Opinion
L'info de la Syrie à l'Ukraine
Ahmed Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Lundi 5 mai 2014
Le cynisme
occidental n’en finit pas de s’étaler,
dans l’horreur. Voici encore un pays qui
sombre dans la guerre civile, non pas à
cause de ses propres contradictions,
mais grâce à une entreprise de
« démocratisation » rondement menée.
L’Ukraine compte désormais ses premiers
morts et la machine de propagande de
l’OTAN, à travers ses télévisions et ses
journaux, s’occupe de fabriquer la
réalité dont ont besoin les putschistes
de Kiev. Ici, les insurgés, ces
« prorusses », ne doivent pas être
présentés dans leur identité d’opposants
à l’agression atlantiste, par fascistes
interposés, contre la souveraineté de
leur pays. Leurs morts, de même, ne
doivent pas trop apparaître et leurs
assassins, si le cas se produisait, ne
seront pas identifiés. A l’inverse,
rappelons-nous le traitement de
l’information sur la Syrie lorsqu’il
s’est agit de diaboliser le « régime de
Bachar El Assad ». Sans hésitation, à
chaque carnage de civils, le crime fut
imputé à l’armée gouvernementale,
surtout lorsque des armes chimiques sont
utilisées. L’objectif étant d’alerter la
« communauté internationale », et les
Nations-Unis, qui n’ont jamais manqué de
porter au plus haut l’accusation et
d’exiger et de mener des enquêtes, aux
conclusions presque toujours favorables
aux thèses médiatiques, au moins
confuses, quand la manipulation des
faits par les « révolutionnaires » est
par trop flagrante. A Odessa, cette
ville du sud du pays, c’est une toute
autre attitude qui est affichée. Au
moins quarante personnes sont brûlées
vives. Savourons ce que rapporte France
24 : « Des affrontements ont opposé,
vendredi 2 mai, des militants pro-russes
et des partisans de l’unité ukrainienne
à Odessa, faisant quatre morts.
Trente-et-une personnes ont ensuite péri
dans la soirée, lors de l'incendie
criminel du bâtiment des syndicats. »
Admirons la façon dont le fait est
traité, comme pour en faire un événement
secondaire, avec la mise en avant des
affrontements. Ce qui va marquer le
lecteur pressé, soit l’écrasante
majorité de l’opinion. Le titre et
l’exergue du journal Libération
relèvent, quant à eux, de la prouesse en
matière de désinformation. Le titre
d’abord : « A Odessa, l'attaque d'un
cortège de supporteurs à l'origine du
drame ». Une présentation chargée de
circonstances atténuantes, à l’intention
de ceux qui, alarmés par la nouvelle,
viennent s’informer. L’exergue ensuite :
« Une quarantaine de personnes sont
mortes vendredi dans la ville portuaire
d'Ukraine après des affrontements entre
jeunes pro-Kiev et pro-russes, notamment
dans l'incendie de la maison des
Syndicats. » Les morts n’ont pas de
camp précis. Même si le journal est
obligé de donner de détails, il le fait
dans l’article. Là où rares sont ceux
qui vont fouiller. Et là encore rien
n’est laissé au hasard, c’est Natalia
Petropavlovska, une partisane des
putschistes de Kiev, interviewée par
l’AFP qui est chargée d’expliquer le
drame : « «Ils ont commencé à le
détruire, à y mettre le feu. Les
pro-russes auraient pu partir, ils
savaient qu’une foule en colère
arrivait, il s’est écoulé deux heures
entre l’attaque de la manifestation et
l’arrivée des supporteurs et des nôtres.
Mais au lieu de cela ils ont choisi de
se réfugier dans la Maison des
syndicats.» La faute des morts est
établie. Il faut enfin remarquer que si
la dame, au contraire de la presse, ne
parle pas que de « supporteurs », et dit
aussi « des nôtres », personne ne l’a
interrogée sur leur identité. Tout
compte fait, l’ONU et ses agitateurs
droitdelhommistes ne bougeront pas pour
une enquête, leur spécialité quand il
s’agit de reconquista colonialiste.
Le sommaire d'Ahmed Halfaoui
Le
dossier Syrie
Le dossier Ukraine
Les dernières mises à jour
|