The Electronic
Intifada
Que va signifier le président Trump pour
la Palestine ?
Ali Abunimah
Le
président élu Donald Trump serre la main
du vice-président élu Mike Pence au
moment de son
discours de remerciement lors du
rassemblement le soir de son élection, à
New York le 9 novembre.
(John Locher / AP Photo)
Jeudi 10 novembre 2016
Par
une journée à laquelle la plupart des
gens ne s’attendaient pas, nous pouvons
avancer avec certitude quelques
éléments.
L’un
d’eux est que Hilary Cliinton aurait été
une présidente désastreuse pour ceux qui
soutiennent la lutte des Palestiniens
pour leurs droits.
Sa
campagne ratée la lançait comme
successeur naturel du président Barack
Obama, le démocrate qui vient juste
d’accorder sans réserve à Israël l’aide
militaire la plus importante de toute
l’histoire.
Pendant la primaire des Démocrates,
Clinton s’est vendue comme une alliée
belligérante et violemment
va-t-en-guerre du premier ministre
israélien Benjamin Netanyahu contre le
peuple palestinien.
Elle
jura de faire de l’empêchement du
mouvement non violent, mené par les
Palestiniens, de boycott,
désinvestissement et sanctions (BDS) une
priorité de sa gestion pressentie.
Elle a
tout fait pour mener campagne contre les
mesures les plus douces pour tenir
Israël pour responsable, y compris en
appeler directement l’été dernier aux
membres de son Eglise Méthodiste Unie
pour qu’ils votent contre le
désinvestissement de sociétés qui
soutiennent l’occupation israélienne et
en tirent profit.
Clinton s’est positionnée comme une
extrémiste anti-palestinienne à un
moment où la base du parti démocrate se
montrait plus ouverte que jamais à la
prise en compte des droits des
Palestiniens.
Son
extrême soutien à Israël n’est qu’une
des nombreuses façons avec lesquelles
elle et son parti ont encouragé les
donateurs et se sont révélés hors de
tout contact avec de larges paries du
pays qu’ils tenaient pour assurées.
Mais
Hilary Cliinton ne sera pas présidente.
Le
président Trump
La
seule chose que l’on peut dire avec
quelque certitude à propos du président
élu Donald Trump, c’est que personne ne
sait exactement ce qu’il fera.
Plus
tôt dans la campagne, il a insisté pour
dire qu’il serait impartial dans ses
relations avec les Israéliens et les
Palestiniens, amenant ainsi un bon
nombre des supporters les plus
fanatiques et néoconservateurs dans les
bras de Clinton.
Mais
devant ce contrecoup, il a rapidement
fait volte face, promettant à Netanyahu
qu’il reconnaîtrait Jérusalem comme
« capitale une et indivisible de l’État
d’Israël » et encourageant activement
Israël à poursuivre ses constructions
dans les colonies de Cisjordanie
occupée.
Trump
manifesta cependant quelque réticence
pour calmer le jeu. Après avoir gagné sa
nomination par son parti en juillet, il
balaya la question d’un reporteur qui
voulait savoir s’il suivrait la
« tradition » des autres candidats
républicains et se rendrait en Israël.
« C’est une tradition, mais je ne suis
pas traditionnel », riposta Trump.
Même
si ces changements révèlent un homme
imprévisible sans opinions stables, les
positions très pro-israéliennes de Trump
ne diffèrent pas beaucoup en substance
de la politique d’Obama, sous le
contrôle duquel la construction de
colonies a fait plus que garder le
rythme qu’elle avait sous le président
Geroge W. Bush.
Peurs viscérales
Dans
son discours d’après la victoire la nuit
dernière, Trump a repris le schéma
habituel : « Nous nous entendrons bien
avec toutes les autres nations qui
voudront bien s’entendre avec nous… Nous
aurons d’excellentes relations. Nous
nous attendons à avoir de vraiment
excellentes relations. »
Cela
sera d’un piètre réconfort pour les
populations des Etats Unis et du monde
entier dont les peurs viscérales sont
alimentées par les forces qui ont aidé à
propulser Trump au sommet : son
harcèlement et son incitation racistes
contre les musulmans et les Mexicains,
ses vantardises sur ses agressions
sexuelles envers les femmes, son déni du
réchauffement climatique et l’indulgence
dont il bénéficie de la part des tenants
antisémites de la suprématie de la race
blanche, dont le Ku Klux Klan, qui lui a
accordé son adhésion.
Les
pendants israéliens de ces vils racistes
américains célèbrent aujourd’hui la
victoire de Trump.
Netanyahu a félicité Trump, l’appelant
un « véritable ami d’Israël ».
« Je
suis certain que le nouveau président
Trump et moi-même continueront à
renforcer l’alliance entre nos deux pays
et la feront encore progresser », a
ajouté le premier ministre israélien.
Naftali Bennett, ministre israélien de
l’Education qui s’est vanté d’avoir tué
des Arabes, a salué l’arrivée de l’ère
Trump.
« La
victoire de Trump est une opportunité
pour Israël de retirer l’idée d’un Etat
palestinien au centre du pays, qui
nuirait à notre sécurité et notre juste
cause », a dit Bennett.
Mais
la soi-disant solution à deux Etats
était déjà morte et Clinton n’aurait
rien changé à cela.
La
riposte
La
cause palestinienne s’est déjà
transformée en lutte pour l’égalité
contre un système israélien solidement
établi d’occupation, de colonialisme de
peuplement et d’apartheid, ancré et
enraciné dans le soutien de
l’establishment dans les deux partis
américains.
Les
Palestiniens n’attendaient pas le
résultat de l’élection américaine pour
décider de la direction de leur combat.
Trump
a gagné, mais un certain nombre de
choses n’ont pas changé. Au cours des
dix dernières années, le soutien aux
droits des Palestiniens a progressé aux
Etats Unis, particulièrement chez les
jeunes et dans la base de plus en plus
diverse du parti démocrate qui a été
complètement délaissée par sa direction
bien installée.
Plus
que jamais, les gens comprennent que le
soutien américain à Israël ne vient pas
que des mêmes endroits où la suprématie
blanche, l’incarcération de masse, la
violence incontrôlée de la police et le
militarisme et l’impérialisme américains
sont les plus forts.
Il
provient aussi des cercles libéraux,
défenseurs des droits de l’Homme qui ont
soutenu Clinton qui, plus souvent qu’à
son tour, met sur le même plan
colonisateur et colonisé, oppresseur et
opprimé, occupation et résistance.
Cette
base n’a maintenant pas d’autre choix
que de se remettre de son désespoir,
que, de toutes façons, l’élection de
l’un ou l’autre des candidats aurait
précipité, de continuer à organiser la
lutte pour ses droits et les droits des
peuples du monde entier.
La
vérité, c’est que nous n’avions pas
d’autre choix que de mener de toutes
façons ce combat.
Traduction : J. Ch. pour l’Agence Média
Palestine
Source :
The Electronic Intifada
© 2011
Agence Media Palestine.
All Rights Reserved.
Publié le 11 novembre 2016
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