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France-Irak
Actualité
Israël : Annexion de la Palestine
au travers des «blocs de colonisation»
Ben White
Une
colonie sioniste en terre palestinienne
Lundi 28 mars 2016
Par
Ben White (revue de presse:
benwhite.org.uk – 25/1/16 - Extraits)*
« Nous sommes
ici pour rester ». Tels sont les
mots prononcés par le ministre de la
Science et de la Technologie spatiale
israélien, Ophis Akunis, à la cérémonie
d’ouverture du nouveau Centre du
Patrimoine, dans la colonie d’Ariel, le
17 janvier. « Je voudrais adresser
aux ministres de l’Union Européenne ce
message, d’ici, d’Ariel. Aucune
démarche, aucune décision que vous
pourriez prendre ne nous fera quitter
notre terre».
Ariel fondé en 1978
est l’une des colonies d’Israël la plus
importante de Cisjordanie avec quelque
20000 habitants et une université. Elle
se trouve à 20 kms de la « ligne
verte » et a été «
stratégiquement » édifiée là pour
contourner une chaîne de montagne
entourée de villages et villes
palestiniennes. « Le doigt d’Ariel »
ou « bloc » inclut une douzaine
à peu près de colonies officielles et
individuelles.
L’emplacement de ce
bloc, son étendue, importance et impact
sur la population palestinienne
représentent le microcosme du rejet
d’Israël d’un Etat palestinien, mais est
aussi un exemple du rôle joué par les
« prétendus blocs de colonies »
dans la colonisation rampante de la
Cisjordanie ainsi que dans l’opacité de
cette colonisation et les justifications
qu’elle implique.
Un « bloc de
colonies » est une zone de la
Cisjordanie où Israël a rassemblé un
groupe de colonies proches les unes des
autres, ayant pour centre une grande
ville. Ces zones qui concentrent
l’activité des colonies ont été créées
pour aboutir une annexion de facto et
une fragmentation des territoires
palestiniens. Comme le notait le New
York Times : « Alors que les
dirigeants palestiniens ont accepté le
principe d’échange de terres, ni
ceux-ci, ni les Etats-Unis ne se jamais
sont mis d’accord sur leur délimitation
».
Certains identifient
six « blocs » (Modi’in Ilit, Ma’aleh
Adumin, Givat Ze’ev, Gush Etzion, Ariel,
et Karmei Shomron), d’autres sept
et l’Institut de Recherche de
Jérusalem dénombre 14 sections ou
« blocs » derrière le Mur de
l’apartheid. Que leur taille et
localisation soient mal connues est un
plus pour Israël car, selon les termes
d’un militant de Peace Now (La Paix
maintenant), si le mot « bloc
de colonies » n’est pas défini,
« ils servent à Israël pour dire : «
cela ne fait rien ; c’est seulement dans
le cadre de ces blocs de colonie, qui
resteront très certainement sous la
souveraineté d’Israël une fois réalisée
la solution de deux Etats ».
Un entretien avec le
porte-parole de l’ambassade d’Israël à
Londres, Yifath Curiel, l’an dernier, a
mis en avant le recours à « ces
blocs de colonies » dans la
propagande. Devant des étudiants en
journalisme, pour le moins septiques, à
Cardiff, il a prétendu (plutôt
curieusement) que, près de 90 à 95%
des colonies composaient ce que l’on
appelle « blocs de colonies ».
Ils se trouvent à proximité de la
frontière (1) d’Israël et
demeureront sous la souveraineté
d’Israël, lors d’accords à venir, comme
discuté et accepté par la partie
palestinienne. En échange de ces terres
occupées, les Palestiniens en recevront
d’autres ailleurs… C’est ainsi que je
pense que les colonies ne sont pas le
principal obstacle à la paix comme
beaucoup le pensent.
Curiel peut donc
rejeter, parallèlement, les inquiétudes
sur la plausibilité d’un Etat
palestinien sur fond d’occupation
coloniale israélienne et aussi minimiser
les graves violations du droit
international que constituent ces blocs
de colonies (ce sont des crimes de
guerre).
Les « blocs de
colonies » sont un concept plus
significatif qu’une bataille
diplomatique pour défendre
l’indéfendable. En novembre dernier, par
exemple, Netanyahou aurait dit au
Secrétaire d’Etat US, John Kerry qu’
« Israël ne permettra aucun projet
palestinien dans la zone C… à moins que
le feu vert ne lui soit donné pour
l’édification de blocs de colonies ».
En mai 2015, il avait annoncé au chef de
la politique étrangère de l’Union
Européenne, Frédérica Mogherini qu’il
désirait reprendre les pourparlers avec
les Palestiniens pour « aboutir à un
mémorandum sur la délimitation des blocs
de colonies qu’Israël annexera quelque
soit l’accord de paix »….
Les blocs et le Mur
de l’apartheid donnent forme au
Bantoustan palestinien. En mars 2015, et
aussi en janvier 2016, le chef du parti
travailliste israélien et dirigeant de
l’opposition, Isaac Herzog, a déclaré
que, si un accord final était conclu
avec les Palestiniens sous sa direction,
Israël garderait les blocs de Gush
Etzion, Ariel, Ma’aleh Adumin …(…)…
Gideon Levy ironisant sur le consensus
de la classe politique israélienne sur
les « blocs de colonies »
écrivait en 2014 : « Tout le monde
est d’accord sur ce qui a été accepté :
Gush Etzion des temps immémoriaux. Et ce
n’est pas le seul bloc sur lequel
l’accord est fait. La vallée du Jourdain
et Ma’aleh Adumin avec ses alentours
terrifiants et ses collines, et aussi
Ariel, cela est évident. Jetez un coup
d’œil sur une carte et vous verrez
comment le futur Etat palestinien a été
mis à mort. Trop dur ? Non, si vous
considérez la légitimité reconnue à
Israël de construire des blocs de
colonies, vous reconnaissez l’annexion
de Jérusalem-est, la présence à
l’intérieur de la Cisjordanie des
colonies accaparant des ressources
naturelles essentielles (Ariel), le
contrôle israélien de la vallée du
Jourdain, la scission en deux de la
Cisjordanie (Ma’aleh Adumin) et «
l’annexion de ressources agricoles
palestiniennes riches et naturelles et
des sites patrimoniaux dans la région de
Bethléhem et Hébron (Gush Etzion) ».
Ces « blocs »
n’ont pas d’existence légale en droit
israélien et, en droit international,
ils sont tout aussi illégaux que les
colonies elles-mêmes. Leur étendue et
leurs limites ne sont pas délimitées, ce
qu’Israël exploite pour pousser sa
colonisation de la Palestine. Ils ne
servent même pas à ralentir la
croissance des simples colonies dont la
population a augmenté, depuis 2009, de
15%.
L’ironie du sort
veut qu’Israël et ses apologues les
citent pour prouver la faisabilité d’un
Etat palestinien viable alors qu’en
réalité, ils sont l’instrument pour
empêcher précisément ces scénario.
L’invention de cette entité doit être
vue pour ce qu’elle est et non engendrer
de confusion.
(1) Note AFI
: frontière… Israël n’a jamais
eu de frontières établies, justifiant
par là-même les guerres qu’il a
entreprises depuis sa création et la
colonisation de la Palestine.
Ben
White est un journaliste indépendant,
spécialiste de la Palestine. Ses
articles ont été largement publiés dans
the Guardian Comment, Al Jareera,
News Stateman, Christian Science
Monitor, Washington Report On Middle
East Affairs, Electronic Intifada.
Traduction
et Synthèse : Xavière Jardez
Le sommaire de Gilles Munier
Le
dossier colonisation
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