Alahed
L’alliance… Est-elle possible entre la
Russie
et une Turquie membre de l’Otan ?
Akil Cheikh Hussein
Samedi 21 janvier 2017
La Russie n’a peut-être pas
nourri, par le passé et de nos jours, un
rêve plus cher que de joindre la Turquie
à sa zone d’influence ou, du moins, de
l’avoir comme une alliée digne de
confiance. Avec des implications dont
l’abandon de l’Alliance atlantique et
une rupture radicale la séparant de
l’Occident impérialiste.
Il est certain qu’une évolution de ce
genre est tellement réjouissante pour la
Russie qu’elle peut la faire oublier la
catastrophe qui l’a frappée avec
l’effondrement de «son» Union
soviétique. Rien, en effet, n’est
impossible lorsqu’on considère les
revirements des positions et les
surprises de l’Histoire…
Il est clair que le président russe,
Vladimir Poutine, mise sur la
réalisation de cette réussite. Il se
sent confiant de pouvoir le faire, lui
qui a réalisé des grands succès lors de
la marche qu’il a conduite pour sauver
la Russie et la faire sortir de la
situation pourrie où elle se trouvait
après et même un peu avant l’écroulement
du régime communiste.
Sa confiance provient également de la
situation qui prévaut actuellement en
Turquie et qui la rend susceptible
d’attiser l’appétit de la Russie : La
Turquie vit actuellement un état de
subversion et de perplexité beaucoup
plus grave pour son présent et son
avenir que celle qu’elle a vécu lors de
l’effondrement de l’empire ottoman. Sous
Recep Teyyip Erdogan et l’exceptionnelle
rapidité avec laquelle il saute entre
des positions opposées, la situation de
la Turquie ressemble à celle d’un être
englouti par les sables mouvants et qui
n’a plus que l’une de ses deux mains qui
se dresse en cherchant un moyen lui
permettant d’éviter la mort imminente.
Et voilà maintenant que le bras russe se
tend pour offrir à la Turquie une
précieuse opportunité de ne pas se noyer
après avoir été jetée par les politiques
d’Erdogan, non dans le rêve de rompre
avec tous les problèmes, mais dans
l’épouvantable cauchemar de problèmes :
Un Etat kurde que les Etats-Unis,
l’entité sioniste et le reste des pays
occidentaux, font tout pour créer sur le
cadavre de la Turquie. Non seulement en
Anatolie de l’est, mais également sur
une vaste région qui couvre tout le sud
de la Turquie et le Nord de la Syrie
pour atteindre les côtes de la
Méditerranée. C’est que ce futur Etat
kurde compte, lui aussi, s’étendre
jusqu’aux eaux des mers chaudes… pour
être proche géographiquement aussi des
puissances qui le parrainent.
Un Etat daéchien que la Turquie était
(et l’est toujours, à ce qu’il parait)
la première à lui procurer, à lui et aux
autres groupes terroristes, toutes les
conditions de l’expansion et de la
nuisance. Il en était ainsi avant que
l’évolution des événements issu de la
résistance de la Syrie et de ses alliés
ne l’oblige de se trouver, ne serait-ce
qu’apparemment, face à cet Etat dans un
conflit se traduisant par des attentats
sanglants dans des endroits assez
sensibles en Turquie.
Et un Etat «parallèle» islamo-laïc
soutenu par Washington et infiltré dans
toutes les articulations de l’Etat turc
d’Erdogan lui aussi islamo-laïc et
historiquement soutenu par les
Etats-Unis. Cet Etat parallèle est
dirigé depuis Washington par Fethullah
Gulen qui, jusqu’à hier, fut un associé
principal d’Erdogan, mais qui est accusé
maintenant par Erdogan d’avoir préparé
-avec l’accord de Washington et sous sa
direction- le coup d’Etat raté de
juillet dernier.
Ces trois parties, les Kurdes, «Daech»
et Gulen, sont accusées par Erdogan
d’être responsables des attentats
terroristes spécifiques qui ont frappé
la Turquie à un moment dans lequel la
guerre mondiale contre la Syrie est en
net recul. D’autre part, les trois
parties en question ont un point
commun : Des chevaux entretenus par le
projet sioniste et occidental dans la
région tout comme l’était Erdogan (et
l’est peut-être toujours) avant de sa
plongée dans les sables mouvants. Il est
significatif à ce propos que nombre
d’observateurs pensent que les services
de renseignement étasuniens sont les
véritables auteurs des attentats qui ont
frappé la Turquie ces derniers temps.
On ne peut qu’ajouter à tout cela les
fantômes d’une guerre civile qui menace
la Turquie en se nourrissant
objectivement de facteurs comme la
diversité ethnique et religieuse, la
pluralité des partis politiques dans le
pays et la bulle économique que maints
indices vont dans le sens de son
éclatement imminent dans la situation
explosive sur plus d’un plan en Turquie.
Il suffit de considérer les conséquences
de l’aventure ratée d’Erdogan en
Syrie et la déstabilisation et
l’épuisement des institutions
militaires, judiciaires et
éducationnelles, suite aux mesures
répressives prises en réponse au coup
d’Etat de juillet dernier. Est pour
quelques choses aussi le chaos
constructeur que le projet sioniste et
étasunien s’efforce de généraliser dans
la région y compris en Turquie.
C’est justement dans ces conditions
particulièrement difficiles que la
Russie tend sa main pour secourir
Erdogan et la Turquie. Cela implique, au
lieu des messages rassurants destinés
aux Etats-Unis, une attitude turque qui
ne peut être équivalente que si la
Turquie sort de l’Otan et rejoint la
nouvelle alliance internationale opposée
à l’hégémonie sioniste et occidentale.
Mais si Erdogan continue de flotter dans
ses illusions touraniennes et dans
l’espoir d’obtenir des acquis en Syrie
en échange du consentement indigne
d’assez de foi de la part de quelques
groupes armés qui ont accepté de
participer aux négociations d’Astana et
de respecter l’actuel cessez-le-feu, eh
bien, cela ne peut aucunement s’accorder
avec les visées libératrices et la
guerre sérieuses de l’axe de la
Résistance en Syrie et dans la région.
Cela ne s’accorde pas non plus avec le
pari du président Poutine. Il peut même
conduire à l’évaporation de son espoir
de poursuivre sa marche visant à
récupérer le prestige de la Russie sur
la scène mondiale. Car en plus de la
confrontation qui se déroule en Ukraine,
les tambours de guerre se font entendre
aussi sur l’autre front européen, depuis
la Bulgarie jusqu’aux pays baltes,
économiquement et même militairement.
Il va de soi que ce dont la Russie n’a
vraiment pas besoin est une volte-face
sur son flanc sud de l’homme des
voltes-faces par excellence qui est
Recep Teyyip Erdogan.
Source : french.alahenews
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