder la parole aux musulmans les
plus ouverts et ne pas s'enfermer dans
une définition unique. Un extrémiste
chrétien ne vaut pas mieux qu'un
islamiste».
Albert Jacquart,
Conférence à Laval, 4 novembre 2008
Le 7 mai dernier
apparaissait en France un ouvrage
courageux du géographe Emmanuel Todd
dans lequel il dénonçait l'imposture de
la marche du 11 janvier 2015 faite en
hommage aux caricaturistes de Charlie
Hebdo assassinés. Dans cet ouvrage: «Qui
est Charlie?», l'historien libre et
rationnel nous déroule un scénario aux
antipodes du discours
politico-médiatique ambiant qui fait de
Philippe Tesson vieux cheval de retour
paléo journaliste qui trouve encore le
moyen et la force de baver et d'éructer
sur une religion qui représente qu'on le
veuille ou non l'espérance d'un milliard
et demi de personnes. Dans la même
charrette je n'oublie pas de citer les
Zemmour les Finkielkraut- émigrés de la
deuxième génération- plus royalistes que
le roi et qui dictent à la France et aux
Français la norme qui consiste à jeter à
la mer les Français musulmans, les beurs
dans le cadre du grand changement. Je
n'oublie pas aussi de citer les
Houellebeck et consorts de piètres
intellectuels dénués de tout sentiment
de noblesse, incitateurs de haine et
fomenteurs de troubles, voire de guerre
civile. Les noms de ces derniers
resteront gravés à jamais dans le marbre
de l'ignominie.
Les illusions de la France du 11
janvier
Qu'a dit Emmanuel
Todd, qui lui attire la foudre des
biens-pensants paradoxalement de la
gauche, censée être plus empathique avec
les Arabes et les mélanodermes? Pour
Emmanuel Todd, le 11 janvier a été une
cruelle imposture et une infâme
supercherie pour laquelle la meute a été
rameutée au besoin en invitant des
personnalités étrangères pour donner
plus de voix à la parole de la France.
Nous avons vu côte à côte un Premier
ministre israélien qui a traité les
Ghazaouis comme des sous-hommes, un
Mahmoud Abbas plus évanescent que jamais
mais qui ne rate pas une kermesse. Les
Américains et les Britanniques l'ont
bien compris en ne s'associant pas à
cette mascarade.
Emmanuel Todd
radiographiant les populations et les
couches sociales qui ont répondu à cette
injonction de défilé. Un spectre hante
la France. Celui du «catholicisme
zombie». Une survivance de l'empreinte
catholique dans les mentalités qui,
selon l'historien et anthropologue
Emmanuel Todd, explique en grande partie
«l'accès d'hystérie» de la mobilisation
historique du 11 janvier. (...) Emmanuel
Todd veut démonter «l'imposture» de la
communion nationale du 11 janvier. Comme
l'avaient déjà rappelé de nombreux
observateurs, «une partie de la France
n'était pas là» lors de cette mémorable
journée. En un mot, relève aujourd'hui
Emmanuel Todd, c'est la France des
classes moyennes supérieures qui a
manifesté, pendant que celle du monde
populaire, des jeunes des banlieues et
des ouvriers de province boudait
l'événement. (1)
«L'ouvrage est une
invitation à comprendre les mécanismes
du pouvoir idéologique et politique de
notre société à partir du moment
«Charlie», une analyse savante et
virulente de la «crise religieuse» d'une
nation qui «se ment à elle-même» dans la
communion laïque. Bien sûr,
accorde-t-il, les manifestants ont, en
toute conscience, défilé pour la
tolérance. Mais ce n'est pas la réalité
des «valeurs latentes» qui les
agissaient. Ce jour-là, écrit-il, «il
s'agissait avant tout d'affirmer un
pouvoir social, une domination». Celle
de la «France blanche» des catégories
supérieures qui s'est précipitée dans
les rues pour «définir comme besoin
prioritaire le droit de cracher sur la
religion des faibles». De l'islamophobie
des beaux quartiers à l'antisémitisme
des banlieues reléguées, la
responsabilité des notables de cette
«néo-République» inégalitaire est, selon
Todd, immense. Que faire alors?
Combattre «la nouvelle hystérie
laïciste», écrit-il, qui n'est autre
qu'une «religion» qui fait de l'islam
son bouc émissaire en proclamant «le
devoir de caricaturer Mahomet». (2)
Sociologie d'une crise religieuse
doublée d'une imposture de la gauche
Pour sa part, Alban
Dignat Emmanuel Todd est bien placé pour
avoir étudié depuis quatre décennies les
structures familiales. Emmanuel Todd
ajoute aux facteurs de crise que sont le
choix du multiculturalisme et du
néolibéralisme le trouble induit par un
athéisme vide de sens. Faut-il s'étonner
qu'une partie de cette jeunesse en quête
de sens se tourne vers l'islam? «L'islam
est disponible dans nos banlieues
désorganisées par la crise du
capitalisme avancé, et dans ses pays
d'origine, bouleversés par leurs crise
de transition vers la modernité...»
L'historien s'alarme de l'impasse à
laquelle conduit le multiculturalisme
assorti d'une stigmatisation de l'islam
en général. On ne peut demander aux
musulmans, très divers dans leurs
origines et leurs aspirations,
d'accomplir en une génération le chemin
que les catholiques et les juifs ont
accompli en plus d'un siècle: «Une
accentuation de la lutte contre l'islam
aliénera écrit-il les musulmans
complètement assimilés. Et «en l'absence
d'un avenir compréhensible, la
multiplication des adhésions au
radicalisme islamique est à peu près
certaine» (...) Pour Emmanuel Todd, une
alternative existe, fragile. Elle passe
par le rapprochement «au nom d'une
doctrine égalitaire, des jeunes éduqués
en voie d'appauvrissement, des milieux
populaires relégués dans les périphéries
urbaines et des Français d'origine
maghrébine.» (3)
Emmanuel Todd fait l'analogie entre
les juifs des années 30 et les musulmans
actuels
Emanuel Todd voit
dans la marche du 11 janvier «des
millions de somnambules se précipiter
derrière un Président escorté par tous
les représentants de l'oligarchie
mondiale, pour la défense du droit
inconditionnel à piétiner Mahomet,
«personnage central d'un groupe faible
et discriminé». Ce qu'il voit c'est un
mensonge d'unanimisme aussi, car ce
jour-là, les milieux populaires
n'étaient pas Charlie, les jeunes de
banlieue, qu'ils fussent musulmans ou
non, n'étaient pas Charlie, les ouvriers
de province n'étaient pas Charlie». Il
ajoute: «Ce qui m'inquiète n'est pas
tant la poignée de déséquilibrés mentaux
qui se réclament de l'islam pour
commettre des crimes que les raisons
pour lesquelles une société est devenue
totalement hystérique jusqu'à aller
convoquer des gamins de huit ans dans
des commissariats de police» A juste
titre et courageusement Todd «ose» la
comparaison avec le sort des juifs
européens dans les années 30.: «Je
plaide pour qu'on les laisse tranquille,
les musulmans de France. Qu'on ne leur
fasse pas le coup qu'on a fait aux juifs
dans les années 30 en les mettant tous
dans le même sac, quel que soit leur
degré d'assimilation» en les mettant
tous dans le même sac, quel que soit
leur degré d'assimilation, quel que soit
ce qu'ils étaient vraiment en tant
qu'êtres humains. Qu'on arrête de forcer
les musulmans à se penser musulmans.»
(4)
Même analyse de
Alain Gresh du journal Monde qui
écrit: «Nous vivons en Europe la montée
de forces nationalistes, de partis, dont
l'axe de bataille n'est plus, comme dans
les années 1930, l'antisémitisme, mais
bien l'islamophobie.» Cela rejoint
aussi, une contribution que j’avais
intitulé : « Le sort des musulmans en
Europe : Des «Nuits de cristal» au XXIe
siècle ». J’écrivais notamment : « Si
rien n’est fait pour mettre un terme à
ces dérives en Europe, il arrivera aux
Musulmans ce qui est arrivé aux Juifs du
XXe siècle, des Nuits de cristal de plus
en plus récurrentes. Pour la première
fois, il y a une internationale dans le
mal qui décide de déclarer la guerre à
l’Islam. Partout dans le monde
occidental notamment, l’Islam est
combattu au nom de la doxa occidentale
qui veut que l’Islam n’est pas soluble
dans les « valeurs » des Lumière .. La
majorité des conflits actuels mettent
aux prises des musulmans avec un ordre
occidental venu lui imposer sa vision du
monde. Que l’on ne s’y trompe pas ! les
ennemis des Européens d’en bas ne sont
pas les étrangers, les mélanodermes et
les musulmans qui, les premiers, servent
de variables d’ajustement en temps de
crise, c’est justement la crise générée
par un libéralisme sauvage , une
mondialisation-laminoir qui ne fait pas
de place aux plus faibles, et qui se
faisant sont sensibles au discours de la
haine, de « l’étranger qui vient manger
le pain des français et qui suprême
provocation vient « occuper » nos rues
pour nous imposer une hallalisation
rampante de l’Europe » ».(5)
« Il arrivera un
jour prochain où le racisme antimusulman
servira d’exutoire à une mal-vie dont
les racines sont ailleurs. Les Musulmans
d’Europe même de la dixième génération
doivent accepter , comme les autres
citoyens, les lois de la République,
éviter l’ostentation et le m’as-tu-vu,
la religion devant rester pour tous du
strict ressort de la sphère privée en
espérant que la République se tienne
d’une façon équidistante des religions
et applique dans les faits, la laïcité,
rien que la laïcité, toute la laïcité .
Les Européens de confession musulmane se
doivent d’être exemplaires et montrer
que ce sont des citoyens à part entière
qui respectent les lois d’une République
qui doit montrer sa forte volonté
d’intégration en combattant
l’intolérance et les discriminations et
le discours rôdé qui veut que
l’antisémitisme est consubstantielle de
l’Islam »(5)
Qu'en est-il de
l'antisémitisme, l'arme fatale contre
les jeunes des banlieues?
Justement le
bréviaire actuel, imposé par des
organisations telles que le CRIF
diabolise les musulmans en les accusant
d'être antisémites eux-mêmes pourtant
sémites, mais chut..!! C'est une marque
déposée comme le mot génocide, ce
vocabulaire ne peut être utilisé. De
fait, en répétant sans arrêt qu'il y a
une montée de l'antisémitisme en France
et en racontant que la lutte contre
l'antisémitisme est une priorité
absolue. Les médias se font le relais de
cette propagande instillée savamment aux
décideurs acquis en créant de
l'antisémitisme là où il n'y en a pas.
De plus, pour faire
taire tous ceux qui sont vraiment de
confession juive (pratiquants ou pas)
qui osent dénoncer cette politique
malsaine, ceux qui titrent les ficelles
emploient une expression «juif honteux».
Le témoignage d'un juif qui ne rentre
pas dans la «norme» est à ce titre
édifiant: «J'ai 38 ans, je n'ai jamais
ressenti d'antisémitisme durant ma
petite vie.» En effet, à travers le
témoignage de ce citoyen de 38 ans, se
définissant lui-même comme un juif non
pratiquant, un «juif du quotidien», nous
découvrirons une autre vision de
l'antisémitisme que celle qui nous est
distribuée à longueur d'antenne par les
organisateurs de la bonne conscience.
«Il est beaucoup plus difficile en
France d'être black ou de s'appeler
Mohammed que d'être juif, ça se voit pas
si vous voulez.» (...) Tout le monde se
souvient des propos de notre Premier
ministre, qui qualifiait alors les juifs
de France «d'avant-garde de la
République». «J'ai pas envie de faire
partie de cette avant-garde surprotégée,
avec une justice à deux vitesses selon
la couleur de notre peau.» (6)
Les réactions indignées
Caleb Irri répond
au Premier ministre qui avait réagi à la
publication de l'ouvrage: En fait
lit-on, je n'écris pas pour le défendre,
mais plutôt pour vous attaquer. Allons
donc au fait, et prenons votre tribune
par le début: «Un gigantesque élan de
fraternité»: Que moins d'un citoyen sur
dix s'est déplacé: (...) Ensuite, au
niveau du «mouvement spontané»,
«populaire», «venu des citoyens
eux-mêmes», les déplacements de toutes
les personnalités présentes n'ont sans
doute pas été improvisés, et encore
moins été «spontanés». Et pour ce qui
est de la volonté des citoyens, les
médias ont suffisamment insisté pour que
nous soyons tous «Charlie» que cela est
devenu comme une sorte «d'injonction
inconsciente». (7)
«La manifestation du 11 janvier était
une manifestation contre le terrorisme.
Pas contre la religion ni pour la
tolérance. Et encore moins pour la
laïcité. C'est vous qui faites des
amalgames en estimant que cette
manifestation était aussi «un cri lancé
contre le djihadisme qui, au nom de la
foi d'un islam dévoyé, s'en prend à
l'Etat de droit, aux valeurs
démocratiques, tue des juifs, des
musulmans, des chrétiens», car vous
soulignez ainsi le caractère religieux
de l'attaque. Mais cela est faux: des
terroristes ne peuvent pas avoir de
religion, quand bien même ils s'en
revendiqueraient. «Islam dévoyé»... Non,
pas islam dévoyé. Pas islam du tout! Je
ne connais pas le Coran mais j'imagine
mal comment il pourrait indiquer à ses
adeptes de tuer des innocents, et de
tuer tout court.» (7)
Charlie Hebdo n'est pas satirique, il
est sadique
Norman Finkelstein
professeur de sciences politiques auteur
de nombreux ouvrages dont
«L'industrie de l'Holocauste.» fait des
rappels historiques et éthiques
fondamentaux, mais impensables dans une
scène médiatique française encrassée
d'aveuglement, d'ignorance et de
lâcheté. Il écrit: «Ce que les
caricatures du Prophète Muhammad
[Mahomet] par Charlie Hebdo ont réalisé
«n'est pas de la satire», et ce qu'ils
ont soulevé n'était pas des «idées», a
soutenu Finkelstein. «Mais lorsque des
gens sont misérables et abattus,
désespérés, sans ressources et que vous
vous moquez d'eux, lorsque vous vous
moquez d'une personne sans-abri, ce
n'est pas de la satire», a affirmé
Finkelstein. «Ce n'est rien d'autre que
du sadisme. Il y a une très grande
différence entre la satire et le
sadisme. Charlie Hebdo, c'est du
sadisme. Ce n'est pas de la satire.» La
«communauté désespérée et méprisée»
d'aujourd'hui, ce sont les musulmans»
«Finkelstein a
comparé les caricatures controversées de
Charlie Hebdo à la doctrine des «propos
incendiaires», une catégorie de propos
passibles de poursuites dans la
jurisprudence américaine. (...) C'est
une catégorie de propos qui n'est pas
protégée par le Premier Amendement. «Eh
bien, est-ce que les caricatures de
Charlie Hebdo sont l'équivalent des
propos incendiaires? Ils appellent cela
de la satire. (...) Si vous trouvez ça
drôle, alors représenter des juifs avec
des grosses lèvres et un nez crochu est
également drôle.» L'adhésion occidentale
aux caricatures de Charlie Hebdo est due
au fait que les dessins visaient et
ridiculisaient les musulmans». (8)
«Finkelstein, a
déclaré que les prétentions occidentales
sur le code vestimentaire musulman
révèlent une contradiction remarquable
lorsqu'on les compare à l'attitude de
l'Occident envers les indigènes sur les
terres qu'ils occupaient durant la
période coloniale. «Lorsque les
Européens sont arrivés en Amérique du
Nord, ce qu'ils ont déclaré à propos des
Amérindiens, c'est qu'ils étaient
vraiment barbares, parce qu'ils
marchaient tout nus. Les femmes
européennes portaient alors trois
couches de vêtements. Et maintenant,
nous marchons tout nus et nous
proclamons que les musulmans sont
arriérés parce qu'ils portent tant de
vêtements», «Pouvez-vous imaginer
quelque chose de plus barbare que cela?
Exclure les femmes qui portent le
voile?» (8)
Dans le même ordre,
une polémique s'est faite jour, il y a
quelques semaines. Une lycéenne s'est
vue interdire l'entrée de son lycée du
fait que sa jupe était longue. François
Dubet professeur honoraire à
l'université Bordeaux-II, s'inquiète
d'«une crispation sur la religion
musulmane». Une jupe peut-elle être un
signe religieux? La loi de 2004 prohibe
«le port de signes ou tenues par
lesquels les élèves manifestent
ostensiblement une appartenance
religieuse». Ce qui était alors en
cause, c'était le foulard. Si l'on étend
l'interdiction à la jupe, on va avoir
des problèmes. Une jupe plissée bleu
marine n'est-elle pas toujours un signe
d'appartenance à la religion catholique?
Toujours en
relation avec cette intolérance au plus
haut sommet de l’Etat, une contribution
d'Alain Badiou au Monde et
présenté par Jean Pierre Anselme
constate : « La confusion a été à son
comble quand on a vu que l’État
appelait, de façon parfaitement
autoritaire, à venir manifester. Ici, au
pays de la “liberté d’expression”, une
manifestation sur ordre de l’État ! »
Sur la trame générale de « l’Occident »
contre « l’Islamisme », apparaissent,
d’un côté, des bandes armées meurtrières
ou des individus surarmés, de l’autre,
au nom des droits de l’homme et de la
démocratie, des expéditions militaires
internationales sauvages, détruisant des
Etats entiers (Yougoslavie, Irak, Libye,
Afghanistan, Soudan, Congo, Mali,
Centrafrique…) et faisant des millions
de victimes, sans parvenir à rien qu’à
négocier avec les bandits les plus
corruptibles une paix précaire autour
des puits, des mines, des ressources
vivrières et des enclaves où prospèrent
les grandes compagnies »(9).
« On prétend ,
poursuit Alain Badiou, de ci de là que
ce n’est pas le fait d’être musulman en
soi, comme indice négatif, que visent
les caricatures de Charlie-Hebdo, mais
l’activisme terroriste des intégristes.
C’est objectivement faux(…) Le Prophète
des croyants, cible permanente de ces
stupidités, serait-il un terroriste
contemporain ? Non, cela n’a rien à voir
avec quelque politique que ce soit. Rien
à voir avec le drapeau solennel de la «
liberté d’expression ». C’est une
ridicule et provocatrice obscénité
visant l’Islam comme tel, c’est tout. Et
ce n’est rien d’autre qu’un racisme
culturel de bas étage, une « blague »
pour faire péter de rire le lepéniste
aviné du coin. Une complaisante
provocation « occidentale », pleine de
la satisfaction du nanti, envers, non
seulement d’immenses masses populaires
africaines, moyen-orientales ou
asiatiques qui vivent dans des
conditions dramatiques, mais envers une
très large fraction du peuple laborieux
ici même, celui qui vide nos poubelles,
nettoie la vaisselle, s’éreinte au
marteau piqueur, fait à cadence
accélérée les chambres des hôtels de
luxe ou nettoie à quatre heures du matin
les vitres des grandes banques. Bref,
cette part du peuple qui, par son
travail seul, mais aussi par sa vie
complexe, ses voyages risqués, sa
connaissance de plusieurs langues, sa
sagesse existentielle et sa capacité à
reconnaître ce que c’est qu’une vraie
politique d’émancipation, mérite au
moins qu’on la considère, et même, oui,
qu’on l’admire, toute question
religieuse mise de côté » (9).
« Dès le début
ajoute le philospohe, , l’Etat s’est
engagé dans une utilisation démesurée et
extrêmement dangereuse. Au crime à
motivations identitaires, il a opposé
dans les faits une motivation
identitaire symétrique. Au « musulman
fanatique » on a opposé sans vergogne le
bon Français démocrate. Le scandaleux
thème de « l’union nationale », voire de
« l’union sacrée », qui n’a servi en
France qu’à envoyer les jeunes gens se
faire massacrer pour rien dans les
tranchées, est ressorti de ses placards
naphtalinés. Il a même été possible que
le criminel de guerre coloniale
Netanyahou figure au premier rang des
manifestants, supposés venir là célébrer
la liberté d’opinion et la paix civile.
» (9).
Le maccarthysme
démocratique
Jean-François
Chazerans professeur de philosophie, a
été sanctionné car il a osé parler de
«crapules» au sujet des journalistes de
Charlie Hebdo, «J'ai prononcé le
mot crapules en pensant au Charlie de ma
jeunesse. Je n'aimais pas ce qu'ils
étaient devenus; pour moi, ils avaient
un peu viré racistes. Alors oui, je me
suis permis une petite provocation à la
Charlie...», A juste titre devant la
police de la pensée, l'écrivain Régis
Debray pointe lui aussi l'atmosphère de
«maccarthysme démocratique» qui s'empara
du 11 janvier.
Dans le même ordre,
Rony Brauman, ancien président de
Médecin sans frontières, contestait «la
rhétorique de l'intimidation morale» en
expliquant ce qui l'avait empêché de
rejoindre le cortège (Le Monde daté du
16 janvier), tandis que le philosophe
Alain Badiou raillait cette injonction à
manifester: «C'est tout juste si Manuel
Valls n'envisageait pas d'emprisonner
les absents», écrivait-il . Beaucoup
d'intellectuels ont pris la défense des
musulmans. L'historien Emmanuel Todd a
bien raison d'écrire: «Il faut prendre
la religion au sérieux.» Mais Emmanuel
pour lui l'islam est «fondamentalement
égalitaire». et Charlie Hebdo, «tape»
selon lui sur les musulmans à travers
des caricatures «insultantes».
Dans son ouvrage (Pour
les musulmans, 2014). Le journaliste
Edwy Plenel pense que «la haine de la
religion qu'exprime envers l'islam et
ses pratiquants un laïcisme intolérant,
infidèle à la laïcité originelle, est
l'expression d'un déni social: d'un
rejet des dominés» l'ouvrage de Todd est
sans concession il met à nu toute la
rouerie de la gauche qui est à bien des
égards machiavélique avec les musulmans.
1.Emmanuel Todd: Qui est Charlie?
Sociologie d'une crise religieuse mai
2015
2.Nicolas Truong
http://www.lemonde.fr/ societe/article/2015/05/07/emmanuel-todd-contre-les-illusions-de-la-france-du-11
janvier_4629131_3224.html
#Rr2rUUGIDjTIzict.99
3.Alban Dignat
http://www.herodote.net/Sociologie_d_une_crise_religieuse-article-1508.php
4.Aude Lancelin
http://bibliobs.nouvelobs.com/actualites/20150428.OBS8114/emmanuel-todd-le-11-janvier-a-ete-une-imposture.html29-04-2015
5 .
http://www.mondialisation.ca/le-sort-des-musulmans-en-europe-des-nuits-de-cristal-au-xxie-si-cle/22509
6.
http://www.cercledesvolontaires.fr/2015/04/30/je-n-ai-jamais-ressenti-d-antisemitisme/
7.Caleb Irri
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/monsieur-valls-c-est-vous-l-167136
8.
http://sayed7asan.blogspot.fr/2015/01/norman-finkelstein-charlie-hebdo-nest.html
9. Alain Badiou
cité par Jean-Pierre Anselme
http://blogs.mediapart.fr/blog/jean-pierre-anselme/290115/le-rouge-et-le-tricolore
Article de
référence:
http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur_
chitour/216033-todd-denonce-l-imposture-de-charlie.html
Professeur Chems
Eddine Chitour
Ecole Polytechnique
enp-edu.dz
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