Palestine
Ghaza : qui condamne-t-on ?
Ahmed Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Lundi 21 juillet 2014
A Ghaza il s’agit de « confrontation
entre Israël et les groupes armés » ou
de « raids contre des tirs de missiles
». A Ghaza ce sont des centaines de
milliers d’enfants, de femmes et
d’hommes, Palestiniens, c'est-à-dire des
autochtones de la Palestine, qu’une
puissance coloniale maintient dans un
ghetto et leur refuse le droit à
l’existence, en les coupant du
mondeextérieur. Quand certains d’entre
eux en viennent à vouloir se rappeler à
ce monde extérieur, ils ont recours à
des roquettes artisanales qu’ils lancent
contre leurs oppresseurs, tout en
sachant que des bombardiers viendront
leur rendre au centuple leurs tirs
dérisoires. C’est ce qui se produit ces
jours-ci.
Israël bombarde Ghaza, pour tuer. Il y
a, comme d’habitude, des réactions. A
commencer par les membres du Quartette
sur le Proche-Orient (Etats-Unis,
Russie, Union européenne et ONU) qui ont
toujours les mots qu’il faut, presque
toujours les mêmes. Ils expriment « leur
grave inquiétude à propos de l'escalade
de la tension » et appellent « au calme
». L’ONU suit toujours les événements,
de près. Son secrétaire général, Ban Ki
Moon, se dit « gravement préoccupé par
cette nouvelle escalade entre Ghaza et
Israël; une fois de plus, des civils en
paient un prix terrible ». Il juge «
inacceptables » les tirs de roquettes
palestiniennes « contre des civils
israéliens » et « exhorte » les «
autorités israéliennes » à « exercer une
retenue maximale ».
Le souci pour le quartette, comme pour
l’ONU, est toujours d’utiliser des
éléments de langage « équilibrés ».
Hillary Clinton, en son temps, elle, ne
se préoccupe pas de ce type de
précaution et y va sans sourciller : «
laissez-moi condamner dans les termes
les plus forts les tirs de roquettes par
des terroristes depuis la bande de Ghaza
vers le sud d'Israël ». Elle fait, tout
de même, une petite concession à
l’équilibre, elle appelle « les parties,
toutes les parties, à faire tout leur
possible pour apaiser la situation ».
Sans plus. Israël fera, comme de coutume
depuis 64 ans, ce qu’il jugera utile de
faire. Personne ne viendra lui demander
des comptes sur quoi que ce soit de ce
terrible déni d’humanité. Et sûrement
pas ces monarques du Golfe qui n’ont
plus que ce « devoir moral » de «
démocratiser » la Syrie, après l’avoir
réalisé avec la Libye. Ce n’est pas
qu’ils ne voudraient pas, en lorgnant
vers leurs opinions publiques, qu’Israël
en fasse le moins possible, mais ils
savent, en supplétifs dociles, dans quoi
se limitent leurs prérogatives.
Les sionistes, eux, savent ce la «
communauté internationale » pense. Elle
pense comme eux pensent et disent: « Le
Moyen-Orient, est un endroit difficile
pour les israéliens ces jours-ci. La
facture quotidienne comprend la menace
iranienne, des changements de régime en
Egypte, des émeutes et le génocide en
Syrie, et les attaques de roquettes
depuis la bande de Ghaza. », plus, au
Liban, le Hezbollah, « organisation
terroriste », qui attend « des ordres de
Téhéran pour ouvrir un nouveau front
contre Israël ». Ce que les éléments de
langage « équilibrés » prennent en
charge, à chaque fois que l’occasion se
présente et que le drame des
Palestiniens risque de se révéler à une
opinion internationale chloroformée.
Ahmed Halfaoui
Publié sur
Les
Débats
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