Opinion
De la reconnaissance d’un Etat
palestinien
Ahmed Halfaoui
© Ahmed Halfaoui
Jeudi 4 décembre 2014
Le 29 novembre 1947, les Nations-unis
ont adopté la résolution la plus inique
qui soit. Elle signait le vol d’un pays,
la Palestine, au profit du sionisme.
Elle est partagée en deux : un Etat
arabe et un Etat juif. Cette résolution
porte le numéro 181, « Avec pour
Jérusalem un statut international
spécial sous l’autorité administrative
de l’Organisation des Nations Unies ».
Aucun texte ultérieur n’est venu
l’abroger dans ses fondements.
Et il y en avait
des détails. Il y en a un qui stipule
que « pendant la période de transition,
aucun Juif ne pourra établir sa
résidence sur le territoire de l’Etat
arabe envisagé et aucun Arabe ne pourra
établir sa résidence sur le territoire
de l’Etat juif envisagé ». Il y en a un
autre qui dit que « la création des
États arabe et juif devait intervenir le
1er octobre 1948 au plus tard ». Citons
un autre, pour finir, qui « fait appel à
tous les gouvernements et tous les
peuples pour qu’ils s’abstiennent de
toute action qui risquerait d’entraver
ou de retarder l’exécution (de la
résolution)». Précisons que les
Etats-Unis étaient signataires, ainsi
que leurs deux principaux satellites, la
Grande-Bretagne et la France.
Mais nous n’en
sommes plus là. Près de 66 ans sont
passés depuis le projet de partage, au
cours desquels tous les termes de ce
texte, tout scélérat qu’il soit, sont
bafoués. A commencer par le fait qu’il
ne reste pratiquement plus de base
territoriale pour un Etat palestinien, à
cause du fait que les sionistes ne se
sont pas privés d’établir des résidences
« sur le territoire de l’Etat arabe
envisagé ». A commencer aussi par le
fait que seuls les sionistes ont un Etat
qui est reconnu par l’ONU et jouit de
tous les privilèges que lui confère ce
statut. A commencer, enfin, par le fait
que des gouvernements ont entravé
l’exécution de la résolution onusienne.
Les Etats-Unis en l’occurrence par
l’usage systématique du veto pour
empêcher que soit appliqué le droit
international à l’entité sioniste.
Aujourd’hui, les
Palestiniens sont obligés de lancer une
véritable pétition pour se faire
reconnaître. Aux dernières nouvelles,
ils auraient recueilli 135 signatures,
alors que des parlements européens
votent symboliquement pour leur
reconnaître le droit d’avoir un Etat qui
ne soit pas simple observateur à l’ONU.
Pourquoi cette démarche, quand il
suffirait d’activer un texte qui existe
déjà ? Le secret se trouve dans le droit
de la force dont jouissent les parrains
des sionistes. Lesquels ne se privent
pas de fulminer sur la moindre velléité
de déroger à la soumission à leur
diktat. Un diktat exercé par procuration
de Washington. L’idée est de rendre
caduque, y compris, l’aspiration
minimale défendue par une Autorité
palestinienne qui n’a plus que la
prétention de récupérer des confettis,
pourvu que cela lui soit permis. Quitte
du fait que Mahmoud Abbes et son
entourage savent que les sionistes
continueront d’occuper, d’une façon ou
d’une autre, ce qui reste de leur pays.
A côté d’une telle
ignominie, heureusement que le sionisme
est en train de se décomposer, dans le
sang des Palestiniens et par la
dynamique inversée de la « société
idéale », de « l’Etat juif » purifié,
qu’il veut construire, qui se confronte
de plus en plus aux dures réalités des
contradictions qui minent ses
fondements.
Ahmed Halfaoui
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