Palestine
Kushner ne cesse d’attaquer les
réfugiés palestiniens
BDS
Jeudi 6 septembre 2018
Depuis décembre
2017, Kushner essaie de démanteler
l’Agence de secours et de travaux de
l’ONU, dont le but est de fournir de la
nourriture, des soins de santé, de
l’éducation et d’autres services vitaux
à 5,3 millions de réfugiés palestiniens
qui ont été chassés de leurs maisons
lors de la Nakba de 1947-48.
Zena
Agha, Al Shabaka – 4 septembre 2018
L’administration
américaine mène un combat contre les
réfugiés palestiniens. Des mesures
diplomatiques, juridiques et financières
– essentiellement conçues par le gendre
et conseiller spécial du président
Donald Trump, Jared Kushner – visent à
« retirer » la question des réfugiés
palestiniens et à écraser ainsi les
revendications de rapatriement et de
réparations avant de dévoiler « l’accord
du siècle ». L’approche de
l’administration est double, fondée sur
des restrictions financières en même
temps que sur une pression diplomatique
et émanant du Congrès.
Depuis décembre
2017, Kushner essaie de démanteler
l’Agence de secours et de travaux de
l’ONU, dont le but est de fournir de la
nourriture, des soins de santé, de
l’éducation et d’autres services vitaux
à 5,3 millions de réfugiés palestiniens
qui ont été chassés de leurs maisons
lors de la Nakba de 1947-48.
Kushner a orchestré
une série de coupes dans le budget de
l’UNWRA qui ont mené l’organisation au
bord de la faillite. En janvier 2018
l’administration a amputé le premier
acompte qui s’élève à 125 millions
$ (108 millions €) de ses paiements
annuels à l’UNWRA, de plus de la moitié.
La semaine
dernière, les États Unis ont annoncé
qu’ils ne contribueraient plus du tout à
l’UNWRA, jugeant que c’était
une opération irrémédiablement
défectueuse, avec des chocs financiers
qui se sont répercutés dans le monde
arabe.
La Maison Blanche a
également demandé au Congrès de retirer
les 200 millions $ (173 millions €)
d’aide américaine à des groupes de
secours privés et à des associations
non-gouvernementales (tel Mercy Corps)
qui agissent dans les territoires
palestiniens occupés (TPO).
En même temps,
Kushner cherche à transformer le statut
de réfugié palestinien. Israël et son
allié américain accusent l’UNWRA de
perpétuer la question des réfugiés et de
soutenir le droit au retour des réfugiés
en accordant le statut de réfugié aux
descendants de ceux qui ont été chassés
pendant la Nakba. La « solution »
américaine est de priver ces descendants
de leur statut de réfugiés. Cela
permettrait que l’UNWRA ne s’occupe que
des réfugiés survivants, dont le nombre
est estimé à 20-30 000 (un chiffre qui
décroîtrait d’année en année),
d’interrompre les actions de l’UNWRA
pour les descendants, de rediriger les
fonds vers des pays hôtes pour une
« réinsertion » et d’écraser toute
possibilité de retour.
Un projet de loi au
Congrès tente de codifier cette nouvelle
formulation. HR6451 stipule que seuls
les réfugiés survivants sont qualifiés
pour être réinsérés et bénéficier des
services de l’UNWRA. Le reste de l’aide
serait dirigé vers l’Agence des États
Unis pour de Développement International
(USAID), qui est tenue, par la loi
Taylor Force de 2018, à une interdiction
de l’aide américaine à l’Autorité
Palestinienne jusqu’à ce que certaines
conditions soient réunies. Le projet de
loi a été soumis au Comité de la Maison
(Blanche) pour les Affaires Étrangères.
Manipulation de
la qualité de réfugié
L’intention n’est
pas seulement de bousiller
l’infrastructure humanitaire qui
soutient des réfugiés palestiniens
vulnérables, mais de modifier
complètement la façon dont la qualité de
réfugié palestinien est comprise et
traitée. La manipulation n’est pas
seulement à courte vue, elle est
fondamentalement incorrecte : selon le
Haut Commissaire de l’ONU pour les
réfugiés, les descendants de réfugiés
palestiniens sont reconnus comme
réfugiés. La démarche constitue aussi un
diagnostic erroné faisant de l’UNWRA la
source plutôt que le produit de la
réalité des réfugiés, qui ne s’effacera
pas, même si l’UNWRA est démantelée. Au
contraire, des millions de gens seraient
laissés sans éducation, sans travail,
sans alimentation ni soins de santé.
Kushner parie sur
la complaisance des Palestiniens, mais
les enjeux sont importants pour tous
ceux qui sont concernés, et Israël est
perdant si les services de l’UNWRA sont
retirés. Selon la Quatrième Convention
de Genève, Israël, en tant que puissance
occupante, est légalement obligé de
fournir de la nourriture et des
équipements médicaux en plus d’assurer
la santé publique de la population
occupée. Retirer le soutien de l’UNWRA
dans les TPO laisserait un vide
qu’Israël serait obligé de combler. Au
vu de ses performances antérieures, il
est improbable qu’Israël respecte cette
obligation.
Derrière la
démarche de Kushner, il y a le désir
d’éliminer les revendications
palestiniennes de souveraineté et de
réparations – un droit accordé aux
réfugiés partout dans le monde. Les
questions du prétendu statut final
telles que Jérusalem, les colonies et
les réfugiés sont considérées comme
faisant partie intégrante d’une
« solution » négociée du conflit
Palestine-Israël. Mais le droit des
habitants de la Palestine déplacés
à retourner sur leurs terres, inscrit
dans la Résolution 194 de l’ONU, est
depuis longtemps l’aspect le plus
litigieux du conflit parce que c’est un
défi radical au projet sioniste même
d’édification d’une nation – un projet
qui repose sur la suprématie
israélienne-juive du Jourdain à la
Méditerranée.
Recommandations
en matière politique
1. Des
pro-palestiniens et des membres de la
société civile devraient développer la
sensibilisation sur des lois qui sont
une menace pour les réfugiés
palestiniens. Ils devraient en
particulier agir avec des membres du
Congrès qui, de plus en plus critiquent
et se font entendre sur les violations
des droits par Israël. Ils devraient
chercher à assurer que l’argent attribué
pour la Palestine est dépensé et
repousser les tentatives de
l’administration Trump de contourner la
loi. Par exemple, l’administration
essaie de mettre les 200 millions $
d’aide évoqués plus haut dans un
« paquet de résiliation » pour éviter de
les dépenser – une mesure que le Congrès
est tenu d’approuver.
2. Des membres
critiques du Congrès et la société
civile devraient avoir un œil attentif
sur la politique de l’administration
Trump sur les colonies. Avec la
« manipulation » de questions sur le
statut final comme Jérusalem et les
réfugiés, de même que les liens étroits
personnels, économiques et politiques
entre certains membres de
l’administration et les colonies, sortir
la question des colonies de la table des
négociations pourrait bien être la
prochaine chose sur la liste de Kushner.
3. D’autres pays
pourraient continuer à augmenter leur
soutien financier et diplomatique à
l’UNWRA, reconnaissant ainsi que le
moment est critique dans la région et
que les répercussions pour les réfugiés
palestiniens sont injustes et cruelles.
Zena Agha est
associée en politique américaine à Al-Shabaka.
Ses domaines d’expertise comprennent la
construction des colonies israéliennes
dans les territoires palestiniens
occupés, avec une focale sur Jérusalem,
l’histoire moderne du Moyen Orient, et
les pratiques territoriales. Elle a
travaillé à l’Economist, à l’Ambassade
d’Irak à Paris, à la Délégation de la
Palestine à l’UNESCO. Outre des textes
d’opinion dans The Independent et The
Nation, Zena a à son actif dans les
media, le service international de la
BBC, la BBC en arabe et El Pais. Zena a
reçu une bourse Kennedy pour effectuer à
Harvard un Master’s en études
moyen-orientales.
Traduction SF pour
la Campagne BDS France Montpellier
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