Sputnik
9 mai 2015 :
Moscou capitale du monde libre
Alexandre Latsa
© Sputnik.
Vladimir Pesnya
Lundi 11 mai 2015
Le 9 mai n’est jamais
une journée comme les autres en Russie,
mais ceux qui ont pu vivre la journée du
9 mai 2015 dans les rues de Moscou ne
l’oublieront sans doute jamais.
Pour les 70 ans de
la victoire de la Russie soviétique sur
l'Allemagne nazie, la journée avait été
placée sous le symbole du « bataillon
immortel » (Бессмертный
полк) et les russes étaient
notamment conviés, après la fin du
défilé militaire, à marcher en tenant
les portraits de leurs aïeux tombés lors
de la grande guerre patriotique, afin
d'honorer leur mémoire dans ce lieu
symbolique au moins le temps d'une
journée.
Il fallait être à
Moscou pour ressentir cette atmosphère
absolument incroyable de fierté et de
patriotisme mais aussi et surtout
d'unité nationale puisque dans tout le
pays, ce sont 12 millions de russes qui
ont participé aux cérémonies.
500.000 personnes ont rejoint les
rues de la capitale, des moscovites de
tous âges, certains en tenue militaire,
arborant le ruban de Saint Georges
orange et noir.
Il fallait
définitivement être à Moscou pour voir
ces quelques 150.000 russes qui
défilaient portraient de leurs ancêtres
a la main, dont de nombreux enfants et
femmes et les entendre crier « Hourra! »
a pleins poumons en traversant le centre
de la capitale.
Seule la Russie de
Vladimir Poutine est sans doute capable
au sein du monde européen de produire
cette extraordinaire communion
patriotique et populaire dans une totale
sérénité.
Alors que certains
commentateurs disaient le président
russe isolé, il était
en tête du cortège et il portait une
photo de son père.
© Sputnik.
Alexei Druzhinin
Mais surtout, les spécialistes de la
Russie et autres kremlinologues
professionnels, au-delà du Poutine bashing, semblent être incapables
d'interpréter le grand bouleversement
historique qui est en train de se
produire.
Alors que l'Europe
et l'Amérique ont brillé par leur
absence inexcusable c'est au final «
seulement » 20 chefs d'états qui étaient
présents parmi lesquels par exemple les
chefs d'Etat chinois, indien,
sud-africain, serbe, vénézuélien,
vietnamien ou égyptien ainsi que le
secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon
ou encore le président du Kazakhstan et
initiateur de l'Union eurasiatique:
Noursoultan Nazarbaïev.
Ceux qui étaient là
ont pu assister au plus grand défilé de
l'histoire de la Russie: rassemblant
16.000 soldats russes et 1.300
militaires étrangers, défilé clôturé par
une incroyable parade aérienne.
Une preuve de plus
que les élites russes entendent bien
préserver et continuer à rendre vivante
l'incroyable expérience historique et
militaire qu'a été la résistance
russo-soviétique durant la grande guerre
patriotique.
Pendant ce temps,
l'Union européenne fêtait la
journée d'une Europe de plus en plus
remise en cause par les peuples de
Londres à Athènes, la nouvelle Europe
pro-américaine avait organisé
sa propre commémoration du 8/9 mai
sous patronage polonais, et le président
français, lui, était parti en Guadeloupe
pour inaugurer un grand mémorial sur
l'esclavage. On a les dirigeants que
l'on mérite.
Les nombreux gros
plans des télévisions du monde entier
sur un Vladimir Poutine entouré des
présidents Kazakh et Chinois sont
extrêmement lourds de sens et il y a
toutes les raisons de penser que va
s'accentuer dans un avenir proche
l'intégration entre la Russie et l'Asie,
une intégration organisée autour d'un
binôme Moscou-Pékin puisque lors de sa
visite le président chinois a confirmé
qu'il était déterminé à
investir lourdement en Russie.
Cette nouvelle
trajectoire historique est
diamétralement opposée à celle qui se
dessinait au début de la décennie
lorsque la Russie semblait ouvrir une
fenêtre sur l‘Occident puis sur
l'Europe.
Pour Dimitri Trenin du centre
Carnegie le concept de grande Europe de
Lisbonne à Vladivostok a fait place,
dans les projets des élites russes, à un
projet de grande Asie de Saint
Petersbourg à Shanghai.
Alors que la fin de
la guerre symbolise l'unité et la paix
retrouvée en Europe, le 9 mai 2015 aura
permis à tous de comprendre qu'une
dynamique différente s'était mise en
place et que la passion avait disparue
des relations entre la Russie et les
Etats européens pour faire face au mieux
à un froid pragmatisme.
Mais tandis que
personne ne peut clairement établir la
direction que prennent les nations
européennes au sein d'une Union
Européenne a la dérive, les élites
eurasiatiques sont-elles visiblement
très décidées à accentuer et accélérer
le partenariat asiatico-pacifique.
Pour Moscou l'axe
Paris-Berlin-Moscou semble devoir faire
place à un axe Moscou-Astana-Pékin.
Avec ou sans
l'Europe.
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Publié le 12 mai 2015 avec l'aimable autorisation de
l'auteur
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