ISM
L'Iran rétablit
son aide financière au Hamas
Adnan Abu Amer
Le ministre des
Affaires étrangères du Qatar, le Dr.
Khalid bin Mohammed Al Attiyah (à dr.),
reçu par son homologue iranien Mohammad
Javad Zarif à Téhéran le 26 février 2014
(source
photo)
Dimanche 30 mars 2014
Les cercles
politiques à Gaza se sont demandé si le
Hamas reviendrait dans l'axe de l'Iran
après une rupture qui a duré plus de
deux ans. Le 10 mars, Mahmoud al-Zahar,
figure de proue du Hamas et dernier lien
entre le Hamas et l'Iran, a annoncé que
des démarches étaient entreprises pour
restaurer la relation bilatérale.
Al-Monitor a appris d'une
source proche de la direction politique
du Hamas que l'Iran envisage aussi de
recevoir bientôt le chef du Hamas,
Khaled Meshaal, après un long bras de
fer marqué par des discussions secrètes.
La source a déclaré que le Qatar a servi
de médiateur avec l'Iran pour rétablir
les liens avec le Hamas. Fin février, le
ministre qatari des Affaires étrangères
Khalid al-Attiyah
s'est rendu à Téhéran à cet effet.
La source a ajouté que la semaine
dernière, l'Iran a donné le feu vert
pour une visite de Meshaal, après des
contacts entre Zahar et Marwan Issa, un
haut dirigeant des Brigades Izz ad-Din
al-Qassam, la branche armée du Hamas.
Cette visite, attendue de longue date,
se terminera par une rencontre de
Meshaal avec le guide suprême d'Iran,
l'ayatollah Ali Khamenei.
Lors de sa rencontre avec Meshaal et de
sa récente et première visite au Qatar,
le secrétaire-général du Jihad islamique
Ramadan Shalah
a discuté des détails de la
prochaine visite à Téhéran.
Développements régionaux
La reprise des relations entre les deux
parties a été annoncée le 10 mars par le
chef du Conseil iranien de la Shura Ali
Larijani, qui a dit, "L'Iran
soutient le Hamas parce qu'il s'agit
d'un mouvement de résistance. (...)
Notre relation avec le Hamas est bonne
et elle est revenue à ce qu'elle était.
Nous n'avons aucun problème avec le
Hamas."
Al-Monitor a interrogé un certain
nombre de dirigeants du Hamas de premier
et de deuxième rangs, dans le pays et à
l'étranger, sur ce qu'ils pensent de la
reprise de relations avec l'Iran. Lors
d'une réunion dans son bureau à
Gaza, un dirigeant du Hamas a
déclaré à Al-Monitor, "Le
mouvement ne saute pas d'un endroit à un
autre, de l'Iran à l'Egypte, puis au
Qatar et pour finir par revenir en Iran.
Le Hamas ne s'est pas nécessairement
trompé. Au contraire, le Hamas est en
harmonie avec lui-même et avec sa ligne
de libération nationale. Le Hamas s'est
rangé du côté de la volonté du peuple,
de son droit à la liberté et à former
son système politique."
La source a admis que la tournure des
événements dans la région, suite à
l'éviction de l'ex-président Mohammed
Morsi en Egypte a accéléré l'évolution
des liens Iran-Hamas. L'amélioration des
relations entre le Qatar, qui abrite
Meshaal, et l'Iran est également un
facteur clé dans le réchauffement des
liens entre le Hamas et Téhéran.
"Bien sûr, les développements
régionaux ont accéléré la reprise des
relations entre le Hamas et l'Iran,"
a ajouté la source. "Peut-être le
plus important [de ces
développements] est la rupture
brutale entre le Hamas et l'Egypte après
le coup d'Etat, et la tension entre le
Qatar et l'Arabie Saoudite. Cette
tension a contribué à réchauffer les
relations entre Doha et Téhéran, et a
jeté une ombre sur le Hamas d'une
manière positive."
Youssef Rizqa, ancien ministre de
l'Information au gouvernement Hamas, a
décrit la relation avec l'Iran comme
stable et a dit que les deux parties
étaient d'accord sur de nombreux points,
en particulier sur le conflit avec
Israël.
Le Hamas s'est félicité de la reprise de
l'aide financière, car elle signale que
les cercles décisionnaires à Téhéran
n'ont pas émis de veto sur le mouvement.
En outre, le Hamas est optimiste que la
visite de Meshaal se traduira par une
augmentation du soutien financier
iranien.
Un soutien qui a été confirmé par Ahmed
Youssef, ancien conseiller politique du
dirigeant palestinien Ismail Haniyeh,
qui a dit que le Hamas souhaitait
développer
ses relations avec l'Iran parce que
ce sont des partenaires stratégiques et
ils ont convenu de faire preuve de
compréhension vis-à-vis de leurs
positions respectives sur les questions
litigieuses, en particulier la situation
en Syrie.
Toutefois, la reprise des relations
Hamas-Iran ne sera pas nécessairement
saluée par tous alliés de Téhéran,
notamment la Syrie et le Hezbollah, qui
ne sont pas d'accord pour accepter
le retour du Hamas dans leur axe.
Réconciliation avec le Hezbollah
Un dirigeant palestinien de premier plan
au Liban a cherché à négocier la
réconciliation entre le Hamas et le
Hezbollah conjointement à celle entre le
Hamas et l'Iran. Dans un entretien
téléphonique avec Al-Monitor, il
a confirmé que le Hezbollah affirme que
des éléments du Hamas ferment les yeux
sur la contrebande d'armes à la Syrie
par le Liban et qu'on a découvert que
des éléments du Hamas combattaient en
Syrie. Il a aussi noté que certains
Palestiniens ont été impliqués dans les
bombardements des banlieues sud de
Beyrouth, même si le Hamas réfutent ces
accusations.
"Les efforts de médiation à huis clos
entre le Hamas et le Hezbollah à
Beyrouth ont abouti à un 'accord de
désaccord' sur la Syrie et la poursuite
d'un 'partenariat stratégique'",
a-t-il noté.
La même position a été exprimée par
Salah Bardawil, personnalité du Hamas,
qui a dit que la relation du Hamas avec
le Hezbollah est bonne,
malgré des divergences sur la Syrie.
Il a également fait remarquer que des
efforts sont déployés pour rétablir les
relations bénéfiques pour les deux
parties.
Le Hamas ne se limite pas à parler de
l'amélioration de ses relations avec le
Hezbollah, mais il a commencé à envoyer
des délégations aux partis libanaises
pour qu'elles
l'absolvent des accusations selon
lesquelles il est le principal
incubateur de groupes jihadistes et
salafistes dans les camps palestiniens
du Liban, au point que des représentants
du Hamas se sont mobilisés pour prouver
au Hezbollah leur innocence. Les liens
entre les deux côtés existent toujours
et aucun des deux ne songe à les rompre,
en dépit des complexités et des
divergences, en particulier parce que
leur terrain d'entente est important.
Jihad Taha, personnalité Hamas au Liban,
a dit lors d'un entretien du 16 mars
avec Sadaaden.com que son
mouvement envisageait de lancer une
initiative pour
renforcer les relations
libano-palestiniennes et prévenir
des affrontements interconfessionnels,
indiquant que le Hamas souhaitait
améliorer ses relations avec le
Hezbollah par une série de réunions et
de visites intensives avec les autorités
libanaises de sécurité pour en assurer
le succès.
Une source proche du Hamas a dit à
Al-Monitor qu'on peut considérer la
reprise des relations du Hamas avec
Téhéran comme faisant partie de la "redistribution
des cartes" dans la région au cours
de ces derniers mois, en raison des
évolutions en Egypte et en Syrie.
"La reprise des relations entre eux
est maintenant à portée de main, parce
que les décideurs du Téhéran shiite, à
la lumière de la polarisation sectaire
et politique qui domine la région,
veulent rétablir les relations avec le
Hamas sunnite et renforcer ses liens
avec lui. Le Hamas, en retour, a besoin
de cette relation à ce stade critique et
il espère que la visite de Meshaal sera
en cela positive. Elle insufflera un
nouveau soutien au mouvement et l'aidera
à résister au siège, qui s'aggrave comme
jamais auparavant."
Source :
Al Monitor
Traduction : MR pour
ISM
Publié le 31 mars
avec l'aimable autorisation d'ISM
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