Al-Ahednews
La France et l’Europe
face aux risques du grand incendie
Akil Cheikh Hussein
Jeudi 29 janvier 2015
Au lieu d'une révision radicale des
grands mensonges que représentent le
laïcisme, la démocratie, la lutte
contre le terrorisme et
l'islamophobie, l'Europe et surtout
la France optent pour
l'investissement opportuniste et
cynique dans ces questions. Cela
pousse la situation dans cette
région du monde vers des explosions
plus dramatiques que celles qui ont
secoué l'Europe durant et avant la
première moitié du XXème siècle.
Les terroristes de
Paris ont été tués et avec eux toute
possibilité de connaître les motifs, les
buts et les véritables commanditaires de
ces deux actes terroristes qui ont été
perpétrés dans les bureaux de Charlie
Hebdo et une épicerie qui vend des
produits pour les Juifs.
Interprétations
politiques tendancieuses
Ainsi, toute la place
a été occupée par des interprétations
politiques tendancieuses fondées sur
l'approche "dirigée" qu'ont avancée les
autorités françaises à partir de données
qu'il est difficile de considérer comme
exhaustives, pertinentes et fiables.
Cette approche peut être résumée ainsi :
les auteurs sont des extrémistes
musulmans en liaison avec al-Qaeda ou
Daech. Ils n'ont pas pu supporter
l'exercice par Charlie Hebdo de son
droit à la libre expression. En même
temps, ils ont fait preuve de leur
antisémitisme en s'attaquant à un
commerce juif où 4 Juifs français ont
été tués dont il est impossible de
savoir s'ils l'ont été par le terroriste
qui les a pris en otage ou par les
forces de l'ordre lors de l'attaque
menée contre les lieux.
En d'autres termes, l'acte terroriste a
ciblé deux principaux symboles sacrés de
la France et de l'Occident :
• La liberté d'expression conçue non
comme le fait de faire avancer le sens,
mais comme synonyme de l'avilissement et
la dégradation du sens.
• L'existence des Juifs non en tant
qu'humains comme les autres, mais en
tant qu'humains qu'il est prohibé même à
la liberté d'expression d'être exercée
pour critiquer de n'importe quelle
manière les agissements tant injustes et
agressifs de leurs forces dominantes que
sont le sionisme et l'Entité sioniste.
Le bouc émissaire
Et c'est ainsi que
l'islam et les Musulmans, non ce qu'on
appelle l'extrémisme musulman, sont -du
point de vue des véritables auteurs de
l'événement, mais également selon le
décodage primitif et instinctif de
l'événement par une partie de la rue
française et européenne- ce qu'il faut
condamner. Preuve à l'appui : Malgré le
discours des responsables soulignant que
leur guerre est contre le terrorisme et
non pas contre l'Islam, plus de
cinquante agressions ont été commises le
jour qui a suivi les attentats contre
des institutions islamiques en France.
Le nombre a augmenté sensiblement des
participants aux manifestations dirigées
à Dresde par le mouvement islamophobe
Pegida qui prône une Europe sans
Musulmans.
De toute évidence, les commanditaires
directs ou indirects des actes
terroristes ont atteint leur objectif :
L'affaire a reculé en tant qu'affaire de
terrorisme que la France participe
activement à sponsoriser et qui doit
être traitée d'une manière conforme aux
véritables intérêts du peuple français.
Elle a cédé la place au problème qu'est
l'intégration des Musulmans dans la
société française tout en posant d'un
seul coup les problématiques annexes de
la laïcité et de l'islamophobie qui sont
insolubles dans le cadre des attitudes
opportunistes et bornées adoptées par
les autorités françaises.
Par conséquent, on ne peut plus réfuter
les vues d'un grand nombre
d'observateurs qui pensent que la France
d'avant l'affaire Charlie hebdo ne peut
plus être celle d'après. Faire descendre
150 mille policiers et soldats dans les
rues de Paris est un indice de l'entrée
de la France dans une situation de
tension proche de la guerre civile.
Le glissement
possible
Les guerres civiles
et autres guerres, nous savons comment
elles commencent. Mais nous ne savons
pas comment elles se terminent. Si les
véritables commanditaires des attentats
misent sur des affrontements qui
opposent l'extrême droite aux
communautés musulmanes En France et le
reste de l'Europe, un tel pari ne peut
pas exclure le glissement possible
susceptible d'entrainer avec lui des
populations plus larges à l'intérieur
des sociétés européennes. En effet, ces
sociétés sont aux prises avec des
segmentions entre gauche et droite, des
orientations séparatistes et des crises
sociales issues du malaise qui frappe la
situation financière et économique.
Etant une résultante
des politiques irréfléchies ayant des
racines dans les profondeurs de la
civilisation occidentales, ces problèmes
ne peuvent être traités sans une
douloureuse révision de concepts, de
valeurs et d'orientations que l'Occident
continue obstinément à s'y accrocher
malgré le ramollissement des illusions
qui les entourent. La liberté, la
démocratie, la République, les droits de
l'homme, l'égalité et le laïcisme sont
devenus assez ridicules en raison de
leurs contradictions internes et
l'arbitraire de leur usage.
Sinon, comment le
sacro-saint laïcisme en arrive-t-il à
s'opposer au sacro-saint droit à la
différence ? Comment la liberté
d'expression peut-elle être travestie en
répression de l'expression qui identifie
l'antisémitisme à la moindre critique
adressée au sionisme et à l'entité
sioniste ? Comment un pays étranger, à
savoir "Israël", peut-il s'imposer en
tuteur de "citoyens" français et en
arrive à enterrer leurs dépouilles en
Palestine ? Comment des grands symboles
du terrorisme prennent la tête d'une
manifestation millionniène
anti-terroriste... ?
Toutes ces
contradictions -elles ne sont que des
exemples- sont insolubles de l'intérieur
du système et de ses instances
politiques influentes. L'impuissance
qu'ont ces instances de faire face aux
situations crisiques et leur peur
généralisée face à l'avenir de l'Europe
et de l'Occident les poussent à inventer
des faux problèmes comme l'islamophobie
qui est devenue prête à servir pour
allumer le grand incendie européen.
Source :
Al-Ahednews
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