Libye
Erdogan a reçu une tape sur les
doigts en Libye.
Plus à suivre?
Alaeddin Saleh
Jeudi 9 juillet 2020
Une série de succès
remportés par le gouvernement d'union
national (GNA) soutenu par la Turquie en
Libye a tourné court le 4 juillet
lorsque la base aérienne d'Al-Watiya
récemment capturée par les forces
pro-GNA a a subi un bombardement
mystérieux. Les groupes armés loyaux au
GNA sont entrés à Al-Watiya il y a
quelques semaines à peine après une
offensive rapide facilitée par les
drones turcs Bayraktar TB2. Il n'y a pas
si longtemps, les combattants des forces
pro-GNA ont pris des selfies avec les
systèmes de défense anti-aérienne
Pantsir abandonnés par l'Armée nationale
libyenne (LNA). Au lieu de systèmes
Pantsirs de fabrication russe, les
systèmes turcs MIM-23 HAWK ont été
déployées à la base. Les dernières
images satellite d'Al-Watiya
montrent clairement que les mêmes
systèmes ont été endommagés ou détruits
lors de l'attaque. Ces développements
portent un coup dur à la fierté
d'Ankara, d'autant plus que l'attaque a
eu lieu quelques heures après que le
ministre turc de la Défense Hulusi Akar
a conclu sa visite à Tripoli.
Abdel-Malik Al-Medeni,
porte-parole de l'opération Volcan de
colère menée par des unités du GNA a
déclaré que les frappes auraient été
l’oeuvre de Mirage 2000-9 déployés par
les Émirats arabes unis (EAU) à Sidi al-Barani,
en Égypte. Les EAU n'ont fait aucun
commentaire.
L'incident ne
constitue pas vraiment une surprise. La
politique agressive de Recep Erdogan en
Libye préoccupe depuis longtemps
plusieurs puissances régionales et
mondiales qui auraient pu juger
nécessaire de gifler le président turc.
Premièrement, les
actions provocatrices de la Turquie
compromettent les intérêts du plus
proche voisin de la Libye, l’Égypte. Le
dirigeant égyptien Abdelfattah al-Sisi
s'est déjà dit prêt à mener une
opération militaire de grande envergure
en Libye. Deuxièmement, l'intervention
turque en Libye est mal vue aux EAU,
l'un des alliés de l'Égypte.
Troisièmement, la France toujours
critiquait la politique libyenne
d'Erdogan. Évidemment, Paris, Abu-Dhabi
et Le Caire soutiennent le leader de
l'Armée nationale libyenne Khalifa
Hafter.
L'analyse
la plus approfondie à ce jour de
l'identité possible des coupables de
l'attaque a probablement été réalisée
par un chercheur indépendant Akram
Kharif. L'analyste a conclu que la
participation de la Russie est la moins
probable, car la Russie ne dispose pas
des moyens militaires nécessaires en
Libye et se méfie de nuire aux relations
avec la Turquie. En outre, la Libye est
hors de portée des systèmes de
renseignement spatial et de ciblage
russes. Le chercheur fait valoir que
l'opération a probablement été effectuée
par les avions de combat émiratis à
partir du sol égyptien avec appui à
l'information fournie par la France. Si
nous acceptons cette conclusion,
l'attaque devrait être considérée comme
une «ligne rouge» pour les autorités
turques.
La Turquie et le
GNA n'ont pas révélé l'ampleur des
pertes subies lors de l'attaque, mais
cela a peu d'importance. Ce qui est
vraiment important, c'est le signal
envoyé par de l'attaque qui a ramené les
plans ambitieux d'Ankara de capturer le
port de Syrte et la base aérienne de
Joufra à la réalité. L'avenir du conflit
libyen dépend désormais de la capacité
des autorités turques à déchiffrer ce
message.
Auteur Bio:
Alaeddin Saleh est un journaliste libyen
avec une longue expérience
professionnelle en matière de l'étude et
la couverture médiatique de la Libye et
de la région.
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