Monde
Un crime et une infernale dialectique
Ahmed Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Lundi 29 septembre 2014
Le monde dit musulman ne serait plus
qu’un espace écumé par une « menace
fondamentale » pour la « sécurité » des
pays de l’alliance atlantiste. C’est à
ce titre que les guerres d’agression
sont menées ça et là, au nom d’une
légitime défense que peu nombreux sont
ceux qui la mettent en doute. L’ignoble
assassinat du randonneur français, mis
en spectacle, comme d’autres assassinats
d’occidentaux, vient alimenter la
machine de propagande en quête de
preuves qui appuient la lecture qu’elle
impose au monde, depuis plus d’une
décennie. Le crime, en lui-même, s’en
trouve transcendé. Il se dépasse et perd
sa nature intrinsèque pour se parer
d’atours, par la grâce médiatique, au
lieu de rester circonscrit dans ses
dimensions réelles. L’infernale
dialectique est bien en place. D’un
côté, n’importe qui peut passer à la
notoriété internationale en quelques
instants, par le simple enlèvement d’un
ressortissant occidental. N’importe qui
sait que cet acte va lui offrir les unes
des journaux et les plateaux de
télévisions. En retour, il conforte
l’OTAN dans sa stratégie d’occupation du
terrain, par des bombardements « ciblés
» ou par la projection de ses troupes.
En Algérie, nous n’en sommes pas encore
à ce stade, mais à écouter ou à lire
certaines analyses « l’Etat islamique »
n’est pas loin de la conquête du
territoire ! Tant pis pour la rigueur
que nécessiterait une telle conclusion,
mais le petit groupe d’assassins doit
préfigurer, envers et contre tout, cette
issue, par le simple fait de se réclamer
du DAECH. Alors que le GSPC, autrement
plus étoffé, s’était réclamé d’Al-Qaïda,
sans grands effets sur ses capacités de
nuisance. Tant pis, parce que l’enjeu
n’est pas la compréhension du fait, mais
de répandre la psychose au sein des
populations du nord. Une psychose qui
les fera soutenir, du moins les empêcher
de dénoncer, les guerres en cours et à
venir. En marge, il y a ces
manifestations pathétiques des musulmans
immigrés communautarisés qui tentent de
convaincre qui veut bien les entendre
que « l’Islam est une religion de paix
». Les organisateurs, craignant
certainement la stigmatisation, ne se
rendant peut-être pas compte, pour la
plupart, qu’ils s’offrent en soutien à
l’entreprise de mise en coupe réglée de
leurs pays d’origine. Ce faisant, toute
autre considération est remisée. L’union
sacrée, contre l’ennemi, doit se faire
et gare à ceux qui veulent se dérober,
surtout s’ils peuvent prêter au doute de
par leur religion. Le « terrorisme »
délibérément indiscriminé dans sa
nature, principalement incarné par les
groupes djihadistes, y compris ceux
recrutés, formés, financés et armés, par
les services de l’OTAN et par ses
alliés, dont, il faut le rappeler, le
Daech né de la « révolution syrienne ».
Un Daech à la fulgurance des plus
suspectes, qui remplace avantageusement
l’organisation de Ben Laden, presque
obsolète en termes d’impact sur les
opinions publiques. Un Daech qui permet
un retour musclé des atlantistes au
Moyen-Orient, même si ce sont ces mêmes
atlantistes qui ont fait de l’Irak un
terreau de djihadistes et même si leur «
efficacité » en Afghanistan ou ailleurs
laisse à désirer.
Ahmed.Halfaoui
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