Actualité
Vaincre la haine christianophobe,
en France et en Syrie
Bruno Guigue
Le Père
Jacques Hamel - Photo:
Site de la paroisse
Mardi 26 juillet 2016
Assassiner un prêtre catholique dans son
église, c'est frapper cruellement la
France, la tétaniser par l'horreur du
crime commis. Mais c'est aussi la
frapper au plus profond, la blesser, à
travers la communauté catholique, dans
une de ses traditions spirituelles les
plus anciennes. Avec l'ignoble attentat
de Saint-Etienne-du-Rouvray, une France
qui était déjà meurtrie le 14 juillet
vient de subir de plein fouet la haine
sectaire, antichrétienne, des émules de
Daech.
Les chrétiens
d'Orient en savent quelque chose : cette
vindicte meurtrière ne fabrique pas ses
ennemis au hasard. Au Moyen-Orient, les
communautés religieuses minoritaires
dressent un obstacle symbolique sur les
pas du projet totalitaire mené sous
l’emblème de la "charia" wahhabite. Le
pseudo-califat de Mossoul y exige une
sanglante épuration confessionnelle qui
frappe les chrétiens, les yézidis, les
chiites, mais aussi les Kurdes, dont le
sunnisme d’inspiration soufie est
également suspect à leurs yeux.
Si le djihadisme
est (notamment) christianophobe, c'est
parce que son idéologie sectaire de
matrice saoudienne est circulaire : tous
ceux qui, en raison de leur confession,
sont naturellement enclins à la tiédeur
envers l’entreprise purificatrice
s’exposent à en faire les frais. Cette
règle d'intolérance est valable partout,
en France comme au Moyen-Orient. Elle
est constitutive de l'entreprise
d'asservissement dont Daech est l'avatar
contemporain, et l'attentat de
Saint-Etienne-du-Rouvray, après tant
d'autres, est l'application de cette
doctrine mortifère.
Si les informations
communiquées par les enquêteurs sont
exactes, l'un des auteurs de ce meurtre,
connu des services de police, aurait été
refoulé par la Turquie à la fin de
l'année 2015 lors d'une tentative de
pénétration en Syrie. Ce candidat au
"djihad" n'ayant pu exercer sa violence
meurtrière au pays de Cham, il l'a donc
déchaînée en France. Frustré de sa dose
d'hémoglobine sur le théâtre syrien, il
s'est offert une compensation à
domicile. Difficile, une fois de plus,
de nier le rapport entre la terreur qui
s'abat sur nos têtes et la politique
moyen-orientale menée par nos
dirigeants.
Avec cet
aller-retour France-Turquie, le crime du
26 juillet fournit une illustration
saisissante de l'effet boomerang
entretenu par une politique française
particulièrement perverse. Car les
petites frappes du djihad ont été
encouragées par le discours officiel à
mener leur sanglante équipée en Syrie,
et elles y sont parties par centaines,
la fleur au fusil, pour tuer en masse
les partisans de "Bachar-le-boucher",
pour reprendre l'expression de
Jean-Pierre Filiu, principal conseiller
du président français et ministre
officieux de cette propagande de guerre
contre un Etat souverain.
Ces desperados de
la terreur, les Syriens de toutes
confessions en subissent les exactions
depuis 2011, et notamment les chrétiens
du quartier de Bab Touma, à Damas, où
les obus de mortier en provenance de la
zone rebelle font régulièrement leur lot
de victimes, jusque dans l'enceinte du
Lycée français "Charles-de-Gaulle" !
Mais les "rebelles" de "l'armée de
l'islam" font partie de l'opposition
prétendument "modérée" reconnue par nos
dirigeants, et ils bénéficient du
précieux soutien de l'Arabie saoudite,
ce pays allié de la France où le culte
chrétien est rigoureusement interdit.
Cela n'empêchera
pas un exécutif français complètement
schizophrène, totalement cynique, ou les
deux à la fois, de condamner le crime
christianophobe en France au moment où
il continue de le cautionner en Syrie en
déroulant le tapis rouge devant des
chefs "rebelles" couverts de sang.
Manifestement, il s'avère incapable de
répondre à la crise gravissime que
traverse notre pays autrement que par la
persévérance dans une double absurdité,
politique et militaire.
En diabolisant
l'Etat syrien, le gouvernement français
contribue à prolonger la prolifération
du nid de serpents puisqu'il affaiblit
la principale force qui l'affronte
courageusement sur le terrain.
Simultanément, il se livre à des
bombardements aériens militairement
ineptes qui ont pour principal effet, en
tuant des civils, d'alimenter la haine
de la France. Pour faire échouer cette
tentative de déstabilisation de la
société française, ni les discours
compassionnels ni les mouvements de
menton mussoliniens ne suffiront. Ce
qu'il faut, c'est changer radicalement
de politique et s'allier avec ceux qui
combattent le terrorisme au lieu de
distribuer des médailles à ceux qui le
financent.
Bruno Guigue (26/07/2016).
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