Syrie
L'éradication du
terrorisme international
passe par la solidarité avec la Syrie !
Bachar al-Jaafari
Copie
écran PalSol
Vendredi 29 novembre 2013
Le conseil de sécurité s’est réuni le 27
Octobre 2013 pour débattre des
« progrès » enregistrés par ses trois
comités chargés de la lutte contre le
terrorisme [1] !
Le représentant de la France a parlé du
terrorisme au Mali et au Sahel, le
terrorisme massacrant la Syrie et les
Syriens lui ayant apparemment échappé...
La mauvaise foi de certains politiciens
français étant de rigueur vis-à-vis des
autorités de Damas
même
lorsque des responsables des Services du
renseignement français reconnaissent
leurs erreurs, il a remis le sujet des
armes chimiques sur le tapis et a jugé
bon d’inviter « à rester vigilants face
aux déclarations syriennes ». Nous
sommes donc vigilants au point de
traduire, mot pour mot, la déclaration
du délégué syrien permanent auprès des
Nations Unies, le Docteur Bachar
al-Jaafari. Comprenne qui voudra
maintenant que l’Internationale
terroriste a coupé les ponts avec les
prétendus révolutionnaires démocrates
made in France ou ailleurs, pour
siéger dans des gouvernements de
transition à leurs bottes ! [NdT].
Malgré la grande diversité des menaces
terroristes, les Nations-Unies restent
l’organisation essentielle capable
d’organiser et de renforcer les efforts
internationaux cherchant à débarrasser
notre monde de cette affliction.
Convaincu de cette évidence, le conseil
de sécurité a publié des dizaines de
résolutions relatives à la lutte contre
le terrorisme, et
l'Assemblée générale
en a adopté la
stratégie globale dans le but de
coordonner les efforts des États
Membres.
Il est donc attendu des différents
« Comités de lutte contre le
terrorisme » [2]
d’assurer la cohérence et l’efficacité
de leurs actions en refusant la
politisation et la justification du
terrorisme, justification tentée par
certains qui en arrivent à distinguer
entre un terrorisme autorisé [halal] et
un terrorisme interdit [haram] !
Ainsi, Monsieur le Président, en dépit
des efforts communs et de toutes les
résolutions successives destinées à
lutter contre le terrorisme, la réalité
démontre qu’il s’est propagé comme
jamais, usant de nouvelles ressources et
de nouveaux procédés largement exposés
par les confrères qui ont pris la parole
avant moi. Je n’y reviendrai donc pas,
sauf pour dire que nous constatons une
forte recrudescence de l’extrémisme et
du radicalisme ayant engendré des actes
de violence sans précédent.
Contrairement à ceux qui prétendent que
les organisations terroristes et
particulièrement Al-Qaïda se sont
affaiblies et que le Monde est plus en
sécurité depuis le décès d’Oussama Ben
Laden, nous disons que le terrorisme
représente toujours une dangereuse
menace pour la paix et la sécurité
mondiale.
En effet, certaines entités ou
ramifications d’Al-Qaïda cherchent
toujours à se répandre, profitant de
leur situation actuelle dans certains
pays en crise, et bénéficiant du soutien
illimité de certains États membres de
l’ONU qui considèrent le terrorisme
comme un outil pouvant servir leurs
politiques étrangères et leurs intérêts
étriqués.
Monsieur le Président,
la
délégation de mon pays n’a cessé de
signaler les menaces grandissantes du
terrorisme visant la Syrie depuis le
début de la crise. En plus de tous les
communiqués détaillant ses aspects et
ses exactions, j’ai moi-même adressé au
nom de mon gouvernement 259 courriers
officiels au Secrétaire général des
Nations-Unies et aux Présidents
successifs du Conseil de sécurité,
courriers en rapport direct avec la
lutte contre le terrorisme. Ces lettres
sont là, devant vous Messieurs ! Il
s’agit de 259 lettres dont 76 concernant
les activités
terroristes affiliées à Al-Qaïda,
9 lettres adressées au Président du
Comité 1373 [comité
du contre-terrorisme ou CTC, NdT],
et 4 lettres adressées au Président du
Comité 1540 [Lutte
contre le risque que des entités
non-étatiques aient accès aux armes de
destruction massive, NdT].
Face à la déferlante terroriste qui a
envahi notre pays, nous nous attendions
à une réponse officielle étant donné que
Les Nations Unies sont engagées dans la
lutte contre le terrorisme à travers les
trois sous-comités spécifiquement
destinés à cet effet [Comités
1267, 1373 et 1540, NdT]. Nous attendons
toujours !
Par ces lettres nous avons attiré
l’attention sur la férocité des actions
terroristes commises par des groupes
armés dont certains appartiennent à
l’organisation d’Al-Qaïda et dont la
majorité des membres sont des
extrémistes, des mercenaires étrangers
traversant les frontières pour mener
« des guerres par procuration » sur le
sol syrien ! Ils ont visé sans
distinction les institutions étatiques,
les infrastructures, les services
publics, les hôpitaux, les
établissements scolaires et
universitaires, les lieux de culte, les
sites archéologiques, les musées, les
sanctuaires, les cadres, les dignitaires
religieux et même les forces de la
FNUOD [Force
des Nations Unies chargée d'observer le
désengagement / au Golan]...
Dernièrement, leurs attaques ont pris
une forme particulière qui consiste à
lancer des obus de mortiers, de manière
complètement aléatoire, sur les
quartiers résidentiels, les églises, les
mosquées, et aussi les enfants dans
leurs écoles ou bus scolaires afin de
les priver du savoir et de consacrer
l’ignorance, seule nourriture des
esprits extrémistes.
Hier même, 40 mercenaires saoudiens
ont trouvé la mort face à l’Armée
nationale syrienne. Pour la seule
journée d’hier ! Parmi ceux-là, le fils
du Chef du département des officiers de
la garde royale saoudienne... Hier, des
obus de mortiers sont tombés sur un
établissement scolaire de Damas et ont
causé la mort de dizaines d’enfants...
Hier, des mercenaires terroristes ayant
traversé la frontière libanaise ont
massacré 8 médecins, 10 infirmières et
plusieurs patients de l’hôpital de Deir-Attiya...
Hier, les obus de mortiers ont atteint
l’Institut de la protection sociale des
patients atteints de paralysie cérébrale
dans la région de Barza à Damas et
l’Institut des enfants trouvés ; ce qui
a tué nombre d’enfants et d’handicapés
protégés dans ces deux lieux consacrés
au service de ceux qui avaient besoin de
soins particulièrement spéciaux.
Monsieur le Président, en dépit du fait
que l’entité terroriste dénommée « Jabhat
al-Nosra pour les Bilad al-Cham »,
dirigée par Abou Mohamad al-Golani, ait
été inscrite sur la liste du Comité 1267
[Comité de sanctions contre les entités
et individus liés à Al-Qaïda, NdT] ; et
malgré la déclaration présidentielle du
Conseil de sécurité en date du 2 Octobre
2013
condamnant « l’augmentation du nombre
d’attentats terroristes menés par des
organisations et des personnes associées
à Al-Qaida » en Syrie et « la
demande à toutes les parties de
s’engager à mettre un terme aux actes
terroristes commis par ces organisations
et personnes » ; et aussi, malgré
l’article 18 de la résolution 2118 qui
« réaffirme que tous les États
Membres doivent s’abstenir d’apporter un
appui, quelle qu’en soit la forme, à des
acteurs non étatiques qui tenteraient de
mettre au point, de se procurer, de
fabriquer, de posséder, de transporter,
de transférer ou d’utiliser des armes
nucléaires, chimiques ou biologiques ou
leurs vecteurs et demande à tous les
États Membres, en particulier ceux qui
sont voisins de la République arabe
syrienne, de lui signaler immédiatement
toute violation du présent
paragraphe » ; malgré tout cela, il est
clair que ces dispositions ne sont pas à
la hauteur du défi représenté par le
« terrorisme international » qui vise la
Syrie et tous les Syriens !
C’est pourquoi nous croyons que nous
avons tous besoin de dispositions
complémentaires qui permettraient de
répondre aux préoccupations que nous
vous avons soumises, et qui relèvent des
compétences de votre respecté Conseil de
sécurité ainsi que de ses différents
comités. Ces dispositions
complémentaires pourraient, par
exemple :
1.
Interdire le financement et l’armement
des organisations terroristes, ainsi que
toute forme de couverture ou d’asile à
leurs membres.
2.
Lutter contre la mentalité radicale,
extrémiste et fanatique quelle qu’en
soit la cause.
3.
Inviter les États Membres à surveiller
leurs frontières et à arrêter l’afflux
de leurs citoyens terroristes
extrémistes, vivant sur leurs
territoires, à se rendre en Syrie. Ici,
je voudrais signaler un article publié
le 25 Novembre 2013 [3]
par « The Independent » où il est
clairement rapporté qu’un prêcheur
extrémiste de nationalité britannique,
Anjem Choudary, a reconnu avoir expédié
300 mercenaires rejoindre Al-Qaïda en
Syrie ! Naturellement, d’autres
mercenaires arrivent en provenance de la
France ou d’ailleurs...
4.
Interdire à tous les États membres toute
forme d’incitation au terrorisme et à la
haine par leurs médias ou leurs
déclarations officielles, par la
fourniture d’armes ou d’argent aux
terroristes, ou par tout autre soutien
médiatique et diplomatique ; ceci,
conformément à la résolution 1624 [4]
adoptée en 2005 !
5.
Travailler à ce qu’Internet ou d’autres
moyens modernes de communication ne
soient pas exploités pour séduire et
inciter certaines franges de la jeunesse
du monde aux idées terroristes.
6.
Contrer les tentatives des organisations
terroristes cherchant à se procurer et à
utiliser des produits ou des armes de
destruction massive, comme cela s’est
passé dans mon pays à Khan al-Assal le
19 Mars 2013 et dans la Ghouta de Damas
le 21 Août de cette même année. À savoir
que nous avons communiqué au Comité 1540
des documents prouvant que certaines de
ces organisations terroristes sévissant
en Syrie ont cherché à obtenir des armes
chimiques à partir de pays voisins, et
avons attiré leur attention sur de tels
chargements saisis en Turquie et au
Liban. Nous leur avons aussi livré les
noms d’individus arrêtés en flagrant
délit.
7.
Demander des comptes aux États Membres
qui arment, financent, entraînent,
facilitent la traversée des frontières,
et couvrent les recrues des
organisations terroristes. Ceci, en
considérant que ces États sont complices
du terrorisme et donc responsables du
massacre des Syriens, et en les
obligeant à cesser leur comportement
destructeur ; comportement contraire non
seulement aux résolutions du Conseil de
sécurité relatives à la lutte contre le
terrorisme, mais aussi aux résolutions
2042 et 2043 de 2012, à la résolution
2118 de 2013, et au communiqué de la
Conférence de Genève. Autant de
décisions qui affirment la nécessité du
règlement de la crise syrienne selon une
solution politique, sous direction
syrienne, et par le dialogue entre tous
les Syriens.
Monsieur le Président, mon pays a
insisté depuis des dizaines d’années sur
la nécessité de mettre fin à la
domination coloniale, sur le caractère
sacré du principe de souveraineté, et
sur le respect du principe de non
ingérence dans les affaires intérieures
des États. Mon pays a aussi exprimé, à
maintes reprises, sa reconnaissance du
rôle essentiel de l’ONU dans la lutte
contre le terrorisme, une affliction que
l’on ne peut combattre tout seul.
Il n’empêche qu’il nous faut attirer
l’attention de ce Conseil sur une
nouvelle forme d’ingérence et de
domination des États. Il s’agit d’États
Membres de cette Organisation des
Nations-Unies qui protègent et financent
des actes de terrorisme et des
terroristes, publiquement et devant
témoins. Des États membres qui imposent
leur agenda politique et renversent des
gouvernements au pouvoir. Ces
agissements sont probablement du ressort
de ce respecté Conseil et de ses Comités
de lutte contre le terrorisme.
Il est indubitable que la lutte contre
le terrorisme qui vise les citoyens
syriens est un élément décisif pour la
réussite de n’importe quelle solution
pacifique à la crise syrienne et pour la
crédibilité du processus politique aux
yeux du peuple syrien.
En conclusion, Monsieur le Président,
notre déclaration est un appel à la
solidarité des membres de ce Conseil
avec le gouvernement syrien, face au
terrorisme qui a coûté la vie à des
milliers de Syriens innocents. Et, tout
comme nous avions appelé à débarrasser
le Moyen-Orient de toutes sortes d’armes
de destruction massive en 2003, alors
que nous étions membre non permanent de
ce Conseil ; nous appelons aujourd’hui à
travailler ensemble pour faire en sorte
qu’il devienne une région débarrassée de
toutes sortes de terrorisme, un premier
pas sur le chemin de l’éradication de
cette terrible affliction qu’est devenu
le terrorisme international !
Dr Bachar al-Jaafari
27/11/2013
Transcription et traduction de l’arabe :
Mouna Alno-Nakhal
Source : Vidéo / You Tube
بيان السفير السوري د بشار الجعفري حول
الارهاب 27 11 2013
http://www.youtube.com/watch?v=V7uAAwKxEqs
Notes :
[1] Le conseil de sécurité débat des
progrès enregistrés par ses trois
comités chargés de la lutte contre le
terrorisme
27/11/2013
http://www.un.org/News/fr-press/docs/2013/CS11194.doc.htm
[2] ONU / Comités de lutte contre le
terrorisme [Aller sur en savoir plus...]
http://www.franceonu.org/la-france-a-l-onu/dossiers-thematiques/paix-et-securite/lutte-contre-le-terrorisme/article/lutte-contre-le-terrorisme
[3] Gateway to terror: British Islamic
preacher Anjem Choudary 'sent hundreds
to join al-Qa’ida in Syria
http://www.independent.co.uk/news/uk/crime/gateway-to-terror-british-islamic-preacher-anjem-choudary-sent-hundreds-to-join-alqaida-in-syria-8960883.html
[4]
Résolution 1624 (2005) [PDF]
http://www.un.org/fr/documents/view_doc.asp?symbol=S/RES/1624
(2005)
Le sommaire de Mouna Alno-Nakhal
Le
dossier Syrie
Les dernières mises à jour
|