"Comme on peut s’y attendre, le
gouvernement israélien prévoit une
résistance contre ce nouveau projet,
de sorte que celui-ci inclut des
mesures violentes pour assurer son
application. Le projet, qui suit
actuellement le processus législatif
à la Knesset, va bientôt devenir une
loi.
Le but du projet est de forcer les
Bédouins à renoncer au peu de terres
dont ils disposent encore. A cette fin,
il expose clairement une procédure
brutale, violente et destructrice, qui
recourt aux pressions familiales, aux
bulldozers et à l’incarcération.
Le projet de loi est rédigé de
manière embrouillée, de sorte que la
majorité des membres de la population
bédouine sera incapable même de
comprendre ce que le gouvernement lui
présente. Ironiquement, il est attendu
qu’ils formulent leurs commentaires par
internet.
Le gouvernement consacre une énorme
quantité d’argent à l’envoi d’émissaires
chargés de « convaincre » les Bédouins
qu’il est de leur intérêt d’accepter le
projet. Dans le même temps, les médias
coopèrent avec le gouvernement en
passant sous silence tout ce qui se
rapporte aux protestations et aux
critiques contre ce dangereux projet.
Ainsi, les deux surprenantes
manifestations de Bédouins – plus de
10.000 à Beer Sheva et 6.000 autres à
Jérusalem – n’ont reçu aucune couverture
dans la presse hébraïque. La machine
médiatique que le gouvernement utilise
couvre aussi, bien entendu, la
communauté juive, de sorte que même les
amis des Bédouins ne comprennent pas
pourquoi ceux-ci n’acceptent pas à bras
ouverts le nouveau projet de loi.
Voici juste quelques éléments qui
vous en montreront la monstruosité.
1. Le recours cynique aux pressions
familiales pour contraindre davantage de
Bédouins à accepter le projet.
Les membres de la population bédouine
ne sont pas intéressés par des
compensations financières pour leurs
terres. Ce sont les terres elles-mêmes
qu’ils veulent. Une personne peut
recevoir jusqu’à 50% de sa terre en
compensation foncière – SI – elle
convainc TOUTE sa fratrie et TOUS ses
cousins d’accepter la procédure
projetée, et à signer qu’ils renoncent à
leurs droits de propriété (de nouveau,
contre seulement 50% de compensation
foncière). Cependant, au cas où l’un ou
l’autre des frères et sœurs n’est pas
disposé à céder ses terres au
gouvernement, dès lors TOUS les autres
percevront une compensation foncière
moindre et une compensation monétaire
insignifiante.
Que signifie cela ? sinon qu’il y
aura des querelles au sein de toutes les
familles bédouines. Tous les Bédouins
sont des humains… ils ne seront pas
toujours d’accord. En conséquence,
quelqu’un recevra beaucoup moins de
terres parce que son frère aura refusé
de renoncer à son bien. Dès lors, ils ne
se parleront plus pendant des
générations. De penser que le
gouvernement est en train de créer cette
sorte de dissensions entre des familles
est épouvantable.
2. Selon le projet de loi, quand le
moment est venu de « dégager » une
partie du territoire des Bédouins, la
procédure est la suivante :
• Le premier ministre signe la
décision selon laquelle cette zone
particulière doit être maintenant
dégagée.
• Les Bédouins disposent de deux
semaines pour tout enlever : structures,
animaux, arbres, personnes et mobiliers.
• Le gouvernement peut alors tout
démolir sur la zone et incarcérer pour
deux ans quiconque s’y trouverait
encore.
Le projet empêche aussi
l’intervention de tribunaux, en posant
qu’il n’est pas besoin d’un arrêt du
tribunal pour la démolition des
structures, et qu’un tribunal peut tout
au plus retarder d’une semaine le «
dégagement » de la zone.
D’ici cinq ans, ce processus sera
accompli sur le territoire entier des
villages non reconnus. Où s’en iront les
gens ? Rien ne le spécifie. Est-ce que
le gouvernement doit pourvoir ceux qu’il
expulse d’un autre endroit où ils
iraient ? Rien ne l’indique. Est-ce que
les habitants des villages, tandis
qu’ils sont évacués, ont le moindre
pouvoir de décision quant à l’endroit où
ils devront aller ? Rien n’en fait
mention….
Actuellement, les Bédouins ne
disposent pas d’un territoire suffisant
pour y vivre à l’aise. Selon une morne
statistique, chaque Bédouin vivant dans
une communauté rurale dispose en moyenne
d’un demi-acre de terre pour
l’agriculture (un acre = environ 4050
m2, soit moins d’un demi-hectare). . Par
comparaison, chacun des Juifs habitant
une communauté rurale du Néguev possède
plus de 6 acres. Et il importe de
rappeler qu’il y a beaucoup plus de
Bédouins ruraux qui vivent de
l’agriculture qu’il n’y en a parmi les
Juifs. Le projet, s’il aboutit, réduira
la surface des terres agricoles
bédouines de ½ acre à 0,001 acre par
personne… autant dire qu’il s’agit de la
fin, de la destruction totale de la vie
bédouine traditionnelle et de la
capacité à vivre de la terre. Ce qui est
dévastateur, si l’on prend en
considération le fait qu’environ 20% des
Bédouins vivent aujourd’hui de
l’agriculture…
Que pouvez-vous faire ?
Avant toute chose, contacter vos élus et
leur demander de poser à Israël des
questions gênantes sur sa politique
envers les Bédouins. Vous disposez ici
de quantité d’informations. Faites-en un
libre usage.
Contribuer à diffuser cette information.
Du fait que les Bédouins forment une
communauté affaiblie, le gouvernement
israélien a le sentiment qu’il peut
faire tout ce qu’il veut envers cette
population, sans que personne s’en
soucie. Montrons-lui que nous nous en
préoccupons.
Commencer à bombarder les membres du
gouvernement de vos fax, courriels,
appels téléphoniques. En voici la
principale teneur :
"Nous en appelons au gouvernement
israélien pour qu’il prenne des mesures
relatives à l’intégration régionale de
la communauté arabe bédouine du Néguev,
sur les principes du partenariat, de
l’égalité, des droits de l’homme et
d’une prospérité future pour tous les
résidents du Néguev."
Pour plus d’informations, contactez
Dr. Yeela Raanan,
negevbedouin@gmail.com
Documents quotidiennement actualisés
sur l’occupation israélienne :
http://www.btselem.org
http://www.ochaopt.org
http://www.kibush.co.il
(Traduit de l’anglais par
Anne-Marie PERRIN pour CAPJPO-EuroPalestine)