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Entre pauvreté et mort : pourquoi des
mercenaires syriens se rendent en
Azerbaïdjan?
Ahmad Salah
Samedi 3 octobre 2020
Ce n'est pas un secret que des centaines
de mercenaires de Syrie et de Libye ont
été récemment déployés dans les
territoires contestés du Haut-Karabakh.
Ainsi, la Turquie tente d'aider son État
frère, l'Azerbaïdjan, à affronter
l'Arménie.
Ankara a
apparemment décidé de ne pas cacher ses
actions illégales. De nombreux
dirigeants étrangers se sont déjà
déclarés préoccupés par la politique
agressive de la Turquie. Le 2 octobre,
le président français Emmanuel Macron a
annoncé que son pays avait des
informations sur le transfert de
jihadistes en Azerbaïdjan. «C'est un
fait nouveau très sérieux, qui change la
situation», a-t-il déclaré.
Les journalistes de
la chaîne d'information américaine CNN
ont également réussi à obtenir des
détails sur le recrutement des
combattants de "l'armée nationale
syrienne" par les forces armées turques.
Selon CNN, la Turquie a promis aux
Syriens environ 1500 dollars par mois
pour se rendre en Azerbaïdjan. Des
sources syriennes confirment également
cette information.
Certains de ces
mercenaires révèlent eux-mêmes la
manière dont les Turcs ont effectué le
recrutement et l'envoi de combattants
dans l'État du Caucase. Les recrues y
ont d'abord été amenées pour assurer la
protection des gazoducs et des oléoducs.
Selon l'un des combattants du groupe
syrien, après leur arrivée en
Azerbaïdjan, ils font face aux combats
comme ils l'ont été en Syrie et en
Libye. "Nous avons appris que c'était la
guerre et non pas travailler pour une
entreprise de sécurité", a déclaré le
combattant syrien à CNN. Il a ajouté
qu'environ 1000 combattants ont déjà été
envoyés en Azerbaïdjan.
Elizabeth Tsurkov,
membre du Foreign Policy Research
Institute, basé aux États-Unis, a écrit
que la principale raison pour laquelle
les mercenaires syriens se battent pour
les intérêts géopolitiques de la Turquie
dans différentes régions du monde est
l'extrême pauvreté et la situation
catastrophique des jeunes hommes et de
leurs familles dans leur pays d’origine.
Cependant, les
combattants syriens ne doivent pas
oublier l'expérience de leurs camarades
du groupe Sultan Murad, qui ont d'abord
été recrutés pour rejoindre les combats
aux côtés du GNA en Libye mais puis ont
été envoyés en Azerbaïdjan. En fait, la
Turquie les considère comme de la chair
à canon, les poussant au milieu des
combats entre Arméniens et
Azerbaïdjanais. Beaucoup d'entre eux
n'ont pas reçu le salaire promis, du
moins parce qu'ils sont morts en
combattant pour les intérêts de la
Turquie.
Selon des
informations récentes, depuis le 1er
octobre, plus de 12 combattants de
l'armée nationale syrienne ont déjà été
tués lors des affrontements au
Haut-Karabakh. Le producteur de la BBC,
Riam Dalati, a affirmé que huit
mercenaires avaient été tués lors d'une
attaque contre les défenses arméniennes
tandis que de multiples tentatives pour
sauver les blessés avaient échoué car
ils étaient tombés sous les tirs
d'artillerie et de mortier.
Le conflit armé au Haut-Karabakh est un
autre exemple de guerre par procuration
qu'Ankara mène sans relâche en Afrique
du Nord, en Méditerranée orientale et
dans le Grand Moyen-Orient. Il ne fait
aucun doute qu’à la poursuite de ses
objectifs le président turc Recep
Erdogan ne se soucie pas des mercenaires
syriens et libyens qui se battent pour
obtenir une récompense financière. La
lutte pour les intérêts géopolitiques de
la Turquie ne leur promet que des
blessures et la mort.
Ahmad Salah,
journaliste syrien indépendant
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