Opinion
Ne pas acheter de produits israéliens,
c’est ne pas cautionner le racisme !
Capitaine Martin
Vendredi 21 février 2014
Le Proche-Orient
nous semble bien lointain, mais Israël
et les États-Unis sont pourtant très
proches en dépit de la distance qui les
sépare : Tel-Aviv a ainsi coûté à chaque
Américain la somme de 21,59 dollars en
2011. Ce sont les chiffres avancés par
« l’US campaign to end the occupation »,
une confédération de 380 associations
qui se battent pour mettre fin à
l’occupation israélienne en Palestine.
Mais ce n’est pas tout : sans même sans
rendre compte, le citoyen étasunien
contribue à bien des égards à financer
quotidiennement et indirectement
l’apartheid israélien. Ce n’est pas
difficile : il suffit de descendre au
supermarché local et d’acheter des
produits en provenance des zones
occupées. On extorque en effet là-bas
les ressources vitales des Palestiniens
dans un contexte de véritable régime
colonial. C’est ce qu’affirme le
New-Yorkais Alex Kane, rédacteur en chef
d’AlterNet
et collaborateur à
Mondoweiss, un blog consacré à la
couverture de la politique étrangère
américaine au Proche-Orient. Les
entreprises qui profitent le plus de
cette manne se nomment Sodastream
(machines à eau gazeuse et concentrés
pour machines à soda), Sabra (sauces),
Ahava (cosmétiques) mais aussi
Hewlett-Packard et Motorola.
« Les
consommateurs ne le savent pas »,
écrit Alex Kane, mais l’achat de ces
produits renforce l’occupation militaire
israélienne en Palestine qui dure
maintenant depuis quarante-six ans. « Certaines
de ces entreprises ont des usines
situées dans l’une des cent-vingt-cinq
colonies officiellement connues en
Palestine, lesquelles sont parfaitement
illégales aux yeux du droit
international ». D’autres
entreprises contribuent au maintien de
l’occupation en coopérant avec les
forces de défense israéliennes, tout en
sachant que l’objectif principal de
Tsahal est de protéger les colonies et
d’exercer sa domination sur la vie de
millions de Palestiniens. L’achat
« innocent » de ces produits participe
ainsi de facto aux bénéfices des
entreprises qui exploitent les terres et
les ressources palestiniennes.
Sodastream, qui transforme l’eau du
robinet en eau gazeuse et autres
boissons gazéifiées, a été
le carton israélien de l’année 2010 :
introduite en bourse, la société a
rapidement connu une capitalisation de
780 millions de dollars, soit environ
vingt fois les bénéfices attendus en
2012.
Dans sa publicité,
l’entreprise déclare faire de la « sensibilisation
à la protection de l’environnement l’un
de ses credo ». Mais le côté le
moins progressiste de Sodastream, écrit
Alex Kane, réside dans le siège de son
entreprise situé à Mishor Adumim, la
zone industrielle de la colonie de
Ma’ale Adumim, non loin de Jérusalem. La
compagnie affirme pourtant ne pas violer
le droit international, arguant du fait
les Palestiniens profitent directement
de sa présence. Pourtant, l’association
Who profits ? pointe la
souffrance des ouvriers qui y
travaillent, utilisés comme une force de
travail peu payée et menacée de
licenciement à la moindre velléité de
justice sociale. Sodastream renforce
dans les faits le processus de
colonisation en tuant toute possibilité
d’État palestinien viable.
Il en est de même
pour Sabra, le célèbre fabricant de
sauces à base de pois chiches et de
graines de sésame parfumées d’essences
méditerranéennes. Les Américains en sont
fous. Selon le Huffington Post,
l’entreprise israélienne a gagné 60 % du
marché étasunien. Problème : Sabra est
détenue en partie par la
société israélienne Strauss Group,
qui apporte sans équivoque son soutien à
certaines unités d’élite parmi
lesquelles
la brigade Golani, responsable de
certaines opérations sanglantes opérées
contre des civils à Gaza pendant
l’opération « Plomb durci ». D’après
Alex Kane, le groupe Strauss ne se
contente pas d’équiper les soldats
israéliens de kits alimentaires et de
produits de soin personnel ; « il
soutient financièrement cette unité
militaire par le biais d’activités
culturelles et éducatives. Parmi ces
dernières, on trouve pêle-mêle les aides
économiques apportées aux soldats
défavorisés, la construction
d’installations sportives et
récréatives, des livres et des jeux pour
les foyers du soldat ».
L’analyste
étasunien ne s’arrête pas là. Il accuse
aussi un autre grand producteur de
condiments israélien, Tribe Hummus. La
société est détenue en partie par
Osem, qui collabore avec le Fonds
national juif. Ce dernier a joué un rôle
clé avant la création de l’entité
sioniste en participant avec le
fondateur d’Israël, David Ben Gourion,
au nettoyage ethnique en expulsant des
Palestiniens de leurs terres. C’était en
1948. Devenu depuis propriétaire de 13 %
des terrains en Israël, le FNJ travaille
aujourd’hui en étroite collaboration
avec le gouvernement israélien à la
destruction des villages palestiniens.
La gamme de
produits Ahava est quant à elle
largement distribuée aux États-Unis.
Ahava signifie « amour » en hébreu.
Mais Alex Kane rappelle que « ce que
la société a fait en Cisjordanie ne sera
jamais indiqué sur les emballages de la
marque ». Ahava a en effet exploité
illégalement les ressources naturelles
palestiniennes, en premier lieu la
fameuse boue de la Mer morte que la
société a extraite en totale violation
du droit international qui interdit
l’exploitation des ressources d’un
territoire occupé. L’industrie
technologique n’est pas en reste : peu
de gens savent que le colosse mondial
Hewlett-Packard (imprimantes,
ordinateurs, Smartphones, etc.) possède
également EDS Israel, la société qui
contrôle, par le biais de la biométrie,
les travailleurs palestiniens à tous les
check-points. Et depuis 2009, HP gère
les informations de la marine militaire
et de l’armée israéliennes tout en
collaborant au projet « smart city »
dans la colonie illégale d’Ariel en
Cisjordanie.
Contrairement à
l’Afrique du sud, qui a aboli
l’apartheid sur son sol en 1991, Israël
refuse de sortir du suprémacisme
colonial qui donne des avantages
particuliers à une culture, à une
ethnie, à une religion. L’Union
européenne est le premier partenaire
commercial de l’entité sioniste. De
surcroît, les produits en provenance du
territoire israélien bénéficient de
tarifs préférentiels qui les exemptent
pratiquement de droits de douane aux
termes d’un accord d’association conclu
entre l’État hébreu et l’Union
européenne. L’arme par laquelle chacun-e
d’entre nous peut peser dans la balance
en touchant au cœur le système
d’oppression sioniste est le boycott.
C’est aussi un moyen pour amener, par la
pression d’en bas, les gouvernements et
les institutions à réagir sur le plan
politique. C’est surtout la moindre des
choses de ne pas contribuer, de quelque
manière que ce soit, au financement d’un
des derniers États racistes au monde.
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