10 ans après la guerre du Liban :
« La troisième destruction » - Partie 1
Axe de la Résistance
Mercredi 13 juillet 2016
Contexte de la guerre
Après la libération
du sud du Liban le 25 mai 2000 (occupé
depuis 1982 par israël), le Hezbollah
fait de la libération de Samir Kantar un
de ses principaux objectifs. Samir
Kantar, membre du Front Populaire de
Libération de la Palestine était détenu
dans les prisons israéliennes depuis
1979. Après avoir proposé diverses
solutions pacifiques restées sans
réponse, Hezbollah menace de kidnapper
des soldats israéliens en vue d’imposer
un échange de prisonniers.
L’opération
« promesse tenue »
Le 12 juillet 2006,
le Hezbollah met sa menace à exécution.
Plusieurs de ses membres traversent la
frontière, attaquent une patrouille
israélienne et kidnappent deux de ses
soldats. Une guerre est alors lancée par
l’armée israélienne avec pour principaux
objectifs de récupérer leurs soldats et
d’anéantir le Hezbollah.
Interventants
Pour expliquer
l’échec israélien, la chaîne libanaise
al-Manar a produit puis diffusé « La
troisième destruction », un documentaire
explorant les coulisses de la guerre
2006, avec des commentaires et analyses
d’experts tels que le Général libanais
Michel Aoun, le Général français Alain
Corvez, l’ancien chef de département de
coopération militaire du ministère de la
Défense de la Fédération de Russie
Leonid Ivachov, ainsi que les
témoignages de plusieurs experts
israéliens.
Révélations et
thématiques du documentaire
La première partie
du documentaire met en avant une
révélation du journal « Sunday Times »,
à savoir la désillusion du chef
d’Etat-major israélien Dan Haloutz, qui
après la première nuit de bombardement
aurait informé le Premier ministre Ehud
Olmert de la destruction de « toutes les
roquettes à longue portée du Hezbollah
».
Propagande contre
chefs d’œuvres médiatiques
Or, deux jours
après le début de la guerre, le
Secrétaire général du hezbollah, Sayd
Hassan Nasrallah avait ordonné lors de
sa première allocution télévisée la
destruction d’un navire de guerre
israélien situé à 16 km des côtes
libanaises. Ayant été annoncée en
direct, filmée puis exécutée sous les
yeux effarés des habitants de Beyrouth,
la destruction du navire a complètement
anéanti les effets intimidants de la
propagande israélienne et a certainement
joué un grand rôle dans le maintien de
la ferveur et du soutien populaire
envers la résistance.
Une guerre des nerfs
Les différents
experts militaires mettent en avant les
ruses et provocations israéliennes en
vue d’amener le commandement militaire
du Hezbollah à exploiter la totalité de
leurs capacités militaires en un seul
coup, avec pour objectif de les lister
puis les détruire. La direction du
Hezbollah a cependant opté pour une
stratégie d’escalade graduelle imposant
aux israéliens des dommages de manière
continue, de plus en plus forts et dont
le potentiel caché était extrêmement
anxiogène pour le peuple, les soldats et
le commandement israéliens.
Un changement de
timing imposé
D’une part, le
Général français Alain Corvez révèle
dans ce documentaire l’existence d’une
réunion ayant eu lieu en 2004 aux
Etats-Unis entre anciens présidents,
ministres israéliens et hauts
responsables américains dont l’objectif
était de préparer une guerre contre le
Liban. Ceci est confirmé par les propos
d’Amir Rapaport dans le journal Maariv
qui mentionne la mise en place d’un
entrainement de 2 ans à compter de
l’année 2004 portant sur une campagne
militaire de 3 semaines contre le Liban.
D’autre part
Seymour Hersh évoquait quant à lui dans
le « New Yorker » que des responsables
israéliens avaient informé Washington
quelques mois avant le déclenchement de
la guerre qu’ils avaient l’intention de
frapper le Hezbollah. Ces frappes
avaient pour objectif de savoir jusqu’à
quel point Washington était prêt à aller
pour soutenir de tels plans. Le plan
prévoyait une réponse israélienne
violente à toute attaque éventuellement
menée par le Hezbollah contre israël.
En déclenchant
l’opération militaire ayant entrainé
l’enlèvement des deux soldats
israéliens, le Hezbollah a imposé à
israël d’entrer dans une guerre qu’elle
n’avait initialement prévue que pour
octobre, bousculant ainsi ses plans et
la poussant à négliger ses derniers
préparatifs.
Une guerre
anglo-saxonne contre les intérêts
français ?
Le Général français
Alain Corvez mentionne également le fait
que des Boeings américains chargés
d’armement et munitions destinés à
israël aient transité par l’aéroport de
Londres, initialement à l’insu du
gouvernement Britannique. Le Général
s’étonne donc qu’un pays ami de la
France, en l’occurrence le Liban ait pu
être attaqué grâce à un
approvisionnement américain et des
facilités britanniques. Il déplore par
ailleurs que ceci n’ait pas provoqué
l’étonnement de l’Etat français.
Importance du
conflit sur le plan international et
notamment dans l’instauration du
terrorisme dit « islamiste »
Dix ans après la
guerre de 2006 ayant opposé israël au
Hezbollah, cet événement demeure sans
doute le plus violent affrontement que
l’armée sioniste ait connu de son
histoire. Bien qu’ayant eu lieu sur une
période relativement courte
proportionnellement aux conséquences
qu’ils auront entrainées, ces 33 jours
de guerre ont provoqué dans la stratégie
militaire américano-israélienne le
renversement majeur de ces 15 dernières
années. Cet échec, largement reconnu par
le commandement et le peuple israélien a
depuis 2006 dissuadé l’armée sioniste de
mener toute nouvelle guerre de ce genre
contre le Liban. Mais cet échec a aussi
été le point de départ d’une nouvelle
stratégie globale.
Un « Nouveau Moyen
orient » libre, démocratique sur un
modèle américano-sioniste
Condoleeza Rice
évoquait un an avant la guerre de 2006
face à l’AIPAC (lobby américain
pro-israélien proche du Likoud)
l’instauration d’un « Nouveau Moyen
Orient », « diffusant la liberté et la
démocratie », une démocratie qui n’était
réelle selon elle que dans les
« territoires occupés d’Irak et de
Palestine ».
C’est également
face à l’AIPAC qu’elle saluait les
démarches de « la Jordanie, du Bahreïn,
du Qatar et du Maroc, sur la voie d’un
processus d’ouverture dans leur système
politique ». Elle saluait également les
efforts « démocratiques » de l’Egypte,
du Koweït et de… l’Arabie saoudite avant
de s’en prendre à la Syrie pour sa
présence militaire au Liban. Après le
retrait syrien du Liban, il n’aura fallu
qu’un an et trois mois pour qu’israël ne
tente (en 2006) une nouvelle invasion
terrestre cette fois-ci repoussée par le
Hezbollah.
Puis un Nouveau
Moyen Orient chaotique et terroriste
Face à
l’impossibilité d’imposer ce projet par
la force en 2006, le bloc
américano-sioniste a mis en place une
stratégie d’affaiblissement puis de
partition des zones stratégiquement
importantes pour l’approvisionnement du
Hamas et du Hezbollah (principales
forces militaires de résistance à israël).
Ces zones sensibles
sont principalement l’Iran, la Syrie et
le Soudan, toutes trois en proie à des
pressions et ingérences étrangères
favorisant leur partition et/ou leur
affaiblissement.
La politique
étrangère des USA, conformément aux
intérêts de l’AIPAC a entrainé le Moyen
orient dans une guerre :
-
- chaotique, sans commandement principal
capable de fédérer les milices qu’elles
supportent (ASL, Front al-Nosra, Daesh,
Jaysh al-Islam, PKK, Talibans, al-Qaïda
etc…).
-
- provoquant des zones de contrôle
géographiquement éclatées afin d’éviter
une assise militaire d’envergure pouvant
échapper au contrôle de leurs parrains
et ainsi se retourner contre israël.
-
- basée sur des grilles de lecture
ethno-confessionnelles avec en son cœur
et pour axe principal la création
artificielle d’un affrontement « chiites
contre sunnites » (en Syrie ou en Irak)
mais aussi « kurdes contre arabes » ou
« chrétiens contre musulmans » (dans des
zones périphériques mais stratégiquement
importantes pour l’approvisionnement en
armes comme la frontière
syro-turco-irakienne ou le Soudan).
S’il parait évident
aujourd’hui qu’il ne reste pas
grand-chose des envolées lyriques de
Condoleezza Rice en 2005 concernant la
liberté et la démocratie, le projet d’un
Nouveau Moyen Orient révèle néanmoins
deux constantes importantes qui elles
n’ont pas changé de 2006 à nos jours :
1 ) La collusion
entre les directives de l’AIPAC, la
politique étrangère américaine (ainsi
que celle de ses alliés du Golfe) et les
intérêts israéliens constituent de
manière factuelle la première cause de
destructions massives et de massacres de
civils.
2) Le Hezbollah
aura été en 2006 face à israël et de
2012 à nos jours face aux groupes
terroristes en Syrie la principale force
d’infanterie capable de tenir en échec
les bras armées de la politique
étrangère américano-sioniste au Moyen
Orient.
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