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CBC News
Un
officier canadien observateur de l'ONU tué par un bombardement
ciblé israélien venait d'envoyer à sa famille un mél
décrivant des crimes de guerre israéliens. Sa veuve témoigne
Cynthia
Hess-von Kruedener est persuadée
que son mari, Paeta, et trois autres observateurs de
l’Onu,
ont été visés délibérément
par Israël, lors du bombardement de leur
poste d’observation.
Photo CBC News
on CBC News (Canada), 6 février 2008
http://www.cbc.ca/canada/ottawa/story/2008/02/06/ot-von-kruedener-080206.html?ref=rss
Un observateur militaire de l’Onu a envoyé
chez lui, au Canada, des méls indiquant qu’Israël était en
train de bombarder des écoles et de mener « une campagne de
terreur contre le peuple libanais », juste avant d’être
tué par une bombe israélienne, au Liban, a déclaré sa veuve.
Le Major Paeta Hess-von Kruedener, de
Kingston (Ontario), membre de la Princess Patricia’s Canadian
Light Infantry, fut l’un des quatre observateurs militaires de
l’Onu à avoir été tué lors d’un bombardement d’un poste
de l’Onu clairement identifié, par l’armée israélienne, le
25 juillet 2006 (au cours de la deuxième guerre du Liban, ndt).
Cynthia Hess-von Kruedener a dit que la
mission de son mari consistait à faire des rapports sur les
hostilités dans la région où il était affecté, et qu’elle
est persuadée que c’est précisément la raison pour laquelle
le poste d’observation de l’Organisation de Supervision de la
Trêve (relevant) des Nations-Unies [United Nations Truce
Supervision Organization (UNTSO)] a été pris pour cible par
l’armée israélienne, en dépit des dénégations israéliennes,
selon lesquelles il se serait agi d’un « bombardement
accidentel » [!].
« A l’évidence, le fait que des
observateurs voient ce qu’ils faisaient ne leur plaisait pas du
tout… Peut-être ce mél les gênait-il terriblement, lui aussi ?
» a-t’elle expliqué. « Tout ce que je sais, c’est que
mon mari faisait état de crimes de guerre... J’imagine que les
Israéliens ne veulent pas avoir à rendre des comptes sur ce
genre de chose… »
Mme Hess-von Kruedener a expliqué que si
elle a décidé d’en parler publiquement, cette semaine, c’est
parce qu’un rapport d’un comité d’enquête de l’armée
canadienne vient d’être publié, au sujet de ce bombardement,
et que ce rapport laisse beaucoup de questions sans réponse.
Le rapport, rendu public le 31 janvier, rend
l’armée israélienne responsable de l’incident, mais il
constate aussi que l’armée israélienne a refusé de fournir,
parmi les documents qu’on lui avait demandés, autre chose
qu’un résumé de sa propre enquête interne, « insuffisamment
détaillé pour pouvoir explorer certaines questions jusqu’au
fond. » Le rapport indique que l’Onu a, elle aussi, refusé
de fournir des documents pourtant nécessaires à l’enquête.
Un porte-parole du gouvernement israélien,
Ariyeh Mekel, a déclaré, mercredi, à Jérusalem, qu’Israël
est en train d’examiner le rapport canadien, et qu’il n’est
pas encore en mesure d’y répondre. Mekel a, par ailleurs, présenté
les condoléances d’Israël [un signe ? ndt] aux familles
des quatre observateurs tués dans le bombardement.
Mme Hess-von Kruedener a fait savoir
qu’elle n’est absolument pas satisfaite de la réponse du
gouvernement canadien, lequel, affirme-t-elle, n’a même pas
protesté contre le refus d’Israël de coopérer à
l’investigation.
« Vous savez, dans ce genre de
situation, vous vous attendez à ce que votre gouvernement
retrousse les manches et fasse ce qu’il y a à faire… Mais tel
ne semble pas avoir été le cas… », a-t-elle dit.
« Aussi, nous sommes simplement… Nous ne savons plus à
qui nous adresser. Nous sommes hors de nous, et paumés. Voilà,
oui, c’est ça… »
Le
Premier ministre veut aller au fond des choses
Le Premier ministre canadien, Stephen Harper,
avait déclaré, peu après le bombardement, qu’il ne pensait
pas qu’Israël ait visé délibérément le poste
d’observation de l’Onu, mais qu’il allait demander à son
homologue israélien Ehud Olmert « sa pleine coopération
dans l’obtention de toute la vérité, à ce sujet. »
Israël a déclaré que l’attaque était
accidentelle, mais il a reconnu sa responsabilité dans les
erreurs qui, selon lui, auraient conduit à ce bombardement.
Dans une déclaration publiée mercredi, Mme
Hess-von Kruedener a appelé la Chambre des Communes à débattre
des conclusions du rapport de la commission d’enquête, en présence
du ministre des Affaires étrangères, et de porter la question
devant le Conseil de Sécurité et l’Assemblée générale de
l’Onu.
Elle a aussi demandé à ses concitoyens de
s’engager, en écrivant à leurs députés.
« Je sais que mon mari, Paeta, aurait voulu, lui aussi, que la
communauté internationale élève la voix », a-t-elle dit.
« Je ne suis qu’une voix… J’ai absolument besoin que
d’autres personnes prennent la parole, et disent que les choses
ne peuvent pas rester en l’état. »Traduit
de l’anglais par Marcel Charbonnier
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