Opinion
Le sport palestinien dans la ligne de
mire israélienne
Capitaine Martin
Photo:
D.R.
Lundi 14 avril 2014
L’autorité nationale palestinienne
(ANP) avait demandé au début du mois,
par la voix de son président Mahmoud
Abbas, son adhésion à quinze agences et
traités internationaux. La réponse ne se
fit pas attendre. Courroucée par
la hardiesse de cette démarche,
l’entité sioniste a annoncé récemment
des sanctions financières contre les
autorités de Ramallah. Le reversement
des taxes collectées par les
Palestiniens est gelé jusqu’à nouvel
ordre. Parmi les autres sanctions
d’ordre économique, Israël a suspendu sa
participation au développement d’un
champ gazier au large de Gaza et
va dans le même temps plafonner les
dépôts bancaires palestiniens dans ses
établissements financiers. De sombres
perspectives qui inquiètent peut-être
les dirigeants de l’ANP mais qui
n’épouvantent pas le peuple palestinien,
puni tous les jours par l’occupation
israélienne dans tous les aspects de la
vie courante.
Le 11 avril se déroulait le marathon de
Palestine, dont le départ était donné de
l’église de la Nativité à Bethléem.
Le parcours longeait le mur de sinistre
mémoire et passait notamment par les
camps de réfugiés d’Al Ayda et de
Dheisheh. Le sport devrait en principe
rapprocher les hommes. C’était sans
compter sur les autorités israéliennes
qui, comme l’an dernier, ont empêché les
athlètes gazaouis de participer à
la fête. Pour
se dédouaner, la juge Daphné
Barek-Erez
a simplement avancé que « le
pouvoir judiciaire n’avait pas à
intervenir dans les décisions prises par
le ministère de la défense ».
Parmi les athlètes victimes du blocus
figure
Nader al-Masri. Ce n’est pas un
inconnu dans le milieu des sports
d’endurance. Il a participé à plus de
quarante compétitions internationales
parmi lesquelles les Jeux olympiques de
Pékin, en 2008. Gisha, une association
qui milite pour la liberté de mouvement
des Palestiniens, a tenté de contester
le refus en arguant qu’un document du
ministère autorisait les habitants de
Gaza à se rendre en Cisjordanie pour « participer
à des conférences ou des événements
organisés par l’autorité palestinienne ».
Une pétition a même été lancée pour
l’occasion. En vain.
Nader al-Masri est bien évidemment déçu.
« Cela fait trois mois que je
m’entraîne pour cette épreuve et je
pouvais logiquement viser la première
place. Et au dernier moment, on
m’interdit sans raison d’en prendre le
départ. Cette décision est inique. Je
suis un athlète. Je ne fais que
pratiquer mon sport. Je n’ai rien fait
de mal ». Comme des milliers
d’autres Palestiniens, l’athlète a été
touché de plein fouet par les décisions
arbitraires des autorités d’occupation.
Aux restrictions imposées par Israël
s’ajoutent également celles qu’a prises
l’Égypte à l’encontre de la population
de Gaza.
Bahaa al-Farra, un compagnon de
course de Nader al-Masri, en sait
quelque chose. Il a participé en août
2012 aux Jeux olympiques de Londres.
C’était sa dernière sortie à l’étranger.
L’athlète est retenu depuis à Gaza. Les
Égyptiens ne le laissent pas sortir par
Rafah ; les Israéliens lui ont
interdit quant à eux la sortie par
Erez. Bahaa n’a pourtant pas perdu
la foi ; il espère être présent en
2016 à Rio de Janeiro pour la XXXIème
olympiade.
La carrière sportive de
Jawhar Nasser (19 ans) et d’Adam
Habaliya (17 ans) est en revanche
déjà arrêtée. Les deux petites perles du
football palestinien ont été tirées
comme des lapins à un check-point par
des soldats israéliens. Selon les
militaires, leur position menaçait
d’être attaquée par les deux garçons.
Les deux victimes prétendent qu’on a
délibérément visé le bas du corps sans
sommation alors qu’ils se rendaient au
stade Faisal al-Husseini. Jawhar a reçu
en tout onze projectiles : sept dans le
pied gauche, trois dans le pied droit et
un dans la main. Adam a été touché par
deux balles : une dans chaque pied. Ils
ne pourront plus jamais jouer au
football en compétition.
Capitaine Martin
Les dernières mises à jour
|