Palestine
“Ce que les médias ne vous diront pas
sur Jérusalem-Est”
Agence Médias Palestine
Lundi 17 novembre 2014
Revue de presse : Agence
Médias Palestine – 11/11/14*
Les Palestiniens de Jérusalem-Est
subissent au quotidien la brutalité de
l’occupation israélienne. Et pourtant,
leurs souffrances sont ignorées par la
plupart des médias occidentaux.
La semaine dernière, les journalistes
occidentaux se sont intéressés à
Jérusalem seulement parce qu’un colon
israélien, Yehuda Glick, a été blessé
par balle le 29 octobre près de la
vieille ville.
Et pourtant, la violence contre les
Palestiniens est un aspect constant de
la vie à Jérusalem-Est, et nos médias
n’en parlent pas.
Les Palestiniens de Jérusalem-Est
subissent leur expulsion de la ville, la
démolition de leurs maisons, les
restrictions de leur liberté de
circulation, la surveillance, et la
violence des colons et des soldats. Et
ceci s’ajoute à la construction illégale
de colonies sur leur terre.
C’est par des mesures comme celles là
– toutes en violation des lois
internationales – qu’Israël essaie de
nettoyer ethniquement Jérusalem-Est de
sa population palestinienne. Le but
défini d’Israël est d’instituer et de
maintenir la totalité de Jérusalem comme
sa capitale.
Le 23 octobre, le Premier Ministre
israélien, Benjamin Netanyahu, a fait
une déclaration qui réitérait ceci
en disant : « Jérusalem unifiée était et
restera toujours la capitale d’Israël. »
Il a exigé le renforcement de la
souveraineté israélienne sur la totalité
de Jérusalem avec le déploiement de
troupes supplémentaires.
Vous trouverez ci-dessous un petit
guide sur ce à quoi ressemble la vie des
Palestiniens de Jérusalem-Est, dont le
but est de combler les lacunes des
reportages dans les médias :
Historique
Avant 1947, la totalité de Jérusalem
était palestinienne. Après la partition
de la Palestine par les Nations Unies
cette même année, l’ONU a qualifié
Jérusalem de zone internationale. Israël
a envahi Jérusalem Ouest et a établi une
frontière de facto connue sous le nom de
Ligne Verte, chassant des dizaines de
milliers de Palestiniens de cette partie
de la ville. En 1967, Israël a occupé
puis annexé Jérusalem Est. L’occupation
et l’annexion de Jérusalem Est sont
illégales selon la législation
internationale.
Cartes de
résidents
Israël a annexé Jérusalem Est et
déclare qu’elle fait partie d’Israël. Et
pourtant, alors qu’ils paient des impôts
à Israël, les Palestiniens qui vivent à
Jérusalem Est n’ont pas la citoyenneté
israélienne. Ils doivent faire la
demande d’une carte de résident, demande
qui doit être fréquemment renouvelée.
Pour obtenir le renouvellement de cette
carte, les Palestiniens doivent
prouver aux autorités israéliennes que
Jérusalem Est est leur « lieu de vie ».
Dans ce but, ils doivent fournir
quantité de documents, dont l’assurance
santé et des factures remontant à
plusieurs années, que beaucoup de
Palestiniens n’ont pas.
En conséquence, beaucoup de
Palestiniens qui n’avaient jamais vécu
ailleurs qu’à Jérusalem Est ont perdu
leur carte de résident. Et une fois
expulsés, ils n’ont plus le droit de
revenir.
Ceux qui ont vécu ailleurs pendant
plus de sept ans verront aussi la
révocation de leur résidence et n’auront
plus le droit de revenir.
La loi sur la citoyenneté et l’entrée en
Israël interdit aux Palestiniens de
Cisjordanie, de Gaza et d’autres pays
définis d’entrer à Jérusalem pour un
regroupement familial. Ceci a fait que
des époux ont été séparés l’un de
l’autre et des enfants de leurs parent.
Depuis 2005, soit deux ans après le vote
de la loi, plus de 125.000 demandes de
regroupement n’ont pu aboutir.
Les Palestiniens qui vivent à
Jérusalem Est et qui ont un enfant
doivent demander au Ministère de
l’Intérieur une carte de résident pour
leur enfant. Israël accorde à l’enfant
une carte temporaire valable deux ans
seulement et qui doit être régulièrement
renouvelée. Il y a actuellement environ
10.000 enfants palestiniens qui vivent
sans autorisation à Jérusalem Est et qui
n’ont par conséquent pas accès aux
services dont l’éducation et la santé.
Depuis 1967,
Israël a retiré la carte de résident
à plus de 14.000 Palestiniens de
Jérusalem Est. 11.000 cartes ont été
retirées entre 1995 et 2013.
Démolition
de maisons
Le 4 novembre, les forces
israéliennes ont mené un raid sur Silwan,
faubourg de Jérusalem Est, et ont démoli
les maisons de deux familles,
déclarant que ces maisons n’avaient pas
de permis de construire valable.
Les familles palestiniennes vivent
dans la peur constante de voir leurs
maisons détruites. Israël a démoli plus
de
27.000 maisons palestiniennes à
Jérusalem Est, en Cisjordanie et à Gaza
depuis l’occupation de ces territoires
en 1967. Des dizaines de milliers
d’autres maisons sont menacées par des
ordres de démolition en attente.
A Silwan, les maisons palestiniennes
sont détruites pour faire place à un
centre touristique et un parc national
israéliens. Ne serait-ce qu’à Silwan,
plus de 1.000 Palestiniens s’attendent à
la perte de leur maison.
C’est
presque impossible pour les Palestiniens
d’obtenir un permis de construire
des autorités israéliennes. Presque
toutes les demandes, dont
l’enregistrement coûte 5.000 £, sont
refusées.
Mais les familles palestiniennes,
pour lesquelles
aucune nouvelle maison n’a été
construite depuis des décennies à
Jérusalem Est, ont besoin d’agrandir
leur espace vital. De désespoir, ils
l’agrandissent sans avoir reçu
l’autorisation et doivent alors vivre
dans l’espoir que leur maison ne sera
pas détruite.
L’ordre de démolition, s’ils le
reçoivent, est assorti d’une amende. La
police et l’armée israéliennes escortent
les bulldozers, et les familles ont 15
minutes pour sortir de chez elles avec
le plus possible de leurs biens. Ils
doivent payer le coût de la démolition,
qui peut atteindre des millions de
livres. Ceux qui ne peuvent pas payer
risquent la prison. Avec 70 % des
Palestiniens de Jérusalem Est vivant
sous le seuil de pauvreté,
certains sont obligés de détruire eux
mêmes leur maison.
Les démolitions de maisons induisent
pour ces familles éclatées des maladies
et des traumatismes psychologiques,
surtout chez les enfants. Des
organisations d’assistance fournissent à
ces familles, qui ont perdu leur
logement, des tentes pour une
installation temporaire, et les
conditions de vie sont rudes.
Les Palestiniens des faubourgs de
Jérusalem-Est, tels Silwan et Sheikh
Jarrah, manifestent pacifiquement toutes
les semaines contre les menaces sur
leurs communautés, mais ces
manifestations non-violentes sont
presque toujours ignorées dans les
reportages des médias occidentaux.
Construction
de colonies
Alors que les autorités israéliennes
refusent aux Palestiniens l’autorisation
pour les projets d’extension de leurs
logements, tous les gouvernements
israéliens depuis 1967 se sont engagés
dans la construction illégale de
colonies à Jérusalem Est.
Le 27 octobre, Netanyahu a annoncé
que 1.000
nouveaux logements de colons
seraient construits dans la ville
occupée.
Environ 350.000 colons israéliens
vivent dans des colonies illégales à
Jérusalem-Est. Les Palestiniens ont
l’interdiction de vivre dans ces
colonies qui ont été construites sur la
terre où existaient autrefois leurs
quartiers.
La construction stratégique de ces
colonies a fait que Jérusalem-Est est
physiquement coupée du reste de la
Cisjordanie.
Violence
Les Palestiniens qui vivent à
Jérusalem Est subissent
une violence féroce et suffocante de
la part de la police et des colons
israéliens.
La violence des colons, qui comporte
des attaques sur les biens ainsi que sur
les gens, reste généralement impunie.
Or le plus souvent, elle est
surveillée par la police et des
militaires israéliens.
Les activités illégales des colons
prennent de nombreuses formes. Le 30
septembre par exemple,
des colons ont investi sept maisons
palestiniennes à Jérusalem-Est pendant
la nuit, chassant les familles qui y
vivaient. Les colons étaient accompagnés
par des agents de police.
Cet été, et ce n’était pas la
première fois, des bandes de lyncheurs
de droite ont
envahi les rues de Jérusalem.
Quelques victimes palestiniennes ont été
battues jusqu’à l’évanouissement, alors
que la police israélienne mettait
beaucoup de temps à réagir ou bien
ignorait carrément les agressions.
Au cours de leur vie quotidienne, les
Palestiniens de Jérusalem Est subissent
le harcèlement et
la violence de la police et de l’armée,
y compris aux checkpoints pour franchir
le Mur d’Apartheid.
Arrestations et détentions sans chef
d’accusation sont habituelles et, durant
les quatre derniers mois, Israël a
intensifié sa campagne d’arrestations
massives contre les Palestiniens de
Jérusalem-Est. Depuis juillet, la police
israélienne a arrêté
plus de 900 Palestiniens, dont des
enfants, à Jérusalem-Est.
L’utilisation de gaz lacrymogènes,
d’eau puante (à l’odeur de chair
pourrie), de drones et d’hélicoptères à
basse altitude contre les Palestiniens
de Jérusalem-Est n’a cessé d’augmenter
ces derniers mois.
Cette semaine, on a décrit la
situation affrontée par les Palestiniens
de Jérusalem-Est comme «
une lutte pour la survie ».
Al Aqsa
Le 4 novembre, le Ministre israélien
du Logement, Uri Ariel, qui est un
colon, a dit sur une station de
radio israélienne qu’il espérait
voir construire un temple juif à la
place de la Mosquée Al Aqsa.
Il n’est pas le seul.
Moshe Feiglin, député du Likoud et
également colon, a plusieurs fois appelé
à la destruction de la mosquée Al Aqsa
et à la construction d’un « Troisième
Temple » à sa place.
Feiglin pénètre tous les mois dans le
complexe d’Al Aqsa, accompagné
d’autres colons et de la police armée
qui retient les Palestiniens au dehors
et les empêche de prier.
Beaucoup de ces colons sont nés aux
Etats Unis et appellent ouvertement à
une
extrême violence contre les Palestiniens,
y compris en tuant par balles des
enfants palestiniens.
Yehuda Glick, le rabbin extrémiste
sur qui on a tiré plus tôt ce mois-ci,
appartient aussi à un groupe qui
plaide pour la destruction de la mosquée
et son remplacement par un « Troisième
Temple ».
Glick et ses disciples
prennent régulièrement d’assaut le site
de la mosquée et se baladent sur son
esplanade, souvent sous la protection de
la police armée. Rien qu’en 2014, Glick
et son groupe de colons sont entrés sur
le site en janvier, en février, deux
fois en juin, en juillet et en août. Les
Palestiniens qui essaient d’arrêter ces
intrusions risquent l’arrestation.
Les provocations et la
violence israéliennes en relation avec
Al Aqsa, et les restrictions pour
les Palestiniens qui viennent y prier,
sont trop fréquentes et, par conséquent,
trop nombreuses pour les détailler ici,
mais vous pouvez les trouver ici.
Voici les incidents pour
octobre seulement : des soldats et
des colons israéliens ont envahi
l’espace de la mosquée, agressant et
blessant des fidèles, alors que les
soldats lançaient des bombes de gaz (le
9 oct.) ; des centaines de policiers
israéliens se sont rués sur le site en
lançant des grenades assourdissantes,
des gaz lacrymogènes et des balles
d’acier enrobé de caoutchouc (le 13
oct.) ; l’armée israélienne a envahi la
mosquée, lançant des gaz lacrymogènes et
enfermant les Palestiniens désarmés à
l’intérieur.
Cette vidéo montre l’attaque (le 14
oct.).
Et, le 5 novembre, 300 soldats
israéliens ont
surgi à l’intérieur de la mosquée,
alors que les Palestiniens priaient. Ils
étaient suivis par des centaines de
colons israéliens qui envahirent le
site.
Ce ne sont pas des incidents isolés,
mais simplement des exemples récents des
provocations et de la violence subies
par les Palestiniens en relation avec Al
Aqsa, et qui ne sont pas relatés dans
les médias ici. Les journalistes passent
ces agressions sous silence, non
seulement au moment où ils se passent,
mais aussi lorsqu’ils relatent les tirs
sur Glick, privant leurs récits de leur
contexte et de leur historique.
Combiné à leur incapacité à fournir
de l’information sur le train-train
quotidien de l’occupation subi par les
Palestiniens de Jérusalem-Est et sur les
essais d’Israël pour les chasser de la
ville, on ne peut qualifier leurs
reportages que de fondamentalement
trompeurs.
Photo : Répression
israélienne à Jérusalem
*Traduction : J. Ch.
pour l’Agence
Médias Palestine
Version originale:
What the media won’t tell you about East
Jerusalem (Palestine Solidarity
Campaign- 6/11/14)
© G. Munier/X.
Jardez
Publié le 17 novembre 2014 avec
l'aimable autorisation de Gilles Munier
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