Agence Média
Palestine
Rejet de la définition de
l’antisémitisme du lobby pro Israël par
les universités du Royaume Uni
Asa Winstanley

Le ministre de
l’Éducation, Gavin Williamson, a menacé
de faire des coupes dans le financement
des universités dans l’affaire de cette
définition. (Parlement du Royaume Uni)
Vendredi 13 novembre 2020 Seule une minorité
d’universités britanniques a adopté la
définition trompeuse et politiquement
motivée de l’antisémitisme, promue par
Israël et son lobby.
Malgré les menaces
répétées du gouvernement britannique,
moins de 22 % des établissements
d’enseignement supérieur ont adopté la
« définition de travail » de
l’antisémitisme de l’Alliance
internationale pour la mémoire de
l’Holocauste.
La définition de
l’IHRA a été condamnée à plusieurs
reprises par des défenseurs de la
liberté d’expression, des Palestiniens,
des militants juifs, le mouvement de
solidarité avec la Palestine, des
groupes noirs et asiatiques.
Mais le ministre de
l’éducation du Parti conservateur, Gavin
Williamson, a écrit aux universités pour
leur demander « d’adopter formellement »
la définition le 9 octobre.
Williamson a menacé
de réduire le financement qu’elles
reçoivent du gouvernement si elles ne le
font pas.
Il a déclaré qu’il
avait demandé aux fonctionnaires
d’examiner comment « imposer de
nouvelles conditions réglementaires »
pour suspendre le financement « des
universités où se produisent des
incidents antisémites » qui n’ont pas
souscrit à la définition.
Il a menacé d’agir
avant Noël, « si je n’ai pas vu
l’écrasante majorité des institutions
adopter la définition ».
La lettre de M.
Williamson assimile de manière
fallacieuse le refus d’adopter la
définition spécifique privilégiée par le
gouvernement britannique et les
partisans d’Israël, à une apologie de
l’antisémitisme.
C’est faire fi des
graves préoccupations sur l’utilisation
abusive déjà répandue de la définition
de l’IHRA pour stigmatiser et censurer
les discours critiques à l’égard de la
politique d’Israël contre les
Palestiniens.
Le gouvernement a
maintenant recours aux menaces et à la
coercition après avoir échoué à faire
valoir ses arguments.
« Motifs
politiques »
Le groupe de gauche
Jewish Voice for Labour a répondu que
cette lettre était « un rappel effrayant
de la vitesse à laquelle le gouvernement
s’apprête à imposer un contrôle
totalitaire de la pensée ».
Le groupe qualifie
la définition de « politiquement motivée
et intellectuellement incohérente ».
La majorité des
exemples « d’antisémitisme » de la
définition de l’IHRA se concentrent sur
Israël.
Certains pourraient
même interdire les critiques d’Israël et
de son idéologie officielle, le
sionisme.
Un des exemples
d’antisémitisme supposé est : « Nier au
peuple juif son droit à
l’autodétermination, par exemple en
prétendant que l’existence d’un État
d’Israël est une entreprise raciste ».
Cela pourrait être
utilisé pour empêcher les Palestiniens
de parler de leur histoire, en
particulier de la Nakba – le nettoyage
ethnique systématique des Palestiniens
par les milices armées sionistes en
1947-48, destiné à créer un État
israélien à majorité juive.
La définition
pourrait également être utilisée pour
cibler toute personne qui plaide en
faveur d’un État unitaire, démocratique
et non sectaire, pour tous, dans la
Palestine historique, au lieu d’un
« État (spécifiquement) juif » qui
accorde des droits supérieurs à un
groupe de personnes par rapport à un
autre – comme c’est le cas actuellement
en Israël.
Menaces répétées
Avec la lettre de
M. Williamson, ce n’est pas la première
fois que le gouvernement conservateur
menace le financement des universités
pour le refus d’adopter la définition.
En janvier, le
ministre des collectivités, Robert
Jenrick, a exprimé une menace similaire
– mais il semble que rien n’en soit
sorti.
En février 2017, un
ancien ministre de l’éducation a écrit
aux universités pour leur dire que le
gouvernement avait adopté la définition
quelques mois auparavant – mais il n’a
pas été jusqu’à leur demander de
l’adopter également.
Cette lettre est
intervenue au milieu d’une vague de
répression visant les activités de
solidarité avec la Palestine pendant la
semaine contre l’apartheid israélien.
La définition de
l’IHRA a été utilisée à plusieurs
reprises comme prétexte pour réprimer la
liberté d’expression sur la Palestine,
en particulier au sein du parti
travailliste.
L’exemple le plus
récent a été donné la semaine dernière
aux États-Unis.
Le secrétaire
d’État Mike Pompeo a menacé d’utiliser
la définition pour qualifier
« d’antisémites » Amnesty International,
Human Rights Watch et Oxfam pour leur
soutien perceptible au boycott de
l’occupation israélienne.
« Un outil de
censure ».
L’avocat des droits
humains, Jamil Dakwar, l’a qualifié de
« nouvelle tentative dangereuse de
militarisation de l’antisémitisme ».
« La définition de
l’IHRA ne vise pas à assurer la sécurité
du peuple juif », a déclaré Beth Miller,
de la Jewish Voice for Peace Action,
« c’est un outil de censure ».
La définition
« manipule l’inquiétude quant à la
sécurité des Juifs et la transforme en
un moyen d’interdire et de criminaliser
le soutien aux droits des
Palestiniens », a-t-elle déclaré.
En même temps, au
Royaume-Uni, l’antisioniste juif et
militant de la solidarité avec la
Palestine, Tony Greenstein, a écrit sur
son blog que la tentative de Williamson
d’intimider les universités pour
qu’elles adoptent la définition « est
comme un patron de la mafia qui offre
une « protection » à ses clients ».
« L’un des aspects
les moins remarqués de l’IHRA est le
fait que les véritables antisémites
n’ont pas de problème avec l’IHRA.
L’IHRA est là pour défendre l’apartheid
israélien, pas les Juifs », selon
Greenstein.
Le faible nombre
d’universités à avoir adopté la
définition a été révélé à la suite de
requêtes en liberté d’information par un
groupe de pression pro-israélien.
L’Union des
étudiants juifs (UJS) a écrit aux 133
établissements d’enseignement supérieur
du Royaume-Uni et a publié ses
conclusions en septembre.
Seuls 29 d’entre
eux ont déclaré avoir adopté la
définition trompeuse d’Israël. Sept
d’entre eux n’ont pas répondu et 80 ont
déclaré qu’ils n’avaient pas l’intention
de l’adopter.
Dix-sept autres ont
déclaré qu’ils envisageaient de discuter
ou de débattre de son adoption.
L’UJS a déclaré que
l’intervention de Jenrick avait été
faite après que le groupe se soit engagé
dans un « lobbying intensif ».
La constitution de
l’UJS l’engage à « motiver les étudiants
juifs à s’engager durablement » envers
Israël.
En 2017, un ancien
candidat à la présidence de l’UJS a
révélé, dans une séquence filmée en
dissimulation par Al Jazeera, que
« l’ambassade israélienne au Royaume-Uni
donne de l’argent à l’Union des
étudiants juifs ».
Source:
The Electronic Intifada
Traduction SF pour
l’Agence Media Palestine
Le
dossier BDS
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