Les enjeux
de la vie internationale
Les Israéliens veulent Netanyahu
Charles Enderlin
© Charles Enderlin
Mardi 10 février 2015
Dans Haaretz,
dimanche dernier, Rogel Alpher met enfin
les pieds dans le plat. Rien n’y fera,
le public israélien veut Benjamin
Netanyahu. L’arithmétique est sans
appel. Le Premier ministre sortant
pourra, après les élections, former une
coalition gouvernementale majoritaire
regroupant le Likoud, les autres
éléments de la droite nationaliste et
les partis ultra-orthodoxes. Une
majorité d’israéliens, écrit Alpher,
glorifie son armée, vénère la mémoire de
l’Holocauste, soutient la poursuite de
la colonisation, s’oppose – pour une
raison ou une autre - à un accord avec
les Palestiniens, et favorise le
renforcement de l’identité nationale
religieuse de l’état.
Le dernier sondage de l’Institut pour
la démocratie à Jérusalem le confirme :
54,7% des personnes interrogées pensent
que le bloc de droite va former le
gouvernement après le scrutin. Seuls
29,6% estiment que ce sera le bloc
centre gauche. 47,3% se prononcent pour
la droite. 41 % sont en faveur de
l’opposition actuelle. A moins d’un
glissement inattendu de l’opinion public
avant le scrutin du 17 mars, Netanyahu
devrait gagner son pari et former un
gouvernement selon son cœur, sans les
centristes qu’il déteste. Exit Tzipi
Livni qui voulait à toute force négocier
avec Mahmoud Abbas. Exit Yaïr Lapid et
son équipe de députés aux critiques
insupportables. En d’autres termes, le
résultat prévisible du vote est moins
important que la campagne électorale
elle même, avec un grand absent : le
conflit avec les Palestiniens. 66,5% des
personnes interrogées dans le cadre de
ce sondage, pensent que des négociations
entre Israël et l’Autorité palestinienne
n’aboutiront pas à un accord de paix au
cours des années à venir. L’argument de
la communication gouvernementale est
parfaitement intégré par la majorité des
Israéliens : « C’est la faute à Mahmoud
Abbas ! ». Bien sur, Benjamin Netanyahu
répète qu’il est toujours en faveur
d’une solution à deux états telle qu’il
l’avait définie dans son discours à
l’Université Bar-Ilan en 2009, mais
ajoute que les Palestiniens l’ont «
vidée de son contenu. Au lieu de
négocier, ils vont à la Cour pénale
internationale de La Haye pour y accuser
le soldats israéliens de crimes de
guerre ». Exit le processus de paix.
Iran Iran
A sa grande satisfaction, c’est
l’affaire du nucléaire iranien qui est
omniprésente dans les médias israéliens,
grâce à l’invitation concoctée par Ron
Dermer, l’ambassadeur d’Israël aux Etats
Unis et John Boehner, le président de la
chambre des représentants. Netanyahu
prendra la parole devant les deux
chambres du Congrès le 3 mars, deux
semaines avant les élections en Israël.
Cela, en dépit de toutes les réactions
négatives à cette initiative. La colère
de la Maison blanche. Le président des
Etats Unis n’a pas été consulté comme le
voudrait le protocole le plus
élémentaire. Le Premier ministre
israélien, invité uniquement par les
Républicains prononcera un discours
critiquant la politique iranienne de
Barack Obama. Furieux, le
Vice-président, Joe Biden, le président
de la chambre des représentants a
annoncé qu’il ne serait pas là.. De
nombreux parlementaires démocrates,
devraient l’imiter. Ceux là seront punis
par les pro-Netanyahu, de la droite de
la communauté juive. Selon Politico,
Matt Brooks, le directeur de la « Jewish
Republican Coalition » : « Nous
utiliserons toutes les ressources
nécessaires pour que les gens sachent
qu’au lieu de soutenir Israël et le
Premier ministre Benjamin Netanyahu dans
son opposition à un Iran nucléaire, (ces
démocrates) ont choisi une attitude
partisane en soutenant le président
Obama » Cette organisation est
financée en partie par Sheldon Adelson,
le milliardaire qui, en Israël, possède
le quotidien gratuit Israël Hayom. Cet
organe de presse soutient Netanyahu
contre vents et marées. Face à un
congrès divisé, et alors que des
personnalités juives de premier plan -
comme Abe Foxman, le patron de la Anti
Defamation League – lui conseillent de
ne pas venir, le Premier ministre
israélien annulera-il son voyage à
Washington ?
Un extraordinaire sentiment
de puissance
Que non ! Au cours d’une soirée
électorale à Jérusalem, devant quelques
centaines de francophones, il a lancé :
« De même que je suis allé à Paris,
j’irai partout où je serai invité à
présenter la position d’Israël face à
ceux qui veulent nous détruire. Je le
ferai non pas en tant que Premier
ministre de l’Etat d’Israël mais comme
représentant du peuple juif dans son
ensemble ».
Netanyahu à Paris, jouant des coudes en
tête du cortège des dizaines de
dirigeants venus soutenir la France
après les attentats à Charlie Hebdo et à
l’Hyper Cachère.. Puis, invité à prendre
la parole devant les deux chambres du
congrès à Washington contre l’avis du
président américain. Aucun autre homme
politique au monde ne peut se permettre
de telles initiatives. De nombreux
électeurs israéliens adorent cette
extraordinaire image de puissance qu’il
projette ainsi. Mais, cela va bien au
delà de la simple manœuvre
électoraliste, En fait, Benjamin
Netanyahu poursuit la mission dont il se
considère investi : faire face à la
menace de destruction qui, de génération
en génération, depuis la haute antiquité
plane sur le peuple juif. Pour cela, il
doit rester à la tête du gouvernement
israélien et lutter partout où c’est
possible pour empêcher un accord sur le
nucléaire iranien. Garder le contrôle de
la Terre d’Israël ? C’est quasiment
fait. Avec plus de 400000 israéliens
habitant la Cisjordanie, la probabilité
d’un accord paraît extrêmement faible Et
si les palestiniens veulent un état, ils
doivent reconnaître Israël comme l’état
nation du peuple juif. Ils refusent et
donc inutile d’en parler.
Voir: Rogel Alpher:
http://www.haaretz.com/opinion/.premium-1.641287
Sondages:
http://en.idi.org.il/media/3875187/Peace_Index_Data_January_2015-Eng.pdf
Politico:
http://www.politico.com/story/2015/02/benjamin-netanyahu-israel-congress-114965.html
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