Opinion
La Centrafrique vidée de ses populations
musulmanes sous l’égide des militaires
français
Akil Cheikh Hussein
Photo:
D.R.
Samedi 12 avril 2014
Des
puissances étrangères, en premier lieu
l’ex-colonisateur français, ont tout
intérêt à déstabiliser le pays dans le
but de mieux piller ses richesses.
«Les habitants musulmans de la
République centrafricaine continuent de
fuir le pays en masse afin d’échapper
aux attaques menées sans relâche par des
milices anti-balaka». Tel est un
témoignage donné par Peter Bouchart,
directeur de la division Urgences à
Human Rights Watch en mission dans ce
pays ravagé, depuis son indépendance en
1960, par une troisième guerre civile et
sept coups d’Etat.
Le rapport diffusé à ce propos par cette
organisation humanitaire affirme que
«les musulmans de la République
centrafricaine sont plongés dans une
situation insupportable et subissent
d’horribles violences … commises par les
milices anti-Balaka».
Le rapport ne donne pas des chiffres sur
le nombre total des victimes musulmanes,
mais les exemples ponctuels qu’il donne
sur tel ou tel massacre laissent deviner
que la situation pré-génocidaire
annoncée il y a quatre mois par des
responsables américains et français
s’est bel et bien mutée depuis en une
situation véritablement génocidaire.
Pourtant le rapport semble très précis
en ce qui concerne l’exode massif des
Musulmans. Voici quelques exemples qu’il
donne à ce propos:
- La fuite des derniers musulmans encore
présents dans au moins 10 localités du
nord-ouest du pays.
- La ville de Boali est vidée de toute
présence musulmane.
- La ville de Boaro qui naguère comptait
quatre mille musulmans et au moins 12
mosquées s’est retrouvée sans un seul
résident musulman.
- La communauté musulmane de Yaloké, qui
a compté plus de 10 000 personnes, a
complètement disparu.
- Dans un grand nombre de villes et de
villages que Human Rights Watch a
visités, dont les grands centres de
négoce de Zawa, Bekadili et Boganangone
et dans la ville plus petite de Boguera,
il ne reste pas un seul musulman.
- Des combattants anti-balaka ont tué le
dernier musulman de Mbaiki, l'une des
plus grandes villes du pays où vivaient
au moins 4 000 musulmans avant le
conflit.
-L'exode de la quasi-totalité de la
communauté musulmane de Bossangoa, soit
entre 7 000 et 10 000 personnes.
- À Bossemptelé, le convoi des forces de
maintien de la paix a emmené quelque 190
musulmans, mais a laissé au bord de la
route environ 65 personnes affaiblies et
vulnérables, femmes, enfants et
personnes handicapées, qui n'ont pas eu
la force de grimper dans les camions.
Human Rights Watch a vu neuf enfants
musulmans souffrant
des séquelles de la polio et un homme
âgé et lépreux parmi les personnes
abandonnées.
- Début mars, Valerie Amos, secrétaire
générale adjointe de l'Onu chargée des
affaires humanitaires, déclare que la
population musulmane de Bangui ne compte
plus que 900 personnes environ, alors
qu'elle était autrefois de 130 000 à 145
000.
En outre, le rapport ne manque pas de
signaler des campagnes d’incendies
systématiques d’immeubles résidentiels
et de destruction presque totale de
quartiers et de villages.
On sait que les exactions commises par
les anti-Balaka sont, ou sont présentées
comme une riposte à celles commises
auparavant par les Séléka. Les premiers,
dit-on, seraient majoritairement
chrétiennes et les secondes
majoritairement musulmanes.
On sait aussi que, de par et d’autre, la
connaissance de la religion par les
miliciens des deux camps est à son bas
niveau et que chrétiens et musulmans
cohabitaient depuis toujours et vivaient
sous les signes de l’entente et de la
coopération. La présence, constatée par
nombre d’observateurs, dans les deux
camps antagonistes de beaucoup de
«petits voyous» qui regardent la guerre
comme une occasion propice pour piller
et se faire de l’argent est un indice
supplémentaire sur le caractère non
confessionnel du conflit.
Et on sait encore et encore que la
Centrafrique, ce pays qui compte parmi
les plus pauvres au monde est
particulièrement riche en or, diamant,
gisements de pétrole et d’uranium et
autres matières primaires, et que de
«gros voyous», à savoir des puissances
étrangères, en premier lieu
l’ex-colonisateur français pour lequel
la Centrafrique est toujours une zone
d’influence, ont tout intérêt à
déstabiliser le pays dans le but de
mieux piller ses richesses.
On ne peut, lorsqu’on voit la
Centrafrique quasiment vidée de ses
populations musulmanes réfugiées dans
des pays voisins et vivant dans des
conditions de misère extrêmes, ne pas se
rappeler le président français, François
Holland, qui a promis -lors du sommet
de l’Elysée pour la paix et la sécurité
en Afrique tenu les 6 et 7 décembre
2013- une intervention «rapide et
efficace» dont le but est de permettre
de «retrouver la stabilité, et procéder
le moment venu à des élections libres et
pluralistes».
On ne peut non plus ignorer les
témoignages du même Peter Bouckaert sur
les militaires français déployés en
Centrafrique qui «donnent surtout
l’impression d’être tétanisés» en se
contentant de «ne pas prendre parti dans
ce conflit» !!!
En effet, beaucoup d’autres témoignages
abondent pour donner l’impression que la
véritable mission des 6000 militaires
français en action en Centrafrique est
loin d’être celle annoncée par François
Hollande. Elle semble plutôt destinée à
gérer l’évacuation des musulmans avant
de passer à l’évacuation des chrétiens
pour faire de la Centrafrique une terre
sans peuple pour des entreprises
françaises sans terre.
Source: french.alahednews
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