Les enjeux de la vie internationale
Tensions
Charles Enderlin
© Charles
Enderlin
Lundi 2 décembre 2013
Ayant terminé le montage de mon film
(reste l’étalonnage et la postproduction
qui seront réalisés à Paris au cours des
prochaines semaines), et de retour à
Jérusalem, après un séjour exceptionnel
d’une semaine au Québec, je reprends le
chemin de mon blog.
Samedi soir, deux éléments dans le
journal de la chaîne 10.. Les
manifestations des Arabes israéliens
contre la loi Prawer-Begin qui prévoit
la relocalisation des Bédouins du Néguev
(http://www.haaretz.com/news/features/a-primer-on-the-proposed-bedouin-resettlement-in-the-negev.premium-1.519738)
Des affrontements violents ont eu lieu
près de Houra, la localité bédouine, à
Haïfa, Jaffa et à Jérusalem. Le bilan :
28 arrestations et plusieurs dizaines de
blessés dont une quinzaine de policiers.
Le texte a été adopté en première
lecture par la Knesset.
Selon l’opposition il s’agit de
déplacer 40000 Bédouins qui perdraient
une partie de leurs droits à la terre.
Cette agitation vient s’ajouter à
la tension croissante qui règne en
Cisjordanie où les accrochages et les
incidents sanglants sont de plus en plus
fréquents.
Obama-Netanyahu:
retour à la case départ
Autre
tension, politique celle là..
Rien ne va plus entre Barack Obama et
Benjamin Netanyahu. Le correspondant à
Washington de la chaîne a révélé que le
président des États Unis a
fait passer un message au Premier
ministre israélien par l’intermédiaire
d’un ami commun, une importante
personnalité juive américaine. :
« Baissez le ton de vos attaques contre
l’accord de Genève sur le nucléaire
iranien ! Cessez d’inciter des membres
du Congrès contre le Président ! Vous
n’apprécieriez certainement pas si la
Maison blanche intervenait auprès de
membres de la Knesset pour leur demander
d’agir contre leur Premier ministre »..
En d’autres termes, les relations
entre les deux hommes sont revenues à ce
qu’elles étaient avant la visite
effectuée par le président des États
Unis en Israël en mars dernier pour se
réconcilier avec le chef du gouvernement
israélien. C’est donc à nouveau la
confrontation.
Barack Obama ne
devrait pas être surpris, et cela pour
deux raisons. D’abord, parce que
Benjamin Netanyahu, lors de difficulté
avec l’administration américaine a
toujours fait intervenir ses amis à
Washington. Premier ministre de 1996 à
1999, pour affronter le Président Bill
Clinton, il a utilisé les bons services
de la droite républicaine. Il s’agissait
de Newt Gingrich, le président de la
Chambre des représentants, et du
prêcheur d’extrême droite Jerry Falwell.
Il avait le soutien de ses amis
néoconservateurs, parmi lesquels Richard
Perle, Douglas Feith, Elliott Abramas.
Ces derniers lui avaient fait parvenir,
après son élection, un texte
intitulé : « Une nouvelle stratégie
pour conserver le royaume », lui
conseillant d’abandonner le principe
d’échanger les territoires pour la
paix.. Revenu au pouvoir en 2009,
Netanyahu a régulièrement contré les
initiatives d’Obama dans le dossier
palestinien, grâce aux Républicains et
aux organisations pro israéliennes,
surtout AIPAC, le lobby formé de
personnalités juives.
L’autre raison
tient de l’enseignement de son père,
Benzion Netanyahu. Ce dernier, historien
de renom a développé une théorie selon
laquelle l’antisémitisme a vu le jour
des siècles avant la naissance du
christianisme. Régulièrement, au fil de
l’histoire, le peuple juif a du
affronter des persécutions précédées
de campagne de déshumanisation
soigneusement préparées. De même,
pensait-il, toute paix avec les Arabes
est impossible en raison de leur nature
intrinsèque, et le danger existentiel
auquel Israël fait face c’est l’Iran.
Des décennies de
rejet d’Israël et de menaces proférées
par les Ayatollahs, depuis l’arrivée au
pouvoir de Khomeini en 1979, ont
confirmé Benjamin Netanyahu dans sa
certitude et sa vision qu’il est
impossible de faire confiance à un
président iranien quel qu’il soit. Pour
lui, Hassan Rohani est un menteur et les
puissances occidentales ont commis une
erreur historique en concluant l’accord
de Genève. Hier soir, premier décembre,
en voyage officiel à Rome, allumant une
bougie de Hanouca dans la grande
synagogue, il a déclaré : « Nous ne
permettrons pas que l'Iran ait une force
atomique qu'il puisse utiliser contre
nous et face à la menace, nous agirons
en temps voulu, si c’est nécessaire. Je
ne garderai pas le silence si Israël est
en danger. Comme tout le monde le sait,
en tant que Premier ministre israélien
je mets en garde tous les jours contre
les dangers du programme nucléaire
iranien. »
Selon certaines
sources, Israël a, ces dernières années,
dépensé plus de deux milliards d’euros
pour préparer une opération contre le
nucléaire iranien.
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