La destruction du centre culturel de
Gaza :
un terrorisme qui risque de coûter cher
à Israël...
CAPJPO-EuroPalestine
Lundi 10 septembre 2018
Dans le monde entier, des artistes et
des associations s’indignent du
bombardement volontaire par Israël du
centre culturel Said Al-Mishal, un
bâtiment de cinq étages totalement
détruit la semaine dernière par des
avions de combat israéliens qui ont
lancé 10 roquettes pour l’anéantir. On
comprend qu’Israël ne supporte pas
l’existence même d’une culture
palestinienne, mais ce geste atroce
pourrait bien avoir la force d’un
boomerang. Car celles et ceux qui
pensaient qu’"il ne faut pas mélanger la
culture et la politique" vont mieux
comprendre la justesse de la campagne
BDS lancée par les Palestiniens.
Jeunes artistes palestiniens faisant
de la musique devant leur centre
culturel détruit.
"Nous avons perdu
notre théâtre à Gaza : Le théâtre ASHTAR
condamne avec une grande colère et une
profonde douleur l’attaque brutale de
l’occupation israélienne sur le théâtre
Al Mishal à Gaza, qui a réduit à zéro
l’immeuble de six étages. Al Mishal
était le siège du groupe de jeunes
d’ASHTAR à Gaza depuis 2008. Il avait
été le lieu de plusieurs productions du
théâtre ASHTAR ; « Les Monologues de
Gaza », « Roméo et Juliette à Gaza »,
« Hanin », « Le Jardin des Fleurs »,
« Les Enfants d’Hercule » et beaucoup
d’autres… ", indique Iman Aoun,
Directeur artistique du théâtre ASHTAR .
"Al-Mishal était l’un des rares
endroits à Gaza – l’une des zones
les plus densément peuplées de la
planète – où il nous a été possible
d’échapper à l’étouffement que nous
subissons. Certains de mes souvenirs
les plus vifs sont attachés à cet
endroit. Je me souviens de mes
fréquentes retrouvailles avec mes
amis et ma famille pour un spectacle
ou une pièce de théâtre et d’autres
activités culturelles. Je me
souviens de l’époque où je dansais
la Dabka sur scène et sautais
joyeusement comme un oiseau libre en
voyant le public si séduit,
souriant, chantant, applaudissant et
faisant un effort pour rester assis.
Je me souviens des promenades que
nous avons passées de là à la plage
pour manger quelque chose ou prendre
une boisson pendant que nous
regardions le coucher du soleil.
Le Centre a été
aplati au sol. Le son horrible de cette
frappe aérienne résonne encore dans ma
tête et les images de sa destruction me
gardent éveillée la nuit", écrit
Shahd Abusalama.
Cette artiste
palestinienne de Gaza, qui étudie
actuellement au département consacré aux
Médias et au Moyen-Orient à l’Université
de Londres, et qui tient le blog
"Palestine From my Eye", analyse :
"Le centre culturel
Said al-Mishal était peut-être une très
bonne représentation de la lutte
palestinienne : produit dans des
circonstances hors du commun, voulant
désespérément s’exprimer, être visible,
être reconnu… mais pour finir réduit au
silence par les forces d’occupation.
Le paysage familier
de Gaza a subi un processus de
distorsion et d’éradication. En 2014,
une attaque contre Gaza a fait
disparaître des quartiers entiers. Les
bâtiments qui étaient comme des repères
pour nous, où nous passions et
rencontrions des amis, ont été
transformés en décombres en quelques
années.
Nous savons que le
théâtre Said al-Mishal n’a pas été la
première institution culturelle à être
prise pour cible et ne sera pas la
dernière. Cela dit, on ne peut pas
considérer ce crime en dehors de
l’effacement et de l’élimination
systématiques de l’existence, de
l’histoire et de la culture
palestiniennes depuis 1948.
Depuis la création
d’Israël, parallèlement à la destruction
de la Palestine historique et à la
purification ethnique des Palestiniens,
les milices sionistes ont volé des
milliers de livres, peintures,
enregistrements musicaux et autres
artefacts dans des maisons,
bibliothèques et bureaux gouvernementaux
palestiniens.
Il s’agissait d’une
politique coloniale délibérée visant à
effacer la Palestine de la mémoire
historique et à effacer toute trace pour
les peuples autochtones, leur histoire
et leur identité culturelle. Il devenait
alors plus facile de revendiquer une
réalité imaginaire où « les Palestiniens
n’existent pas » – comme le premier
ministre israélien Golda Meir l’a dit
franchement en 1969 – ou
représenteraient une poignée de tribus
primitives et sans culture.
Même s’ils effacent
toutes nos traces en Palestine, nos
corps continueront à porter l’évidence
traumatique de ces crimes sionistes
permanents. S’ils effacent notre
patrimoine culturel matériel, ils ne
parviendront pas à effacer notre
mémoire. Nous resterons la preuve
vivante qui défie les mythes historiques
et l’image de soi angélique qu’Israël
veut se donner."
" Un endroit où ils ont assisté à
des spectacles et célébré des remise
de diplômes … Israël est la
définition même du terrorisme. Que
va faire l’ @UNESCO pour un tel
crime ?’, interroge notre ami
Ayman Qwaider de l’équipe de @GazaCinema
Des acteurs connus et des
directeurs en Grande Bretagne ont
publié une lettre dans le quotidien
The Guardian pour dénoncer le
silence des principaux médias face à
"une perte dévastatrice pour une
communauté déjà isolée. »
"Le centre était
considéré comme un repère culturel à
Gaza, possédant un théâtre, une
bibliothèque et des bureaux pour des
associations artistiques. Il était aussi
utilisé comme centre de récréation pour
des enfants affectés par les trois
guerres entre Israël et le Hamas pendant
la décennie écoulée. Les artistes
travaillant au centre nient les
déclarations israéliennes d’utilisation
du centre par le Hamas.
Nous sommes
profondément choqués que cet acte de
destruction n’ait pas été rapporté
largement dans la presse britannique.
Nous soutenons tous les efforts pour
continuer la mission d’Al-Mishal et la
campagne pour une reconstruction du
centre. »
Les signataires
britanniques de la lettre incluent Vicky
Featherstone, la directrice artistique
du Royal Court theatre, ainsi que
Phyllida Lloyd, qui a dirigé le film
Mamma Mia ! et The Iron Lady,
Mike Bartlett acteur, Jonathan Chadwick
Directeur et acteur, Caryl Churchill
actrice, EV Crowe actrice, April De
Angelis actrice, Elyse Dodgson, David
Greig artiste, directeur artistique,
Royal Lyceum Theatre, Stephen Jeffreys
artiste, Phyllida Lloyd Directrice,
Rufus Norris Directeur, National Theatre,
Penelope Skinner artiste, Richard Twyman,
directeur Artistique
Les associations des Amis du
Théâtre de la Liberté de Jénine et
des Amis d’Al Rowwad, le centre
culturel du camp de refugies d’Aïda
communiquent :
"Nous savons à quel
point la création culturelle en
Palestine est une arme de résistance à
l’oppression exercée par Israël qui
colonise la Palestine depuis 70 ans ILes
artistes et autres acteurs culturels de
Gaza et de Cisjordanie donnent un
magnifique exemple de résistance à la
barbarie. Le bombardementt du centre
culturel Said Al-Mishal de Gaza n’est ni
un hasard ni un dommage collatéral.
Israël prétend que c’était une cache
d’armes. En réalité Israël a voulu faire
taire les voix qui célèbrent la
Palestine, la liberté, l’ouverture au
monde et la volonté du retour.
Israël tente de détruire la valorisation
du patrimoine culturel et la création de
nouvelles expressions culturelles par
peur de la force de jeunes artistes qui
chantent, dansent, jouent l’espoir de
toutes les générations de réfugiés.Nous
dénonçons vigoureusement cette nouvelle
attaque et nous exprimons tout notre
soutien à l’équipe du centre culturel
Said Al-Misha, comme à tous les acteurs
de l’art et de la culture en lutte pour
une Palestine libre."
EuroPalestine : EST-IL UTILE
D’AJOUTER QUE LORSQUE ISRAEL VIENDRA
PRÉSENTER EN FRANCE SA "CULTURE" ET
DES SPECTACLES DESTINÉS À BLANCHIR
SES CRIMES, NOUS N’OUBLIERONS PAS LA
DESTRUCTION DE CE CENTRE CULTUREL ?
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