Syrie
Quelque chose ne tourne pas rond
au sein de l'ONU !
Bachar al-Jaafari

Photo:
D.R.
Dimanche 2 novembre 2014
I. Communiqué de M. Bachar
al-Jaafari suite à la réunion du Conseil
de sécurité concernant la situation en
Syrie - 30/10/2014 -
Bonjour Mesdames et
Messieurs,
Aujourd’hui, pour la
première fois, le Conseil de sécurité a
tenu une réunion conjointe entre des
humanitaires et des politiques traitant
de ce que l’on désigne communément par «
la crise syrienne » [1]. M.
Staffan
de Mistura s’est
exprimé suite à l’intervention
par visioconférence, à partir de Genève,
de Mme Kang Kyung-wha, Sous-Secrétaire
générale aux affaires humanitaires et
Coordonnatrice adjointe des secours
d’urgence de l’OCHA [Bureau de la
coordination des affaires humanitaires].
Nous pensons que
c’est là une évolution positive dans la
mesure où les membres du Conseil de
sécurité pourront examiner, à la fois,
l’aspect politique et l’aspect humain
que M. De Mistura [Envoyé spécial de
l’ONU auprès de la Syrie] vient juste de
vous exposer [2].
Nous ferons cependant
deux remarques sur ce qui a été dit au
cours de la session d’aujourd’hui :
-
La première
remarque
concerne Mme
Kyung qui,
lorsqu’elle
a souligné le fait
que la violence
avait atteint
des niveaux sans
précédent, n’a pas précisé
les raisons de cette escalade. Elle
a parlé du nombre croissant de ce
qu’elle a qualifié de « réfugiés »
ou de « personnes déplacées », mais
n’a pas précisé les raisons qui ont
fait que ces millions de Syriens ont
fui leur pays, leurs villes ou leurs
villages. Elle a parlé des
bombardements terroristes à Homs qui
ont tué nombre d’enfants innocents
devant leur école, mais n’a pas
précisé qui en étaient les auteurs [3].
C’est cette manière
de s’alarmer devant les événements
sanglants frappant la Syrie qui pose un
problème éthique et moral, à nous-mêmes,
comme au gouvernement syrien.
Nous aurions
souhaité que
le
personnel du
Secrétariat soit plus
neutre
quant à ses prises de
position concernant les
actions terroristes
en Syrie;
d'autant plus
qu’aujourd’hui, après une longue période
de déni, la dite « Communauté
internationale » a fini par en arriver à
la conclusion que
ce que le gouvernement
syrien disait
depuis des années était la stricte
vérité : « Nous
sommes confrontés à
des mercenaires
venant de
83 pays. Nous sommes
confrontés à des terroristes venant
du monde entier » !
Des terroristes
entrainés dans des « camps
secrets » ou plutôt,
qui étaient secrets, puisque c’est
maintenant chose
publiquement déclarée
en Jordanie,
en Turquie et
en Arabie saoudite.
De plus, nous savons
que leurs instructeurs et leurs
superviseurs sont des
Étatsuniens, des
Britanniques et des
Français. Il n’y a donc plus de
secrets, ni
sur l'identité
de ceux qui
soutiennent les terroristes
en Syrie, ni
sur les principales
raisons de l’afflux des
terroristes du prétendu EIIL, de l’EI,
de Jabhat al-Nosra ou
de n’importe quelle autre organisation
de ce type.
Plus personne ne
peut se laisser convaincre qu’un
terroriste australien qui a quitté
Sydney pour se retrouver 24 heures après
dans les environs de Damas ou d’Alep à
se battre contre le gouvernement du
pays, est un « rebelle syrien » ; mais
certains, notamment les porte-paroles du
Secrétariat, persistent à qualifier
ainsi l’Australien, le Français, le
Saoudien, le Libyen, le Tunisien ou le
Turc rendus en Syrie. Je ne sais comment
ils peuvent combiner ces deux identités
contradictoires pour un même
terroriste !
Nous avons donc là
un problème éthique qui devrait être
traité au niveau des représentants du
Secrétariat [de l’ONU].
-
La deuxième
remarque
concerne M. De Mistura dont nous
saluons les efforts en espérant en
savoir plus sur ses propositions
pour un « règlement politique » dans
un avenir proche. Bien sûr que c’est
d’un tel règlement que nous avons
besoin, mais si nous voulons
faciliter sa tâche, celle du
gouvernement syrien et celle des
membres du Conseil de sécurité, nous
devons aborder la question dans son
ensemble et d'une manière globale.
Nous ne pouvons pas
nier le rôle destructeur de la Turquie
en Syrie. Nous ne pouvons plus ignorer
que la Turquie facilite l’entrée des
terroristes de L’EIIL et de Jabhat al-Nosra
sur notre territoire. Nous ne pouvons
plus ignorer et ne pas condamner le fait
que les politiques du gouvernement turc
sont derrière cette escalade de la
violence en Syrie.
Je ne comprends pas
comment quiconque en ce monde peut
tolérer ce genre de politique
irresponsable du gouvernement turc,
surtout après avoir entendu le président
turc poser ses quatre conditions
préalables à toute participation à la
lutte de la Communauté internationale
contre Daech et le terrorisme à Aïn al-Arab/Kobané,
[Création
d'une zone tampon, qualifiée ensuite
de zone de sécurité, en territoire
syrien ; doublée d'une zone d'exclusion
aérienne dans le Nord de la Syrie ;
refus de toute autonomie kurde, le Parti
de l'union démocratique (PYD) étant
considéré comme une organisation
terroriste ; renversement du
gouvernement syrien et, plus
particulièrement, du Président Bachar
al-Assad ; NdT].
Ces conditions
constituent une violation de la Charte
des Nations Unies et des principes du
droit international, mais toujours pas
de réaction de la part du Secrétaire
général Ban Ki-moon, ni de n’importe
lequel de ses assistants ou experts de
haut niveau.
Quelque chose ne
tourne donc pas rond dans cette
organisation, d’autant plus que ces
violations sont d’ordre éthique et non
seulement d’ordre politique ou
humanitaire.
La souffrance vécue
par le peuple syrien n’est pas due au
bazar ou au cirque que nous raconte,
parfois, cette organisation [OCHA]. La
souffrance du peuple syrien devrait être
considérée et traitée d’une manière plus
sérieuse qu’elle ne le fait. M. De
Mistura a souligné qu’à Damas il avait
entendu maintes fois répété le mot « Khalas »
qui veut dire : « assez !». Assez
d’aider les terroristes à traverser nos
frontières à partir de la Jordanie, du
Liban et de la Turquie !
Le fléau Daech auquel
sont confrontés le peuple irakien et le
peuple syrien devrait appeler la dite
Communauté internationale à des
déclarations plus sérieuses concernant
la lutte contre le terrorisme dans le
cadre des résolutions 2170 et 2178,
alors qu’il apparaît que des mois après
l’adoption de ces deux résolutions par
le Conseil de sécurité, ni le
gouvernement turc, ni le gouvernement
saoudien, ni même le gouvernement
jordanien qui est membre de ce Conseil,
n’ont tenu compte du contenu de ces deux
résolutions de l’ONU.
C’est pourquoi j’ai
dit que quelque chose va mal dans cette
organisation, là où nous avons besoin
d’ouvrir les yeux sur les faits, pour ne
pas aboutir à des analyses erronées sur
ce qui se passe en Syrie.
Aujourd’hui, la
priorité est de mettre fin à ces actions
irresponsables et provocatrices du
gouvernement turc à l’égard de la Syrie
en dépit des résolutions 2170, et 2178.
Nous ne pouvons pas continuer à
pratiquer une telle sélectivité et
combattre le terrorisme. Être sélectif
signifie que vous n’êtes pas sérieux
dans votre combat contre le terrorisme !
Je suis à votre
disposition.
II. Réponses de M.
Bachar al-Jaafari aux questions posées
par les journalistes, en arabe et en
anglais :
1. M. de Mistura
a-t-il discuté de son « plan d’action »
avec le gouvernement syrien lorsqu’il
s’est rendu à Damas, à Moscou ou à
Téhéran, avant de le proposer au Conseil
de sécurité ?
Non, nous n’avons pas
eu de discussion préalable sur ce sujet
lorsqu’il s’est rendu en Syrie. C’est,
comme il vous l’a dit, le fruit de sa
tournée d’une quarantaine de jours dans
la région. De notre côté, nous
étudierons ses propositions lorsqu’il
retournera à Damas pour s’en entretenir
avec les responsables politiques et
donnerons notre avis sur la question. De
toute façon, je dois le rencontrer dès
demain.
2. M. De Mistura a
appelé les Turcs à intervenir pour
sauver les civils de Aïn al-Arab. Est-ce
que ce point précis a été discuté avec
le gouvernement syrien ?
Le gouvernement
syrien est contre toute ingérence
étrangère dans les affaires syriennes et
contre toute violation de la
souveraineté syrienne. C’est une ligne
rouge !
Ensuite, M. De
Mistura n'a pas appelé la Turquie à
intervenir dans les affaires syriennes.
Les autorités turques empêchant les
Syriens qui ont dû fuir cette ville d’y
retourner, il les a appelées à faciliter
le retour des combattants kurdes
syriens, se trouvant de l’autre côté de
la frontière vers Aïn al-Arab, leur
ville, pour
participer aux combats contre Daech. Il
nous faut rester très précis dans notre
façon de nous exprimer. Voilà ce que
voulait dire M. De Mistura.
3. M. De Mistura a
parlé de « freeze zones » que certains
traduisent par « zones locales de
cessez-le feu ». Pouvez-vous nous dire
quelle est la position du gouvernement
syrien devant ces propos. Comment a-t-il
l’intention de procéder à Alep [ville
considérée par M. De Mistura comme une
« bonne candidate » pour ce type de
zone, NdT]. Et aussi, pourriez-vous nous
faire une mise au point sur ce qui se
passe sur les hauteurs du Golan et avec
les Forces de l’UNDOF [ou FNUOD :
Force des Nations Unies chargée
d’Observer le Désengagement ; résolution
350/1974]. Sont-elles revenues du
côté syrien de la ligne de séparation
[4] ?
Cette question est un
autre scandale de cette organisation, le
DPKO [Department for PeaceKeeping
Operations] n’a même pas réagi devant la
délicate et dangereuse situation qui
prévaut dans la zone démilitarisée entre
le côté syrien et le côté israélien de
la ligne de désengagement. Depuis des
mois, des éléments de Jabhat al-Nosra,
qui est inscrite sur la liste des
organisations terroristes, occupent des
poches du côté syrien de la ligne de
séparation, et le DPKO ne réagit
toujours pas !
Comme vous le savez,
le résultat est que les Philippins se
sont retirés et que les Fidjiens ont été
kidnappés, malgré nos mises en garde
précoces et la prise en otage de membres
philippins de l’UNDOF à deux reprises
[en Mars et en mai 2013, NdT]. Le DPKO
n’a « toujours pas enquêté », ni sur le
rôle joué par les services du
renseignement du Qatar, ni sur les
incidents de l’époque; ce qui a
encouragé les mêmes ravisseurs à répéter
leurs crimes encore et encore. C’est
aussi pourquoi je dis qu’il ne s’agit
plus d’une crise essentiellement
politique, mais d’une sorte de crise
éthique au sein de cette organisation
[…].
Le gouvernement
syrien a appelé, à maintes reprises, les
membres du Conseil de sécurité, ainsi
que M. Lakhdar Brahimi et M. Kofi Annan
avant lui, à prendre en considération ce
que nous qualifions de « processus de
réconciliation nationale ». Autrement
dit, le gouvernement syrien est en
faveur de « zones pacifiées » où il
travaille à la réconciliation avec ceux
qui n’ont pas de sang sur les mains et
qui déposent leurs armes. Par conséquent
cette idée, dans son sens le plus large,
est l’idée du gouvernement syrien
lui-même. De plus, nous ne voulons pas
des « freeze zones », nous voulons que
la Syrie toute entière redevienne une
seule et même « freeze zone » sans
aucune exclusion.
Ceci dit, nous
prendrons en considération l’idée de M.
De Mistura et nous essaierons de voir
comment nous pourrions l’aider à
atteindre son objectif en même temps que
celui du gouvernement syrien.
Finalement, nous sommes heureux de
constater que la priorité de M. De
Mistura et celle des membres du Conseil
de sécurité est de combattre le
terrorisme. C’est sur point que nous
avions insisté à Genève il y a un an et
demi, et quelques-uns parmi vous doivent
se souvenir que nous avions dit que
c’était « la priorité des priorités ».
Malheureusement, certains n’ont pas
voulu entendre et aujourd’hui, comme
vous le constatez, tout le monde
s’accorde là-dessus, même si les uns
parlent de Daech et que d’autres parlent
de Jabhat al-Nosra ; ce qui revient au
même.
Nous voulons
combattre le terrorisme et nous avons
besoin que la communauté internationale
nous aide, mais ce combat ne peut rester
sélectif. Nous ne pouvons pas combattre
le terrorisme en témoignant clémence et
tolérance à l’égard des mauvaises
politiques du gouvernement turc contre
la Syrie. Quelqu’un doit stopper le
gouvernement à Ankara et le pousser à
s’engager sérieusement dans le combat
contre toutes les formes de terrorisme.
Encore une fois, la Turquie viole la
charte et les lois internationales en
s’ingérant dans les affaires intérieures
de la Syrie, en aidant les terroristes à
traverser nos frontières après les avoir
militairement entrainés sur son
territoire. Cela devrait interpeller
tout le monde et tout un chacun.
4. Pour revenir aux
« freeze zones » ou « zones locales de
cessez le feu », pourriez-vous, s’il
vous plait, nous rappeler où ces zones
ont été un succès ?
Nous ne parlons pas
de cessez le feu, mais de processus de
réconciliation nationale…
5. Où est-ce que cela
a réussi ?
Partout dans le pays,
à Damas, sur la côte, à Homs… Ce fut une
expérience réussie pour le gouvernement
syrien.
6. Des rapports indiquent que votre
gouvernement a considérablement
intensifié ses frappes aériennes ces
derniers temps, y compris à Alep, et je
ne vois pas comment cela est supposé
vous conforter. Ensuite, l’EIIL ayant du
répondant dans les ères sunnites, est-ce
que les gouvernements syrien et irakien
ont agi d’une façon ou d’une autre pour
que les sunnites ne se sentent pas
écartés par Damas et Bagdad à la fois ?
En Syrie, nous ne pratiquons pas un mode
de pensée sectaire et confessionnel,
notamment lorsqu’il s’agit de nos
affaires intérieures. Je suis donc au
regret de ne pas répondre à cette partie
de votre question totalement étrangère à
notre culture nationale.
Concernant le deuxième point de votre
question, le fait est que les dites
« Forces de coalition » mènent 8 à 30
raids aériens par jour, contre l’EIIL en
Irak et en Syrie. Mais juste pour votre
information, j’aimerais vous confirmer
que les Forces aériennes syriennes
mènent quotidiennement environ 130 raids
aériens contre l’EIIL, contre Jabhat al-Nosra
et contre d’autres organisations
terroristes. Par conséquent, l’aviation
syrienne est fortement engagée dans la
lutte contre le terrorisme sur
l’ensemble des régions du pays et pas
seulement à Alep.
7. Pouvez-vous nous donner votre avis
sur les frappes aériennes US en Syrie ?
Ont-t-elles amené un quelconque
changement positif sur le terrain ?
Nous avons de sérieux doutes quant aux
motivations de ces frappes. Le président
Obama a commencé par dire que cette
guerre durerait 3 ans ! Je ne vois pas
comment la force militaire la plus
puissante du monde serait incapable,
selon les dires du Pentagone, de stopper
15.000 terroristes déployés le long du
désert irakien et du désert syrien ! Il
y a donc quelque chose d’erroné dans
cette arithmétique.
Ensuite, nous avons entendu dire, par
les chefs du Pentagone, que cette guerre
pourrait durer longtemps et je crois que
certains ont donné des chiffres allant
de 20 à 30 ans ! C’est donc un appel à
une guerre ouverte destinée à devenir
une « guerre d’usure » contre tous les
peuples ou les gouvernements de la
région et plus particulièrement contre
l’Irak et la Syrie, car nous sommes les
principales cibles de cette campagne.
Nous sommes donc nécessairement d’une
extrême vigilance face aux déclarations
publiques des uns et des autres.
Comme je viens de le dire, nous avons de
sérieux doutes sur les motivations de
cette dite « coalition » car alors
qu’elle cible l’EIIL d’une main, elle se
révèle très patiente à l’égard des
exactions du gouvernement turc, de
l’autre main ; exactions menées par
l’intermédiaire de l’EIIL. Ce faisant,
elle exerce d’énormes pressions sur
l’Armée nationale syrienne en ouvrant de
« nouveaux fronts » dans le but de
disperser ses efforts et de la détourner
de son combat contre l’EIIL, aussi bien
au niveau de la zone frontalière avec la
Turquie qu’au niveau d’autres zones du
pays.
Ce qui revient à diminuer la pression
sur l’EIIL et, d’une certaine façon, à
faciliter sa tâche en Syrie et en Irak,
alors que si l’Armée nationale syrienne
avait les mains libres pour combattre
uniquement l’EIIL, elle l’éliminerait en
3 jours et n’aurait certainement pas
besoin de 3 ans pour ce faire !
Un grand merci à vous tous
Dr. Bachar al-Jaafari
Délégué permanent de la Syrie auprès des
Nations Unies
30/10/2014
Source :
http://webtv.un.org/watch/bashar-jaafari-syria-on-syria-security-council-media-stakeout-30-october-2014/3867335365001
ou
https://www.youtube.com/watch?v=zZdmuQbnSVE
Transcription et traduction par Mouna
Alno-Nakhal
Notes :
[1] The situation
in the Middle East (Syria) - Security
Council, 6810th meeting
http://webtv.un.org/watch/the-situation-in-the-middle-east-syria-security-council-6810th-meeting/1743476443001
[2] Transcript -
Press Stakeout: UN Special Envoy for
Syria, Mr. Staffan De Mistura, New York,
30 October 2014
http://reliefweb.int/report/syrian-arab-republic/transcript-press-stakeout-un-special-envoy-syria-mr-staffan-de-mistura
http://webtv.un.org/watch/staffan-de-mistura-on-syria-security-council-media-stakeout-30-october-2014/3867242945001
[3] Mme Kyung-wha
Kang /
Syrie : la
poursuite des violences aggrave la crise
humanitaire.
http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=33631#.VFUNAhbOVyw
[4] Syrie : Les
Israéliens jouent avec le feu et l’ONU
se contente d’observer !
http://www.palestine-solidarite.org/analyses.bachar_al-jaafari.190914.htm
Le sommaire de Mouna Alna-Nakhal
Le
dossier Syrie
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