ISM
"Je vais faire
de tous les jeunes du camp des
handicapés" - Les forces
israéliennes ciblent
les jeunes palestiniens en Cisjordanie
BADIL
Des jeunes du camp
d'Al-Fawwar, après avoir été soignés
pour des blessures
aux membres inférieurs après l'attaque
israélienne du 16 août 2016
Dimanche 28 août 2016
Le ciblage
systématique de Palestiniens, en
particulier jeunes, par les forces
militaires israéliennes à travers le
territoire palestinien occupé (tpo)
s'est intensifié depuis le début de
2016. Cette offensive a pris la forme de
blessures et d'exécutions arbitraires
avec l'usage de balles réelles par
l'armée israélienne dans le contexte de
campagnes d'arrestations, de raids
militaires et de fouilles aléatoires qui
déclenchent habituellement des
affrontements. L'enquête préliminaire
conduite par le Centre de ressources
BADIL pour la résidence et les droits
des réfugiés (BADIL) montre que ces
actions représentent une politique
israélienne qui constitue une violation
grave du droit international et pourrait
constituer un crime international.
Bien que
ces actions requièrent une investigation
internationale, en particulier par la
Cour pénale internationale, l'Autorité
nationale palestinienne doit aussi
prendre des mesures de protection,
d'autant que la plupart des violations
ont été commises dans ce que l'on
appelle la Zone A.
BADIL a ouvert l'enquête en cours sur
les événements et les actions menées par
les forces israéliennes en
Cisjordanie , en particulier
dans les camps de réfugiés palestiniens
qui ont été particulièrement ciblés tout
au long des mois de juillet et août
2016. L'examen préliminaire des actions
à Dheisheh (Bethléem) et al-Fawwar
(Hébron) démontre l'usage excessif de la
force par les forces israéliennes contre
les jeunes palestiniens, et les
habitants des camps de réfugiés plus
généralement. En outre, et de façon plus
significative, ces actions ne sont pas
fondées en droit international, compte
tenu des circonstances dans lesquelles
la force est utilisée et le type d'armes
et de munitions qui sont maniées.
Le camp de réfugiés de Dheisheh a été
attaqué à trois reprises par les forces
israéliennes entre la fin juillet et la
mi-août. Au cours de ces 3 incursions,
18 jeunes entre 14 et 17 ans ont été
blessés aux jambes par balles, pour 8
d'entre eux tirées directement dans le
genou et pour plusieurs autres dans les
deux jambes. 4 autres jeunes de secteurs
autour de Dheisheh ont également été
blessés aux jambes pendant ces
incursions. Le 22 août, les forces
israéliennes ont attaqué la cité de
Doha, à côté de Dheisheh, et ont tiré au
moins sur un jeune près du camp. Depuis
le début de 2016, 30 personnes ont été
blessés par des balles réelles dans le
camp de Dheisheh, la majorité aux jambes
et aux genoux. Des sources médicales ont
rapporté que ces blessures provoquent
des incapacités permanentes et
temporaires. En outre, au moins 83
personnes ont été blessées par balles
réelles dans la région de Bethléem au
cours de cette période.
Dans le cas du camp de Dheisheh, les
blessures injustifiées ont été
accompagnées de menaces de la part du
commandant israélien responsable de
cette région, connu sous le nom de
"Capitaine Nidal". Il a proféré des
menaces aux jeunes de Dheisheh avant,
pendant et après les raids, et au cours
des interrogatoires et des arrestations.
Il a exprimé son intention de blesser
les jeunes du camp, dont : "Je vais
faire de tous les jeunes du camp des
handicapés", "Je vais vous faire
tous marcher avec des béquilles et en
fauteuil roulant", "Je vais faire
de la moitié d'entre vous des
handicapés, et l'autre moitié poussera
les fauteuils roulants", "Je vais
faire de vous des assistés qui
attendront en file devant le guichet
automatique vos allocations d'handicapés".
(1) L'un des jeunes blessés a dit à
BADIL que le Capitaine Nidal lui a dit
de dire à ses amis que "Nidal fera de
vous tous des handicapés".
Ces menaces indiquent que ces actions ne
sont pas des incidents accidentels ou
isolés, mais plutôt le résultat d'une
politique militaire israélienne
systématique visant à réprimer la
résistance, à terroriser les jeunes
palestiniens et à les blesser de façon
permanente et/ou causer des dégâts
importants à leur bien-être physique et
mental. Les menaces explicites d'un chef
de l'armée israélienne montrent la
volonté de commettre des actes criminels
et soulèvent d'importantes
préoccupations sur l'adhésion des forces
israéliennes aux principes du droit
international.
Le camp de réfugiés d'Al-Fawwar, situé
au sud d'Hébron, a été attaqué par les
forces israéliennes à l'aube du 16 août
2016. Pendant l'invasion, qui a duré
environ 24 heures, un Palestinien de 17
ans a été abattu et 45 ont été blessés.
Les forces israéliennes ont également
saccagé les maisons et placé des tireurs
d'élite sur les toits, dans tout le
camp. En réponse à cette incursion, des
affrontements avec les résidents et les
jeunes du camp ont éclaté. L'armée
israélienne a répondu avec des tirs de
balles réelles, de gaz lacrymogènes et
de balles caoutchouc-acier. En outre,
les soldats ont empêché les médecins de
traiter les blessés et une ambulance
palestinienne d'évacuer un jeune homme
grièvement blessé. (2) Certains des
blessés ont signalé que l'armée
israélienne a utilisé des balles
explosives, qui sont illégales selon le
droit international. (3)
Le recours accru à une force excessive
contre les Palestiniens par
Israël est alarmant et illégal
au regard du droit international. Les
forces militaires israéliennes, en tant
que "responsables de l'application des
lois", ne doivent utiliser des armes à
feu qu'en dernier recours, en cas de
menace imminente de mort ou de blessure
grave, ou de légitime défense, et
l'usage de la force doit être
strictement nécessaire et proportionné.
De plus, les armes à feu ne doivent être
utilisées que lorsque d'autres mesures
se sont révélées insuffisantes. (4) Dans
ce cas, l'utilisation de la force
meurtrière contre les Palestiniens ne
relève pas de motifs légitimes pour
l'utilisation d'armes à feu et est donc
illégale. Les attaques susmentionnées
sont également interdites par le droit
international humanitaire, qui stipule
que "les atteintes violentes à la vie
et à la personne, en particulier les
assassinats de toutes sortes, les
mutilations, les traitements cruels et
la torture" sont interdites, et sont
également une violation grave de la
Quatrième Convention de Genève compte
tenu du statut "protégé" des
Palestiniens qui ont été ciblés.
L'Article 32 de la Quatrième Convention
de Genève dit explicitement que l' "interdiction
vise non seulement le meurtre, la
torture, les peines corporelles, les
mutilations et les expériences médicales
ou scientifiques non nécessitées par le
traitement médical d'une personne
protégée, mais également toutes autres
brutalités, qu'elles soient le fait
d'agents civils ou d'agents militaires."
(5)
Ces cas de blessures intentionnelles,
lorsqu'ils sont ajoutés à des actions
comparables se produisant dans des camps
de réfugiés comme Aida, Al-Arroub,
Kalandia, Am'ari et en
Cisjordanie en général,
prouvent que ces incidents constituent
une politique systématique et une mise
en œuvre des menaces du Capitaine Nidal.
Ces infractions délibérées et graves du
droit international déclenchent les
obligations des Etats tiers et autres
organismes mandatés pour mettre fin à ce
climat d'impunité dans lequel opèrent
l'armée israélienne et ses responsables.
[1]
Informations recueillies à partir
d'entretiens avec des jeunes du camp de
réfugiés de Dheisheh.
[2]Maan
News Agency, "Les forces
israéliennes se retirent d'Al-Fawwar
dévasté, laissant un adolescent
palestinien tué, 45 blessés, 17 août
2016.
[3]
CICR. "Les balles explosives - Règle
78. Il est interdit d’employer à des
fins antipersonnel des balles qui
explosent à l’intérieur du corps
humain." [CAI/CANI]
[4]
Principes de base des Nations Unies sur
l'utilisation de la forme et des armes à
feu par les responsables de
l'application du droit adopté par le
8ème congrès des Nations Unies sur la
prévention du crime et le traitement des
délinquants (1990), disposition générale
n° 9.
[5]
Convention (IV) de Genève relative à la
protection des personnes civiles en
temps de guerre, 12 août 1949.
Interdiction de la torture et des
services corporels.
Voir d'autres photos de
l'attaque d'Al-Fawwar par l'armée
d'occupation
ici
Source :
BADIL
Traduction : MR pour
ISM
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