Palestine
Face au
sionisme, pas un seul pas en arrière
Comité Action Palestine
Vendredi 27 novembre 2015
En France, le mouvement de solidarité
avec la Palestine est marqué par son
hétérogénéité politique. Mais au-delà
des croyances, des doctrines et des
pratiques, ce mouvement devrait s’unir
autour de la justice et la liberté comme
horizon indépassable. Pas de justice
sans liberté et pas de liberté sans
justice. Les Palestiniens ne veulent pas
de nos larmes ni de notre compassion
pleurnicharde. Encore moins du discours
formel sur la « paix ». Ils souhaitent
tout simplement que nous exprimions ici,
dans l’espace occidental, leur volonté
politique : la libération de la
Palestine.
Si le mouvement
de solidarité devait avoir une mission à
remplir, ce serait celle d’être l’écho
de la société palestinienne qui résiste
à l’ennemi sioniste. Cet ennemi
impitoyable, déterminé, dominé par la
seule volonté d’effacer la Palestine et
de broyer les Palestiniens. Assuré du
soutien sans faille du monde occidental
et de la trahison arabe, il poursuit son
entreprise depuis l’institution d’ «
Israël » sur la terre sacrée de
Palestine.
La forme de la
violence coloniale conditionne la
réponse libératrice. Face à une telle
barbarie, la résistance ne peut être
qu’armée. Vaincre ou périr, le peuple
palestinien n’a pas le choix. Au lieu de
nos larmes, la Palestine a besoin de nos
armes. Et l’une de nos armes est de
mobiliser un soutien inconditionnel. Et
avec pour seul mot d’ordre : la
libération de toute la Palestine. A
cette condition seulement le mouvement
de solidarité aura réalisé sa mission :
servir le peuple palestinien et non s’en
servir. Nous n’avons ni conseil ni leçon
à lui donner. Nous n’avons pas à parler
pour lui ou à sa place. Nous avons
seulement à dire sa vérité qui est la
vérité de l’histoire. Elle doit être
notre boussole.
Pour dépasser les
querelles de chapelle et les questions
de personnes, le mouvement
pro-palestinien est au pied du mur face
à l’accélération de l’histoire en
Palestine et en terre d’Occident. En
Palestine, l’entité sioniste emploie
toute son énergie à coloniser et
judaïser ce qui a encore pu échapper à
son emprise. Ici, le mouvement
pro-palestinien est soumis à la pression
et à la répression des gouvernements
successifs qui ont fait officiellement
du sionisme une idéologie d’Etat.
L’unification du mouvement autour de
principes clairs issus des luttes
anticoloniales est une nécessité.
En France, il
existe une grande fracture, qu’il
convient d’analyser, entre le
pro-palestinien de gauche « blanc» et la
minorité issue des anciennes colonies,
et en particulier, les immigrés
d’origine algérienne. Ces derniers
connaissent l’immensité du sacrifice
pour l’émancipation et la dignité. Les
anciens ont joué leur rôle primordial en
leur transmettant cette mémoire. Les
résistants algériens ont combattu le
colon parce que la colonisation était un
système d’asservissement. Leur lutte
n’avait d’autre fondement. Il fallait le
faire parce que leur condition, comme
celle de leurs ancêtres, était
humiliante, une condition proche de
l’animalité. Le peuple algérien n’a
jamais combattu le colon que pour cette
raison. Il fallait récupérer sa dignité,
sa langue, sa culture, sa religion…Et
refermer cette parenthèse
d’obscurantisme occidental. Le soutien
au peuple palestinien est inscrit dans
cette tradition de lutte.
En Palestine,
comme ce fut le cas jadis en Algérie, le
colon doit être anéanti parce qu’il
cherche l’anéantissement du colonisé.
Que ce colonisateur soit juif, peu
importe. Les Palestiniens n’ont jamais
tué des Juifs parce qu’ils étaient
Juifs. En revanche, les Occidentaux ont
massacré des Juifs parce qu’ils étaient
Juifs. Les soutiens de la cause
palestinienne ne doivent s’embarrasser
d’aucune culpabilité sur cette question.
Les Occidentaux culpabilisent certes.
Qu’ils se débrouillent avec cette
culpabilité. Les Palestiniens n’ont
surtout pas à partager leur fardeau.
Seule compte la libération de la
Palestine.
Obsédé par le
sort des colons juifs, le militant de
gauche exprime son inquiétude en ces
termes : « Qu’adviendra-t-il des Juifs
lorsque la Palestine sera libérée » ?
Tout anticolonialiste sincère devrait
répondre : « à ce moment là l’histoire
aura tranché en donnant aux Palestiniens
la maîtrise de leur devenir,
c’est-à-dire l’auto-détermination,
principe indiscutable et non-négociable
». La solidarité avec ce peuple ne peut
s’organiser que sur la base de ce
principe. Toute autre considération est
raciste.
Ce
« qu’adviendra-t-il des Juifs » est en
effet lourd de sens car il contient
cette accusation non avouée : »ce
principe de souveraineté est forcément
antisémite puisque les Palestiniens
auront seuls le pouvoir de décider ». En
réalité, le pro-Palestinien de gauche
cherche à intimider, à paralyser le
militant sincère avec l’arme absolue :
l’antisémitisme. Ce pro-Palestinien
méconnaît ou fait semblant de
méconnaître la nature d’une société
coloniale. Plus fondamentalement, il
confond le Juif et le colon juif. Les
Palestiniens auront détruit le colon en
abolissant ses privilèges mais pas le
Juif. Si le Juif considère qu’il ne peut
exister en Palestine sans ses privilèges
de colon, il aura fait lui-même le choix
de disparaître de cette terre soit en
combattant jusqu’à la mort soit en en
partant.
Au-delà de ce
chantage à l’antisémitisme, le
misérabilisme et la compassion
paternaliste constituent le plus haut
degré de la conscience politique des
« pro-palestiniens » occidentaux. Ne
vivant pas la matérialité du
colonialisme, leur vision du destin
palestinien est abstraite; d’où leur
discours qui reste stationné à la
surface des choses, incapables de saisir
les rapports de forces de fond.Décrire
les rapports de force dans les termes
d’un Israël puissant, voire invincible
et d’une population palestinienne
démunie et pauvre conduit tout
naturellement à la résignation.
Pourtant, cela ne renvoie à aucune
réalité sur le champ de bataille. La
mobilisation palestinienne contre
l’ennemi sioniste n’a jamais cessé, et
elle trouvera son aboutissement logique
dans la libération totale de la terre
arabe. Il n’est pas exagéré de dire que
cette posture compassionnelle et
résignée trouve ses racines dans une
identification non-avouée, voire
inconsciente à la société coloniale en
Palestine. Les appels récurrents à
condamner les « violences », aussi bien
celle du colon que celle du colonisé
sont le reflet de cette conscience
bornée par son appartenance à un espace
géographique et politique dominant. Là
où le Palestinien voit un colon juif,
cet Occidental voit un « citoyen
israélien », là où le Palestinien voit
des intérêts diamétralement opposés
entre lui et le colon, l’Occidental
considère que le dialogue et la paix
sont possibles. Par une opération
intellectuelle sans prise sur le réel,
ce militant occidental normalise le
colon car il voit en lui un être qui lui
ressemble. Dans cette construction
idéologique, ce faux non-violent tue le
Palestinien pour mieux faire vivre le
colon. La compassion est toujours
quelque part violente.
L’antisioniste est
aujourd’hui confronté à deux défis :
l’unification du mouvement
pro-palestinien autour de principes
antisionistes clairs et la dénonciation
politique du pro-palestinien occidental
de gauche qui ne défend pas ces
principes. L’émergence d’un mouvement
pro-palestinien n‘aura lieu qu’à ces
conditions. La révolution palestinienne
fait elle-même le ménage : plus elle se
radicalise, plus elle met en
porte-à-faux et marginalise tous ceux
qui, intentionnellement ou pas, ne
défendent pas les principes
d’auto-détermination et de la libération
de toute la Palestine arabe.
Comité Action Palestine
novembre 2015
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