Politique
Renversez la table, M. Mélenchon,
ou résignez-vous à la défaite !
Bruno Guigue
Vendredi 24 mars 2017
On vous dira que ce n’est pas vrai, mais
vous pouvez, si vous le voulez, créer la
surprise le 23 avril. Vous pouvez, si
vous vous en donnez les moyens, porter
très haut la “France insoumise” et
contribuer à bâtir cette force dont la
vraie gauche, celle qui défend le peuple
sous les crachats, a tant besoin dans un
pays ravagé par l'égoïsme des nantis et
miné par la résignation des humbles.
Mais pour y
parvenir, il faut faire des choix
clairs, compris de tous. C'est le moment
ou jamais ! Vous pouvez représenter,
demain, la principale force de gauche,
reléguant un parti socialiste vermoulu à
la place subalterne qu'il mérite, comme
la SFIO des années 60. Si vous laissez
passer cette occasion historique, en
revanche, la classe qui se croit
supérieure parce qu'elle détient le
capital continuera de tenir le haut du
pavé avec le concours de ses larbins de
la vraie droite et de la fausse gauche.
Alors, allez droit
au but, et tapez fort ! Vous n’y
échapperez pas. L'enjeu essentiel, c'est
la restauration de la souveraineté
nationale, sans laquelle la révolution
citoyenne que vous appelez de vos vœux
restera lettre morte. Allez jusqu'au
bout de vos idées, ne décevez pas les
espoirs que vous suscitez, levez les
équivoques dont souffre encore votre
campagne. Parlez au peuple, et parlez
peuple. Dites que, si vous êtes élu,
vous proposerez aux Français, par
référendum, la sortie de l'Union
européenne.
Cette mystification
supranationale, cette supercherie
néolibérale n'a que trop duré. C'est un
carcan imposé aux peuples par une
oligarchie cupide, et vous le savez. Ne
faites pas semblant de croire qu'elle
est réformable, car elle ne l'est pas.
N'accréditez pas l'idée qu'on puisse la
changer, car c'est impossible. Ne
laissez pas au Front national le
privilège de l'avoir compris avant les
autres et d'être presque seul à le dire.
Ne lui faites pas ce cadeau !
Ce n'est pas pour
rien que les dogmes libéraux sont
inscrits dans le marbre des traités
européens. Pour s'en débarrasser, il
faut quitter l'UE. On ne peut restaurer
la souveraineté populaire qu'en
restaurant la souveraineté nationale.
Mais on ne peut restaurer la
souveraineté nationale qu’en rompant les
amarres avec une institution
supranationale dont la fonction est de
soustraire l'essentiel à la délibération
démocratique.
En jetant aux
orties l'Europe des banquiers, vous
provoquerez un tsunami idéologique, vous
scellerez la réconciliation entre la
gauche et la souveraineté. Ce faisant,
vous sauverez la gauche et vous sauverez
la souveraineté. Mais si vous refusez de
le faire, vous tuerez la gauche en la
livrant aux socialistes qui pourrissent
tout ce qu'ils touchent, et vous
livrerez la souveraineté au FN qui en
fera un usage conforme à son ADN
droitier.
Manifestez donc,
face au carcan européiste, la même
intransigeance que celle dont vous
faites preuve face au carcan atlantiste.
Pour restaurer la souveraineté de la
France, vous voulez que la France quitte
l'OTAN. Contrairement à Marine Le Pen,
vous ne voulez pas seulement quitter le
commandement intégré, mais l'alliance
atlantique elle-même. Vous avez raison,
et vous êtes l'un des rares, avec
François Asselineau, à le dire haut et
fort.
En consommant cette
rupture, vous mettrez fin au scandaleux
alignement de la France. Vous ferez
entendre une voix indépendante sur la
scène mondiale. Vous conduirez cette
diplomatie souveraine, élargie aux cinq
continents, qui est la vocation de notre
pays. Ce défi lancé à l'impérialisme
vous honore, mais si vous voulez qu'on
prenne votre ambition au sérieux,
montrez la même radicalité face à cette
Union européenne qui est le temple de l'ordolibéralisme.
L'expérience
grecque a montré qu'un compromis avec
les Pères Fouettard de l'oligarchie se
solde toujours par une capitulation du
faible devant le fort. Ne laissez pas
ces rapaces miner tout espoir de
changement, coupez-leur l'herbe sous le
pied en annonçant qu’il n’y aura aucune
négociation, aucun compromis, que la
France veut recouvrer sa liberté et
qu’elle nouera ensuite, avec qui elle
veut, les coopérations qu’elle jugera
utiles.
Vous voulez
relancer l’économie, redistribuer les
revenus, rétablir les droits sociaux,
réformer la fiscalité, réguler la
finance. Ce beau projet a un prix qui
est celui de la rupture avec le système
oligarchique, la déconnexion avec ses
instruments privilégiés que sont l’UE et
l’OTAN.
Renversez la table,
M. Mélenchon, ou résignez-vous à la
défaite !
Publié avec l'aimable autorisation de
l'auteur
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