Monde
Hillary et les lobbies : M. Poisson,
taisez-vous !
Bruno Guigue
Dimanche 23 octobre 2016
"Complotisme, antisémitisme, propos
abjects". Pour condamner les récentes
déclarations de Jean-Frédéric Poisson,
on n'y va pas avec le dos de la
cuillère. Quelles horreurs le député
français a-t-il bien pu proférer pour
susciter une telle avalanche d'insultes
? Incitation à la haine raciale ?
Accusation de meurtre rituel ? Apologie
des SS ? Heureusement, rien de tout
cela. En fait, il a déclaré que "la
soumission de Mme Clinton aux
super-financiers de Wall Street et aux
lobbies sionistes représentent un danger
pour la France et l'Europe". Bigre. On
frémit.
Les
super-financiers de Wall Street ? Mme
Clinton les aime et ils le lui rendent
bien. Lors d'une conférence à 650 000
dollars rémunérée par Goldman Sachs,
elle avouait qu'elle se sentait plus
proche de son auditoire de banquiers que
de la classe moyenne américaine. Il est
vrai, confessait-elle ingénument,
qu'elle et son mari ont amassé une
fortune de plusieurs millions de
dollars. Les péquenots qui se lèvent tôt
le matin et bossent dur pour rembourser
leurs prêts et payer les études de leurs
enfants apprécieront.
Mais
peu importe. L'important, c'est de dire
aux financiers ce qu'ils veulent
entendre et de faire ce qu'ils veulent
qu'on fasse. Comme le montre l'exemple
de Goldman Sachs, la haute finance sait
choisir son camp. La banque aux 700
milliards d'encours s'est enrichie
durant la crise de 2008 en recyclant des
créances pourries et en spéculant contre
certains de ses clients. Magnanime,
l'administration Obama l'a blanchie
comme neige de ses turpitudes passées.
Evidemment, un renvoi d'ascenseur
s'imposait.
Lors
de la campagne pour sa réélection, en
2012, le président-candidat n'a pas
lésiné sur les moyens. Les dollars ont
coulé à flots. Pour remporter la Maison
Blanche, une condition est requise : il
faut dépenser davantage que son
adversaire. Barack Obama a donc
pulvérisé le record historique des
dépenses de campagne avec 1,1 milliard
de dollars. Résultat : il a été élu.
Merci Wall Street ! Cette lune de miel
avec des démocrates aussi coopératifs,
l'oligarchie financière rêve désormais
de la prolonger avec Mme Clinton.
A
entendre ses discours martiaux, les
affaires du complexe militaro-industriel
sont prometteuses si elle est élue. La
finance new-yorkaise entend bien en
profiter. Elle soutient donc la
candidate démocrate, mieux placée que
son adversaire un peu obtus pour lui
offrir de nouvelles opportunités de
profit. Blanchi par Obama, le patron de
Goldman Sachs, Lloyd Blankfein, devient
alors un supporter enthousiaste
d'Hillary Clinton. Il a même interdit à
ses 30 000 employés de soutenir Donald
Trump. Au club huppé des richissimes
supporters d'Hillary, Blankfein rejoint
le magnat israélo-américain de la presse
Haïm Saban, l'un des principaux
bailleurs de fonds de la caisse noire de
la candidate, la Fondation Clinton.
Les
lobbies sionistes, Hillary Clinton les
connaît bien, eux aussi. Elle sait ce
qu'ils veulent entendre. Elle prononce
les litanies habituelles sur la
"sécurité d'Israël" et "Jérusalem
capitale éternelle", et les donateurs de
l'AIPAC sortent le carnet de chèques.
Aux USA, personne ne s'offusque de ce
genre de transactions. C'est le pays du
marché libre et de la concurrence non
faussée. Les votes s'achètent, les dons
affluent dans les caisses. Et une fois
élus, les dirigeants du pays renvoient
l'ascenseur à leurs généreux
bienfaiteurs. Contre le soutien des
lobbies sionistes, Mme Clinton a souvent
fait la guerre. Et elle continuera à la
faire, une fois installée à la Maison
Blanche, tout simplement parce que ces
lobbies l'exigent.
On se
souvient qu'Hillary Clinton avouait dans
un fameux email les véritables motifs de
la guerre contre la Syrie : "La
meilleure manière d’aider Israël à gérer
la capacité nucléaire grandissante de
l’Iran est d’aider le peuple syrien à
renverser le régime de Bachar el-Assad".
La guerre contre la Syrie, c'est une
guerre pour Israël. A destination des
incrédules qui voient partout du "complotisme",
c'est écrit noir sur blanc. Comme le
souligne M. Poisson, cette "soumission
aux lobbies sionistes est un danger pour
la France et l'Europe". En semant le
chaos au Moyen-Orient, la politique
américaine, en effet, a exposé le Vieux
Continent au terrorisme djihadiste. Elle
a fait de cette région un trou noir de
la géopolitique mondiale, et l'Europe
comme la France sont aux premières
loges. Allons, M. Poisson, taisez-vous !
Bruno
Guigue (23/10/2016)
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