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Les écoutes américaines
et la naïveté des élites françaises
Alexandre Latsa
© AFP
2015. DOMINIQUE FAGET
Mercredi 24 juin 2015
Source:
Sputnik
La nouvelle est
tombée telle une météorite informative
sur la planète France. C’est le site
Médiapart, sans doute l’un des derniers
outils d’investigation de France, qui a
« lâché » le morceau en se servant des
dernières révélations de la galaxie
Wikileaks, galaxie dont les tréfonds
sont visiblement loin d’avoir été
explorés.
Qu'y apprend-on qui
soit capable de mettre la presse et
l'opinion publique dans un tel émoi?
On y découvre que
les « alliés » américains, des « amis »
selon Anne Hidalgo, auraient mis sur
écoute depuis 2006 les trois derniers
présidents francais à savoir Jacques
Chirac, Nicolas Sarkozy et l'actuel
président François Hollande, traduisant
à l'égard de la France une confiance
similaire à celle d'un mari qui
s'inquièterait de l'infidélité
potentielle de son épouse.
Ce manque de
confiance des « alliés » américains est
sans aucun doute lié aux très faibles
manifestations d'indépendance de la
politique internationale française, que
l'on pense à l'Irak, à la politique à
l'égard de la Russie ou aux risques
(pour les Américains) qu'un tandem
européen emmené par Paris et Berlin ne
finisse par émerger du chaos et de la
zizanie que Washington n'en finit pas de
semer sur le flan oriental de l'Europe,
c'est-à-dire aux frontières russes.
Sans surprise, ce
scandale des écoutes ne concerne pas que
la France. Il y a près de deux ans,
c'est l'Allemagne qui apprenait avec «
surprise » que le téléphone d'Angela
Merkel figurait sur la liste des numéros
sous surveillance des services de
renseignement américains, alors qu'elle
n'était pas encore chancelière.
Sur le fond comme
sur la forme, les affaires françaises et
allemandes se ressemblent étonnamment,
puisqu'à Berlin, les écoutes étaient
pilotées depuis l'ambassade américaine,
qui se situe en face de la porte de
Brandebourg, à 850 mètres de la
Chancellerie et du Bundestag. En France,
on apprend ce jour que c'est derrière
une immense bâche sur laquelle sont
peintes des fenêtres en trompe-l'œil
située au dernier étage du bâtiment de
l'ambassade, qui donne sur la place de
la Concorde, dans le 8e arrondissement
de Paris, que ce centre d'écoutes est
dissimulé depuis 2004. Pourquoi se
gêner?
Paris et Berlin ne
sont pas les seuls concernés, puisque ce
seraient plus de 80 sites de ce type qui
existeraient dans le monde dont 19 pays
d'Europe, confirmant la prise de
contrôle et la mise sur écoute totales
du continent, écoutes qui ont commencé
dès l'après-guerre, notamment avec le
déploiement du fameux réseau échelon qui
permettait au monde anglo-saxon d'épier
l'Europe.
Ces derniers mois,
la presse française n'a cessé de hurler
aux « espions russes », dont l'activité
serait soi-disant en forte augmentation
sur notre territoire, bien qu'à ce jour
aucun scandale n'ait vu le jour. Pendant
que les journalistes traquaient
d'hypothétiques agents russes, les «
amis » américains préparaient la mise en
place d'une zone de libre-échange
transatlantique (TAFTA), non sans avoir
pris, en en amont, le contrôle de
l'information et mis sous écoutes les
dirigeants européens, c'est-à-dire leurs
futurs partenaires.
Une traduction
on ne peut plus limpide de l'objectif
qui est le leur: mettre en place une
Otan économique dans laquelle les
Européens n'auront pas leur mot à dire
et destinée à surtout empêcher toute
alliance politique et économique avec la
Russie, obsession de Washington.
En effet l'alliance
entre l'Europe et la Russie permettrait
l'apparition de deux trajectoires
stratégiques novatrices qui
bouleverseraient l'équilibre mondial:
1/ Elle permettait
à l'Europe d'avoir accès à l'Eurasie et,
en scellant un partenariat pacifique
avec la Russie, rendrait caduque toute
raison d'être de l'Otan, réduisant
d'autant l'influence déstabilisatrice
des Etats-Unis sur l'Europe.
2/ Cette alliance
permettrait aussi à la Russie et à la
Chine d'étendre leur modèle alternatif
sur le continent eurasiatique vers
l'Europe, au cœur de la zone
continentale, en accélérant la
multipolarisation du monde.
Mais actuellement,
l'heure à la déconvenue et à la gueule
de bois au sommet de l'Etat français.
Alors que le président Hollande a
convoqué un conseil des ministres ce
mercredi 24 juin pour évoquer ces
écoutes, les Français sont eux de plus
en plus confrontés à la Réalité avec une
grand R: nos « élites » politiques de
droite comme de gauche ne sont pas
souveraines, et l'intégration au sein du
TAFTA devrait considérablement accentuer
cette dynamique.
Au peuple français,
historiquement connu pour sa sagesse,
d'en tirer les bonnes conclusions avant
qu'il ne soit trop tard.
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Publié le 25 juin 2015 avec l'aimable autorisation de
l'auteur
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