Syrie
Toute honte bue,
Robert Ford s'adresse aux Syriens !
Bouthaina Shaaban
Robert
Ford
Jeudi 30 janvier 2014
Après John Kerry qui
se pose en défenseur des « minorités »
en Syrie et alors qu’en plein Genève 2,
le Congrès des États-Unis vote
secrètement le financement d’une aide
militaire aux dits « rebelles » syriens,
notoirement logés sous l’enseigne du
terrorisme international ; voilà que
Robert Ford, l’ex-ambassadeur des
États-Unis en Syrie, s’adresse
directement aux Syriens. Son hypocrite
performance en langue arabe est telle...
qu’elle aussi, mérite traduction ! [NdT].
Message de Robert Ford aux Syriens
Bienvenue et bonsoir,
Je voudrais résumer à nos amis, en
Syrie, les dernières évolutions
concernant Genève 2.
Premièrement, les efforts internationaux
se poursuivent pour amener les camions
humanitaires dans la vieille ville de
Homs [Pourquoi Homs et que Homs ? Vaste
question. Réponse évidente ! NdT.]
Nous condamnons fermement le refus du
« régime syrien » de laisser entrer les
camions humanitaires depuis des mois et
des semaines. À notre avis, ce refus est
injustifié et pourrait constituer un
« crime de guerre » ! Mais... jusqu’à
cet instant, nos efforts se poursuivent
en collaboration avec la Russie, les
Nations Unies, et d’autres organisations
internationales.
Naturellement, à Genève, le sujet du
moment n’est pas d’introduire les
camions dans les régions assiégées ;
mais d’appliquer la totalité des clauses
du Communiqué de Genève [du 30 juin 2012
[1] Ndt]. Parmi les clauses importantes
de Genève, la libération des prisonniers
et l’acheminement des secours
humanitaires dans toutes les régions,
sans exceptions. Et, il est probable que
la plus importante [de ces clauses] soit
la mise en place du gouvernement... ou
« Comité du gouvernement de
transition ». Les discussions sur ce
sujet ont d’ores et déjà commencé, mais
« le régime » a refusé d’entrer dans
n’importe quelle discussion sérieuse !
À notre avis, l’invitation du Secrétaire
général des Nations Unies au sujet des
négociations est évidente : application
intégrale du Communiqué de Genève, dont
la mise en place du « Comité du
gouvernement de transition ». Par
conséquent, la « délégation du régime »
doit accepter de discuter de ce sujet et
entrer dans des discussions sérieuses
Nous félicitons M. Lakhdar Brahimi pour
ses efforts et nous espérons que « le
régime » finira, en bout de course, par
travailler sérieusement avec la
communauté internationale et la
« délégation de la Coalition », pour
trouver une solution politique à la
crise syrienne. Merci.
Réponse de Madame Bouthaina Shaaban
[extraits]
Par ce message, l’ex-ambassadeur Robert
Ford démontre publiquement qu’il est le
véritable commandant en chef de la
« Coalition de l’opposition syrienne »,
fonction qu’il a plutôt tenté de remplir
clandestinement jusqu’ici.
S’adressant ainsi au peuple syrien, M.
Ford se comporte tel un Haut commissaire
chargé de dicter au peuple syrien ce
qu’il souhaite ou ne souhaite pas, ce
qui lui serait utile ou ne le serait
pas ; comme si la Syrie n’était pas un
pays dix fois millénaire et que ceux qui
obéissent à ses diktats avaient quelque
chose à voir avec son peuple, sa
dignité, et son Histoire !
Il est clair que la délégation de
la Coalition, dite de « l’opposition
syrienne », ne paraît nullement
concernée ni par les clauses de Genève
1, ni même par la Syrie ! Tout ce qui
l’intéresse, c’est d’arriver à « la
phase transitoire » pour exécuter les
ordres de ceux qui la payent. Elle
prétend représenter une partie du peuple
syrien, alors qu’elle ne représente que
les intérêts étrangers hostiles à la
Syrie et au peuple syrien.
En effet, est-il concevable que des
Syriens refusent de condamner
l'ingérence US, et les livraisons
d’armes à des criminels qui tuent et
kidnappent ? Est-il concevable que des
Syriens refusent la libération de leurs
territoires usurpés, l’arrêt du
terrorisme et de l'ingérence étrangère ?
C’est quelque chose qu’il est difficile
de concevoir mais qui, malheureusement,
existe !
La « Délégation de la République arabe
syrienne » veut mettre fin au
terrorisme, à la tragédie, et aux
massacres vécus par le peuple syrien du
fait de toutes sortes d’ingérences
étrangères. Ceux qui ont initié cette
tragédie cherchent probablement les
moyens de sa prolongation, pendant que
nous, les délégués de la République
arabe syrienne, essayons de trouver le
moyen qui arrêterait « cette guerre » et
ramènerait la paix et la sécurité pour
que les Syriens puissent décider de leur
avenir.
Ce matin encore, la délégation de la
Coalition a abordé le sujet du
« gouvernement de transition »... Nous
avons répondu que nous n’avions aucun
problème pour discuter du Communiqué
final de la Conférence de Genève 1
[communiqué en 6 points [1]] point par
point ; le premier étant la cessation
des violences - qui se sont transformées
en terrorisme - et la création d’un
environnement susceptible de lancer un
processus politique. D’où notre
insistance sur les modalités et la
priorité de la lutte contre le
terrorisme.
Ceci, alors que la délégation de la
Coalition, telle qu’elle s’est exprimée
hier, laisse à penser qu’elle
posséderait une baguette magique qui
réglerait tous les problèmes à la fois.
Il n’empêche que lorsque nous lui
demandons si elle est en mesure de faire
cesser la violence, les opérations
terroristes, la livraison d’armes, les
assassinats, et l’horreur sans fin...
pour assurer l’acheminement de l’aide
humanitaire vers la Cité ouvrière d’Adra ;
elle répond qu’elle n’est pas en
situation de garantir quoi que ce soit !
Les multiples interventions de la
délégation de cette prétendue opposition
se résument à exiger un « Gouvernement
de transition nanti des pleins
pouvoirs » ; lequel gouvernement, selon
ses prétentions, mettrait fin à la
violence, triompherait du terrorisme, et
ferait de la Syrie un paradis des plus
accueillants ! À ce propos, il suffirait
de bien entendre les réponses de M.
Brahimi [2] pour comprendre qu’elle
cherche à gagner du temps afin de
coordonner les ambitions et points de
vue contradictoires qui l’animent !
Nous avons informé M. Brahimi que nous
resterons ici jusqu’au Vendredi 31
Janvier, date de la fin de cette
cession, et à partir de laquelle nous
devrons rejoindre la Syrie
pour d’autres obligations. Nous
avons aussi insisté sur le fait que « le
gouvernement syrien » veut rencontrer un
large éventail de l'opposition syrienne
et de « l’opposition nationale », en
particulier, parce que nous ne savons
pas ce que représente la délégation ici
présente !
Quant à la décision du Congrès des
États-Unis de financer une aide
militaire aux dits « rebelles » [3], le
Dr Bachar al-Jaafari - membre de notre
délégation et Représentant permanent de
la Syrie auprès de l'Organisation des
Nations Unies – s’est entretenu de ce
sujet avec M. Brahimi. Il lui a fait
savoir que nous savons que les USA
arment, financent, ferment les yeux sur
l’Arabie saoudite qui arme et finance
aussi ; mais que faire cette déclaration
aujourd’hui, en plein pourparlers de
Genève 2, témoigne de la confusion de
l’Administration US ! D’une part, elle
discute avec la Russie en prétendant
vouloir la tenue de cette conférence
pour résoudre la crise en Syrie ;
d’autre part, elle fait tout pour lui
mettre des bâtons dans les roues ! Cette
déclaration est en effet une obstruction
réelle pour n’importe quelle « solution
politique », solution que nous voulons.
Cette contradiction est toujours
palpable au niveau de l’Administration
US. Reste à savoir si elle relève de
désaccords entre individus ou de
désaccords entre les stratégies US.
D’un autre côté, nous notons que depuis
le début de la crise, le gouvernement
russe est toujours resté cohérent en
actes et en paroles. C’est pourquoi,
nous sommes bien obligés de constater
que certaines grandes puissances
méritent le respect, alors que d’autres
se comportent d’une façon qui ne leur
confère ni crédibilité, ni respect !
Dr Bouthaina Shaaban
29/01/2014
Article transcrit et traduit de l’arabe
par Mouna Alno-Nakhal
Sources :
Robert Ford parle de Genève 2.
Vidéo du 28/01/2014 / Here Is
Syria
https://www.youtube.com/watch?v=XkPoE4OaOJA
Bouthaina Shaaban : « Ford apparaît pour
dire qu’il dirige la délégation de la
Coalition en secret et en public » !
http://www.jpnews-sy.com/ar/news.php?id=68783
Notes :
[1] Action Group for Syria Final
Communiqué 30.06.2012
http://www.un.org/News/dh/infocus/Syria/FinalCommuniqueActionGroupforSyria.pdf
[2] Lakhdar Brahimi : Conférence de
presse du 29 janvier 2014/ Genève 2
https://www.youtube.com/watch?v=K8QXWuGEUyg&feature=c4overview&list=UUNA7_Giz6__8DRH4WEAwMGw
[3] Congress secretly approves U.S.
weapons flow to 'moderate' Syrian rebels
http://www.reuters.com/article/2014/01/27/us-usa-syria-rebels-idUSBREA0Q1S320140127
Madame
Bouthaina Shaaban [ou Boutheina
Chaabane pour les francophones] est
citoyenne syrienne, conseillère
politique du Président Al-Assad, et
membre de la Délégation de la République
arabe syrienne à Montreux [Genève 2].
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