Les officines sionistes
françaises ne savaient plus à quel
saint se vouer, lundi, à la suite de
la publication, par la commission
des Affaires étrangères de
l’Assemblée Nationale, d’un rapport
dénonçant enfin, et de manière
parfaitement explicite, le régime
d’apartheid imposé par Israël au
peuple palestinien.
Le rapport, « La géopolitique de
l’eau », est disponible sur le lien
suivant :
http://www.assemblee-nationale.fr/13/rap-info/i4070.asp
La mission parlementaire
d’information, qui a remis son
rapport le mois dernier, était
composée de 11 députés de tous
partis : Lionnel Luca (UMP,
Alpes-Maritimes, Président de la
mission) ; Jean Glavany (PS,
Hautes-Pyrénées, rapporteur) ;
Nicole Ameline (UMP, Calvados) ;
Jacques Bascou (PS, Aude) ; Claude
Birraux (UMP, Haute-Savoie) ; Alain
Bocquet (PC, Nord) ; Gilles
Cocquempot (PS, Pas-de-Calais) ;
Jean-Claude Guibal (UMP,
Alpes-Maritimes) ; Jean-Pierre
Kucheida (PS, Pas-de-Calais) ;
Renaud Muselier (UMP,
Bouches-du-Rhône), et Jean-Marc
Nesme (UMP, Saône-et-Loire).
La lecture du document, d’un peu
plus de cent pages, est réellement
instructive, tant la question de
l’eau et des ressources en eau pour
l’humanité est un enjeu fondamental
pour l’avenir de la société.
Un chapitre consacré au Tibet
rappelle, par exemple, que cette
région, au-delà de ce qu’en retient
généralement le public avec les
apparitions régulières du dalaï-lama
à la télévision, est tout simplement
le siège des ressources en eau de 3
milliards d’êtres humains, Chinois
et Indiens confondus.
Le chapitre consacré, sur une
vingtaine de pages, au
Proche-Orient, remet lui aussi les
pendules à l’heure, en démontrant
par A + B que depuis les origines,
l’Etat d’Israël n’a eu de cesse de
s’emparer des ressources en eau de
la région et d’en priver les
populations non juives.
Tandis que les habitants de la
bande de Gaza sont aujourd’hui ceux
du monde qui ont le moins d’eau
propre disponible par habitant,
leurs frères et sœurs de Cisjordanie
en ont pour leur part 10 fois moins
que les colons juifs qui volent
leurs terres.
Comment nommer un tel crime, une
telle situation ? « APARTHEID ! »,
répondent les auteurs du rapport,
dont voici les conclusions,
concernant Israël.
« Encadré n°3 : L’eau,
révélatrice d’un nouvel apartheid au
Moyen Orient Mise en place en 1948
par le premier ministre F. Malan,
l’apartheid a vu le développement
différencié des groupes ethniques en
Afrique du Sud pendant un demi
siècle.
Cette politique consistait à la
fois en une ségrégation raciale et
spatiale (cloisonnement des
populations noires et "coloured"
dans des espaces confinés appelés
bantoustans) mais aussi en une
ségrégation citoyenne, les libertés
d’une partie de la population
(restriction du droit d’aller et
venir, du droit de se rassembler
dans les lieux publics, violences
policières) étant bafouées. L’odieux
régime de l’apartheid a pris fin en
Afrique du Sud au début des années
90, avec la libération de Nelson
Mandela et des prisonniers
politiques, le compromis courageux
entre M. de Klerk et Mandela et les
premières élections libres de 1994
confiant massivement le pouvoir à
l’ANC African National Congress, le
parti de Mandela.
Bien sûr, comparaison n’est pas
forcément raison : la Palestine
n’est pas l’Afrique du Sud, et les
années 2010 ne sont pas celles
d’avant 1990. Pourtant, il est des
mots et des symboles qui par leur
force peuvent avoir une vertu
pédagogique.
Or, tout démontre, même si bien
peu nombreux sont ceux qui osent
employer le mot, que le Moyen-Orient
est le théâtre d’un nouvel
apartheid. La ségrégation y est
raciale mais comme on n’ose pas le
dire, on dira pudiquement «
religieuse ». Pourtant, la
revendication d’un état « Juif » ne
serait-elle que religieuse ?
La ségrégation est spatiale
également : le mur élevé pour
séparer les deux communautés en est
le meilleur symbole. La division de
la Cisjordanie en trois zones, A, B
et C en est une autre illustration :
L’armée israélienne a transféré à
l’Autorité palestinienne la
responsabilité des affaires civiles,
c’est-à-dire la fourniture de
services à la population, dans les
zones A et B. Ces deux zones, qui
contiennent près de 95 % de la
population palestinienne de
Cisjordanie, ne représentent que 40
% du territoire. La zone C reste
entièrement placée sous l’autorité
de l’armée israélienne. Cette zone
représente 60 % du territoire de la
Cisjordanie, avec toutes les
réserves foncières et l’accès aux
ressources aquifères, ainsi que
toutes les routes principales.
La ségrégation est aussi hautaine
et méprisante (« ces gens-là ne sont
pas responsables »…répètent à
l’envie certains responsables
israéliens), vexatrice et humiliante
(les passages aux check point sont
restreints ou relâchés sans
prévenir) voire violente (la
répression des manifestations fait
régulièrement des morts…).
C’est donc bien d’un « nouvel
apartheid » qu’il s’agit.
Et dans cette situation, l’eau
est ainsi un élément particulier du
conflit entre Palestiniens et
Israéliens, au point qu’elle
constitue le « 5ème volet » des
accords d’Oslo. La Déclaration
d’Oslo du 13 septembre 1993
reconnaît les droits des
Palestiniens sur l’eau en
Cisjordanie. L’accord intérimaire de
Taba du 28 septembre 1995 prévoit un
partage des eaux jusqu’à la
signature d’un accord permanent.
Mais ce partage est incomplet : il
ne porte que sur les aquifères ; le
Jourdain en est exclu, les
Palestiniens n’y ayant plus accès.
Ensuite il gèle les utilisations
antérieures et ne répartit que la
quantité d’eau encore disponible,
c’est dire 78 mètres cubes de
l’aquifère oriental. Il est donc
très défavorable aux Palestiniens
qui n’exploitent que 18 % des
aquifères ; soit 10 % de l’eau
disponible sur le territoire.
C’est pourquoi sans règlement
politique global, on voit mal
comment ce qui est devenu un
véritable "conflit de l’eau"
pourrait trouver une solution.
Quelles sont donc les
caractéristiques de ce « conflit de
l’eau » ? Du point de vue « hydrique
», il concerne avant tout le fleuve
Jourdain, où sont réunis tous les
éléments prompts à déclencher une «
crise de l’eau » : depuis le début
du conflit, guerre après guerre, les
« extensions territoriales »
d’Israël, qu’on le veuille ou non,
s’apparentent à des « conquêtes de
l’eau », que ce soit des fleuves ou
bien des aquifères.
Or, l’eau est devenue au
Moyen-Orient bien plus qu’une
ressource : c’est une arme.
Pour comprendre la nature de
cette « arme » au service de ce «
nouvel apartheid », il faut savoir,
par exemple, que les 450 000 colons
israéliens en Cisjordanie utilisent
plus d’eau que 2,3 millions de
Palestiniens. Sachons aussi entre
autres multiples exemples que :
la priorité est donnée aux colons en
cas de sécheresse en infraction au
droit international ;
le mur construit permet le contrôle
de l’accès aux eaux souterraines et
empêche les prélèvements
palestiniens dans la « zone tampon »
pour faciliter l’écoulement vers
l’ouest ;
les « puits » forés spontanément par
les Palestiniens en Cisjordanie sont
systématiquement détruits par
l’armée israélienne ;
à Gaza les réserves d’eau ont été
prises pour cible en 2008-2009 par
les bombardements.
et comme les zones A et B ne sont
pas d’un seul tenant, mais
fragmentées en enclaves entourées
par des colonies israéliennes et par
des routes réservées aux colons,
ainsi que par la zone C, cette
configuration entrave le
développement d’infrastructures
performantes pour
l’approvisionnement en eau et
l’évacuation des eaux usées. La
plupart des Palestiniens résident
dans les zones A et B, mais les
infrastructures dont ils dépendent
se trouvent dans la zone C ou la
traversent. Les déplacements des
Palestiniens dans la zone C sont
limités ou interdits ; l’armée
israélienne autorise rarement les
travaux de construction ou
d’aménagement.
On peut citer plusieurs exemples
de stations d’épuration programmées
par le ministère palestinien de
l’Eau et qui sont « bloquées » par
l’administration israélienne.
Les Israéliens reprochent aux
Palestiniens l’existence de puits
non contrôlés responsables de
pompages excessifs et d’une
salinisation des aquifères. Ils
citent l’exemple de Gaza où
l’aquifère est en passe d’être
perdu. Ils reprochent également
l’absence de traitement des eaux.
Seuls 31 % des Palestiniens sont
raccordés. Mais le Comité n’a
approuvé que 50 % des projets
palestiniens, avec d’énormes
retards, alors que son autorisation
doit encore être suivie d’une
autorisation administrative pour la
zone C. L’appropriation des
ressources par les colonies et par
le tracé du mur est également
troublant. La surexploitation des
aquifères est avérée.
Les Israéliens se fondent sur la
théorie de la première appropriation
pour défendre leurs droits et
refusent toute gestion partagée dans
une vision sécuritaire de l’eau.
Israël propose des solutions,
parfois intéressantes, mais où il
garderait la maîtrise de l’eau. Il a
semblé à la mission que le pays
préférerait abandonner les
aquifères, en finissant de
développer le dessalement, plutôt
que de mettre en place une gestion
partagée. Il n’y aura pas de partage
de l’eau sans solution politique sur
le partage des terres.
Pourtant, un comité conjoint sur
l’eau (Water joint committee) a été
créé par les accords d’Oslo II. Il a
compétence pour toutes les questions
d’eau relative aux seuls
Palestiniens sur le territoire de la
Cisjordanie. Ce n’est donc pas un
organisme de gestion partagée et
encore moins de bassin. Il
fonctionne en outre sur le mode du
consensus ce qui donne de facto un
pouvoir de veto à Israël »
(extrait du rapport «
Géopolitique de l’eau », Assemblée
Nationale, décembre 2011)
Ayant fini de réveillonner, le
député sioniste du très bling bling
16ème arrondissement de Paris Claude
Goasguen ne s’est réveillé que ce
lundi matin 9 janvier, pour
s’époumoner et rameuter contre le
rapport de ses collègues. Qu’il
braille donc. Nous serions pour
notre part plutôt enclins à le
féliciter pour avoir fait la
promotion du document, et s’être
ainsi tiré une balle dans le pied.
C’est quand il veut pour la
deuxième.
CAPJPO-EuroPalestine