Analyse
Syrie : un menteur nommé Macron
Bruno Guigue
Mardi 10 juillet 2018
C’est devenu une
habitude : le godelureau de l’Elysée
fait le paon au château de Versailles.
Brasseur d’air inusable, le freluquet
fait des phrases, il pérore dans le
vide. Comme un télévangéliste, il
brandit de grands mots tout en agitant
ses petits bras. Une presse servile l’a
tellement encensé qu’il a sans doute
fini par croire à son destin planétaire.
“Macron sauve le monde”, titrait
Challenges en mai 2017 au sujet d’un
sommet européen que son insignifiance a
condamné à l’oubli. Mais ce n’était que
le hors d’œuvre. On eut droit, par la
suite, à un véritable morceau
d’anthologie. “Macron : naissance d’un
chef de guerre”, osait Le Point à propos
du bombardement punitif de l’armée
syrienne perpétré par les forces
aéronavales françaises le 14 avril 2018.
Cet audacieux
hebdomadaire oubliait de préciser, au
passage, que la moitié des missiles
français avaient raté leur envol et que
les autres avaient manqué leur cible.
Quant au prétexte de cette agression
militaire contre un Etat souverain, on
sait désormais ce qu’il vaut.
L’Organisation pour l’interdiction des
armes chimiques (OIAC) vient de publier
son premier rapport consacré à l’attaque
chimique présumée contre la Ghouta
orientale du 7 avril 2018. Résumant le
résultat de plusieurs mois
d’investigations, ce document constate
“l’absence de gaz à effet innervant” et
la “présence possible de chlorine” sur
les sites concernés. Pas de gaz sarin,
donc, et peut-être un peu de chlorine.
Bref, la montagne a accouché d’une
souris.
Ajouté aux 17
témoignages oculaires présentés par la
diplomatie russe lors d’une conférence
de presse boycottée par les pays
bellicistes, ce rapport, implicitement,
tord le cou aux accusations occidentales
proférées contre Damas. A sa façon, il
accrédite la thèse d’une grossière
manipulation organisée par les White
Helmets, ces petites mains si promptes à
exécuter les basses besognes de
l’ingérence occidentale. La chlorine est
une substance que l’on peut trouver à
peu près partout, et il a suffi d’en
arroser les patients de l’hôpital de
Douma pour faire croire à une
monstrueuse “attaque chimique”. C’est
cette supercherie que relatent, très
précisément, ces nombreux témoins -
syriens - que les dirigeants occidentaux
n’ont pas voulu entendre.
Que les experts de
l’OIAC eux-mêmes aient refusé de
rencontrer ces témoins en dit long sur
les efforts de leurs parrains
occidentaux pour amener ces experts aux
conclusions voulues. Mais on ne peut pas
toujours nier les faits, et l’opération
a fait chou blanc. Cet effondrement de
la thèse occidentale sur les événements
de la Ghouta est un événement capital.
Les Français ont la mémoire courte, mais
ils se souviennent d’un président qui
affirmait détenir les preuves
irréfutables d’une attaque chimique
perpétrée par l’armée syrienne contre
les civils de Douma. Alors, si ces
preuves existent, où sont-elles ? Si
l’OIAC - dûment chapitrée - n’a pas su
les trouver, c’est qu’il n’y en a pas.
M. Macron ayant affirmé qu’il avait de
telles preuves en sa possession, il n’y
a qu’une conclusion possible : M. Macron
est un menteur.
En clair, la France
de Macron a bombardé la Syrie en
prétextant une attaque chimique
fabriquée pour les besoins de la cause.
Elle a violé le droit international.
Elle s’est rendu coupable d’un crime que
même Hollande n’avait pas commis. A
vouloir calquer la politique française
sur l’agenda américain, le Young Leader
élyséen a fait pire que son
prédécesseur. Macron est une sorte de
Bush au petit pied : il fait de gros
mensonges pour justifier ses crimes.
Satrape de l’empire, il est fier de
recevoir les honneurs d’une presse
larbinisée qui le proclame “chef de
guerre”. Ce qu’on retiendra de ce
vaniteux décidé à briller en faisant le
malheur des autres ? Qu’il aura combattu
deux peuples courageux - le peuple
syrien et le peuple yéménite - au côté
des criminels wahhabites, fourriers de
l’impérialisme et banquiers du
terrorisme.
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