Syrie
Syrie:
Une campagne de diffamation orchestrée
au sein
du Conseil de sécurité de l'ONU
Bachar al-Jaafari
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Jeudi 10 avril 2014
Les gouvernements et la presse des
faux « amis de la Syrie » sont
certainement satisfaits des déclarations
de Mme Navi Pillay devant le Conseil de
sécurité de l’ONU, réuni à huis clos, le
8 avril 2014. Quoi de plus stimulant
pour continuer à sereinement lobotomiser
le plus grand nombre en accusant le
Gouvernement syrien et l’Armée nationale
syrienne de tuer le peuple syrien ?
En bref, Madame la haute commissaire
de l’ONU aux droits de l’homme a estimé
que « le régime syrien est le principal
responsable des exactions commises dans
le pays… le Conseil de sécurité de l’ONU
doit saisir la Cour Pénale
Internationale… les agissements des deux
parties ne sont pas comparables... les
violations perpétrées par les forces
gouvernementales dépassent largement
celles des insurgés ! » [1][2]. Autant
d’accusations convenues et inchangées de
son propre aveu depuis Août 2011, malgré
la cruauté de la « partie prétendument
insurrectionnelle » qui n’est même plus
ignorée par les médias complices,
effarés devant tant d’horreurs !
Pour mémoire, voici la
traduction de la réponse du Dr
Bachar al-Jaafari, délégué permanent
de la Syrie auprès des Nations
Unies, aux déclarations de Mme Navi
Pillay et aux omissions de Mme
Valérie Amos, secrétaire générale
adjointe des Nations unies chargée
des affaires humanitaires,
coordonnatrice des secours
d’urgence, et chef du Bureau de la
coordination des affaires
humanitaires !
Mesdames et Messieurs,
Madame le Haut-Commissaire aux droits
de l’homme vient de terminer son
briefing auprès des membres du Conseil
de sécurité sur de nombreux sujets, y
inclus sur la situation de mon pays, la
Syrie.
Vous avez tous entendu ce qu’elle
vient de dire, avant de quitter ce
podium, de son impression personnelle et
de sa propre évaluation de la situation
syrienne. Vous l’avez entendue se
référer à sa position première adoptée
dès Août 2011. C’est ce qu’elle a dit :
Août 2011 ! Ce qui correspond à quelques
mois après le début de la crise en Syrie
[3] ; alors qu’après cela, elle a
déclaré qu’il y avait eu violation des
droits humains par les deux parties :
les forces gouvernementales et les
groupes armés terroristes [4]. En soi,
cela confirme et corrobore sa lecture
biaisée de la situation en Syrie depuis
le début.
Il est malheureux que Madame le
Haut-Commissaire, qui occupe une
fonction aussi importante et sensible au
Haut-Commissariat des droits de l’Homme
[HCDH], se soit autorisée, d’emblée, à
servir d’outil de pression contre le
gouvernement syrien. Elle est devenue
partie intégrante d’une campagne
orchestrée par certains membres
influents de ce Conseil pour venir
s’exprimer à chaque fois qu’ils l’ont
invitée à contribuer à leur politique de
pression. Il n’est donc pas étonnant que
la France, la Grande Bretagne et les
délégations US l’aient conviée,
aujourd’hui, pour jouer leur partition
contre mon gouvernement.
Il est aussi vraiment déplorable que
Madame Amos n’ait pas mentionné devant
le Conseil ou devant vous, journalistes
accrédités par l’ONU, le problème des
terroristes takfiristes sévissant en
Syrie. Elle n’a même pas évoqué le fait
qu’ils étaient présents par dizaines de
milliers, combattant le gouvernement,
perpétrant des crimes, massacrant des
civils, assassinant des citoyens
innocents.
Elle a oublié de signaler quoi que ce
soit sur ce qui se passe à Kessab et sur
les groupes terroristes affiliés à Al-Nosra,
au Front islamiste, et à d’autres
groupes terroristes qui sont arrivés en
provenance du territoire turc et qui se
sont mis à massacrer des civils syriens
dans cette région où la plupart des
habitants sont d’origine arménienne et
où, comme vous le savez, les combats se
poursuivent encore.
Elle aurait dû vous éclairer un tant
soit peu sur ce grave problème parce
qu’il pourrait être la raison d’une
violente conflagration régionale et
d’une importante escalade militaire.
Elle n’a rien dit, non plus, sur
l’implication du gouvernement turc
derrière les activités terroristes ni à
Kessab, ni ailleurs.
L’un d’entre vous l’a interrogée sur
la très importante information donnée
par M. Seymour Hersh dans son dernier
article [5][6] faisant état de
« l’implication directe » du
gouvernement turc d’Erdogan dans le
massacre aux armes chimiques ayant eu
lieu dans la Ghouta de Damas le 21 Août
de l’année dernière… Mais c’est comme
si, cette question ne faisait pas partie
de son mandat, lequel consisterait
uniquement
à coincer le gouvernement syrien et à
jouer, elle aussi, sa partition dans
cette campagne orchestrée au sein même
du Conseil de sécurité, de telle sorte
que les dirigeants syriens finissent par
être déférés devant le Tribunal Pénal
International [TPI], tel que souhaité.
Venant d’une haute responsable du
HCDH, cette situation est vraiment
terrifiante. Elle agit en irresponsable.
Elle va au-delà de son mandat. De plus,
elle ne protège pas les droits humains,
mais permet à des terroristes
takfiristes et à certains gouvernements…
saoudien, qatari, turc … de continuer à
massacrer la population civile syrienne
et de défier le gouvernement, n’importe
quel gouvernement au monde, y compris
ceux qui sont influents au sein de ce
Conseil ou ceux qui se sont profondément
impliqués dans les massacres en Syrie.
Tous les gouvernements ont le droit,
selon leur Constitution, de défendre
l’ordre à l’intérieur de leur frontière
pour garantir la sécurité de leur
population. Mais, une fois de plus, et
en dépit de toutes les informations
concernant l’implication du gouvernement
turc - aussi bien celles rapportées par
M. Seymour Hersh que celles éventées par
des enregistrements audio entre le
ministre des Affaires étrangères et le
chef des services secrets turcs [7]
complotant et bluffant l’opinion public
par la fabrication d’une opération sous
« faux drapeau » devant conduire à
l’invasion militaire de la Syrie - Mme
Amos a jugé qu’elle n’était pas
concernée. Ce n’est pas dans son
mandat !
Comme si, elle n’avait jamais entendu
parler des milliers et des milliers de
terroristes, de différentes
nationalités, présents sur le territoire
syrien… La majorité de ceux qui ont
attaqué Kessab la semaine dernière
venaient du Maroc et de la Tunisie. Mais
ce n’est pas dans son mandat !
Ce n’est pas dans son mandat car,
comme je l’ai dit, son mandat consiste
uniquement à répondre positivement aux
tentatives de manipulations des membres
influents de ce Conseil,
de sorte que leur
délibération du jour sur la question
syrienne aboutisse à préparer
le
terrain à des
projets de résolution,
ou autres, pouvant mener le gouvernement
syrien devant le TPI. Ses actions sont
désormais inféodées et son comportement
est irresponsable !
Question : Vous dites que les preuves
avancées par Simon Hersh, et celles
apparues dans l’enregistrement audio
entre responsables turcs, ont été
ignorées. Avez-vous adressé des
courriers, des explications, ou d’autres
documents audio concernant des faits
aussi graves, notamment l’utilisation
des armes chimiques par l’opposition ?
Nous avons adressé des dizaines de
courrier depuis le début des événements,
et dernièrement nous en avons adressé
une dizaine, au nom de notre
gouvernement, concernant et
l’enregistrement des conversations
téléphoniques entre responsables turcs
dont le ministre des Affaires
étrangères, et l’agression militaire
turque ouvertement menée contre la
région de Kessab située près de la
frontière syro-turque. Ceci, sans parler
de mes réunions et rencontres avec de
nombreux ambassadeurs et hauts
fonctionnaires des Nations Unies.
Oui, nous avons informé le Secrétaire
général par l’intermédiaire de la
directrice de son cabinet, et j’ai
moi-même informé M. Eliasson ainsi que
d’autres hauts responsables aux Nations
Unies de la dangereuse escalade et des
manipulations du gouvernement turc.
L’article de M. Hersh est d’une
grande importance puisque qu’il existe
des recoupements avec les données de
l’enregistrement issu du bureau du
ministre turc des Affaires étrangères ;
ce qui confirme absolument la
participation du gouvernement turc,
d’une part à l’attaque chimique de la
population civile le 21 Août 2013,
d’autre part à l’escalade militaire et à
la fabrication d’une fausse agression
syrienne cherchant à pousser le
président Obama à intervenir
militairement en Syrie, sous prétexte
que le gouvernement syrien a dépassé
« la ligne rouge ». Ce même article est
aussi d’une grande importance parce
qu’il indique que le président Obama
était au courant des manœuvres du
gouvernement turc dont la conduite va à
l’encontre de toutes les lois et chartes
internationales.
Question : Quelle est la position de
votre gouvernement à l’égard de Genève
III ou de la pause de Genève II ?
Vendredi dernier a lieu une rencontre
entre les militaires américains, Chuck Hagel et Martin Dempsey, et le
Secrétaire général de l’ONU… que
pensez-vous du Conseil de sécurité et de
l’ONU ?
Concernant les pourparlers de Genève,
nous attendons les initiatives de M.
Brahimi. Jusqu’ici, il n’est pas revenu
vers Damas et n’a avancé aucune
proposition.
Concernant le Conseil de sécurité,
nous avons eu à formuler de sérieuses
observations… Vous vous rappelez sans
doute qu’en 2008 un accord ONU/OTAN [8]
a été conclu sans en référer aux États
membres et sans consulter l’Assemblée
générale des Nations Unies. Nous
espérons que le Secrétaire général fera
entendre la voix de la sagesse aux
responsables militaires à Washington
pour refléter la nature même des Nations
Unies, fondées pour le règlement
pacifique des conflits.
Question : Pensez-vous, comme le Conseil
de sécurité, que le règlement du conflit
en Syrie ne passe pas par la solution
militaire ?
Bien sûr que nous le pensons. Nous
l’avons dit à maintes reprises. C’est
sur la base de cette conviction que nous
avons participé aux pourparlers de
Genève. Bien sûr que nous cherchons une
solution politique à la crise syrienne
menée par les Syriens eux-mêmes,
conformément au plan de Kofi Annan et
aux résolutions consensuelles du Conseil
de sécurité dont la résolution 2118 [9].
Mais il est évident que nous ne pouvons
pas y arriver à nous seuls. Nous avons
besoin que les parties qui ont autorité
sur les groupes terroristes armés
exercent sérieusement leur influence
pour qu’ils cessent d’envahir notre
territoire, de tuer nos civils, et de
violer notre souveraineté.
Question : Lorsque vous parlez de
combattants étrangers, incluez-vous les
Iraniens et ceux du Hezbollah ? Mme Pillay a dit qu’il y avait violations
des droits humains de toutes parts, mais
que les bombardements aériens et les
gazages terrestres entrainaient encore
plus de dommages…
En trois ans de crise, Mme Pillay ne
s’est jamais rendue en Syrie et parle
sans tenir compte de ce qui s’y passe
réellement. Elle a négligé tous les
rapports émanant des agents onusiens
basés à Damas pour ne prêter son
attention qu’aux rapports venant de ce
qu’elle appelle « les camps de réfugiés
syriens », où de nombreux opposants sont
présents. Elle manipule et biaise la
vérité, utilisant sa fonction pour
exercer encore plus de pression sur le
gouvernement syrien, ce qui constitue
une violation de son mandat et de nos
droits en tant qu’État membre. Nous
l’avons élue pour nous représenter, non
pour travailler sur d’autres agendas !
Question : Monsieur l’Ambassadeur,
dois-je comprendre que vous niez toutes
les allégations de violation des droits
humains du côté gouvernemental ?
Absolument ! Nous l’avons dit et
répété. Nous ne l’avons pas simplement
nié, mais nous avons déclaré que toutes
ces accusations sont fausses et non
crédibles. Les membres de la dite
« Commission d’enquête indépendante » ne
se sont pas rendus sur place. Ils ne
savent pas ce qui s’y passe. Ils n’ont
pas tenu compte de nos rapports. J’ai
adressé, au nom de mon gouvernement,
plus de 500 lettres. Ils ne les ont pas
lues ! Ils n’ont pas écouté nos
déclarations. Ils le font volontairement
pour que notre voix ne puissent pas être
entendue par la dite « communauté
internationale ». Encore une fois, tout
cela fait partie d’une campagne
orchestrée pour coincer et diaboliser le
gouvernement syrien.
Je vous remercie !
Dr Bachar al-Jaafari
Délégué syrien permanent auprès des
Nations Unies
08/04/2014
Source : Vidéo shaamnews 100
Conférence de presse du Dr Bachar
al-Jaafari suite à la réunion, à huis
clos, du Conseil de sécurité de l’ONU le
8 Avril 2014
https://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=3vEhWvYl_8E
Texte transcrit et traduit par
Mouna Alno-Nakhal
Notes :
[1] Atrocités en Syrie: le régime El-Assad
blâmé
http://actualites.ca.msn.com/international/atrocit%C3%A9s-en-syrie-le-r%C3%A9gime-el-assad-bl%C3%A2m%C3%A9
[2] Vidéo :
UN / SYRIA UPDATE
http://www.unmultimedia.org/tv/unifeed/2014/04/un-syria-update-4/
[3] Syrie
: Navi Pillay prévient les autorités que
le monde est témoin du carnage
http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp/storyF.asp?NewsID=25986&Cr=Syrie&Cr1=#.U0WuqVcufeI
[4]
Syrie : "un cauchemar" pour Navi Pillay
http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2013/05/27/97001-20130527FILWWW00416-syrie-un-cauchemar-pour-navi-pillay.php
[5] Obama, Erdogan, les rebelles syriens et la ligne rouge (London Review of
Books)
http://www.legrandsoir.info/obama-erdogan-les-rebelles-syriens-et-la-ligne-rouge-london-review-of-books.html
[6] Nouvel exposé de Seymour
Hersh: la Turquie a organisé des
attaques au gaz pour provoquer une
guerre des États-Unis contre la Syrie
http://www.mondialisation.ca/nouvel-expose-de-seymour-hersh-la-turquie-a-organisee-des-attaques-au-gaz-pour-provoquer-une-guerre-des-etats-unis-contre-la
syrie/5377163?utm_source=rss&utm_medium=rss&utm_campaign=nouvel-expose-de-seymour-hersh-la-turquie-a-organisee-des-attaques-au-gaz-pour-provoquer-une-guerre-des-etats-unis-contre-la-syrie
[7] La Turquie préparait une opération
‘sous faux drapeau’ pour agresser la
Syrie
http://www.mondialisation.ca/la-turquie-preparait-une-operation-sous-faux-drapeau-pour-agresser-la-syrie/5376499
[8] L’accord secret entre l’ONU et
l’OTAN
http://www.internationalnews.fr/article-29002022.html
[9] Syrie / ONU : La résolution 2118
passée au crible de la réalité…
http://www.mondialisation.ca/syrie-onu-la-resolution-2118-passee-au-crible-de-la-realite/5352346
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