Palestine
Gilad Shalit est libre, voici Shaul
Aron..
Ahmed Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Mardi 22 juillet 2014
Dimanche 20 juillet au soir, la journée
a été la plus sanglante depuis le début
du carnage décidé par Benyamin
Netanyahu, mais la Palestine entière est
en liesse. Malgré les centaines de
morts, malgré les milliers de blessés et
la mort qui continue de tomber du ciel
et d’être crachée par les canons des
navires et des chars sionistes. La
nouvelle était tombée : « Le soldat
israélien Shaul Aaron est entre les
mains des Brigades Ezzedine al-Qassam »
a dit leur porte-parole Abou Obeida,
dans une allocution télévisée. Shaul
Aron, retenons bien ce nom, va devenir
une célébrité internationale, s’il ne
l’est déjà. Il n’est pas un prisonnier
ordinaire d’une guerre ordinaire. Sinon
son nom ne serait pas sorti des
registres des états-majors. Il est un
soldat de « Tsahal », l’armée à
« zéro mort » et à « zéro prisonnier ».
Il fera l’objet de toute l’attention de
l’entité sioniste, de la « communauté
internationale » et des médias. Il va
offrir des heures d’émissions et des
milliers d’articles. S’il est Français,
il est probable qu’il ait droit à un
panneau géant qui couvrira la façade de
la mairie de Paris. Le Football Club de
Barcelone l’invitera, peut-être aussi, à
sa libération. Les deux hommages se
feront au même titre que pour son frère
d’arme Gilad Shalit et pour les mêmes
motifs. Sa famille, de même, va sortir
de l’anonymat, et une forêt d’appareils
photo, de caméras et de micros vont
occuper en permanence les abords de son
domicile. Ses parents vont se voir
offrir les plateaux télévisés, être
reçus par les plus hauts dirigeants
sionistes et recevoir des messages de
soutien de toutes parts, y compris des
capitales qui se sentiront,
certainement, affectées et solidaires de
ce « drame ». C’est à cause de cela que
les Palestiniens font la fête. Ils
savent que, dans leur malheur, Aron est
une prise inestimable. Ils mesurent bien
et ont parfaitement conscience que, dans
l’absolu de l’Humanité, il ne vaut pas
plus ni moins que l’un des leurs, qui
croupit dans les geôles de l’ennemi,
mais ils ont appris à compter comme
l’ennemi, selon les critères de la
Barbarie en vigueur. Ils ont accepté de
raisonner en fonction de cet
« équilibre » qui a fait que Shalit
vaille 1 027 Palestiniens, contre la
libération desquels il a été relâché et
livré aux projecteurs de l’actualité
mondiale. Aron vaudra bien autant, sinon
plus, en fonction du contexte
psychologique qui prévaudra dans la
société sioniste, qui donnera plus ou
moins d’atouts à la résistance
palestinienne dans les enchères qui vont
se produire. En attendant ce jour, les
Palestiniens savourent, aussi, le
désarroi dans lequel est plongé le
commandement de « Tsahal », une machine
de guerre, supposée invulnérable, qui
est censée offrir une protection à toute
épreuve à ses éléments, et celui de
l’establishment sioniste qui est mis
devant une situation qui lui coûtera
d’affronter la colère d’une population à
qui on a appris, au paroxysme, le refus
de perdre l’un des siens. Une situation
qui mettra à mal son arrogance.
Cependant, se révèle l’insupportable
condition faite à un peuple où le mot
infrahumain n’est pas trop fort pour
qualifier le statut qui lui est infligé
par l’Unique Démocratie du Moyen-Orient
(UDMO)
A.H
Publié sur
Les
Débats
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