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Algérie en phase avec le mouvement du monde

Yes we Khan: Le triomphe de la raison sur la peur

Chems Eddine Chitour


Le Pr Chems Eddine Chitour

Mardi 10 mai 2016

«Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots.»
Martin Luther King

Ça y est, le musulman Sadiq Khan a battu le juif Zac Goldsmith dans la course à la mairie de Londres! Cette phrase est volontiers provocatrice, pour m'indigner de la façon dont les médias français ont plus zoomé sur la religion du maire de Londres que sur sa valeur ajoutée. D'une élection a priori en dehors de la religion, les médias français, à de rares exceptions ont entonné- d'une façon insidieuse-, le clairon de l'ennemi de l'intérieur, du «grand changement», de l'invasion, voire l'occupation pour reprendre un terme cher à Marine Le Pen.

Qui est Sadiq Khan?

Sadiq Aman Khan est né le 9 octobre 1970 à Londres. Premier maire musulman d'une grande capitale occidentale, il a grandi dans un quartier populaire du sud de Londres. «Mon père était chauffeur de bus et ma mère couturière», raconte Sadiq Khan. J'ai dormi jusqu'à l'âge de 24 ans dans un lit superposé. Devenu avocat, spécialiste des droits de l'homme, il présidera pendant trois ans l'ONG Liberty. En 1994, il est élu conseiller municipal de Wandsworth, dans le sud de Londres. En 2005, il abandonne sa carrière d'avocat pour se faire élire député de Tooting où il vit toujours avec sa femme Saâdiya, avocate, et leurs deux filles adolescentes qui vont à l'école où il a lui-même suivi sa scolarité. «Toute ma vie, j'ai vu mes parents travailler. Alors, dès que j'ai pu, j'ai trouvé un petit boulot: livreur de journaux», déclare-t-il. Trois ans plus tard, en 2008, Gordon Brown lui offre le poste de ministre chargé des Communautés, puis celui des Transports l'année suivante. Il devient le premier musulman à siéger au cabinet d'un Premier ministre britannique.

Il défend un islam ouvert et dénonce les extrémismes. «Je serai le musulman britannique qui vaincra l'extrémisme et la radicalisation. Mon expérience fera de moi le meilleur maire pour Londres», affirme Sadiq Khan qui se revendique social-démocrate. Pour se faire élire, il a promis davantage de logements sociaux et d'investissements dans les transports londoniens. Sadiq Khan a insisté avant l'élection sur le fait que sa confession n'était que l'une des composantes de sa personnalité. «Je suis Londonien, je suis Britannique (...) j'ai des origines pakistanaises, je suis un père, un mari, un supporteur de Liverpool», a-t-il lancé à l'adresse du camp adverse qui a tenté sans relâche d'instrumentaliser sa religion pour refaire son retard.

Qui est Zaccharia Goldsmith le fils à papa millionnaire?

«Un beau gosse né avec une cuillère d'argent dans la bouche: Frank Zacharias Robin Goldsmith, dit Zac. Député de Richmond, quartier huppé dans la banlieue sud-ouest de Londres, Zac Goldsmith a étudié au collège d'Eton, une école élitiste et très coûteuse. Il en a été renvoyé pour possession de cannabis. Fils du milliardaire franco-britannique lui-même d'origine juive allemande, Jimmy Goldsmith, ex-propriétaire de l'hebdomadaire L'Express et ami de Philippe de Villiers, avec qui il a mené la liste MPF L'Autre Europe en France lors des élections européennes de 1994. Jemima, la soeur de Zac, fut un temps l'épouse du Pakistanais, joueur de cricket et homme politique Imran Khan avec lequel elle a eu deux enfants: Sulaiman Issa Khan et Qasim Khan. Zac aurait hérité près de 300 millions de livres lors de la mort de son père en 1997. De 1998 à 2006, il a été rédacteur en chef du mensuel The Ecologist, fondé par son oncle et consacré à l'écologie.(...) Londres est en plein bouleversement démographique et compte de plus en plus d'habitants immigrés (37% au dernier recensement de 2011). Ainsi, on retrouve Zac Goldmisth s'enturbanner pour célébrer la nouvelle année sikh pendant que Sadiq Khan serre des mains à la sortie de la messe le dimanche ou va à la rencontre de familles juives.» (1)

«Le dernier meeting de campagne pour la mairie de Londres du candidat conservateur, mardi, écrit Sonia Delesalle-Stolper, illustrait à merveille la réserve, le manque de charisme. Pour Zac Goldsmith, ne pas soutenir le Brexit aurait été un peu comme renier son père. Les huit enfants de Jimmy Goldsmith, tous devenus millionnaires après son décès, (...) En 2010, il est élu député de la circonscription de Richmond (sud-ouest de Londres) pour le Parti conservateur. Sa campagne pour la mairie de Londres aura été en contraste absolu avec sa voix très douce.» (2)

Une campagne électorale nauséabonde

Les coups bas ont volé. Les allusions plus ou moins subtiles à l'origine ethnique de Sadiq Khan ont donné à sa campagne un arrière-goût nauséabond. Plusieurs conservateurs modérés et lui-même ont paru parfois gênés par ce ton. «En janvier dernier, le conservateur Zac Goldsmith a estimé que son rival à l'élection du maire de Londres, le travailliste Sadiq Khan, était «radical et source de divisions».» Musulman, Sadiq Khan a estimé qu'utiliser de tels termes à son égard était dangereux: «[Zac Goldsmith] joue avec le feu. Quand on qualifie ainsi un candidat de confession musulmane, qu'est-ce qu'on sous-entend?» Zac Goldsmith a alors répliqué que Sadiq Khan «jouait la carte de la race», tout en assumant ses propos, expliquant que, sous Jeremy Corbyn (soutenu par Sadiq Khan), le Parti travailliste était devenu «radical». (...) Selon Alan Sugar, les principaux arguments de Sadiq Khan «ne sont pas ses politiques; c'est le fait qu'il est le fils musulman d'un chauffeur de bus». Pourtant, comme le rappelle Philippe Marlière, professeur de sciences politiques à l'University College de Londres, «Sadiq Khan est plutôt un modéré, contrairement à ce qu'affirme son rival Zac Goldsmith. Il ne penche pas vers la gauche du parti. Il est plus à droite, par exemple, que le chef des travaillistes Jeremy Corbyn». (3)

«Khan est clairement un musulman moderne et progressiste», estime Tony Travers, professeur à la London School of Economics, Sadiq Khan, 45 ans, est en effet une icône du cosmopolitisme, et il se présente comme tel. S'il est élu, il serait le premier musulman élu à la tête d'une grande ville occidentale. Il a déclaré: «L'extrémisme est un cancer dans la société britannique et il faut l'éradiquer. J'ai esquissé des plans solides pour éradiquer l'extrémisme et faire face à la radicalisation comme maire de Londres.» (3)

Au cours d'une campagne âpre, voire calomnieuse, le Parti conservateur ne s'est pas gêné pour alimenter la polémique sur l'antisémitisme au sein du Labour ou pour accuser Sadiq Khan, d'avoir fréquenté des extrémistes islamistes. Même le Premier ministre conservateur David Cameron avait relayé les accusations de Zac Goldsmith, sur les supposées fréquentations de Sadiq Khan avec des extrémistes islamistes. Dans une lettre envoyée à certains électeurs, le Premier ministre assurait que Sadiq Khan était «dangereux» et que s'il était élu, «les Londoniens deviendront les rats de laboratoire d'une expérience politique géante». (3)

«La campagne «nasty» (c'est-à-dire «perfide»), comme disent certains médias britanniques, de Zac Goldsmith est d'autant plus étonnante que, comme le souligne Philippe Marlière, il est considéré comme un conservateur «vert, modéré et progressiste». Mais dans cette campagne, il s'est révélé beaucoup plus à droite et surtout très agressif. (...) Pour cette élection du 5 mai, les priorités des habitants sont surtout les questions du logement, perçu comme trop cher et insuffisant, et des transports, surpeuplés.»(3)

Le communautarisme est-il compatible avec les valeurs de la République?

«Existera-t-il un Sadiq Khan un jour en France? Tahar Ben Djelloun semble penser que Sadiq Khan a été élu par les musulmans perpétuant ainsi la vision clanique communautariste. «Dans Soumission écrit-il, Michel Houellebecq imaginait un musulman élu président de la République française. Cette éventualité est très peu probable, non pas parce que les Français ont peur de l'islam, mais parce que jamais les musulmans de ce pays n'arriveraient à se mettre d'accord pour être représentés dans leur diversité par une personne.» (4)

Ce n'est pas vrai! les Musulmans ne représentent qu'un million sur les 8,4 millions. Il a été élu parce qu'il apporte un programme: «Je veux être là pour tous les Londoniens, de toutes confessions, pour les millionnaires, les milliardaires, les chauffeurs de bus et les internes en médecine.»

Rappelons que la communauté est une forme d'organisation sociale qui suppose un lien organique entre ses membres, qui s'ancre dans la vénération des ancêtres, la valorisation du passé, les liens de sang, ethniques ou religieux. Dans une communauté, ces liens nous unissent malgré nous, avant même que nous soyons considérés comme des personnes autonomes. Justement on accuse à tort le modèle britannique de favoriser les extrémismes et on l'oppose au modèle de la laïcité à la française. C'est faire fi de l'histoire des droits de l'homme dans ce pays avec l'habéas corpus act de 1679. Il n'est que de voir comment l'imam de la mosquée de Foxbury, un fief salafiste, a bénéficié de tous les recours pendant plusieurs années avant d'être expulsé en Jordanie. Ceci est inconcevable ailleurs.

« Existera-t-il un Sadiq Khan un jour en France ? Tahar Ben Djelloun semble penser que Sadiq Khan a été élu par les musulmans perpeétuant ainsi la vision clanique communautariste « Dans Soumission écrit-il, Michel Houellebecq imaginait un musulman élu président de la République française. Cette éventualité est très peu probable, non pas parce que les Français ont peur de l'islam, mais parce que jamais les musulmans de ce pays n'arriveraient à se mettre d'accord pour être représentés dans leur diversité par une personne ». (4) Ce n’est pas vrai ! les Musulmans ne représentent qu’un million sur les 8,4 millions. Il a été élu parce qu’il apporte un programme : « Je veux être là pour tous les Londoniens, de toutes confessions, pour les millionnaires, les milliardaires, les chauffeurs de bus et les internes en médecine. »

Phillippe Bernard rapporte, cependant à titre d’exemple une des conséquences du communautarisme : « L'Angleterre écrit-il est secouée par une affaire qui illustre a contrario l'importance du statut des établissements et de leur mode de gestion, pour la préservation du « vivre-ensemble ». A Birmingham, deuxième ville du royaume, un rapport d'inspection de 21 écoles publiques a révélé, le 9 juin, l'existence d'« un climat de crainte et d'intimidation » lié à la volonté de certains gestionnaires d'imposer une idéologie islamiste. (…) Les responsables de l'une de ces écoles cherchent à « promouvoir une idéologie communautaire et étroite basée sur la foi », ajoute le document ». (5)

Certes aucun pays ne veut accueillir sur son pays des terroristes. Certes il existe une réticence vis à vis de l’Islam entretenue notamment par les médias mais on ne sent pas le même acharnement partout . « Pour Danièle Joly, directrice du Centre de recherche sur les relations ethniques de l'université de Warwick (centre), le communautarisme n'est pas le problème . « Il a plusieurs sources au problème, en particulier la façon dont les politiques multiculturelles ont été appliquées Elles étaient adaptées aux premières générations d'immigrants qui s'organisaient pour travailler avec les autorités, mais le profil démographique de la population immigrée a évolué et ceux nés ici ne s'identifient plus aux traditions de leurs parents ni aux jeunes Anglais blancs. Et alors que “la société britannique a donné sa place à l'islam”, souligne-t-elle, le terrorisme, la politique étrangère de Londres et l'hostilité des médias à l'encontre des musulmans ont contribué à “gâter les choses”. “Ce cumul de facteurs a insufflé aux jeunes musulmans le sentiment d'être mis à l'écart et a participé à la radicalisation” et à la politisation d'une partie d'entre eux, estime-t-elle » (6)

Cette contribution du site le Droit Humain sur le communautarisme et sa compatibilité en France avec la République nous parait digne d’intérêt et résumer l’essentiel du débat : « … Ce concept polysémique désigne, en France, un fait social, un phénomène socio-politique, voire une dérive, plutôt qu’une idéologie. opposé à l’idéal républicain. Il désigne, alors, une forme de socio-centrisme, d’ethnocentrisme qui donne la priorité à la communauté sur l’individu et qui a pour conséquence l’enfermement de la personne, l’entrave à la liberté individuelle par assignation de l’individu à sa communauté. D’autre part, il peut signifier primauté des règles du groupe sur la loi républicaine. (…) Le renouveau du fait communautaire est récent en France. (…) De nombreuses communautés ont ainsi affirmé leur existence dans un contexte propre à la France, avec l’importance du fait colonial, ou, à cause de phénomènes récents : crise économique, difficultés d’intégration, immigration de plus en plus diverse. Aujourd’hui la société française peut paraître de plus en plus atomisée et la conscience collective peut sembler très affaiblie à cause des origines multiculturelles et surtout de la croissance des inégalités ».(6)

« Face à ces inégalités, un tiers des Français considèrent que la République est une promesse non tenue. Les « ratés de l’intégration » expliquent, pour certains, le développement des communautés refuge, protectrices. Les difficultés économiques, les pertes de repères entraînent la tentation du repli sur soi, de l’entre soi : la recherche identitaire se fait à travers l’appartenance communautaire, même si les mariages mixtes sont nombreux en France et acceptés par une majorité. Depuis quelques années, les communautés s’affirment en France et expriment des revendications nouvelles vis-à-vis de l’Etat républicain. (…) Même si certaines revendications inquiètent, on ne peut nier le rôle social et l’intérêt des communautés qui servent de médiateur pour les primo arrivants, d’intermédiaire avec l’Etat. (…) Les revendications communautaires peuvent, cependant, être dangereuses pour la République si elles risquent d’entraîner la fin de la communauté républicaine des citoyens, ou si elles sont contraires aux principes républicains. (…) L’Etat doit s’efforcer de délimiter les frontières entre ce qui est tolérable et ce qui ne l’est pas. Il est nécessaire d’être vigilant mais les enjeux doivent être identifiés. (…) On peut considérer comme dérives communautaristes tout ce qui menace la cohésion sociale, l’ordre public, la liberté individuelle, l’égalité des droits. Cependant, les communautés qui existent en France paraissent dans l’ensemble s’exprimer de manière modérée et ne refusent pas l’intégration à la communauté des citoyens ». (7)

« Actuellement la République est souvent sollicitée par les revendications religieuses. (…) Le ministre de l’Intérieur a accepté la demande du CRIF d’éviter de placer des examens au moment de la Pâques juive. (…) S’il n’est absolument pas question de réviser la loi de 1905, il semble nécessaire de donner leur place aux religions apparues récemment dans l’espace social français qui sont ignorées par la loi (…) Il est temps, alors, de se poser une autre question, comment concilier la République universaliste à laquelle nous sommes attachés avec le pluralisme de fait de la société actuelle. (…) Au XXIème siècle, les citoyens français sont obligés d’admettre qu’ils vivent dans une société complexe et différenciée sur le plan culturel et religieux, qu’il est nécessaire de penser la différence, même s’ils considèrent comme fondamentaux les principes universalistes de la laïcité, de l’égalité.(…) L’intégration, si l’on reprend les termes du Haut Conseil à l’Intégration: « consiste à susciter la participation active à la société toute entière, de l’ensemble des hommes et des femmes appelés à vivre durablement sur notre territoire». Mais la République pour « faire des égaux », doit pratiquer une intégration inclusive, par une lutte constante et effective contre toutes les discriminations et les injustices. (…) Pour concilier la diversité des origines et la cohésion sociale, la diversité culturelle et l’intégration dans une même communauté de citoyens solidaires, il n’y a pas de solutions miracle, pas de solutions simples en tout cas. On peut s’en approcher avec la volonté d’agir dans un cadre républicain en affirmant l’universalité de l’humain ». (7)

Le Grand remplacement : la terreur entretenue

Un filon que celui de Renaud Camus –avec son concept de grand remplacement que de surfer sur les peurs et d brandir le spectre d’une invasion à rebours. Tous les Zemmour, les Menard se sont engouffrés dans la brèche d’autant que ça fait vendre. Jean Bonnevey écrit à ce sujet : « Ce qui est incontestable, c’est qu’un descendant de colonisés devient maire d’une ville de plus en plus cosmopolite et de moins en moins anglaise. Le symbole est fort. Qu’en aurait dit Kipling ? Les peuples colonisés, chez eux hier, sont devenus les immigrés d’aujourd’hui chez nous. La loi de la démographie transforme cette immigration de différentes natures en une immigration de peuplement et de remplacement, de substitution, en tout cas de submersion. Le changement parait irréversible. C’est d’ailleurs le thème du prémonitoire « soumission » de Houellebecq où le président français est un Sadik Khan de chez nous » (8).

Poursuivant sa rhétorique Jean Bonnevey annonce une inexactitude : « En revanche s’ il n’y a eu qu’indirectement un vote religieux, il y a eu de toute évidence un vote ethnique. Tous les « coloured « qui le pouvaient ont voté avec les travaillistes convaincus pour le candidat issu de la diversité et des milieux populaires. (.. ;) Quand aux blancs londoniens, les plus modestes ont voté pour le candidat travailliste sans tenir compte de ses origines pour son programme. Il faut bien voir que le candidat conservateur est une caricature d’une certaine oligarchie d’origine juive, (…) Contre le grand remplacement mieux vaut donc un Johnson qu’un Goldsmith, cela aussi est une leçon de Londres » (8).

Sur le même site Bernard Plouvier le contredit : « (…) Le recensement de l’An 2011 a démontré que le nombre de musulmans (muslims) avait doublé en dix années. (…) les muslims n’y sont qu’un million sur les 8,4 millions d’habitants. Le problème est donc double. (…) On avait déjà observé le phénomène aux USA lors des deux élections de Barak-Hussein Obama : il avait récolté 95% des voix de Noirs, mais aussi 40% des voix de Blancs. Quels que soient ses mérites intrinsèques, le nouveau maire ne pouvait l’emporter par les seules voix musulmanes, (…) Il s’agit de réfléchir à un simple phénomène de continentalisme : les Européens veulent-ils ou non demeurer les maîtres en Europe ? Tant que cette question n’aura pas été résolue par l’affirmative, le continent ira dans le sens souhaité par les maîtres du métissage universel ».(9)

Dans le même ordre on connait la haine de Robert Menard pour les Musulmans surfant sur les peurs il a été élu comme maire dans une petite localité du Sud de la France Pour Thierry de Cabarrus : « Robert Menard n'en loupe pas une ! Robert Ménard a une fois de plus brillé par son ignorance et sa bêtise en postant un énième tweet aussi provoquant qu'affligeant. Selon lui, l'élection de Sadiq Khan à la mairie de Londres est un signe que "le grand remplacement est en cours". Une fois de plus, le maire de Béziers Robert Ménard vient de battre un record dans les domaines de la bêtise et de l’abjection.(…) On pourrait rejeter ce genre de délire avec mépris, considérer qu’après tout ce triste personnage, élu à Béziers grâce au soutien du Front national, reste dans le droit fil de ses actions précédentes les plus contestables (…) » (10)

Pourtant, le climat qui règne en France interdit de prendre à la légère ce genre de déclarations qui ne fait qu’encourager encore davantage les soupçons qui pèsent sur les étrangers, les immigrés et plus généralement, "les autres". Ceux que l’on ne peut ranger complètement dans le tiroir identitaire le plus rassurant, celui des Français de souche, aux "racines chrétiennes", selon la formule de Nicolas Sarkozyet si possible, de "race blanche", comme disait Nadine Morano. Robert Ménard, une fois de plus, surfe sur les peurs de nos concitoyens les plus fragiles, ceux qui sont aux prises avec les plus grandes difficultés matérielles dans leur vie quotidienne, ceux qui, inquiets pour leur avenir et celui de leurs enfants, finissent par regarder comme des ennemis les boucs émissaires qu’il leur présente » (10).

Pourtant comme le souligne l’auteur : « (…) Mais ce serait oublier que Ahmed Aboutaleb, le maire de Rotterdam arrivé à l’âge de 15 ans du Maroc avec ses parents dans le plus grand port d’Europe, remplit son rôle d’élu depuis neuf ans sans provoquer le moindre scandale ni attenter aux traditions des habitants des Pays-Bas. (…) Sadiq Khan n’est pas "que" musulman, même si vu de France, il est parfois montré comme l’heureux élu d’une guerre entre deux politiques d’identité fondamentalement différentes : face à un héritier conservateur, Zac Goldsmith, fils d’un aristocrate milliardaire, il représente la méritocratie, le gamin issu d’un milieu très défavorisé qui parvient à lever tous les obstacles de l'ascension sociale grâce à des qualités propres exceptionnelles : intelligence, bagout, culot, ambition démesurée etc . En réalité, le camp conservateur de Zac Goldsmith a favorisé cette vision d’un combat qui aurait été purement identitaire. (…) C’est cette déformation opportuniste (…) qui autorise aujourd’hui Robert Ménard à annoncer ce qu’on pourrait appeler le début de la fin de la culture occidentale. (…) Sadiq Khan l’a dit : il est européen, britannique, mais avant tout Londonien. Et tant pis pour ceux, qui comme Robert Ménard, ne voient en lui rien d’autre qu’un musulman ». (10

Que dire en conclusion ?

S’il est normal que du point de vue identitaire des citoyens d’un pays se sentent menacés par une éventuelle invasion, il est par contre anormal que des politiciens en mal d réel projet de société surfent sur les peurs. Ceci a existé dans tous les régimes par tout les temps. Cette haine de l’autre est exacerbée par la diminution de l’espace vital de chacun, par la disparition de l’opulence qui a permit à l’Occident après avoir terrassé ruiné et épuisé les ressources du Sud, se permet de parler de droits de l’homme , dont on s’aperçoit qu’en réalité, ils concernent les droits de l’Homme Blanc ! N’est ce pas en effet , Jules Ferry, le colonialiste acharné, père de l’Ecole Républicaine qui du haut d la tribune de l’Assemblée Nationale Française a pu dire sans être contredit : « les droits de l’Homme ne sont pas valables dans les colonies ! »

Pourtant les épaves humaines que sont devenues les migrants appartiennent à la même humanité ! Arrêtons de jouer les races supérieures et méditons sur ce que Dieu proclame Lui-même : Essayons de voir ce que l’on a en commun dans nos différences. Londres – patrie de l’habéas corpus –première tentative de codifier les droits de l’homme en Europe-300 ans avant la Déclaration des Nations Unies- à coup sûr se détache du reste du monde comme ville monde ou se côtoient 300 langues où chacun suit son essence mais demeure citoyen avec des droits et des devoirs.

Certes, des dérives sont constatées çà et là, souvenons-nous des 50 morts du métro de Londres en 2005. Mais on ne sent pas cette pesanteur qui commence à gagner l'Europe et notamment la France et la Belgique. Une situation d'exception qui ne règle pas le problème de fond, à savoir l'échec de la République en théorie, sa forte volonté d'intégration sans désintégration identitaire, porteur de névroses, de malvie et dont les irruptions relèvent plus du social que de l'aspect religieux.

Peut on rêver à l’avènement d’un monde plus juste où seule la valeur intrinsèque , le poids spécifique dirait Jacques Berque , compte. Alors arrivera un moment sur Terre quelque soit la latitude seule la compétence comptera seule l’engagement comptera seul le dévouement comptera l’appartenance par la naissance, l’histoire à un pays aura de moins en moins cours Les citoyens du monde – mondialisation oblige- seront amenés à migrer à aller là où l’herbe est plus verte, là où on reconnait leur talent.

Naturellement, en écrivant cela j'ai bien conscience que je dois, en tant qu'Algérien, faire d'abord mon introspection et me poser la question du vivre ensemble avec des personnes qui n'ont pas le même vécu que moi: est-ce que les Algériens acceptent les étrangers? Est-ce que nous verrons un jour un Malien ou un Somalien maire d'Alger? Nous nous gargarisons de versets religieux que nous n'appliquons pas: «La noufarikou baina a'djami oua arabi illa bitakoua» «Nous ne faisons pas de différence entre un Noir ou un Arabe qu'à l'aune de la croyance en Dieu» (Sermon d'adieu du Prophète Qsssl). L'islam abolit toutes les différences entre les hommes quelles que soient leurs conditions sociales et sans discrimination de race. On comprend que dans nos actes quotidiens, nous en sommes loin et qu'il faut saluer l'exemple de Londres qui montre plus que jamais qu'avec le vivre ensemble, la parole désarmée, l'utopie est possible.

1. http://www.lepoint.fr/monde/londres-va-t-elle-elire-un-maire-musulman-28-04-2016-2035530_24.php

2.Sonia Delesalle-Stolper, Correspondante à Londres - 4 mai 2016 à 20:21 http://www.liberation.fr/planete/2016/05/04/zac-goldsmith-le-fils-a-papa-millionnaire_1450645

3.Maâti Bargach, Tudor Tepeneag http://www.rfi.fr/europe/20160503-municipales-londres-sadiq-khan-zac-goldsmith-candidats-tout-oppose

4. Tahar Ben Jelloun: Existera-t-il un Sadiq Khan un jour en France? Le Point. Fr 06/05/2016

5. http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1512358-sadiq-khan-elu-a-la-mairie-de-londres-la-reaction-abjecte-et-ridicule-de-robert-menard.html#xtor=EPR-2-[ObsActu17h]-20160507

1.http://www.lepoint.fr/monde/londres-va-t-elle-elire-un-maire-musulman-28-04-2016-2035530_24.php

2.Sonia Delesalle-Stolper, Correspondante à Londres — 4 mai 2016
http://www.liberation.fr/planete/2016/05/04/zac-goldsmith-le-fils-a-papa-millionnaire_1450645

3.Maati Bargach, Tudor Tepeneag http://www.rfi.fr/europe/20160503-municipales-londres-sadiq-khan-zac-goldsmith-candidats-tout-oppose

4. Tahar Ben Jelloun Existera-t-il un Sadiq Khan un jour en France ? Le Point. Fr 06/05/2016

5.Philippe Bernard http://www.lemonde.fr/idees/article/2014/06/30/l-angleterre-dans-le-piege-du-communautarisme-scolaire_4447819_3232.html#KLTo7pklj3yhROg4.99

6.http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2007/01/30/article.php?sid=48907&cid=26

7 http://www.droithumain-france.org/le-communautarisme-est-il-compatible-avec-les-valeurs-de-la-republique/

8.Jean Bonnevey http://metamag.fr/2016/05/07/grand-remplacement-la-preuve-par-londres/

9.Bernard Plouvier, http://metamag.fr/2016/05/07/un-muslim-maire-de-londres/

10..http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1512358-sadiq-khan-elu-a-la-mairie-de-londres-la-reaction-abjecte-et-ridicule-de-robert-menard.html#xtor=EPR-2-[ObsActu17h]-20160507

Article de référence : http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur _chitour/241172-le-triomphe-de-la-raison-sur-la-peur.html

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

Publié le 10 mai 2016 avec l'aimable autorisation de l'auteur

 

 

   

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Source: Chems Eddine Chitour
http://chems.over-blog.com/...

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